L'île Rodrigues, une vraie perle !

L'île Rodrigues, une vraie perle !
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Troisième île de l’archipel des Mascareignes, Rodrigues est si petite (130 km2), qu’il faut la chercher avec attention pour la repérer sur les cartes géographiques, à quelque 650 km au nord-est de l’Île Maurice.

Surnommée la "Cendrillon des Mascareignes", naturelle et sans artifice, Rodrigues offre un lagon aux eaux mirifiques de deux fois sa surface, de longues plages bordées de filaos, un relief d’origine volcanique dominé par le Mont Limon (390 m), des cultures en terrasse et des vallées profondes à découvrir en randonnée. Sans oublier une faible pluviométrie et des températures clémentes toute l’année.

Tour à tour française, anglaise, puis mauricienne, peuplée dès la fin du XVIIIe siècle d’esclaves africains et malgaches, l’île a su tirer partie des apports occidentaux comme de l’héritage africain. La musique traditionnelle, la danse et la cuisine témoignent de ce riche métissage dont elle est si fière aujourd’hui.

Rodrigues, as-tu du cœur ? À l’évidence, oui !

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Rodrigues, l’île rouge et noire de l'océan Indien

Rodrigues, l’île rouge et noire de l'océan Indien
© Pascal Lagesse - Shutterstock

Découverte par Diego Rodrigues en 1598, l’île ne prend le nom de ce navigateur portugais qu’en 1691, à l’arrivée des premiers Français… sept huguenots qui la quittent rapidement pour Maurice ! Il faut attendre encore un siècle pour que Rodrigues soit habitée par des Français, accompagnés d’esclaves malgaches et africains.

Soucieux de contrôler la "Routes des Indes", les Anglais prennent possession de l’île pour mieux lancer leur offensive sur Maurice. En 1815, Rodrigues devient une dépendance, assujettie aux mêmes lois que Maurice. Commence alors une période de croissance : la population passe de 200 habitants en 1825 à 8 000 habitants en 1930 !

À l’indépendance de Maurice (1968), Rodrigues y est rattachée au titre de 21e circonscription. Elle finit par obtenir son autonomie le 12 octobre 2002. La langue officielle est l’anglais, mais on y parle… le français ! Aujourd’hui, les Rodriguais, fiers de leur particularité, veillent sur leur destin, soucieux de gérer leurs problèmes de sécheresse et d’eau potable.

L’île compte 38 000 âmes majoritairement réparties au nord, autour de Port-Mathurin et sur la côte Est. En arrivant de Maurice, le visiteur est saisi par la différence de population : majoritairement indienne à Maurice, africaine ici ! D’où le surnom, sans doute, d’ "île rouge et noire", allusion à la couleur de la terre et à celle de la peau d’ébène des habitants…

Compte tenu de son isolement, l’île n’a pas connu de vagues d’immigration. La population y est créole et catholique à 97 %. Pour apprécier la ferveur des Rodriguais, ne manquez pas la messe du dimanche matin à Saint-Gabriel. Enfin, la population se répartit en deux pôles d’activité : l’agriculture à l’intérieur des terres et la pêche sur le littoral.

De la mer à la table : la cuisine de l'île Rodrigues

De la mer à la table : la cuisine de l'île Rodrigues
Plats créoles avec du achard en condiment © Unclesam - Adobe Stock

Rodrigues se déguste. Ici, la cuisine est un art de vivre, une culture, une tradition. Songez qu’il existe autant d’achards, ces petites sauces épicées servies en accompagnement, que de plats traditionnels. Et chaque plat a son occasion… La cuisine rodriguaise est créole, métissée, inspirée des apports extérieurs (gratins et daubes) et de son terroir.

La moitié des Rodriguais sont pêcheurs ! Le poisson – cru, grillé, mijoté – a sa fête, le 1er mars : la très courue ouverture de la "pêche à la Senne", une pratique en lagon ancestrale (et écolo !), sur des pirogues, à l’aide de grands filets.

Autre pêche importante, celle de l’ourite, une pieuvre que l’on fait sécher sur des piquets au soleil. Réservée aux femmes, "les piqueuses d’ourites" à l’œuvre du côté de Port-Sud-Est, elle se pratique pieds dans l’eau à l’aide d’un harpon. L’ourite est délicieuse en salade ou cuisinée en "rougaille".

Pour protéger le lagon, sa pêche est interdite de mi-août à mi-octobre. Qui trouve des ourites hors saison cautionne le braconnage, ou a l’assurance de manger congelé ! Quant aux kono-kono, appréciés pour leurs vertus aphrodisiaques, ils sont également protégés.

Les élevages de porcs, cabris et volailles complètent les apports en protéines. On les retrouve en daube, curry et rougaille… accompagnés de légumes tropicaux et locaux (maïs servi en purée, haricots rouges, chouchous – sorte de citrouille fondante –, ail et oignons).

Mangues, papayes, limons (petits citrons verts de production locale) agrémentent les salades et les plats sous forme de condiments confits.

Les desserts sont à base de coco ou de miel, car l’île en produit d’excellents… on vous conseille de craquer pour une part de tourte rodriguaise avec un ti’punch, avant d’enchaîner sur un pas de polka !

