Bonjour,
Ce petit texte n’est pas de moi, mais je l’ai trouvé intéressant dans le cadre du “guide de survie en Belgique” et principalement à l’intention de ceux qui souhaiteraient s’installer dans la région de Namur :
Bonne lecture,
Yves
Petit précis de vocabulaire à l’usage de ceux qui veulent comprendre l’essentiel à Namur et dans une moindre mesure en Wallonie et à Bruxelles.
(Les ‘chwès’ seront les seuls autorisés à apporter des modifications ou des suggestions de nouvelles entrées)
Arsouye : espiègle, le namurois est volontiers espiègle.
Avisance : pâte feuilletée fourrée d’une saucisse ou de viande hachée, spécialité namuroise, si tu as une migraine le lendemain, change de fournisseur.
Avoir le… : suivi d’un verbe au participe présent, indique une certaine disposition d’esprit à un moment donné. Exemple : ‘j’ai le buvant’ indique une forte envie de consommer de la bière. ‘J’ai le quettant à mort’ signifie que l’auteur de la phrase à une envie douloureuse de s’accoupler avec la première venue.
Barakî : lie de la société, au départ celui qui vit dans une baraque, un taudis, par extension, toute personne ayant une apparence ou un comportement de basse classe. Exemple : un type crache par terre : ‘c’est un barakî’ ; une fille pisse contre un mur :’c’est une barakerêsse’.
Bauchelle : jeune fille
Binauche : content
Biche : belle fille
Top biche : très belle fille
Top biche de malade : incroyablement belle fille.
L’antonyme de biche est :
Thon : fille moche (Synonyme : GOLGOTH mais ça c’est plutôt pour les nostalgiques de Goldorak)
Top Thon : est clairement une fille qui est top moche.
Chaude comme une baraque à frites : expression immortalisée par Poelvoorde, se passe de commentaire mais on aimerait la rencontrer un jour où on ‘a le quettant à mort’
Café du collège : café Namurois où on sert la bière suivant les règles de l’art.
Comment ça ? ce n’est rien d’extraordinaire !!! Je répète pour ceux quoi ne comprennent pas : café Namurois où on sert la bière suivant les règles de l’art.
En bonus le patron a un rire qui fait trembler les cloches de la cathédrale Saint-Aubain qui se trouve pourtant à deux cents cinquante mètres.
C’est todi li p’tit qu’on spotche :
c’est toujours le petit qu’on écrase (écraser, écrabouiller… comme le bruit : “spotche”), lamentation namuroise classique.
Chwès : vrai namurois
Clignoteur : Les français parlent de ‘clignotant’, la passivité de l’équivalent Français laisse à croire que celui-ci n’est pas souvent utilisé.
Cougnoux : spécialité de noël, c’est une brioche aux raisins.
Cramique : c’est un craquelin auquel on a ajouté des raisins.
Crevé plein/crevé saoul : ivre mort, ou encore mort sket, mort tanne, pertotal, déchiré…
Dagobert : baguette garnie, classiquement, de jambon, de fromage et de crudités mais la garniture est free-style.
De fait : faute de français de Belgique, voudrait signifier ‘en effet’ ; bizarrement cette expression est souvent utilisée par des gens qui se la pètent (nous avons nos snobs aussi) et qui en conséquence sont ridicules deux fois.
De Suite : faute de français de Belgique, voudrait signifier ‘ tout de suite’ ; bizarrement cette expression est souvent utilisée…
Déjeuner : il n’y a pas de petit déjeuner en Belgique parce qu’on ne mange jamais un peu, donc le premier repas du jour, celui où tu arrêtes de jeûner, s’appelle le déjeuner, c’est logique et c’est copieux. A midi on dîne, le soir on soupe.
Dispouille : Plat typique consistant en craus boyas (boyaux gras). Fricassée namuroise constituée de dépouille de porc nettoyée et bouillie pendant des heures par le boucher. Découpée ensuite en petits morceaux et recuite avec des oignons et agrémentée d’une giclée de vinaigre et de moutarde. Excellent reconstituant pour les organismes éprouvés par des libations excessives. Celui qui refuse l’obstacle voit sa virilité sérieusement mise en doute. Se déguste de préférence à l’école des pauvres à Namur.
Djondu : celui qui s’est fait avoir, roulé.
Francwès : ‘J’ai mangé de la dispouille, elle n’était pas fraîche’
Djozêph : ‘ tu es vraiment un djondu’
Doubler : connaître un échec scolaire d’une gravité telle qu’on recommence son année. Ce verbe est inconnu en France.
Redoubler : verbe français au sens étrange, puisque le préfixe re- indique la répétition, je suppose que ça veut dire doubler deux fois, donc rater deux années scolaires ???
Duvel : bière blonde flamande forte, en dialecte flamand Duvel veut dire diable, et c’est vrai que son effet sur l’organisme humain a quelque chose d’infernal ; une brasserie concurrente commercialise une bière appelée SATAN, les bières belges ont souvent des noms à connotation religieuse.
