Patagonie, les derniers gauchos
Auteur : Nick Reding
Editeur : Latitudes Albin Michel
341 Pages
Aux confins de l’Amérique du Sud vivent des hommes fiers, rudes et courageux : les gauchos. Ces cavaliers du bout du monde, résistant aux épreuves d’un climat difficile, sont spécialisés dans le convoyage du bétail à travers les pâturages de Patagonie. Chapeau vissé sur la tête, lasso à la main, le gaucho passe la plupart de son temps à cheval, à surveiller vaches et moutons, seul ou avec son chien. On le surnomme, à juste titre, “ cow-boy ”.
Nick Reding, natif du Missouri, a séjourné à plusieurs reprises en Patagonie chilienne à la fin des années 1990. Il a un jour planté sa tente dans le Cisnes (sud du Chili), en face de la maison d’un couple de gauchos dont il est devenu le complice. Au fil de ses chevauchées dans les Andes avec Duck, le mari, et de ses longues conversations avec Edith, l’épouse, Nick Reding découvre toute la complexité et la détresse d’un peuple totalement coupé du monde. Lui voit le mal partout. Il pense être la cible de toutes sortes de complots et noie son désarroi dans le vin et le pisco. Edith, elle, est rongée par l’angoisse. Elle ne sait pas encore s’il faut rester dans ce ranch immense ou partir avec ses enfants pour Coyhaique, où est broyée la vie de tout gaucho qui cède à la tentation de la modernité.
Patagonie, les derniers gauchos n’est pas un enchaînement de cartes postales de paysages à nous couper le souffle. L’auteur rompt avec l’exotisme et les clichés habituels sur la Patagonie pour nous offrir un livre de route fort intéressant, au récit entrecoupé de nombreuses références historiques. C’est parce qu’il était convaincu “ que la culture gaucho telle qu’elle avait existé près de quatre siècles était proche de sa fin ” que Nick Reding a décidé de mettre par écrit son aventure parmi les gauchos chiliens. Patagonie, les derniers gauchos est le témoignage du destin d’hommes et de femmes qui, après avoir longtemps vécu isolés, se sentent aujourd’hui rattrapés par le progrès : le bitumage des pistes entrepris par le gouvernement chilien inviterait les gauchos à délaisser le cheval pour le camion et sonnerait sans doute le glas de ces cavaliers légendaires.
Texte : Chahine Benabadji
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