Peuples nomades d’Asie centrale
Après un premier voyage qui l’a amené à parcourir 56000 km pour rencontrer les peuples méconnus d’Asie, Kares Le Roy est reparti sur la route pour partager la vie quotidienne des nomades de l’ancienne Perse et d’Asie centrale. Pendant 16 mois, il a arpenté ses terres photographiques de prédilection afin de mettre en lumière des groupes ethniques et des cultures qui tendent à disparaître. Voici quelques un des magnifiques clichés qu’il présente dans son dernier livre Ashayer (nomades, en persan).
À lire également, l'interview de Kares Le Roy.
Campement de fortune des nomades Qashqai pendant la grande migration d’hiver, Iran
Orchestre traditionnel des tribus Bakhtiari, Iran
Femme d’une tribu Qashqai, Iran
Aksakal d’Asie Centrale, Ouzbékistan
Un Aksakal (littéralement barbe blanche) d’Asie Centrale, est respecté pour sa sagesse. En Ouzbékistan, les hommes viennent lui demander conseil. Ces anciens avaient un rôle dans les systèmes politique et judiciaire de leur pays ou tribu.
Mollah turkmen coiffé d’une toque traditionnelle en laine d’Astrakhan, Turkmenistan
Femme kirghize dans sa yourte durant les célébrations de Norouz, Kirghizistan
Jeune aiglier kazakh, Kazakhstan
Scène de chasse à l'aigle pendant l’hiver, Kirghizistan
Kirghize jouant de la musique, Kirghizistan
Après le montage de la yourte, par tradition, les kirghizes jouent de la musique avant d'installer les meubles.
En signe de foi, Afghanistan
Entre rite préislamique et foi ismaélienne, des cornes d’ibex et des tissus flottent au vent à Langar, dans le corridor du Wakhan.
La yourte est l’habitat traditionnel des tribus kirghizes du corridor du Wakhan, Afghanistan
Le corridor du Wakhan est un appendice septentrional long de 300 kilomètres, pris en étau entre le Pakistan, la Chine et le Tadjikistan. D’un côté le Pamir, de l’autre l’Hindou Kouch. Au milieu, les rescapés d’une vie terriblement difficile. Sarhad, dernier village accessible en véhicule est le point de départ d’un trek de neuf jours pour rejoindre les nomades kirghizes au fond du corridor.
Retour d’une caravane de yaks, Afghanistan
Dans le corridor du Wakhan, en yaks ou en chameaux de Bactriane, les caravaniers font des allers-retours incessants d’un bout à l’autre pour acheter les denrées nécessaires à leur survie.
Le repos du Khan, Afghanistan
On est en juin, seul le Khan a le droit de se reposer. Sa yourte, qui dépasse les autres en hauteur et en richesse, déborde de tapis moelleux en soie et de coffres remplis de trésors. La communauté nomade kirghize s'est réduite à une centaine de familles. Personne ne sait comment ils arrivent encore à subsister dans ces conditions de vie.
Jeunes filles sous la yourte, Afghanistan
Dans les villages de Ak Jyra et de Chylpa, les familles d'origine kirghize s'organisent autour de rites immuables. Les femmes couvertes de voiles blancs sont mariées, celles en rouge ne le sont pas.
Questions à Kares Le Roy
Le Routard : Qu'est-ce qui a motivé le choix de ce sujet photographique ?
Kares Le Roy : Je connais la Perse et l'Asie centrale pour y avoir passé 6 mois en 2010. C'est une partie du monde qui m'a toujours inspiré. J'étais parti pour un voyage au long cours sur le continent asiatique, entre Jakarta et Istanbul. A cette époque j'avais déjà eu la chance et le plaisir de rencontrer plusieurs groupes nomades mais j'avais remarqué qu'il était très compliqué de pouvoir rester avec eux, encore plus de les suivre. Du fait de leur mode de vie et leurs déplacements principalement. J'ai tout simplement eu l'envie de revenir sur place, d'y passer plus de temps et d'approfondir mon sujet. Il fallait un moyen de locomotion personnel ; j'ai donc aménagé un van pour pouvoir y vivre et être complètement indépendant. Je suis reparti en mai 2014 avec mon véhicule et j'ai passé 16 mois de la France à l'Afghanistan en passant par l'Iran et tous les pays en "Stan" à la recherche des derniers groupes nomades de cette région. D'ailleurs le nom de mon livre "Ashayer" veut dire - nomades - en persan. Je me suis fait moi même nomade pour pouvoir mieux les suivre !
Le Routard : Comment es-tu entré en contact avec ces peuples nomades, avais-tu préparé le reportage avant ton départ ?
Kares Le Roy : Oui, j'étudie les nomades d'Iran depuis 4 ans. J'ai beaucoup appris sur les Qashqais et les Bakhtiaris en lisant des livres et en regardant des reportages avant de retourner sur place. Il était important de savoir ou ils étaient exactement. Mais le problème sur place était tout de même difficile à gérer. Les nomades vivent en retrait des villes, et ne se laissent pas approcher comme cela. J'ai dû demander l'aide de fixeurs pour rentrer vraiment en contact avec eux. Cela m'a permis de me faire accepter plus facilement par les tribus. En Afghanistan, c'était pareil, sans l'aide d'un traducteur, je n'aurais pas pu y arriver ! J'ai finalement passer du temps sous les tentes ou les yourtes à observer leurs façons de vivre mais cela m'a pris beaucoup de temps...
Le Routard : Quel est ton meilleur souvenir de ce fantastique voyage et l'expérience que tu aurais préféré ne pas vivre ?
Kares Le Roy : Il y en a plein ! D'un côté il y a des plaisirs personnels, qui ne sont pas forcement liés à mon reportage. Des moments de solitude au milieu de nulle part où je m'arrêtais pour dormir ou faire à manger... Des longues heures de route au milieu du désert en Iran. Mais le plus incroyable reste la traversée du corridor du Wakhan à dos de yak en Afghanistan. Le plus éprouvant aussi !
J'aurais aimé ne pas subir certains contrôles en Turquie sur le chemin du retour. En passant près de la frontière irakienne, les autorités comme les kurdes m'ont pris pour un djihadiste qui revenait de l'Etat Islamique. C'était compliqué, pénible et fatiguant. Cela m'a mis mal à l'aise jusqu'à mon retour en France. Cela n'a pas gâché le voyage mais j'aurais préféré l'éviter, comme toutes mes rencontres avec des militaires et il y en a eu beaucoup... Trop !
Le Routard : As-tu des conseils pour les photographes qui souhaiteraient se lancer dans un projet d'une telle envergure ?
Kares Le Roy : Je ne suis pas sûr d'être un voyageur qui a "de bons conseils". Ce n'est pas trop mon truc. Je voyage seul, très longtemps, loin des circuits touristiques. Je prépare mes reportages dans mon coin sans penser à ce qui peut plaire ou non. Ce n'est qu'à mon retour que j'imagine la conception d'un livre ou l'écriture d'articles. Je dirais qu'il faut déjà aimer la solitude et son travail car ce n'est pas évident tous les jours. C'est pour cela qu'il faut trouver le bon sujet, au bon endroit, celui qui tient à coeur et que l'on a envie de défendre derrière.
Pour en savoir plus, visitez le site de Kares Le Roy.
Le livre Ashayer est disponible chez Amu Darya Editions, à la Fnac et dans toutes les bonnes librairies.
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