Les routes mythiques
Routes mythiques : Amérique du Nord
La Route 66, la Panaméricaine, la Pacific Coast Highway... Tour d'horizon des routes entrées dans la légende du voyage en Amérique du Nord.
La Panaméricaine
Quelques routards peuvent se vanter d’avoir emprunté la Panaméricaine (ou Transaméricaine) sur toute sa longueur, soit 25 750 km. Elle ne représente pourtant pas de difficultés majeures. Tout véhicule motorisé peut s’y aventurer car la Pan-American Highway consiste en une succession de voies rapides et d’autoroutes qui prennent plusieurs noms selon ses tronçons.
Entre Fairbanks (Alaska) et Dawson Creek (Colombie britannique), on l’appelle la grande route d’Alaska. De Laredo (Texas) à Panama Ciudad, c’est l’Interaméricaine. À partir de là, il manque une portion d’une centaine de kilomètres pour faire la jonction entre le Panama et la Colombie.
De ce pays, on va prendre la grande route Simón Bolívar à partir du port vénézuélien de La Guaira, près de Caracas. On file ainsi jusqu’à Santiago du Chili après laquelle les volontaires pour l’aventure vont chercher la Carretera Austral à Puerto Montt qui mène à l’extrême sud du continent.
Itinéraire du nord au sud : Fairbanks (Alaska), Whitehorse (Yukon), Edmonton, Calgary (Alberta), Billings (Montana), Denver (Colorado), Albuquerque (Nouveau-Mexique), San Antonio (Texas), Monterrey (Mexique), Mexico, San Salvador, Panama (coupure entre Yaviza et Turbo), Cali (Colombie), Quito (Équateur), Lima (Pérou), Antofagasta, Valparaiso, Santiago du Chili, Puerto Montt (Chili).
Route 66 (États-Unis)
Cela paraît incroyable, mais la route 66 est considérée comme un chef-d’œuvre en péril. Cette voie de 3 943 km qui traverse les États-Unis de Chicago à Los Angeles est inscrite sur la liste des sites à sauver par le World Monuments Fund.
Elle a été construite de 1926 à 1938, avant et pendant la grande crise économique. C’est cette route qu’empruntent les misérables paysans du Middle West dans Les Raisins de la colère, roman de John Steinbeck devenu un film de John Ford. Ils prennent, comme des milliers d’Américains d’alors, la direction de la Californie. Cet axe surnommé « Mother Road » a ensuite symbolisé l’Amérique renaissante avec ses équipements modèles : motels, Holiday Inns, stations-service, McDonald’s (le premier a été ouvert à San Bernardino en Californie)…
Le trafic ne s’est jamais interrompu : en auto, en car, à moto, sur un chopper… Mais elle a progressivement perdu de son attrait, comme nos routes nationales, lorsque les autoroutes se sont développées. D’ailleurs, des portions de la 66 ont été avalées par ces nouvelles voies.
Menacée, bien que devenue Historic Route en 1985, elle est défendue par des passionnés réunis en associations. Et elle est toujours prisée des touristes qui trouvent grâce à elle sur leur chemin des vues splendides sur, par exemple, le Grand Canyon, les cratères de l’Arizona ou les villes fantômes de l’ancien Far West.
Ils viennent aussi en chantonnant Route 66, air de Bobby Troup popularisé par les Rolling Stones en se remémorant les films qui ont été tournés sur et autour de cette voie dont Easy Rider et Bagdad Café. Il y a eu aussi une série télé de 1960 à 1964, intitulée simplement Route 66.
États traversés d’est en ouest : Illinois (Chicago), Missouri (Saint-Louis), Kansas, Oklahoma (Tulsa, Oklahoma City), Texas (Amarillo), Nouveau-Mexique (Albuquerque), Arizona, Californie (Pasadena, Los Angeles).
Lire notre reportage sur la Route 66
La Route du Blues (États-Unis)
La route du blues a pour colonne vertébrale le fleuve Mississippi (3 780 km), voie le long de laquelle des générations d’Afro-américains ont cherché fortune, fuyant l’esclavage puis la ségrégation. Parmi eux figuraient d’innombrables musiciens de blues.
La route commence idéalement à New Orleans (Louisiane), terreau ultra fécond pour les artistes dès le 19e siècle, les lieux de loisirs et de plaisirs y abondant. Bourbon Street, dans le vieux Quartier Français, est une étape indispensable.
En remontant vers le nord et le mythique delta du Mississippi, vous pouvez faire des incursions dans des plantations de coton transformées en musées. Notez que c’est dans les environs de Clarksdale (Mississippi) que se situe le carrefour où, selon la légende, le génial Robert Johnson a vendu son âme au diable afin de devenir un virtuose de la guitare.
Memphis (Tennessee) est une autre grande capitale du blues. On va y faire un tour sur Beale Street, où se succèdent des clubs, dont celui de BB King. On passe ensuite dans le Missouri dont la capitale, Saint-Louis, abrite le National Museum of Blues.
On s’écarte du Mississippi et nous voici déjà dans l’Illinois où nous attend Chicago. La Mecque du Blues pour les passionnés.
Itinéraire : New Orleans, Memphis, Saint-Louis, Chicago.
Lire notre reportage sur la Route du Blues
Pacific Coast Highway 1 (Californie)
Elle est filmée quasiment sous toutes ses coutures pour des films et des séries hollywoodiennes. La Highway 1 ou California State Route 1, suit la côte Pacifique sur une longueur de 883 km.
Partant du sud, on quitte San Diego, importante agglomération située près de la frontière mexicaine. Les plages y sont innombrables, de même que chez ses voisines du nord, Huntington Beach, Los Angeles, autre mégalopole, et Santa Barbara.