Le séga, l'île Rodrigues en musique

Le séga, l'île Rodrigues en musique
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Autre trésor de Rodrigues : la musique, jouée avec l’accordéon diatonique (on en compte une vingtaine sur l’île), dont les touches ont la particularité de produire chacune deux notes. Les Rodriguais se sont approprié cet accordéon, arrivé sur l'île dès la fin du XIXe siècle, en y ajoutant leurs propres instruments et en enrichissant les partitions de paroles. À Rodrigues, on danse la pokarisse (polka russe), le laval (valse), le mazok (mazurka), le scotis (scottish).

Tous les Rodriguais aiment se retrouver autour de cette musique. Un étonnant mélange de rythmes saccadés, de pulsations répétitives au caractère très africain, et de styles traditionnels européens.

Le mélange des deux genres musicaux ont permis l’émergence du séga, un genre musical créole, propre à Rodrigues. L’orchestre typique de séga se compose d’une ravane (un tambour cerclé de bois et recouvert de peau de chèvre), d’un accordéon diatonique, et puis d’un bobre (percussion en bois), d’un triangle, de mailloches (deux bouts de bois qu’on frappe l’un sur l’autre) et de boîtes de conserve vides pour râper.

On distingue le "ségakordéon" et le séga tambour, dont les noms font référence aux principaux instruments. Certains ségas sont agrémentés de paroles, accompagnant les travaux des champs (sega planté, sega haricot) ou commentant la vie des familles, les événements politiques (séga la guerre)… Cette image est aujourd’hui véhiculée par des groupes folkloriques aux noms évocateurs : Racines de Ben Gontran, Ambiance tropicale de Tino Samoisy, Rayon de Soleil, Génération Douk…

À Rodrigues, on danse tout le temps, en toute occasion. Mais, si vous passez par là début décembre, ne manquez surtout pas le festival créole et son concours de séga.

Port-Mathurin, petite capitale de l'île Rodrigues

Port-Mathurin, petite capitale de l'île Rodrigues
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Sur la côte nord de l’île, aux contours escarpés, se trouve Port-Mathurin. Cette petite capitale "provinciale" porte le nom du premier habitant de la région, le colon Mathurin Bréhinier. Port-Mathurin ne manque pas de charme avec ses rues à angle droit, ses maisons coloniales aux toits de tôle ouvragés et aux longues varangues, ses boutiks aux façades colorées…

La ville vit au rythme de ses commerces et services administratifs. Seul port de l’île, Port-Mathurin en est la porte d’entrée et constitue un excellent point de chute (beaucoup d’hébergements du côté d’Anse aux Anglais). Ne manquez pas le grand marché hebdomadaire du samedi matin, à voir autant qu’à goûter. Une grand’messe vers laquelle converge tout Rodrigues ! 

À l’entrée de la ville, juste en face de la gare routière, le Bazar de Port-Mathurin abrite un marché des plus animés et pittoresques. Les "jardinières" y vendent leur production de légumes : étals colorés de limons, papayes, caramboles, tomates et autres légumes. On y trouve aussi un beau choix de spécialités comme les piments et achards en conserve, du fromage de vache local de chez Medgée et Patrick, et les fameuses tourtes de Marylou Augustin.

La tourte rodriguaise, à base de pâte sablée, est un classique de la cuisine familiale locale. Marylou les garnit de confiture de coco ou de papaye, de limon, de mangue, – les parfums ne manquent pas –, et les décore telles des œuvres d’art !

Vous trouverez également de la vannerie, simple et artisanale. Les artisans travaillent le vacoa ou le vétiver, des essences locales, et fabriquent des paniers, des chapeaux (appelés "tentes") et différents objets utilitaires ou décoratifs. Mais attention aux paniers et accessoires colorés : ils proviennent tous sans exception de Madagascar !

 

Plages et îlots paradisiaques de Rodrigues

Plages et îlots paradisiaques de Rodrigues
Anse Ali © Unclesam - Fotolia

Les plages de Rodrigues n’ont rien à envier à celles de l’île Maurice. Rodrigues, ceinturée par un lagon, est une destination plage par excellence, avec ce charme et cette authenticité qu’on ne retrouve plus guère sur la grande voisine.

Longues étendues de fin sable blanc, bordées de filaos, certaines portent des noms parfois peu révélateurs : la plage du Fumier est un véritable paradis ! Les anses et criques secrètes sont parfois accessibles uniquement par l’eau, on trouve ainsi des îles et îlots quasi déserts.

Les plus belles plages et sites de baignade se situent à l’est, entre Pointe Coton et Port Sud-Est. Cette portion de littoral alterne de longues plages avec une série de petites criques bordées de falaises, telles des calanques : Anse Ali, Saint-François ou Anse Bouteille, une des plus jolies plages de l’île, encastrée entre les roches, avec de jolis spots de snorkelling au large.

