L'Orient-Express arrive à l'Institut du monde arabe

Un train mythique

Il y a 125 ans, l'Orient-Express reliait pour la première fois Paris à Constantinople – aujourd’hui Istanbul – en passant par Vienne. Dès ses débuts, ce train de luxe a été emprunté par une clientèle fortunée qu’on n’appelait pas encore la « jet set » : rois, hommes d’affaires, rentiers, stars, aventuriers… Son succès entraînera la création de nombreux autres trains du même type à travers le monde.

Son invention est due à l’ingénieur belge Georges Nagelmakers, fondateur de la Compagnie des Wagons-lits, lequel a eu l’heureuse idée de concilier le concept du sleeping-car états-unien à l’art de vivre à la française.

Servi par un personnel attentif, on y dormait dans de la soie, on y buvait dans du cristal, etc. Durant les Années folles, le relookage des voitures a été confié à René Lalique, lequel travailla dans un esprit Art nouveau.

L’exploitation de l’Orient-Express par la SNCF s’est achevée en 1977, en grande partie à cause de la concurrence du transport aérien. Cependant, une compagnie privée a repris le principe et propose divers voyages de prestige, dont un Paris-Istanbul, sous l’intitulé Venice-Simplon-Orient-Express. Par ailleurs, la filiale événementielle Trains Expos de la SNCF loue un Orient-Express à qui en a les moyens.

Les portes de l'Orient... et de l'Occident

À la fin du 19^e siècle, les riches Occidentaux désireux de confronter leurs fantasmes exotiques aux réalités de l’Orient partaient en croisière, en particulier vers l’Égypte. L’ouverture d’une ligne ferroviaire menant directement à Constantinople leur permit d’accéder à un monde largement inconnu dans des conditions encore plus attrayantes.

Un voyage au long cours – le train roulait alors à 45 km/h – où le parcours comptait plus que la destination. L’Orient-Express était propice au rêve, aux rencontres, aux intrigues, à l’imagination. Pas étonnant qu’il ait été immortalisé par Agatha Christie (elle-même habituée de la ligne) dans son célèbre Crime de l’Orient-Express.

À l’inverse, leurs homologues ottomans et arabes saisirent l’occasion d’aller voir de plus près cette Europe qui était pour eux synonyme de modernité. L’importance de l’Orient-Express dans les échanges de tout ordre (tourisme, diplomatie, arts, techniques…) est l’un des principaux thèmes explorés par l’exposition de l’IMA.

L'exposition, du 4 avril au 31 août

Le voyage commence sur le parvis de l’IMA avec la visite de l’Orient-Express lui-même ! C’est un événement en soi : le parvis de l’IMA accueille quatre voitures de ce train mythique, accompagnées de leur locomotive d'époque (qui pèse 86 tonnes). Le public pourra les visiter durant près de cinq mois.

Accroché à une locomotive, un wagon-restaurant « Train bleu », une voiture-salon « Flèche d’or » et une voiture-couchettes vous attendent en effet le long d’un quai. À bord, vous découvrez l’univers luxueux et feutré de l’Orient-Express. Vous croiserez également les silhouettes de personnages de fiction qui ont contribué au mythe de l’Orient-Express : Hercule Poirot, Sherlock Holmes, James Bond…

Dans les murs de l’IMA, l'exposition proprement dite s’étend sur deux niveaux, en forme de « musée » de l’Orient-Express : objets et documents d’archives, affiches, films et photographies, dont certains sont montrés dans d’immenses malles-vitrines, font revivre le mythe et l’histoire de l’Orient-Express, laquelle est nourrie d’une foultitude d’anecdotes.

Les aspects techniques, sociaux et culturels sont également abordés. Le réseau européen et proche-oriental qui s’est constitué, en liaison avec la ligne historique Paris-Constantinople, est également détaillé, de même que sont évoqués les grands hôtels où descendaient les voyageurs.

La dimension géopolitique de l'Orient-Express est également développée, tant le train était un trait d’union entre Occident et Orient. Les correspondances permettaient, à partir d’Istanbul, de rallier Alep, Damas, Beyrouth, Bagdad, Le Caire, Louxor, Assouan… 

 Si vous voulez aller plus loin, notez que des conférences sont organisées le temps de l’expo, ainsi que des projections de films dont tout ou partie de l’action se déroule dans l’Orient-Express. Enfin, les plus mordus – et fortunés - ont la possibilité de dîner, sur réservation, dans le wagon-restaurant situé sur le parvis, dont les clés ont été confiées au chef étoilé Yannick Alléno.