Dimanche 14 Juillet 2019
11h30 On the road again, pour six semaines. 1ère étape, récupérer les enfants chez Papy et Mamie, ‘en passant par la Lorraine’, mais avant toutes choses, le rituel du kilométrage : 132 226 km au compteur du camping-car.
] … suivent 5 jours de récit qui ne concernent pas directement la Turquie, mais notre trajet pour y arriver, en traversant successivement l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la Serbie et la Bulgarie. Il est dispo sur mon site, pour les plus curieux … [
Vendredi 19 Juillet
11h Prêts à décoller. Sinon, le café bulgare a en commun avec le café serbe qu’il laisse deviner de sérieuses difficultés à venir avec le café turc. Je peux y lire ce mauvais présage dans l’épaisseur d’un cm de marc qu’on trouve au fond des tasses… Je vais peut-être finir par faire comme les locaux et me mettre au thé…
16h La queue pour les camions commence 6 km avant la frontière Bulgarie/Turquie. Je fais une estimation rapide, vu qu’ils laissent parfois de grand espace entre eux, ça doit faire entre 100 et 200 camions. Je vous laisse imaginer le nombre d’heures d’attente… Nous, on arrive dans la queue à 16h08. 10 voitures devant nous et en 10 min, le checkout pour la Bulgarie est fait. A nouveau 10 voitures et une longue attente pour le checkin en Turquie, mais à 17h20 on repart. Le compteur affiche 134 800 km.
Je profite d’un DAB à la frontière pour retirer du liquide. C’est bon, il me parle en français dès que je lui donne ma carte. Il se permet même de me tutoyer à la fin : ‘n’oublie pas de prendre ton argent’ qu’il me dit. Honnêtement, a-t-on encore besoin d’humain sur cette terre ? Les automates sont tellement parfaits.
On entre sur l’autoroute après que Karine ait vu un panneau genre ‘vignette ici’ mais que je lui ai dit de ne pas s’arrêter. Mauvaise idée, il fallait d’arrêter :-(, j’avais zappé l’utilisation de la vignette pour la Turquie. Moralité, on s’arrête sur le bas-côté juste après les postes de péage (on n’est pas les seuls) et je traverse l’autoroute des deux côtés (un peu flippant car ça ne peut se faire qu’à une cinquantaine de mètres des postes de péages) pour acheter l’autocollant dans le bâtiment qui se trouve en face de nous). Bon, en fait il s’avère que c’est juste un truc pour détecter ton solde sur un compte. On aurait probablement très bien pu payer normalement à la sortie. Retraversée de l’autoroute à pied.
21h30 Nous voilà posés à Istanbul, sur un parking à l’embouchure du Bosphore, après avoir donné de sérieuses sueurs froides à Karine sur les 3 derniers kilomètres. J’avais copiloté en suivant les informations de maps.me, qui nous faisait passer par le centre historique. La route était bien large sauf que sur la fin, elle était réservée au tram ! Obligés de descendre jusqu’à la mer dans des rues tarabiscotées sacrément en pente, à double sens mais sans la possibilité de se croiser et sans aucune certitude de cela soit ok jusqu’au bout. J’ai joué ma vie à quitte ou double sur ce coup-là. Mais maintenant, on est super bien, juste à côté d’un phare et d’une aire de jeux dans un grand parc. Des dizaines de familles sont installées par terre sur de grands tapis, avec leur barbecue et leur réchaud pour le thé (j’apprendrai plus tard qu’ils appellent ça semaver en turc, soit samovar en français, bien que ça ne ressemble pas à l’image que je m’en faisais). Après une traversée de la ville ambiance Guanajuato au Mexique, on se fait une soirée ambiance parc de Buenos Aires !
Samedi 20 Juillet
Musique et discussion bruyante jusqu’à 5h du matin, mais on était prévenu, d’après les commentaires Park4Night et iOverlander. Et suffisamment fatigués pour que ça ne nous empêche pas trop de dormir.
En fin de matinée, nous sommes prêts à partir explorer Istanbul. Bon, autant l’annoncer tout de suite, je ne suis pas tombé sous son charme. Les autres membres de la famille ont aimé, mais moi, ça ne m’a pas transporté. Nous commençons par remonter les petites rues du quartier de Kadirza, puis de Gedikpasa et enfin de Begazit, pour rejoindre le Grand Bazar. Ruelles étroites mais régulièrement un arbre ou un tout petit espace vert, qui donne une agréable sensation de fraicheur. Et des chats partout. Istanbul, la ville aux chats. Réputation amplement méritée. Des portées de chatons dans les moindres interstices de soupirail. Et pas mal de chiens aussi. Tous bagués à une oreille. De gros chiens errants bien massifs, mais très calmes.
Les enfants et Karine kiffent le Grand Bazar. Pour moi, c’est devenu trop moderne, aseptisé. On est vraiment trop loin de ‘Hippie’ de Paulo Coelho et autres récits du même type. On s’y perd toujours, mais différemment. C’est à peine plus exotique qu’une galerie marchande. Ça reste le plus grand bazar couvert du monde et les turcs étant ce qu’ils sont, tu es invité à entrer dans une échoppe tous les 10 mètres. Mais cela n’a pas le charme des médinas de Tunisie. Un truc que j’ai bien aimé, quand même, c’est de voir les serveurs déambuler avec leur plateau de tasses de thé, qu’ils distribuent aux différents marchands. Reste qu’à titre de comparaison, j’ai préféré l’ambiance, la cohue et les boutiques de la dernière Japan Expo à Paris.