Echasseur : personnage du folklore namurois, personne se promenant sur des échasses. On pense que les échasses étaient utilisées lors des nombreuses crues de la Meuse et de la Sambre.
Combat des échasseurs : c’est quand une personne jusque là paisible prend conscience que celui qui a des échasses d’une autre couleur est un ennemi et qu’il faut le faire tomber tout en restant sur ses propres échasses. Fifre et tambour, soleil et foule excitée. C’est assez couillu.
Eldorado : non seulement un des rares derniers vrais cinémas de ville mais aussi endroit où on donne rendez-vous à la personne avec laquelle on s’est roulé des pelles le samedi au ‘flag del’. La disposition des lieux permet une fuite rapide, un astucieux repli stratégique ou une arrivée triomphale.
Escargots (les) : statue retirée du mobilier urbain namurois au grand dam des gens sans imagination qui s’y donnait rendez-vous pendant les fêtes de Wallonie. Synonyme de certitude de ne pas s’y retrouver vu la densité d’ivrognes au mètre carré lors de ces fêtes.
Ewaré : ahuri
Fade comme une bite d’ours : pas bien vaillant.
‘Fatcha qu’elle est bonne la meuf là! ‘: Vous avez choisi de quitter la province de Namur et vous êtes à Charleroi, vous êtes une fille et un indigène vous adresse la parole de la sorte, remontez vite dans votre voiture.
Flag del/Le flag/Le flagrant délire : établissement de type boîte de nuit où les jeunes Namurois se retrouvent pour un rituel rythmique endiablé.
Fêtes de Wallonie : le troisième week-end de septembre à Namur (si c’est ailleurs ou à une autre date, il s’agit d’un ersatz) : grande liesse populaire, patriotique et folklorique qui se résume (malheureusement) souvent à une beuverie, c’est aussi l’occasion de revoir des connaissances qu’on ne peut croiser que ce jour-là, c’est un peu un rendez-vous obligé.
Filet américain : en France : steak tartare, là c’est match nul balle au centre, puisque cette viande hachée n’a rien d’un steak ou d’un filet et n’est pas plus américaine que provenant des steppes asiatiques.
Fringale du diable : se prononce fringaldudjiap, expression cycliste belge, signifie qu’un coureur connaît une grosse défaillance.
Gamin de merde (Prononcez gamind’mêrt) : exprime un doute sur l’honnêteté, la probité, les bonnes manières de la personne à laquelle vous vous adressez.
Maison communale : équivalent belge de la mairie, aussi appelé hôtel de ville, suivant qui y est au pouvoir, on peut ou pas s’y procurer du carburant à conditions d’ami.
Man’daye : synonyme du ‘peón’ espagnol, homme à tout faire.
La plus belle définition nous vient du grand artiste René Binamé :
‘ c’èst scrandichant d’ièsse on man’daye i faut bouter tote li djoûrneye po on patron s’crèver al taye c’èst nin qui dji seûye fènèyant mins viker po bouter ça c’èst nin viker.’
Membré comme un câble de frein (ou comme un spéculoos de combat) : pas bien costaud quoi.
Neige fondante : c’est de la neige qui tombe et qui fond en même temps. Pas d’équivalent en France à moins que ce ne soit le synonyme de neige fondue (mais les français ne peuvent quand même pas être cons à ce point car clairement de la neige fondue, c’est de la pluie froide !)
Ne pas trouer une salade : c’est ce qu’on peut dire d’un mec fade comme une bite d’ours, qui, possédé par la puissance du macaroni trop cuit est incapable de trouer une feuille de salade.
Non peut-être: oui sûrement. Et pour dire non, il faut dire oui, peut-être. A Bruxelles.
Nenni Valet : non très cher ami. En Wallonie.
Open gonzesse : pour expliquer cette expression qui nous vient plutôt de la Basse-Sambre, je cite un jeune auteur ferroviaire :
‘Vinguette, j’ai été au Flag, c’était open gonzesse’
Traduction :’sapristi, je suis allé au Flagrant délire et il y avait de nombreuses jolies jeunes filles’
Oufti : interjection liégeoise marquant selon les cas : l’étonnement, l’admiration, la difficulté…
Kitsch à mort : à Charleroi synonyme d’inesthétique.
Manche à balle: lèche-cul, frotte-manche, fayot, souvent
premier de la classe, parfois en trichant et plus tard représentant du peuple.
‘On est chez nous’ : opéra wallon au livret simple mais émouvant, du même compositeur que ‘Coucou Gamin’, considéré comme un hymne à Belgrade (c’est le nom d’un village près de Namur, nous avons des noms de village fabuleux dans notre région comme Bouge, Jambes ou encore Champion).
Mazout (aussi appelé cercueil) : mélange douteux à base de coca et de bière. A éviter.
Tango : même remarque que ci-dessus mais tu remplaces le coca par du sirop de grenadine.
