La
culture du thé fut introduite au Japon au IXe siècle par le moine bouddhiste
Saicho, qui revint d'un voyage en Chine avec quelques graines de théier
qu'il planta au pied de la montagne sacrée de Heizan. Il faut attendre
la fin du XIIe siècle pour qu'une vraie culture du thé s'installe au Japon,
qui connut son apogée au XVIe siècle, lorsque Sen No Rikyu codifia la
cérémonie japonaise du thé (chanoyu), d'inspiration zen.
Le
goût du thé se répandit d'abord vers l'Ouest en empruntant
la route des caravanes et en s'adaptant aux coutumes des populations qu'il
rencontrait. Puis il arriva jusqu'aux bords de la Méditerranée,
longtemps avant de parvenir en Europe occidentale. De par sa situation,
la Russie impériale est le seul pays européen à recevoir
du thé par voie terrestre : elle le découvre dès
1638, mais met deux siècles à se répandre dans un
pays où règne en maître la vodka.
On trouve mention du thé dans la littérature occidentale
dès le XIIIe siècle avec le récit de Marco Polo (1254-1323),
Les Merveilles du monde. Au XVIe siècle, les missionnaires
parlent de cette herbe " suavem gustu, nomine chia "
(au goût suave, nommée chia). Mais ce n'est qu'au
XVIIe siècle que le thé est véritablement introduit
en Europe. La compagnie des Indes orientales rapporte pour la première
fois du thé par bateau, en Hollande en 1610, puis en France et
en Angleterre. En 1657, Thomas Garraway, tenancier d'une " coffee-house "
à Londres, introduit le thé dans sa boutique. Et c'est avec
l'essor de ces mêmes coffee-houses que le thé se répandit
de manière spectaculaire Outre-Manche et parvint à supplanter
la boisson fétiche des Anglais : le café.
Pour
créer une dépendance et une monnaie d'échange avec
les Chinois, alors seuls producteurs de thé, les Anglais introduisent
l'opium de contrebande en Chine, déclenchant deux guerres dites
de l'opium (1840-1842 et 1856-1860). À la même époque,
pour faire face à une augmentation de la consommation, les Anglais
développent des plantations en Inde, puis dans l'île de Ceylan.
Dès 1887, les importations en provenance des colonies anglaises
devinrent plus importantes que celles venant de Chine. L'Angleterre cessa
enfin de dépendre de cet Empire du Milieu décidément
si peu coopératif avec le " libéralisme "
anglais.
De
l'autre côté de l'Atlantique, les colons protestent contre
les lourdes taxes sur le thé imposées par la Compagnie des
Indes orientales. Le 16 décembre 1773, ils jettent à la
mer la cargaison de trois bateaux. Cet événement, connu
sous le nom de " Boston tea party " est souvent considéré
comme le premier acte de la guerre d'indépendance des États-Unis.
Un peu plus tard, l'importation de thé aux États-Unis par
les émigrants anglais et hollandais donnera lieu à des courses
sur les grandes routes maritimes et les Américains créent
alors les " clippers ", des voiliers légers
avec lesquels ils peuvent aisément défier les Anglais.
En France, l'introduction du thé soulève, curieusement,
de nombreuses controverses, dès 1650, dans les milieux médicaux,
mais il acquiert pourtant un degré de popularité très
haut.
L'universalité
du thé est née de la rencontre de deux mondes il y a plusieurs
siècles : l'Orient et l'Occident. Le thé ne se donne
pas à la consommation. Il demande une préparation et contient
la promesse d'une cérémonie que chacun peut inventer ou
réinventer librement.
À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle,
le thé est également implanté dans d'autres pays
d'Asie qui deviennent d'importants producteurs, dans des pays d'Afrique
Noire anglophone et, plus récemment, en Amérique du Sud.
Aujourd'hui, il est cultivé en Amérique du Sud (Argentine,
Brésil, Équateur, Pérou…), en Afrique (Kenya,
Zimbabwe, Rwanda, Cameroun, Malawi, Mozambique, Éthiopie…),
en Géorgie, en Turquie, en Iran, en Indonésie, au Vietnam,
sur l'île Maurice, aux Açores, en Malaisie… Il y eut
même quelques essais pas très concluants en Bretagne, à
Paris et en Corse… Et pour cause, le théier pousse dans des
régions au climat chaud et humide, qui bénéficient
de préférence de pluies régulières réparties
sur toute l'année.
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