On prend ensuite le tram bondé pour trois stations et on descend aux jardins du Palais de Topkapi. Des hérons y ont élus domicile dans un coin. Je fais la queue pour acheter les billets, option MuseumPass Istanbul, vite rentabilisé. Par contre, douche froide, les tarifs sont au double, voire pire que ceux annoncés dans le Routard 2019. Le cours de la lir a aussi beaucoup bougé, mais quand même ! En plus, contrairement à ce qui été annoncé dans le guide, rien n’est gratuit en dessous de 12 ans. Le Palais par exemple, c’est jusqu’à 8 ans. Deux places de plus que prévu à payer du coup. Bref, 220 TL par tête, 1100 TL au total, 200€ qui partent d’un coup. Sinon, au détail, le Palais c’est 70 TL, + 40 TL pour le harem. Et tant que je suis dans les comptes, j’anticipe avec la Basilique Ste Sophie : 70 TL (ou incluse dans le pass). La citerne-basilique, c’est 20 TL, non compris dans le pass. Dans tous les cas, c’est payant à partir de 8 ans, pas 12.
On commence donc la visite du Palais par ses harems. Une vraie bonne surprise. Bien sûr, il s’agit d’une reconstitution, et de nombreuses pièces sont en rénovation (= construction !), mais on rentre bien dans l’ambiance et c’est assez intéressant. Toujours d’après le Routard, on ne visiterait qu’une vingtaine de pièces, sur les 300 qui existaient à l’origine. J’ai eu l’impression d’en traverser un peu plus. L’avis du Routard est confirmé, c’est une visite qui vaut vraiment le coup. Des céramiques partout, des murs aux plafonds et un effet labyrinthique qu’on apprécie. On traverse ainsi, entre autres, les salles et la mosquée des eunuques noirs, les appartements de la reine-mère, l’impressionnant hall impérial, la cours des favorites, les cuisines et même plusieurs cabinets de toilette. Le Routard est très riche en infos sur cette partie, avec ses habituelles anecdotes qu’on aime retenir et raconter aux enfants : le choix de la concubine du soir, par lâcher de mouchoir, l’orchestre qui tournait le dos au sultan pour ne pas voir les femmes, les robinets dans le salon de Murat III qui coulaient en permanence, pour couvrir, selon les jours, les conversations ou les ébats…
Pour le reste du Palais, encore une fois, bof bof. Surtout que ce qui nous tentait le plus c’était la salle aux trésors, et qu’elle est en travaux pour… plusieurs années je crois. Il y avait aussi la salle des reliques, qui est censé être intéressante, mais faire l’immense queue pour voir trois poils de barbe sous verre, fussent-ils millénaires, très peu pour nous. Bref, ça, c’est fait.
On passe ensuite à la Basilique Ste Sophie. Certes, elle est aussi en rénovation, avec un immense échafaudage à l’intérieur, qui couvre la moitié de l’espace. Mais même si elle avait été à 100% admirable, elle n’a franchement rien de magnifique. En dix minutes, on en avait fait le tour. Dix de plus pour avoir une vue des balcons et encore trois pour tourner son pouce dans une colonne creusée à cet endroit par le passage de millions de mains et faire un vœu. Certes, la coupole et la nef sont jolies, mais quand même. Pour moi, ancienne église, puis mosquée, avant de devenir un simple lieu de visite depuis Atatürk, ce bâtiment n’est plus grand chose. Aucune âme.
Au suivant, la Basilique-citerne. Et une bien bonne surprise. 336 colonnes en sous-sol, dans une vaste cavité sur laquelle avait été bâtie une basilique. La citerne servait à approvisionner en eau le quartier, puis les grands monuments, dont le palais Topkapi. Bon, vu que je dois être dans une journée ‘marabout’ ou ‘jamais-content’, je m’autorise quelques reproches tout de même : les notes explicatives sur grands panneaux rétroéclairés qui te pètent les yeux dans la faible luminosité du lieu, faut oublier. Surtout quand ils ne sont pas positionnés au bon endroit. Tout le monde cherche à deviner le dessin de deux méduses sur deux colonnes spéciales, alors qu’elles se trouvent 30m plus loin…Et dernier regret, qu’il n’y ait que quelques cm d’eau au fond. A une lointaine époque, cela se visitait en barque. Il paraît même que James Bond l’aurait expérimenté dans un film.
On termine la journée par un sandwich près de la Mosquée Bleue et les enfants achètent une toupie (un peu différente des nôtres car on y fixe le fil, comme un yoyo). La nuit ne va pas tarder à tomber, on est donc un chouia trop tard pour les visites.
Retour au cc donc, toujours à la pointe du Bosphore, à 15 min de là, en faisant un petit détour par l’aire de jeu et le vendeur d’épi de maïs ambulant.
J’allais oublier : le frigo du camping-car est dans le vert sans interruption depuis hier.
Dimanche 21 Juillet
Musique et parlotte jusqu’à 5h du mat, again. Nos voisins les vendeurs de moules farcies rincées à l’eau du Bosphore qui ne faut surtout pas manger sous peine de rester coincé sur le trône plusieurs heures d’affilées ont le chic pour venir discuter et boire leur thé juste sous les fenêtres de notre camping-car. Instinct grégaire ?