La route passe ensuite à l’intérieur des terres pour joindre Santa Ynez, ses montagnes et sa vallée où l’on produit du vin. Après cela, on retrouve la côte et des cités balnéaires, telles que Cambria. Suit le Hearst Castle du milliardaire qui a inspiré le personnage de Citizen Kane à Orson Welles.
Poursuivant la route entre océan et forêt, on atteint Big Sur, succession de falaises dévalant vers la mer et de criques, suivie du littoral de la baie de Monterey où abondent des animaux marins.
Une fois passée Santa Cruz, on s’approche de San Francisco et de son Golden Gate Bridge, terme de cette route au long de laquelle règne un climat méditerranéen toujours très apprécié.
Itinéraire: San Diego, Los Angeles, Santa Barbara, Carmel, Monterey, Santa Cruz, San Francisco.
Consulter notre article Californie, sur la Route 1 et notre guide en ligne Californie
Lewis and Clark Trail
En 1804, les explorateurs Meriwether Lewis et William Clark partent pour une expédition qui va faire date. Thomas Jefferson, président des jeunes États-Unis, leur a confié une mission importante : reconnaître les vastes étendues qui se trouvent à l’ouest du fleuve Mississippi et ne sont pas encore colonisées.
Elle durera deux années et fera parcourir des milliers de kilomètres à leur équipe, qui remontera le cours du Missouri, traversera les montagnes Rocheuses, puis suivra le fleuve Columbia jusqu’au Pacifique. L’histoire de cette expédition, non agressive envers les populations autochtones, est encore très présente dans la culture états-unienne.
Chaque État traversé propose aux touristes des parcours permettant de suivre les pérégrinations de Lewis et Clark et de faire halte dans quantité de lieux de mémoire. Ils sont réunis en un trail de 6 000 km par le National Park Service. En suivant leur route, vous allez des grandes plaines jusqu’à l’océan, à travers les terres sublimement sauvages du nord-ouest des États-Unis.
Itinéraire : Illinois, Missouri, Kansas, Iowa, Nebraska, South Dakota, North Dakota, Montana, Idaho, Washington, Oregon.
Consulter notre guide Parcs nationaux de l’Ouest américain
Denali Highway (Alaska)
Un peu d’aventure ? La Denali Highway, route 8 de l’État d’Alaska, est en majeure partie non goudronnée. Elle demande beaucoup de vigilance dans sa conduite et de respecter scrupuleusement les limitations de vitesse.
Longue de 217 km, elle file vers le Denali National Park and Preserve où s’élève le sommet le plus haut d’Amérique du Nord, le Denali (6 190 m), et que fréquentent des grizzlis, des caribous, des élans, des loups ou des aigles royaux.
Située à l’ouest du Yukon canadien et au nord-est d’Anchorage, la Denali Highway longe une partie de la Chaîne de l’Alaska et offre de ce fait des points de vue sublimes sur des collines et des glaciers comme le mont Hayes (4 216 m) ou le mont Deborah (3 761 m).
En chemin défilent des étendues de toundra, des rivières, des lacs… et parfois des animaux sauvages. Les humains sont en revanche peu présents tout au long du trajet, lequel ne compte comme localités que ses points de départ et d’arrivée.
Itinéraire : Paxson, Cantwell.
Consulter notre guide en ligne Alaska
Lire notre reportage Road trip en Alaska
La Transcanadienne (Canada)
Traverser le Canada de l’océan Pacifique à l’Atlantique en droite ligne… Cette route est considérée comme la plus longue au monde, si l’on fait abstraction de parcours composites comme la Panaméricaine. Elle aligne ses 7 821 km au compteur. Il a fallu 20 ans pour la réaliser, entre 1950 et 1970.
Le kilomètre 0 se situe à Victoria, au sud de l'île de Vancouver. Dites au revoir au Pacifique et lancez-vous à travers des paysages constitués alternativement de grandes plaines, de forêts immenses, de toundra, de lacs de montagne, de glaciers… Et même de côtes, étant donné que les extrémités de la route se trouvent sur des îles.
Ce voyage au long cours se fait en auto ou à moto et offre des possibilités de faire des haltes dans de grandes villes ou en pleine nature. Y a-t-il un meilleur moyen de découvrir les beautés du Canada ?
Itinéraire : Victoria (Colombie britannique), Vancouver, Calgary, Edmonton, Regina, Saskatoon, Winnipeg, Ottawa, Montréal, Québec, Fredericton, Moncton, Charlottetown, St. John’s (Terre-Neuve et Labrador).
Plus d’infos sur www.transcanadahighway.com
Consulter notre guide en ligne Canada
Icefields Parkway (Canada)
À l’ouest de Calgary, la Highway 93 se faufile au cœur des Montagnes Rocheuses canadiennes, dans l’Alberta. Elle est surnommée Icefields Parkway, autrement dit Promenade des Glaciers, tout simplement parce qu’elle est bordée de sommets d’une blancheur immaculée qui offrent un spectacle inoubliable.
On l’emprunte généralement par le sud, au niveau de Lake Louise. Elle file à partir de là sur 230 km en direction de Jasper, situé au nord. Ce faisant, elle traverse deux parcs nationaux, Banff et Jasper.
Les haltes sont nombreuses, afin d’admirer des pics, des champs de glace, des chutes d’eau, des rivières ou des lacs qui se découvrent souvent en empruntant des chemins de randonnée, des routes secondaires ou des téléphériques.
Itinéraire : Lake Louise, Jasper.
Lire notre reportage Les Rocheuses, de Banff à Jasper
Texte : Michel Doussot