Ne manquez pas le fameux Trou d’Argent, qui se mérite ! On y accède par une petite route goudronnée, puis une bonne marche sous les filaos ou par le littoral en longeant la plage depuis Pointe Coton (attention, pas toujours évident, et courants forts). Superbes aussi les plages de Graviers et Port-Sud-Est : la descente depuis la route sinueuse vers ces plages offre un panorama idyllique sur le lagon et ses 50 nuances… de bleu !

L’agitation bat son plein les week-ends, lorsque les familles débarquent pour la journée avec leur pique-nique. Moins de quiétude certes, mais une bonne tranche de vie des Rodriguais à partager.

Îles au Sable, aux Chats, Hermitage… Le lagon ne manque pas de trésors. Des îles et îlots sont même habités par une faune protégée, comme l’Île aux cocos, une réserve naturelle qui se trouve à 1 h 30 à l’ouest du littoral. On peut y observer des colonies d’oiseaux marins, moyennant une traversée en pirogue en eaux si peu profondes qu’il faut parfois sortir de l’eau pour pousser l’embarcation.

Plongée et sports nautiques à l'île Rodrigues

Plongée et sports nautiques à l'île Rodrigues
Kite surf plage de Mourouk © Unclesam - Adobe Stock

L’arrivée en avion est saisissante car elle permet d’appréhender l’immensité du lagon, sa beauté, son intensité et son infinie palette de bleus, tout en nuances. Autant dire qu’à Rodrigues, la plongée est une activité phare. Mais si de nombreux hôtels et organismes proposent des sorties en eaux profondes, la simple plongée en snorkelling (palmes, masque et tuba) suffit à s’en mettre plein les mirettes.

Le site de l’Aquarium à Cotton Bay est le plus réputé, mais il requiert un peu d’habitude car il reste relativement profond et tout proche de la barrière de corail, donc souvent agité.

Pour les moins expérimentés, ou les plongeurs accompagnés d’enfants, les deux sites suivants se révèlent beaucoup plus adaptés : le canyon de Couzoupa, perpendiculaire à la grande passe, près d’Anse Enfer (d’ailleurs visible de loin lorsque vous survolez l’île) est merveilleux. Un ban de barracudas traîne souvent par là !

L’autre site est celui dit de Rivière Banane, assez proche du rivage, peu profond et calme, il correspond tout à fait à l’image idyllique du snorkelling dans un lagon de l’océan indien : ballets de poissons multicolores et coraux de toutes espèces. Idéal avec de jeunes plongeurs.

À noter que ce fantastique lagon se prête également à toutes sortes d’activités comme les sports de glisse notamment : la planche à voile et, plus récemment, le kite-surf connaissent un véritable engouement.

Les tortues de la réserve François Leguat

 Les tortues de la réserve François Leguat
© Oleandra9 - Adobe Stock

À l’origine, Rodrigues n’était peuplée que de tortues… Pas plus chanceuse que le fameux dodo de l’île Maurice et son alter ego le Solitaire de Rodrigues, la tortue endémique de Rodrigues connut une fin tragique, pourchassée, jusqu’à extinction, par les colons qui en remplissaient leurs cales, pour sa viande fraîche. Il aura fallu attendre 2006 pour que soient réintroduites deux espèces endémiques similaires.

Gros succès de l’entreprise soutenue par la WWF, avec des résultats déjà prometteurs : on en compte aujourd’hui près d’un millier.

À l’extrême sud-ouest de l’île, dans la zone désertique de Plaine Corail (où se trouve l’aéroport), le site de la réserve François Leguat est absolument remarquable : au fond de gorges où l’on compte pas moins de 11 grottes calcaires, au creux d’un vallon encaissé, on trouve  des espèces indigènes, faisant elles-mêmes l’objet de soins très particuliers, et dont se nourrissent les tortues. 

La visite de la réserve peut être complétée par la grotte de la Grande Caverne (dont la visite se substitue aisément à celle de la Caverne Patate) et la visite du musée qui retrace l’histoire de l’île.

Fiche pratique

Fiche pratique
© Pascal Lagesse - Shutterstock

Pour préparer votre voyage, consulter notre guide en ligne Maurice, Rodrigues

Office de tourisme de Rodrigues 

Office de tourisme : rue de la Solidarité, à Port Mathurin. Tél. : 832-08-66 ou 67.

Comment y aller ?

En avion : Air Mauritius relie Maurice à Rodrigues 1 à 5 fois/j., selon la saison. Possibilité de prendre un billet depuis Paris avec un stop à l’île Maurice. Compter 12 h de vol depuis Paris, puis 1 h 30 sur ATR 72.

En bateau : Mauritius Shipping Corporation Ltd20info@mscl.mu 2 à 3 liaisons par mois avec le Mauritius Pride et 1/mois avec le Trochetia. Compter entre 36 et 48 h selon la météo.

Quand y aller ?

À Rodrigues, les saisons sont inversées : en été, de novembre à avril, il fait chaud et humide ; les températures oscillent entre 28 et 32 degrés. C’est aussi la saison des cyclones. En hiver, de mai à octobre, il fait plus frais (entre 17 et 24 degrés) mais l’air reste relativement sec. La côte est, sud-est reste très exposée au vent.

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Texte : Amanda Keravel

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