On repart à l’assaut d’Istanbul pour une seconde journée. Istanbul, la ville des chats. Je l’ai déjà écrit ? Oui, mais c’est tellement vrai ! On commence par prendre le tram direction le bazar égyptien, le bazar aux épices qui n’a d’égyptien que le nom (lié aux impôts prélevés en Egypte), près de la Nouvelle Mosquée (très belle d’extérieur). Avant de rentrer dans le bazar proprement dit, on traverse le marché aux animaux et aux plantes, une succession d’étals qui forment un L, avec sur la partie extérieure, les magasins d’animaux et sur celle intérieure, quelques plantes. Côté animaux on en retrouve des spécialisés dans les croquettes pour chats, où on se sert comme dans les magasins de bonbons, en remplissant un sac à la louche. Il y a aussi des lapins, poussins et volatiles, dont des pigeons qui, paraît-il, peuvent prédire l’avenir (en lisant leurs entrailles ?) et plus étonnant, des barils de 10L avec dedans quantité de ‘Doctor’… De belles grosses sangsues !
Le bazar est très chouette aussi, même s’il n’y a pas grand-chose à en dire, si ce n’est qu’on y trouve… des épices. Quand même, il y a aussi un très grand choix de loukoums et de baklavas. On ne résiste ni à l’un ni à l’autre. Et vraiment pas cher. Je suis peut-être juste dans une meilleure journée, mais je trouve ce bazar bien plus authentique que le Grand Bazar.
On poursuit à pied par le Pont de Galata, qu’on traverse sur son niveau inférieur, là où sont installés les restaurants. On y mange la spécialité locale, les sandwiches avec un poisson plein de petites arêtes dedans, et on rejoint l’autre côté tout en observant les lignes des pêcheurs qui eux sont sur le pont supérieur, au-dessus de nos têtes. Une fois à l’autre rive, on saute tous à pieds joints en même temps : on est en Asie… En fait, je découvrirai demain que pas du tout, puisque ce n’est pas le Bosphore que nous venons de traverser, mais la Corne d’Or, qui se jette dans le Bosphore un tout petit peu plus loin. De l’autre côté, toujours Istanbul, toujours la ville aux chats. On reste un bon moment avec une dame et sa petite fille qui nourrissent les chats du quartier et s’occupent de la portée du coin. Quatre ou cinq chatières à l’angle de la rue, plusieurs trop mignons chatons kawai qui dorment dans des interstices de tuiles juste à côté. Les chiens ne sont pas en reste, sur la place un peu plus loin, une énorme niche, avec une gamelle pleine. Nous grimpons les petites ruelles jusqu’à la Tour de Galata, où je fais la queue (40 min) pendant que les autres attendent à l’ombre en écoutant deux jeunes chanter des classiques locaux (insta : _mucahittt et Ayaz_Kaya04) et regardent de futures mariées faire leurs séances photos. De la Tour, la vue sur Istanbul et les principaux monuments historiques est vraiment incroyable.
Pour moi qui aime avoir une vue d’ensemble des choses, c’est vraiment le top ! En redescendant, on passe par la case toilettes et là je vois un gars du personnel du resto de la tour faire ses ablutions dans les lavabos. Surprenant, le lavage de pieds jambes en l’air dans le lavabo !
Kebap dans le coin (notre classique déjeuner qu’on prend à 17h) et retour en tram jusqu’au quartier de Sultanamamet (pas bon l’orthographe, mais j’ai la flemme de rechercher). A nouveau une pause près de la Mosquée Bleue, le long de l’allée piétonne aux Obélisques et à la Fontaine Allemande (l’ancien hippodrome). A nouveau trop tard pour visiter la Mosquée. Pas grave, puisque c’est ainsi nous repasserons Lundi !
Sinon, j’ai beaucoup plus apprécié Istanbul ce 2ème jour. Le temps de repasser plusieurs fois aux mêmes endroits, ça permet de s’acclimater, de se l’approprier et de vraiment profiter.
Dimanche soir sur notre parking, même combat que la veille et l’avant-veille, voire encore plus animé. Des dizaines de familles dans le parc.
Lundi 22 Juillet
Nuit extrêmement bruyante, frigo au vert. J’anticipe un peu, je pars à la station essence pas loin pour acheter le petit-déj, pendant que les autres dorment. Nos déjà classiques büreks et dolu-dolu. En chemin, je croise un gars qui fait les poubelles pour en récupérer les plastiques. On les avait déjà repérés la veille, à remonter les rues pentues avec leur charrette tirée à la main, leur immense bac en osier rempli de déchets plastiques. Une manière musclée de traiter le recyclage, sous forme de petit boulot.
Cette fois, tout le monde s’étant (difficilement pour certains) levé tôt, on est dans les horaires pour la Mosquée Bleue. Les filles enfilent le voile avant d’entrer, on enlève nos chaussures et let’s go. Première fois qu’on entre dans une mosquée, sauf peut-être pour Karine. Bon, encore une fois, je ne suis pas particulièrement touché. Mais les autres aiment. De belles mosaïques aux plafonds, pas toutes bleues d’ailleurs (j’aurais préféré), mais aussi une fois de plus, la moitié en rénovation, avec des toiles tendues qui simulent les mosaïques. Ça le fait moins je trouve.
En rentre ensuite au cc, pique-nique dans le parc puis on prend la route, avec cette fois la vraie traversée du Bosphore ! Ça y est, nous voilà en Asie ! Première fois pour quatre d’entre nous.
On roule un peu et on se pose pour la nuit sur une aire d’autoroute. A noter, et c’est valable pour toutes les aires, mais aussi pour de nombreux supermarchés, près des toilettes, des mini-mosquées (une pour hommes, une pour femmes), avec même des lavabos pour les ablutions. Etonnante culture.
