Madagascar, l’île-continent
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Villages isolés au milieu des reliefs ocre, baobabs se découpant dans la lumière du soleil couchant, regards des habitants... Madagascar est une destination rêvée pour les amateurs de belles images. Alain Diveu, qui ne part jamais sans son appareil photo, souhaitait découvrir cette île, mystérieuse à ses yeux, depuis son enfance. Il est revenu émerveillé de cette expérience qu’il partage avec nous.
Papy cacahuètes
Ce papy vendait des cacahuètes sur le trottoir près des Thermes. Je l'ai pris en photo après lui en avoir acheté un paquet. Lorsqu'il a vu la photo sur l'écran, il était ravi... Moi aussi !
Quelque part entre Betafo et Antsirabe
Pour sortir des villes, comme ici à Antsirabe, nous louons parfois une moto. En nous rendant au marché hebdomadaire de Betafo, nous traversons un paysage de rizières concentrées dans les vallées et de terres arables tout juste labourées d'une couleur rouge typique. Les villages et leurs églises sont souvent perchés au sommet des collines.
Le train de Fianarantsoa à Manakara
Ce serait rageant de se priver de ce trajet en train lors d'un voyage à Madagascar. Vraiment typique, il restera longtemps l'un des meilleurs moments de mon séjour. Même si j'avais une place confortable dans le compartiment réservé aux étrangers de passage, j'ai passé la plupart du temps debout à la porte ouverte du wagon. De là, j'ai pu prendre un grand nombre de photos. Comme celle-ci par exemple ou celles des arrivées dans les gares jalonnant le parcours. Inoubliable !
Vendeuses de mangues
Alignées sur les trottoirs, les marchandes de mangues se succèdent presque sans interruption dans la rue principale de Morondava. Pour en avoir dévoré des kilos, je peux vous certifier qu'elles font partie (les mangues, évidemment !) des meilleures que j'ai jamais mangées. Et puis, quelles parties de rigolade avec les vendeuses !
Pêcheurs de Morondava
Pêcheurs sur leur embarcation rudimentaire devant la longue plage de Morondava. Breton, j'ai forcément une attirance pour la mer et les bateaux. Où que je sois, si mer il y a, je dois aller la voir et passer quelques jours près d'elle. Les embarcations me fascinent aussi. Chaque pays, chaque région exigent des conceptions différentes en fonction des vents et des courants. Ici, à Madagascar, on fait avec les moyens du bord à défaut des moyens financiers...
Vélo-pousse dans une rue d'Antsirabe
Photo typique de ce que j'aime faire : formes et couleurs. J'ai photographié cette façade à de nombreuses reprises, mais je n'ai réussi à mettre en place tous les éléments qu'une seule fois. Autrement, il y avait toujours des éléments parasites. C'est fou le nombre de photos qu'on ne fait pas ou qu'on rate à cause d'éléments interférents non contrôlables.
Village betsileo
Grosse émotion dans ce village ! Lors d'un arrêt photographique, quelqu'un me fait signe et m'invite de loin à venir le rejoindre. Avec Chantal ma femme, nous restons un long moment discuter avec la famille qui occupe les maisons du hameau. Le stock de bonbons ne fait pas long feu : les enfants arrivent en nombre de partout ! Lorsque nous repasserons une heure plus tard en sens inverse, ils accourront en bordure de route nous faire de grands signes de la main. Les parents, grands-parents, oncles et tantes en feront de même ! On a parfois les yeux qui mouillent et ce n'est pas le froid ou le vent qui les font couler...
Le jeune vendeur
Jeune vendeur vendant du riz cuit emballé dans une feuille de bananier. Il me faisait pitié. Petit, il devait se hisser sur la pointe des pieds pour proposer ses sachets aux clients restés dans le train. Ceux-ci ne faisaient aucun effort pour le soulager... Même si je ne me considère pas comme un "photographe reporter", cette image chargée de symboles ne me laisse pas insensible. Je suis content de l'avoir réalisée... Allez ! Un peu d'autosatisfaction ne fait pas de mal !
Une église d'Ambositra
Les églises chrétiennes sont légion à Madagascar. Il y en a plusieurs par ville et au moins une dans chaque village. La plupart sont très bien entretenues et les offices religieux attirent la population des environs qui revêt ses plus beaux atours à cette occasion. La sortie de la messe vaut vraiment le coup d'œil.
Dans une rue d'Ambalavao
Dans cette région de Madagascar, les femmes portent toutes des chapeaux et les maisons arborent la couleur rouge de la terre des champs.