Perroquet (tu ne vas pas le croire) : même remarque que ci-dessus mais tu remplaces la grenadine par de la menthe. Précision, commander ce breuvage peut être dangereux (On aurait émasculé le dernier à l’avoir fait dans mon café habituel)
Mitraillette : là on est moins fier, spécialité douteuse d’origine liégeoise, vendue en friterie, se compose d’une baguette garnie de frites et de morceaux de viandes molles, le tout noyé sous une grosse quantité de sauce (mayonnaise ou andalouse ou bien sûr samouraï pour tuer ta dernière papille gustative), si tu as un cerveau, tu ne peux consommer une saloperie pareille que si tu es ivre, sinon tu fais partie des gens qui préfèrent manger des crasses belges plutôt que des crasses américaines genre McDonald’s. Mais comme il s’agit d’une exception culturelle, tentons quand même de sauvegarder la mitraillette face à la montée en puissance des balkaniques kébabs. Un italo-namurois voudrait lancer sur le marché la pizzaillette…
Minca ti les chkarpes : pas de doute vous n’êtes plus en province de Namur, vous vous trouvez vraisemblablement dans la région de La Louvière et un autochtone vient de remarquer qu’il aimait beaucoup vos chaussures. Courrez…
Nonante : en mauvais français quatre-vingt-dix. Les Belges ne comprennent toujours pas pourquoi les français s’acharnent à utiliser des mots aussi compliqués et illogiques.
Nine-ninety
Neun-Neunzig
Neuf-Nonante.
Peket/Pecket: petit alcool blanc, genièvre, typiquement wallon, redoutable parce que pas fort et donc traître, se conjugue à tous les parfums lors des fêtes de Wallonie (citron, cerise, spéculoos, eau…)
Pèle-couye : casse-couille, importun quoi !
Piano Bar : très ancien café Namurois, café-concert le week-end, pas très frais mais les concerts sont souvent très chouettes.
Poufteux : engeance des cagnottes, profiteur qui met deux euros quand tout le monde en met cinq et qui commande une bière spéciale quand les autres commandent une pils. Qui n’a jamais son portefeuille, sauf s’il se fait arrêter par les pandores. Bref un pâle type.
Ratin tôt : plus ancien café de Namur, très typique.
Rendez-vous place du vieux/rendez-vous au vieux : si quelqu’un vous dit ça à Namur, feignez de ne pas comprendre, cela incitera peut-être l’auteur à reformuler correctement et à vous donner un rendez-vous sur la ’ Place Marché aux Légumes’.
Sauce lapin : spécialité liégeoise qui vient napper les frites des gourmands de la cité ardente, c’est succulent.
Scotch : chez nous un scotch n’est pas un whisky (si on veut un whisky on demande un whisky, c’est simple) c’est une bière brune forte et légèrement sucrée qui se sert idéalement dans une chope en étain. A forte dose, le scotch pousse au lyrisme et à l’amitié entre les peuples.
Septante : en mauvais français soixante-dix. Même remarque que pour nonante.
Seven-seventy
Sieben-siebsig
Sept-septante
Sirop de liège : pâte à tartiner composée de pommes, de poires et de dattes, sur une tartine grillée, c’est tout simplement bon.
Sotte garce : équivalent féminin de gamin de merde, tombé, et c’est dommage, en désuétude.
Vito(u)lets : boulette de viande (ballekes à Bruxelles, boulet à Liège), parfois servis avec une sauce tomate et des frites bien sûr. La frite ramollie par la sauce est un régal.
Voler casquettes, c’est la foire aux chapeaux : Manière de saluer un malotru qui ne retire pas son couvre-chef quand il entre quelque part.
Trappiste : est évidemment un moine de la trappe mais en Belgique désigne surtout une variété de bière produite par ces bons moines, il y a sept trappistes sur terre dont six en Belgique (une aux Pays-Bas : c’est une énigme !!), ce sont des bières fortes (il y a autre chose en Belgique que des bières fortes ??) et elles sont divines.
Stella Artois, Jupiler, Maes : noms des principales pils/lager Belges. Ce sont des bières blondes, titrant +/- 5.2° d’alcool, qui se servent à la pompe (pression) en un seul mouvement, à 4° centigrade maximum, dans un verre rafraîchi au préalable, le faux-col se coupe. Toutes personnes osant servir une pils dans d’autres conditions fait partie d’une des catégories évoquées plus tôt à savoir et au choix mais le cumul est possible : gamin de merde, sotte garce, barakî/barakerêsse, èwaré…
Si la bière est chaude, si le verre n’est pas frais, si la bière a été servie en plusieurs mouvements (pompe coupée ensuite réactivée) et si la mousse n’a pas été coupée, deux solutions s’offrent à vous :
Changer de café
Accepter l’inexorable gueule de bois du lendemain.
Vî soçon : quelque part entre ‘mon pote’ et ‘mon vieux camarade’, manière très amicale de saluer un bon copain.