Mardi 23 Juillet
Journée de route et de petites courses, nous arrivons sur le parking d’Ephèse à la nuit tombée, 21h.
Seul fait marquant de la journée, l’achat d’un énorme melon en bordure de route. La cata, j’ai encore oublié de négocier. Je l’ai pris à 20 lirs et les tomates à 5. Plus du double du prix. Je ne sais pas ce que j’ai, jusqu’à maintenant, j’étais le roi du négoce mais en Turquie, pourtant un pays référence en la matière, je le sens pas. Faut que je me reprenne.
Tant qu’on est dans les foirades, à Istanbul, j’ai acheté une carte SIM, avec 10Go pour être peinard. Dans un magasin officiel Turkcell. Le gars me sort son cahier avec les tarifs, je paye avec confiance, même si ça me semblait cher. Là encore, je crois l’avoir payé le double du prix et surtout, pour seulement 6Go. A minima j’ai été arnaqué sur la capacité du forfait. Ça m’énerve, c’est le genre de truc que je rumine pendant des jours après. Le coup des classeurs avec les tarifs, ça déstabilise bien. J’ai fini par comprendre le truc avec les rabatteurs pour les restos. Ils ont leur menu, photocopie couleur et tout, avec leurs tarifs, bien supérieur à celui du resto pour qui ils bossent. Du coup, même si tu négocies avec eux, tu paies encore plus cher que le prix du resto. Bon, après c’est aussi un concept : tu t’assoies et t’as rien à faire, et il s’occupe de tout. C’est un peu comme le pourboire qu’on laisse aux serveurs au final.
Bin voilà, quand j’ai commencé à reprendre mes notes du jour, j’étais parti pour écrire : aujourd’hui, route. RAS. Finalement, je ne peux pas m’empêcher de blablater.
Mercredi 24 Juillet
Cette nuit, on a donc dormi sur le parking d’Ephèse, à quelques mètres de l’entrée, sur une espèce de parking secondaire en terre battue. Nous y avions été guidé hier soir par un gars qui y vit dans sa caravane et qui nous proposait de lui acheter son safran en échange du parking. J’ai précisé qu’on n’achetait rien, il nous a dit qu’on pouvait rester mais que demain, on devrait payer le parking (l’accès au site n’étant pas fermé, nous sommes passés hier soir en dehors des horaires, mais normalement, le parking est payant).
On commence la visite vers 10h, un peu inquiet sur les recommandations du Routard d’arriver très tôt, genre à l’ouverture à 8h30. En fait, pas de queue à la caisse. Parfois quelques attroupements aux points stratégiques de la visite mais rien de bien méchant. Alors oui, si vous voulez être seul dans le Grand Théâtre de 25 000 places, soyez le premier à entrer (moi c’est ce que j’avais fait pour les pyramides de Teotihuacan et j’avais adoré), mais sinon, pas la peine de stresser.
On fait le tour en 3 heures, ce qui pour une fois, correspond aux estimations du Routard (en général, nous on traine et on met le double). Très chouette site pour lequel je ne vais pas rentrer dans les détails, internet ou les guides papiers le fond déjà très bien. Je confirme qu’il faut aussi visiter les maisons en terrasse, une option payante supplémentaire qui vaut le coup. On y voit, en plus de l’excellent travail de restauration des pièces, des zones en cours de restauration avec tout le matos (poire, seringue, produit…) et des tables ‘puzzle’ où ils tentent de reconstituer les mosaïques. Impressive. A ne pas rater non plus juste en face des terrasses, les latrines d’époque. Gratuites elles, mais hors service par contre.
De retour au camping-car, le gars nous dit que finalement, pas besoin de payer le parking. Je crois que notre cc lui a servi d’appât pour capturer les deux autres ccs garés à côté de nous et qu’il a donc fait sa journée voire sa semaine de vente de safran grâce à nous. En tout ça, sympa, parce que s’il nous avait demandé les 10 TL du coût de stationnement, on n’aurait pas rechigné pour cette belle place à l’ombre.
On reprend la route pour… 5 km et la plage de Pamucak, après avoir fait un détour de 5 km pour faire des courses à Selçuk. A noter, ici, c’est comme en Albanie, mieux vaut acheter les fruits et légumes dans les marchés ou les étals extérieurs : souvent moins chers et toujours meilleurs que dans les superettes (qui d’ailleurs pour beaucoup n’en vendent pas).
On arrive en bordure de plage et on cherche un endroit où se garer. Un taxi nous faire signe ‘devant, devant’. Oui mais devant, c’est la mer ! Je pars en éclaireur et effectivement, il y a une large bande de sable dur tout à fait praticable. C’est parti pour notre première plage en cc. D’ailleurs, on fait rapidement petit joueur puisque les locaux débarquent en voiture, longent la bande de sable dur et enchainent par la plage comme ils peuvent, pour s’arrêter à 10 m de l’eau. C’est sûr que ça fait moins loin pour sortir les tabourets et le barbecue.
18h et des poussières, le soleil se fait plus clément, let’s go pour une mégabig baignade, suivi de notre premier bivouac sur la plage. Top soirée. En plus, j’ai de la bière au frais.