Le petit port de pêche de Manakara
Cette petite plage de Manakara accueille tous les matins le marché aux poissons. Les jeunes hommes y amènent leur pêche plutôt maigrichonne. Pour nous, simples voyeurs, le spectacle est grandiose avec le ballet des barques se succédant, celui des femmes achetant et revendant les poissons à d'autres femmes qui les revendent encore une fois à d'autres femmes qui les..... Moi-même ancien commerçant, je ne comprends rien de rien à ce mode de négoce. J'ai peut-être bien fait de tout quitter pour voyager !
Jeu d'ombres
Jeu d'ombre sur une enseigne d'Ambositra. Il s'agit en fait de l'ombre d'un baobab de décoration en osier. Je verrai les vrais quelques jours plus tard, du côté de Morondava.
Marché aux zébus
À l'écart de la foule, cet homme élégant tentait de vendre son animal à d'éventuels acheteurs. Une transaction peut durer plusieurs heures.
Collines de Tananarive
Perchée à plus de 1250 mètres d'altitude au cœur des hautes terres, Tananarive comporte deux parties distinctes : la ville haute, emblématique, et la ville basse, plus populaire. Les belles villas coloniales ont plutôt été édifiées sur les pentes de la ville haute.
Retour de pêche
En général, ce sont les enfants qui se chargent de nettoyer les filets. En récompense, ils reçoivent quelques poissons... Par contre, c'est le pêcheur lui-même qui se charge de replier ses propres filets pour qu'ils soient prêts à être jetés sans souci lors de la pêche du lendemain...
Rizière de la région d'Antsirabe
En me rendant à Madagascar, je ne pensais pas voir autant de rizières. J'ai franchement été surpris par leur nombre. Leur couleur vert tendre tranche de façon incroyable et très photogénique avec le rouge de la terre. Dur de ne pas s'arrêter !
Fianarantsoa
Fianarantsoa ne restera pas un souvenir impérissable. Certainement la faute à sa gare routière et ses rabatteurs... C'est pourtant dans cette ville que vit le photographe le plus célèbre de Madagascar et, désormais, mondialement reconnu : Pierrot Men. Son atelier mérite franchement le coup d'œil... Superbes photos qu'elle soient en noir et blanc ou en couleur...
Retour à l'étable
Les zébus qui n'ont pas été vendus le jour du marché regagnent à pied leurs étables en traversant de grandioses paysages.
Allée des baobabs
Ils me faisaient rêver depuis des décennies. J'en avais vu quelques-uns au Niger, mais il faut reconnaître que ceux de Madagascar sont les plus majestueux, les plus hauts, les plus tout ce qu'on veut. Les fins de journée ne sont pas en reste dans ce décor féerique. Nous nous attendions à voir des hordes de touristes. Il n'en est rien. À seulement quelques pas de la piste, j'ai toujours été seul et ai ainsi pu profiter à mon aise de ce paysage fantastique... J'y ai pris des centaines de photos ! Moment inoubliable !
Questions à Alain Diveu
Le Routard : C'était ton premier voyage à Madagascar, pourquoi avoir choisi cette destination ?
Alain Diveu : J’en avais envie depuis mes premières années d’école, période durant laquelle les mots Madagascar et Tananarive me subjuguaient littéralement, ne serait-ce que par leur difficulté à les prononcer ! Les voyages ne faisant pas partie, et loin de là, des préoccupations familiales de l’époque, je ne faisais que rêver devant les revues qu’on me laissait feuilleter parmi lesquelles Terres lointaines, le magazine des missionnaires, sans imaginer un seul instant que je pourrais à mon tour les découvrir un jour.
En fait, après de multiples reports parfois indépendants de ma volonté, ce moment est enfin arrivé.
J'ai donc réalisé un autre de mes nombreux rêves de gosse. Je suis le plus heureux des hommes…
Le Routard : Quel parcours as-tu effectué, comment as-tu organisé ton voyage, combien de temps es-tu resté sur place ?
Alain Diveu : L’étendue du pays et la lenteur des transports locaux nous ont décidé, ma femme et moi, à ne parcourir que les hauts-plateaux et, par conséquent, à écarter les destinations balnéaires du nord et du sud. Nous préférons en effet prendre notre temps et tenter de bien « ressentir » le pays et ses habitants ; c’est notre manière de voyager depuis le départ. Mais, qui sait ? Nous y passerons peut-être lors d’une future visite !
Pour cette fois, nous avons donc séjourné quelques jours à Tananarive avant de poursuivre le périple sur la Nationale 7 vers Antsirabe, Ambositra, Fianarantsoa et Ambalavao, de revenir un peu sur nos pas et filer vers l’Est à Manakara et vers l’Ouest à Morondava, avant de conclure le voyage dans la région d’Ampefy.
