Site et article complet : https://the-wild-trip.fr/korhogo-et-son-heritage-culturel/
Korhogo est situé dans le Nord, dans la région des savanes de la Côte d’Ivoire, les paysages sont d’ailleurs très différents de ce qu’on peut voir ailleurs dans le pays.
C’est une destination à ne pas rater pour tout l’héritage culturel qu’elle dispose, le nom de la ville veut d’ailleurs dire “Héritage”.
Le mont Korhogo
Menu
Le mont Korhogo
Rocher Sacré de Chien Lo
A la recherche du bracelet de Chien Lo !
Le Rocher sacré de Yéliman
Résumé
Au milieu de la ville se dresse un mont que l’on peut grimper assez facilement en suivant un sentier plus ou moins balisé qui mène au sommet, dans le doute il y a toujours un groupe de jeunes qui grimpent sur le mont pour passer un peu de temps au sommet, il suffit de leur demander ou de les suivre.
Le sommet offre une vue hallucinante en 360° sur la ville, son lac, ses quartiers et son énorme mosquée !
Le sommet est aussi utilisé pour les sacrifices d’animaux ou de plantes, comme on peut le voir aux plumes et au sang qui couvre la roche, la culture ici est très animiste. C’est à dire qu’ils croient en une divinité qui se cache dans les éléments naturelles mais j’en parlerais plus précisément dans la suite de l’article.
Je me prend rarement en photo quand je voyage, j’ai toujours trouvé que c’était une démarche nombriliste, mais ce jour là j’avais une belle vue, un t-shirt presque propre (ce qui est rare quand on passe son temps dans la poussière), alors ça méritait bien une photo !
Rocher Sacré de Chien Lo
Le nom du génie abritant ce rocher a bien des noms différents, il n’existe pas d’appellation propre, certains l’écrive “Shien Low”, ce qui rend sa recherche un peu compliqué.
Le rocher se situe à une vingtaine de kilomètres de la ville, près d’une carrière de gravier, vous pouvez le voir sur Maps.Me ou demander aux locaux, ils devraient comprendre et le connaissent très bien.
Le chemin part d’un village, il longe la carrière puis se faufile entre les arbres, en suivant le chemin on finit part trouver le rocher au bout.
Le rocher abriterait un génie très connu ici, bien qu’il y est de nombreux génies dans la région, y compris autour de celui-là même, Chien Lo reste le plus fort selon son protecteur.
Autour du rocher il y a toujours un protecteur et un Shaman, le Shaman passe ses journées à accueillir les Ivoiriens voulant faire un sacrifice, c’est lui qui parle au génie et lui demande ce qu’il veut.
Lorsque j’arrive au rocher un sacrifice est justement en train d’avoir lieu, une femme postule pour un emploi, elle sacrifie donc un poulet à Chien Lo pour qu’il exauce son souhait d’avoir cet emploi, en échange elle lui promet une plus grosse récompense (un sacrifice) si son vœu est exaucé.
Si son vœu est bien exaucé, cette femme devra absolument revenir et bien faire le sacrifice, ou alors la malchance pourrait tomber sur elle.
Le rituel peut paraitre très dérangeant quand on le découvre, c’est pour quoi je vous demande votre plus grande ouverture d’esprit.
Le rituel
Au début du rituel le Shaman parle en langue local au génie, puis il attrape le poulet, lui sectionne le cou, il appuie ensuite le cou ensanglantée sur la marque, puis il arrache quelques plumes qu’il placera sur la marque avant de le jeter, tout en continuant à parler dans sa langue.
J’ai beaucoup discuté avec l’un des hommes venu ici pour faire un sacrifice, il m’a expliqué l’importance de ce génie pour les Ivoiriens, certains viennent d’Abidjan (de l’autre côté du pays) pour faire un sacrifice, ou ils envoient de l’argent pour que le Shaman s’occupe lui même du sacrifice en demandant une preuve vidéo.
Le génie n’est pas une religion, ici tout le monde y croit mais une grande partie des gens sont Chrétiens ou Mulsulmans, ce sont 2 choses totalement différentes, le Génie est une sorte d’être supérieur, mais ça n’est pas un dieu.
J’ai beaucoup discuté avec Alassan aussi, le Shaman, il me racontait que les génies étaient plus nombreux que les hommes, qu’ils étaient tous très vieux mais que Chien Lo, lui, était le plus vieux, il était même là au commencement.
Tous les rochers autour de Chien Lo sont d’ailleurs des génies aussi, c’est sa famille, sa femme et ses enfants.