Jeudi 25 Juillet
Réveil à l’aube en ce qui me concerne. Parfait pour récupérer mon retard dans mes notes, le portable sur mes genoux et la chaise pliante face à la mer. Hop hop hop, 1ère partie du voyage en ligne. C’est quand même cool d’avoir un smartphone et une carte sim locale. Les années précédentes, je voyageais encore sans téléphone, avec juste… mon canif ? Petit à petit, on se transforme, on évolue. On abandonne certains trucs, on les remplace par d’autres. Et le smartphone, c’est certes la facilité, mais c’est quand même bien pratique. Surtout pour les photos ‘instantanées’. Y’a juste pour les zooms et la prise de lumière de nuit que ça le fait pas, mais pour le reste, c’est quand pas mal.
8h30 Tiens, tout le monde est debout. L’appel de la mer. 1er petit déj’ dehors à l’ombre du cc, et baignade express pour les enfants et moi, suivie d’une mosquée de sable sur la plage, juste au bord des vagues, histoire de bien galérer à monter et remonter les doubles remparts. On s’est contenté de 5 minarets, pour ne pas avoir à en payer un de plus à la Mecque, comme ce fut le cas pour la Mosquée Bleue.
Petite hésitation quant à la suite du planning : les enfants sont pour une journée ‘vacances’ mais on réalise qu’on n’est qu’à 30 km de la péninsule de Dilek. On pourrait y aller et revenir à Pamucak le soir. Finalement, notre voisin de plage, le seul cc présent, qui est français, vient discuter un moment avec nous. Du coup, on se remet définitivement en mode pause. J’attaque la 2ème et dernière bière achetée dans le coin, une autre variété d’Efes, et hop, on mange à nouveau dehors, en tournant autour du camping-car et du store, en même temps que le soleil se lance à notre poursuite. Un chien vient nous tenir compagnie. Je croie que les enfants l’appellent comme celui des Barbapapa, parce qu’il lui ressemble. Lolita. Mon préféré, restera toujours celui qui nous avait adopté quelques jours à San Pedro de Atacama, au Chili. On l’avait appelé SPA !
Après le repas, on se lance dans une partie de Trou du Cul, jeu qui parait-il s’appelle maintenant Président. Et je subis les règles génération 2000 qui n’existaient pas de mon temps, genre ‘révolution’. Bref, soit je finis directement trouduc, soit je suis président mais je me laisse piéger et je réponds à une question du trouduc avant qu’il ait fini de distribuer et je deviens trouduc à la place du trouduc. Ça existait ça aussi ? Parce contre, je remets au goût du jour une règle propre à ma bande de potes, on n’appelle pas le vice-trou-du-cul comme ça, mais ‘brosse à chiotte’. C’est quand même plus sympa.
J’enchaine ensuite sur un sudoku expert d’Oriana, car elle ne me croit pas quand je dis que je lui torche en moins de 20 min. Que dans tous les cas, ça fait trop longtemps que je n’en ai pas fait… Flûte, 20 min et 11 sec ! Je me suis laissé distraire par l’arrivée des loukoums du bazar aux épices sur la table.
Et voilà, déjà 18h40, le soleil s’est calmé, c’est re-l’heure de la baignade !
22h Ce soir, sur notre bande de sable dur, on est entouré de voitures, parce que le bulldozer a refait le fossé à deux mètres de notre cc et qu’ils ne peuvent plus aller se garer directement à 10 m de l’eau, sur la plage. C’est un peu dommage, moi j’aimais bien ce concept de plage-voitures, un peu comme le cinéma de plein air aux States. T’ouvres ta voiture, laisses la musique à fond style Charles Aznavour version rap, tu sors tes tabourets et ton petit barbecue et t’as les pieds dans l’eau. Et puis c’était sympa de regarder un gars se démener pour se désensabler (je n’avais pas fait le chacal, j’avais proposé mes plaques, mais il préférait ses 4 petites planches en bois…)
Vendredi 26 Juillet
8h Ce matin, à 4h06 précisément, Oriana avait lancé une chasse aux moustiques en solitaire. C’était festival d’étincelles et de pétarades, grâce à notre arme ultime, la raquette électrique. Elle semblait bien se débrouiller (score : 4) mais Karine a voulu que je descende de la capucine prendre le relai. Malgré mon bras blessé (2 piqures de ces maudits insectes), j’en ai quand même eu 2. Puis, à peine recouché, j’en entends un nouveau bzzz qui vient me narguer à l’oreille. Ça fera donc 3. Les autres ont préféré battre en retraite, ils n’auront pas tenu jusqu’à l’aube.
Départ pas trop tard, arrêt express pour acheter des sandwiches sur la route (çis, sucuk, kofte…) et nous voilà au Parc National de Dilek. 18 TL pour un cc, comme pour une voiture, et pour nous c’est payé automatiquement avec notre compte HGS des autoroutes.
Dans ce parc, il y a 4 plages accessibles aux visiteurs (les autres sont pour les phoques et la ponte des tortues de mer). La première plage est de sable, les deux suivantes, 4 km plus loin, de galets et la 4ème se trouve à 11 km de l’entrée et à 5 km à pied de la fin de la route selon le Routard. J’ai des doutes, moi je pense que la route s’y termine, mais on n’ira pas vérifier, on se pose sur la 3ème. On y mange nos sandwiches en regardant l’eau translucide. Puis Kyra s’écrit : ‘là, un phacochère ! Euh, un sanglier !’ Et c’est vrai ! On savait qu’il y en avait, mais on pensait que c’était comme pour voir le léopard d’Anatolie, espèce en voie d’extinction qui se trouve encore dans la péninsule; on pensait qu’il fallait faire une big rando. Mais pas du tout, les sangliers, on en verra finalement plein d’autres, ils viennent inspecter les alentours des tables de pique-nique, sont une bonne dizaine, parfois avec leur portée, et déambulent tranquillement autour des humains comme des pigeons parisiens.