Pour se faire, durant plus de six semaines qu'a duré le voyage, nous avons emprunté successivement les taxis-brousses locaux, le fameux petit train de l’Est et loué une moto à une ou deux occasions pour sortir un peu des villes.
Le Guide du Routard dans la poche, nous avons réservé nos chambres seulement un ou deux jours avant de nous rendre dans un nouvel endroit. Les retards pouvant s’accumuler le long d’un trajet, nous avons préféré assurer le coup et retenir une chambre au moins pour la première nuit. Chose incroyable : par commodité et parce qu’internet marche assez mal sur place, nous avons acheté notre premier téléphone portable. Si, si ! Il existe toujours de nos jours des extraterrestres qu’on appelait « gens normaux » il n’y a pas si longtemps de ça, qui ignorent le selfie et qui prennent encore le temps de discuter tout en regardant autour d’eux ! Ce doit être notre côté d'irréductibles Bretons ! Pour ne pas trop faire pleurer dans les chaumières, j’avoue que nous trimballons tout de même un ordinateur et chacun notre tablette dans nos sacs ! Mais, jusqu’à maintenant, le téléphone ne nous avait jamais manqué !..
Le Routard : As-tu des coups de cœur ou des expériences qui t'ont particulièrement marqué et que tu recommanderais ?
Alain Diveu : Comme je m’y attendais, les rencontres ont été innombrables et souvent magnifiques.
C’est ce que je garderai toujours en tête lorsque j'évoquerai Madagascar.
Sur les marchés, nous prenons en général quantité de portraits que nous nous empressons de montrer aux intéressés en leur offrant un bonbon. Le succès est toujours foudroyant et beaucoup nous réclament. Les fous rires fusent et l’ambiance géniale qui s’en suit alors nous donne littéralement la chair de poule.
Et, nous avons eu la chance de vivre ces moments tous les jours…
Il y avait deux choses qu’il m’était impensable de ne pas faire à Mada : effectuer le trajet en train entre Fianarantsoa et Manakara et rester baba devant les baobabs ! Je souhaite à tout le monde de vivre ces deux moments franchement uniques.
Pour le train, nous avons eu apparemment de la chance, car la semaine précédente le trajet avait été annulé suite à un déraillement. Et comme il n’y en a que deux par semaine dans ce sens-là, nous n’étions pas si fiers en nous rendant à la gare. Par précaution, nous avions malgré tout réservé nos places lors d’un passage dans la ville quelques jours auparavant.
Le convoi s’ébranle pile à l’heure, mais n’arrivera à destination qu’en pleine nuit, avec 6 heures de retard ! Nous nous en fichions puisque nous avions réservé notre chambre avec notre beau téléphone tout neuf ! Mais au-delà de ça, nous en garderons un souvenir impérissable. Les différents arrêts dans les gares minuscules et les rencontres avec la population locale, toute venue pour l’occasion, laisseront aux deux vazahas que nous sommes des images qui ne s’effaceront jamais : celle d’un gamin avec ses bananes posées sur la tête pour avoir les mains libres, ou bien celle d’un autre, trop petit, qui tendait le bras à l'extrême pour proposer ses produits à un acheteur resté dans le train et penché à la fenêtre, ou encore celle d’une maman qui allaitait son bébé tout en vendant ses cacahuètes. Il y en a tellement d’autres ! Comme celle du sourire de ces deux jeunes filles qui m’aperçoivent en train de les photographier, mais aussi comme celle des passagers entassés dans les wagons surchargés alors que nous avons tout notre aise dans le nôtre…
Quelques jours plus tard, un jeune homme rigolo nous aborde dans la rue principale de Morondava. C’est Hermann, chauffeur de tuk-tuk qui nous propose ses services. Nous nous mettons d’accord sur le prix d’une balade vers la fameuse Allée des baobabs et grimpons dans son engin.
Bercés par la musique un peu forte qu’il nous a mis et surtout par les cahots dûs à la piste qui a succédé au macadam, nous arrivons à la bonne heure pour les photos.
Et là, durant trois bonnes heures, nous restons babas comme des bébés devant les beaux baobabs ! (non, non, j’ai pas fait exprès !).
J’aurai pu aussi parler du marché aux poissons de Manakara, de la visite de quelques sites de l’ONG Agrisud autour d’Ampefy, du marché aux zébus et de la super cuisine de Jean-Marie à Ambalavao, de la campagne électorale qui battait son plein avec tous ces gens habillés du même t-shirt orange et qui venaient danser autour de nous, nous avons vécu tant de belles choses dans ce pays…
Le Routard : Que représente la photographie de voyage pour toi, es-tu photographe professionnel ?
Alain Diveu : Personnellement, je ne conçois pas un voyage sans la photographie. Cela m’est totalement impossible.