Devenir le guide de Chien Lo
Ce n’est pas Alassan qui a décidé d’être le Shaman de Chien Lo, c’est Chien Lo qui l’a appelé dans un rêve, depuis il voue toute sa vie à lui.
Une autre personne reste auprès de Chien Lo, lui et Alassan construisent souvent de jolies statues pour les offrir à Chien Lo lorsqu’il leurs demandent, malgré qu’aucun des deux ne soit sculpteurs, les statues sont très belles et témoignent d’un vrai amour pour le génie.
J’ai beaucoup parlé à cette personne aussi, c’était un garagiste, autrefois il fût appelé par Chien Lo dans un rêve, qui lui dit de venir l’aider. A la suite de ça il se sentait tout le temps malade, sauf quand il était auprès de lui.
Loin des aspects négatifs de la religion
Ces gens là sont d’un accueil incroyable, alors que je suis venu tout seul, ils m’ont tout de suite abordé pour parler, ils m’ont autorisé à prendre des photos, ils ont même posés, ils avaient l’air content de partager leur culture et leur génie
Ce qui m’a vraiment plu c’est cette façon que ces hommes avaient de partager tout ça, sans rien attendre en retour, ils me racontaient tout ça avec un grand sourire, comme heureux de me faire découvrir leur grand Génie.
A un moment je leurs ai demandé si les touristes ne les gênez pas, ils m’ont répondu non, que c’est Chien Lo qui les envoies, comme il m’a envoyé moi, Chien Lo est responsable de tout, y compris de leurs présences à eux aussi.
A la fin ils m’ont amené un peu plus loin face à quelques bracelets, des petites statues, j’ai cru que c’était le fameux stand de souvenir qu’on trouve dans la plupart des endroits touristiques. Finalement c’était peut être des intéressés…
Mais pas du tout ! Ils voulaient juste me montrer leur autel, là où ils déposent les statues et les bijoux.
Lorsque j’ai demandé à prendre la photo de cet autel, l’ancien garagiste me répond qu’il doit d’abord demander à Chien Lo, il lève alors la tête une petite seconde et me répond “Non il veut pas”.
Si Chien Lo ne veut pas, alors moi non plus !
Sur cet autel j’ai trouvé un bracelet, l’ancien garagiste m’explique que c’est un bracelet qui permet d’être suivi et protégé par Chien Lo, celui-ci est fait en métal couleur jaune (celui utilisé pour les vieux robinets), et il forme un python, le signe de Chien Lo. Je ne peux pas l’acheter ici, il va donc falloir que je trouve !
A la recherche du bracelet de Chien Lo !
Marché Haoussabougou
Je commence par chercher dans le marché de Korhogo : Haoussabougou, un marché magnifique que je recommande fortement, il est très dense et très actif, c’est une réel immersion culturelle.
Je demande à beaucoup de gens où est-ce que je pourrais trouver le bracelet pendant que je me balade dans le marché au milieu de tous les locaux, tout le monde a l’œil sur moi, j’étais la seul tâche blanche dans cette foule noire, de temps en temps je m’arrête acheter des aliments pour faire à manger dans ma voiture, des tomates, des pâtes, du riz… et j’en profite pour poser des questions.
Peu de gens me comprennent et ceux qui y arrivent me dise que je ne le trouverais pas ici, je fini par trouver un homme qui me recommande le marché du centre.
Marché du centre
Le Marché du centre est bien plus grand, plus moderne, il y a beaucoup de stands et absolument de tout !
Mais j’ai beaucoup de mal à trouver le bracelet, à chaque fois que je demande on m’envoie de plus en plus loin dans le marché, à l’intérieur des petites rues, déjà que je choquais beaucoup les gens en passant, ici personne n’arrive à comprendre ce que je fais là. Mais je continue, de plus en plus loin.
Au bout d’un moment je vais si loin que la lumière ne passe plus, je suis dans le marché un peu plus “noir”.
Mais j’ai beaucoup de mal à trouver le bracelet, à chaque fois que je demande on m’envoie de plus en plus loin dans le marché, à l’intérieur des petites rues, déjà que je choquais beaucoup les gens en passant, ici personne n’arrive à comprendre ce que je fais là. Mais je continue, de plus en plus loin.
Au bout d’un moment je vais si loin que la lumière ne passe plus, je suis dans le marché un peu plus “noir”.
Ici on trouve pleins de fétiches, des chauves souris mortes, des têtes de singes, des serpents… et tout ça dans une ambiance peu lumineuse, très sombre et beaucoup moins bruyante.