La baignade est sympa aussi, même si marcher pieds nus sur les galets n’est pas évident, après on profite de l’eau transparente pour observer de nombreux poissons de couleurs variées.
19h et le pouce, c’est l’heure de quitter le parc, qui ferme, et où le bivouac n’est pas autorisé (zone de ponte des tortues). Sur le retour, je jette un coup d’oeil sur le point de départ des randos. Pas pour nous car à envisager sur plusieurs jours mais ça à l’air top, avec la possibilité d’observer les phoques sur l’autre versant, les tortues, des pélicans et des chevaux sauvages. Un coin vraiment sympa qui mériterait qu’on s’y attarde. Peut-être une prochaine fois. Ah oui, au moment où on montait dans le cc, un renard (un peu différent du renard européen que l’on connait) est passé tranquillement devant nous. Les animaux n’ont vraiment pas peur ici.
Une fois sorti du parc, on fait une courte halte à la grotte de Zeus, une grotte d’environ 50m, ouverte sur l’extérieur sur environ une dizaine de mètre, où l’on peut se baigner (même si c’est officiellement interdit). Ça a l’air bien comme ça, mais une fois qu’on y est, ça ne donne vraiment pas envie d’y nager dans la pénombre. Bref, vu que de toutes façons, on sort de la mer, on repart. Veni, vidi i reparti.
Vers 20h, on est en route pour Pamukkale. Après avoir laissé passer un potentiel bivouac qui nous ne tentait pas trop, puis renoncé à un autre parce que Karine préférait faire 30 km sur l’autoroute, puis raté la seule aire de cette autoroute, qui avait l’air top, parce qu’on discutait. On s’échoue dans le noir sur une toute petite station essence près d’un entrepôt-étable qui a son odeur bien à lui. Et il ne reste même plus d’Ayran (le lait salé) pour les filles au frigo. La cata totale. Ça ne me donne même pas envie de boire ma bière. Bref, il nous fallait un bivouac pourri, c’est fait.
Samedi 27 juillet
7h30 Finalement, pas si pourri que ça, j’ai bien dormi moi. Après sondage une fois tout le monde levé, on est unanime, on dort bien bercé par le passage continue des voitures sur la nationale à 10m de nos couchettes.
10h On repart. 5 km plus loin, une grande aire de station-service, puis une autre et encore une 3ème. Y’a des choses qui ne changent jamais.
On croise notre première cigogne sur la route et nous voilà à Pamukkale.
Le premier camping se trouve face à l’entrée du site. Bien, avec toboggan aquatique et tout, mais musique à donf et dans un coin très passant, avec la route vraiment pas loin. Et cher. Le second, à 500m de là, nous parait beaucoup mieux. Il y a aussi une piscine, deux machines à laver, et juste deux véhicules sur un terrain qui doit pouvoir en accueillir une dizaine. Négocié pour 2 fois moins cher. Ils ont aussi un immense resto, qui sert à accueillir des groupes qui sont de passage, en bus. Et ils proposent le buffet à volonté. Moins cher qu’un plat dans le village, alors on en profite et on se régale.
En attendant 18h que le soleil tape moins fort, que la foule qui se rend aux terrasses de calcaire soit moins dense, et aussi parce que c’est l’heure de visite conseillée par les locaux pour profiter de la meilleure lumière, on fait un peu de lecture ou d’internet. Oriana voulait trouver le code wifi avant que je ne le demande, mais là elle sèche. Normalement, c’est la reine du hacking sans logiciel. A Istanbul, elle nous en avait débloqué un en passant devant un opérateur. Elle essaie principalement les variantes du nom du lieu ou service, accolé à l’année, parfois l’année dernière pour ceux qui tarderaient à changer leur code. A Istanbul, c’est celui de ‘Gulliver Tour’ et le mdp était gulliver2019. Easy. Sauf que là, elle sèche, parce qu’il y a le nom du camping, Havuz Camping mais aussi celui du resto, Manzara. Ça double le champ des possibles. Je finis par aller demander au jeune du camping : manzara2020 ! Haha ! Il est mort de rire quand je lui explique qu’elle a essayé avec 2019 et même 2018, mais qu’elle n’aurait jamais pensé à mettre une année d’avance !
18h45. Notre retard habituel (je dis notre, mais ce n’est pas le mien, ils sont quatre contre moi et les horaires, j’ai cessé de lutter depuis longtemps) associé à la queue de 15 min qu’il y a encore pour prendre les billets et nous voilà partis pour la petite ascension vers les terrasses (je crois qu’on dit travertins en fait). Au passage, je demande jusqu’à quel âge c’est gratuit, le gars me demande quel âge ils ont, je réponds la plus jeune à 9 ans donc tant pis 5 places, il me dit non 4, je lui redis qu’elle a 9 ans, et il me précise que non, qu’elle a 8 ans et que je n’ai besoin que de 4 places. Ah, ok, je comprends vite mais faut m’expliquer longtemps. Tout ça dans un english franco-turc à couper au couteau. Pas facile la vie, mais merci !
Donc, l’ascension. Elle dure une vingtaine de minutes (donc le double pour nous, le temps de s’extasier en route) depuis l’entrée principale, au pied du village. Il y en a deux autres : l’entrée sud, celle de ceux qui arrivent avec les bus, et qui donne directement sur les hauteurs et les terrasses, après avoir traversé les ruines de Hiérapolis. Et l’entrée nord, qui donne aussi en haut de la falaise, mais de l’autre côté, sur la nécropole et qui nécessite de marcher 2 km avant d’arriver aux terrasses (tout en traversant l’incroyable champ de tombes).