Grâce à elle, je pense voir les choses un peu différemment de celui qui ne la pratique pas. En cherchant mes angles de prises de vue, je regarde en effet autrement et aperçois peut-être des détails qui pourraient échapper à un simple quidam.
Elle me permet aussi et surtout d’aborder les gens avec un peu plus d’assurance. Avouons tout de même qu’il est plus facile de tirer le portrait d’un Malgache ou d’un Indien que d’un pêcheur breton prenant la mer. Quoique ! Il n’y a pas de vérité en photo ! Tout dépend comment on aborde la scène ou la personne que l’on veut prendre. En général, tout se lit dans les regards et on devine très vite si on peut ou si on ne doit pas. À moi de prendre alors la bonne décision et de savoir m’abstenir lorsqu’il le faut.
Appelons cela le respect, tout simplement. C’est une valeur à laquelle je suis très attaché…
Ancien grand timide qui s’est peut-être soigné, du moins en partie, grâce à ce violon d’Ingres, je voue à cet art une véritable passion…
Je ne suis qu’un amateur, mais j’ai tout de même obtenu quelques récompenses dans des concours auxquels j’ai participé. Ça encourage toujours et motive encore davantage pour en réussir de meilleures !..
Le Routard : As-tu un sujet et/ou un style de prédilection, essaies-tu de faire passer un message dans tes photos ?
Alain Diveu : Je ne pense pas avoir de style particulier, mais j’aime en général les couleurs et adore jouer avec elles de manière plus ou moins graphique.
J’apprécie les compositions classiques comme la règle des tiers, mais privilégie toujours mon instinct. Parfois, je devrais m’abstenir !
J’aime prendre les gens en situation, par surprise. Je n’aime pas trop lorsqu’ils prennent la pose. Beaucoup se sentent alors obligés de lever le pouce, d’avoir un sourire racoleur, etc. Heureusement, la plupart restent naturels, même lorsqu’ils regardent l’objectif. En général, après une série de quelques vues, je montre les résultats sur l’écran de mon appareil à mon ou mes modèles. Il en résulte souvent des rires et une certaine complicité s’installe… On peut alors recommencer la séance, s’il y a besoin. Même si j’y ai recours de temps en temps, je le fais rarement pour ne pas trop importuner ces gens dans leur travail. Encore une fois, tout dépend comment on ressent la chose…
Je passe beaucoup de temps sur les marchés, dans les ports, partout où il y a de la vie et de la couleur. En fait, je m’aperçois que je photographie assez peu la nature et suis même un peu gauche pour la mettre en valeur. La photo-message ne fait pas partie de mes prédilections, mais si un sujet passe à portée de mon objectif, pourquoi pas ?…
En résumé : formes et couleurs prédominent dans les photos que je préfère. Vous comprenez peut-être mieux mon intérêt pour une destination comme Madagascar !
Le Routard : Quel équipement photographique emportes-tu en voyage, comment retravailles-tu tes photos au retour ?
Alain Diveu : J’avais un équipement lourd et onéreux jusqu’au printemps dernier : Nikon D700 et sa poignée, plus deux zooms de la même marque 17-35 f/2.8 et 70-200 f/2,8. J’avais en permanence plus de 3 kilos à l’épaule environ 300 jours par an. Je ne pouvais plus. J’ai contracté une tendinite qui me fait encore souffrir aujourd’hui.
J’ai donc opté pour du matériel beaucoup moins lourd, tout en essayant de garder une certaine qualité. Difficile ! Et encore plus avec un budget non extensible !
J’ai choisi un bridge de chez Sony : le RX10 III avec son zoom F2.4-4 24-600 mm. J’en suis relativement satisfait dans la journée, mais j’ai beaucoup plus de mal par faible luminosité. Par contre, avantage énorme et déterminant pour moi, il ne pèse que 1,1 kg. Je le porte avec une géniale sangle d’épaule croisée BlackRapid.
Mes photos de Madagascar ont toutes été prises avec ce matériel.
J’ai toujours entendu que l’appareil ne faisait pas le photographe. Oui, mais quand même…
Je vide ma carte tous les jours sur un disque dur.
Pour la post-production, j’utilise toujours Aperture, même si Apple a abandonné son développement depuis plusieurs années maintenant. J’édite mes bibliothèques et attribue toujours mes mots-clés avec ce logiciel. Je croise les doigts pour que je puisse les récupérer un jour au cas où… Mais, j’ai des doutes !
J'établis un classement par étoiles et vérifie systématiquement les meilleures. S’il y a besoin, je corrige l’expo, les niveaux, le contraste. Je me couche souvent très, très tard.
Mais, j’aime ça !
Je n’arrive pas à imaginer le jour où je ne pourrai plus photographier….
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