Je vous recommande de trouver quelqu’un pour vous y amener c’est assez incroyable à voir !
Finalement en demandant à un vendeur je réussi à trouver le fameux bracelet ! Le vendeur en veut 2300 CFA, je descend à 2000 (3€), je pense que les locaux l’achète beaucoup moins cher mais moi je suis content !
Et je suis d’autant plus content de ma trouvaille parce que ce fût toute une aventure pour la chercher et la trouver, j’ai fais 2 marchés différents, j’ai demandé à une quinzaine de personnes différentes, j’y ai passé toute la matinée, mais finalement il est là sur mon poignet !
Au moment où j’écris cet article, presque un an après, j’ai toujours le bracelet à mon poignet, Chien Lo garde toujours un œil sur moi.
Le Rocher sacré de Yéliman
En écumant la toile j’ai entendu parler d’un rocher sacré s’appellant “Yéliman”, beaucoup plus gros que Chien Lo et bien plus à l’Est.
Impossible pour moi de trouver son emplacement précis, il y a très peu de site qui en parle, tout ce que j’ai c’est le nom du village “Sépikaha” de la région de Niakara.
J’ai eu envie de partir à la recherche de cet immense en rocher, je suis alors parti en direction de Sépikaha, je me débrouillerais sur place pour le trouver. Je quitte très vite le goudron pour me retrouver sur la route de terre qui mène jusqu’au village.
Une fois à Sépikaha je demande aux locaux où se trouvent le rocher, mais ici presque personne ne parle Français, alors je dessine un gros rond avec mes doigt en disant : “Yéliman”.
Quand je passe dans le village, le temps semble s’arrêter, tous les locaux arrêtent de faire ce qu’ils faisaient et me fixent, les gens ne sont absolument pas habitués à voir un touriste, mais c’est juste de la surprise, je n’ai ressenti aucun rejet.
Un homme m’indique un chemin, puis je continue à chaque personne que je rencontre, on m’indique à chaque fois la route avec précision mais j’ai du mal à comprendre, finalement j’arrive au barrage qu’on m’avait indiqué plus tôt.
On m’avait indiqué de tourné à gauche juste après le barrage, ce sont les traces de pneus qui m’ont permis de voir cette mini bifurcation qui part dans la forêt.
Le chemin est impressionnant, ça se voit qu’il a été fait par les locaux, sans machines, ce sentier carrossable passe entre les arbres, en zigzaguant, ça passe limite mais c’est un miracle d’avoir pu faire une “route” ici. Ça montre bien l’importance du site pour les villageois.
Lorsque la voiture ne peut plus passer je me gare et je cherche dans les alentours en suivant les traces de pas.
D’un coup une immense forme se détache de la forêt, ça y est j’y suis ! L’immense rocher sacré de Yéliman !
C’est vrai qu’il est vraiment gigantesque. Je ne doute pas que si il était placé plus près d’une ville, il serait bien plus connu que celui de Chien Lo.
Pourtant, malgré que je ne croise personne, je fût choqué par les tas impressionnants de plumes, squelettes ou cuirs qui jonchaient autour du rocher, ceux-ci trahissent une forte fréquentation du site !
Impossible d’avancer sans marcher dans un énorme tas de plumes !
La légende dit qu’un chasseur a prit peur en tombant sur ce rocher, la roche le rassura et lui promis le bonheur, la richesse et la protection si un sacrifice lui est fait tous les lundis.
Apparemment une fête de sacrifices aurait lieu en mois de Mars pour fêter ce jour de la découverte du rocher.
En tout cas j’étais super content de l’avoir trouvé, tout comme le bracelet je suis parti sans vraiment savoir où j’allais, j’ai demandé à beaucoup de locaux et j’ai fini par le trouver après plusieurs heures de recherches.
Résumé
J’ai fais une visite très particulière de Korhogo, une visite normale est faite avec un guide qui vous emmènera voir les danses, les costumes et les chants traditionnels de ce côté du pays, mais comme d’habitude j’aime découvrir les choses par moi même, je suis probablement passé à côté d’un tas de choses mais tout ce que j’ai découvert je l’ai fais par moi même avec toute l’authenticité qui en découle.
Je ne saurais vous recommander une façon de voyager, c’est quelque chose de très personnel, mais grâce à cet article vous disposez déjà de quelques pistes pour voir des choses que vous ne verriez peut être pas avec un guide.
En tout cas je ne peux que recommander cette région de la Côte d’Ivoire, en termes de cultures et de croyances c’est une région extrêmement riche.