Au départ, on voulait prendre l’entrée sud et partir tôt le matin. Sauf qu’on avait lu des commentaires d’autres voyageurs qui étaient ready à 8h, heure d’ouverture, et que tous ceux des bus étaient déjà là aussi. Donc on prend l’option ‘soirée’. Ensuite, par flemme, on ne voulait pas monter pendant 20 min, sauf que le cc étant posé au camping à 500m de cette entrée, cela aurait été vraiment ballot de faire autrement.
Nous voilà donc prêt à faire la petite (tranquille) grimpette. C’est dès le départ qu’on enlève les chaussures. Moi j’avais imaginé ça autrement, d’après notre expérience des Salineras de Maras au Pérou (où on n’enlève pas nos chaussures, mais ça donnait une idée - fausse - de la configuration des bassins). En fait, on le découvrira une fois en haut, ce n’est que par cette entrée et en faisant cette montée que l’on enlève nos chaussures. Une fois en haut, on les remet. Les travertins, en haut, ne sont pas traversables, sauf par des abrutis qui veulent s’y prendre en selfie (et à l’heure où on arrive, il n’y avait plus qu’une pin-up et un gamin dont les parents avaient détaché la laisse).
Bref, il faut absolument prendre l’entrée principale, monter pieds nus avec l’eau qui dégoulinent de la colline et patauger dans les vasques artificielles qui agrémentent le parcours. Une expérience originale et agréable.
Ensuite, une fois en haut, on a tout le loisir d’observer les travertins de calcaire. Nous sommes arrivés pile poil quand le soleil se couchait et s’était magnifique. Mon côté râleur me faire dire que si on était arrivé juste 15 min plus tôt, on aurait aussi pu profiter des rayonnements du soleil sur l’eau calcaire et avoir droit à un autre paysage. Mais à choisir, y’a pas photo, enfin si justement, et mieux vaut tard que trop tôt. Moi j’ai encore eu le temps de foncer jusqu’à la nécropole et de voir entre autres le tombeau pris dans le calcaire, au bord de la falaise. Magnifique. Le champ de tombes plus que millénaires, de tout type (tombes, caveaux, tumulus) est aussi impressionnant. Au crépuscule, on ne serait pas étonné de croiser un vampire romain qui sort déjeuner. Pendant ce temps-là, le reste du groupe pouvait tranquillement voir le théâtre et le reste des ruines, mais ils ont préféré m’attendre sur un banc pour se préparer à la redescendette.
De nuit (il est 21h), pieds nus, c’est tout de suite un peu plus sport, même si les enfants courent devant puis reviennent nous dire qu’on traine vraiment…
La journée s’achève par un rapide repas dans le cc, avec entre autres des vaches qui rient achetées la veille, qui feront dire à Oriana ‘c’est quoi ces vaches qui rit turques, y’a pas le fil rouge pour les ouvrir. Ah si, il est à l’intérieur ! Ouais, du coup ça sert vraiment à rien’. Bon pas top les vaches qui rient, et en plus toutes petites. C’est comme les Danettes au chocolat, pas chères, oui, mais deux fois plus petites !
Pour moi tout va bien, je m’offre une petite bière nocturne, une ‘Bomonti’, dont je découvre du coup la formidable histoire de cette brasserie d’Istanbul, sur internet. En plus, elle est bonne !
Dimanche 28 Juillet
7h30 Eliott et moi sommes levés. Avant les poules. Oui parce que dans le camping, nous sommes maintenant les seuls pensionnaires humains, les deux autres cc étant partis tôt ce matin. Mais il y a aussi une colonie de poules et quatre glouglous. Et un coq. Un coq furieux. Le coq doit être le symbole local, vu que j’en ai vu plein en terre cuite et en drapeau, en longeant la rue des souvenirs sur les 500m qui nous séparent du site. Ce coq doit le savoir, il se prend pour une star. Il se pavane comme une poule. Par contre, je dois reconnaitre que c’est un super gardien de poules. Dès qu’une de ses femmes s’éloigne à plus de 30 m, il part à toutes blindes à sa poursuite. Avez-vous déjà vu un coq partir à fond les ballons, en se dandinant sur ses deux petites pattes ? Impressionnant. Bon, après, il la ramène fissa, toujours à fond, et lui fait son affaire. C’est le prix à payer pour une tentative d’évasion.
Dans le ciel, c’est déjà le ballet des parapentes.
Franchement, camping super, même si les sanitaires sont du genre spartiate. Très calme. Tellement calme qu’à 5h du matin, ou hier à 22h, on entendait l’appel à la prière du village comme si on y était. Flemme d’attraper mon tel pour l’enregistrer, mais je me suis dit que demain, je le ferai.
Comme je me suis installé près du resto pour retaper mes notes, j’ai le droit à un petit thé, comme ça avait été le cas à notre arrivée.
Mais tout le monde (ou presque) est déjà réveillé, on n’attend pas plus et on saute dans l’eau de la piscine, avant le petit-déj.
Journée farniente aujourd’hui, à peine dérangés par deux tortues qui venaient à l’assaut du camping-car, et, comme c’est dimanche, à la techno-trans-aux-parfums-d’orient plutôt sympa en musique de fond de la piscine, qui est aussi occupée par quelques familles qui viennent juste pour la journée.
C’est bouquins pour tout le monde. Ça manque un peu de jeux de société, je trouve, mais je me vois mal faire un jeu de société en solo…
Le soir, nous allons grignoter un truc au village, en passant devant la rue qui mène à l’entrée du site et ses tonnes de rabatteurs de resto. Mais on plonge ensuite vers le centre du village, moins fréquenté, ou j’avais repéré dans la journée un petit resto qui fait des ‘crêpes’, wrap, pitas et pizzas turques. Pas de clim, pas de terrasse à l’étage, mais des locaux qui y mangent. Mon instinct ne m’avait pas trompé. On remange donc de ses pizzas en forme de canoë, et des espèces de crêpes roulées, les ‘gozlemes’, dont une aux épinards pas dégueu. Une bonne adresse, moins chère que sur la rue touristique forcément. C’est le Tikir Grill House. Le 1, car dans la même rue, un peu avant, il y a aussi le Tikir 2 !
Puis en rentrant, stop devant un marchand de glace, qui, vu l’heure, n’était même plus à son poste. Son voisin d’étal a dû aller le chercher. Glaces turques, élaborées en succession d’étages sur le cornet, à l’aide de la longue spatule. On a le droit au grand show, avec ‘tiens moi le cornet - tu l’as ! tu l’as plus ! - t’as celui avec la glace tu te retrouves avec un vide - A l’endroit à l’envers - hop il tombe, il tombe pas etc etc’. C’était Kyra la première, et j’ai filmé pendant 1 min 30 ! Pour Eliott, Karine et Oriana, plus soft, mais quand même à un moment le contenu complet d’un pot de glace déposé à la spatule sur le cornet qu’on tient à la main ! Ça y est, je suis servi en dernier, sans trop de fioritures et il ne me reste plus qu’à payer. Je prépare mon coup, je lui tends le billet… que je reprends juste avant qu’il ne l’attrape. Il est sur le cul, celle-là il ne l’avait pas vu venir. Merci pour ton big show à une heure où tu avais fini ta journée, c’est une façon super agréable de terminer la nôtre.
Lundi 29 Juillet
Réveillé à 4h58 par le haut-parleur de la mosquée, je saute sur mon téléphone. Je n’aurai raté que la 1ère phrase. 5 min d’enregistrement, ce n’est pas rien !
7h Re-réveil, bientôt rejoint par Eliott. Il doit me rester juste assez de temps pour mettre cette partie en ligne avant d’aller à la piscine.
Aujourd’hui, on repart, à nouveau vers la côte, en suivant à peu près l’itinéraire prévu au début. Départ probable en fin d’après-midi, vu qu’ils ne semblent pas pressés de mettre les gens dehors (c’est pas le check out 11h qu’on peut trouver dans certains campings en France)
Ah oui, pas sur de l’avoir déjà dit : on aime la Turquie !
Piscine donc, puis repas au buffet à volonté du camping. Et puisque j’y pense, le moment semble assez approprié pour vous parler des serveurs turcs. Karine en avait gardé un précieux souvenir, de ses précédents séjours il y a 30 ans. Aujourd’hui, rien n’a changé, ils sont toujours formés à la même école, où on leur apprend la règle d’or : débarrasser promptement. Du coup, tu es observé en permanence et dès que tu poses ta fourchette et que tu sembles ne plus vouloir toucher à ton assiette, hop, elle disparait. Tant pis pour toi si la bouchée que tu avais encore dans la bouche t’empêche de dire non poliment et si tu comptais saucer… Trop rapide le serveur turc. On devrait les croiser avec des serveurs français, on obtiendrait peut-être la juste mesure…
Nous voilà donc partis. On dépasse Denizli, grosse ville de plus d’un million d’habitants, on fait encore une vingtaine de km, sur une double voie qui grimpe sec et là, c’est le drame… Plus de puissance, Karine a juste le temps de se jeter sur la bande d’arrêt d’urgence avant qu’on atteigne la vitesse de 0 km / h. Appel de notre assurance, la GMF et mise en correspondance avec leur antenne locale, l’assurance Retas (et là c’est cool, parce que le gars nous servira aussi de traducteur, et que très rapidement, il nous propose d’utiliser WhatsApp, par écrit et audio. Avec la GMF, en quelques minutes, j’ai dépensé une vingtaine d’euros de mon forfait français, alors que là, avec WhatsApp et ma sim turc, ça ne coute rien). 1h30 plus tard, le cc est remorqué jusqu’à un garage Fiat en périphérie de Denizli et le taxi nous dépose 2 km plus loin, dans un hôtel d’affaire. On pensait au départ dormir dans le cc, mais le garage est gardé et ne nous est pas autorisé pour la nuit.
Mardi 30 Juillet
8h30. Ouverture du garage et attente. Ici, le temps s’égrène au fil des tasses de thé.
A 12h, je retourne retrouver les autres à l’hôtel. Check out effectué, ils attendent dans les canapés de l’accueil, en mode sdf, et avec une clim quasi inexistante.
A 14h je retourne au garage. C’est la pause thé. Ensuite j’enchaine tout à la fois :
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les appels de l’assureur en France qui veut des infos, une décision de ma part ou me répète juste ce que l’antenne locale ou le garage m’a dit
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les appels de Retas, bien utiles pour clarifier les échanges avec les mécanos
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les ‘discussions’ avec les mécanos avec Google trad qui fait des merveilles. Je déconne, le français - turc et le turc - français n’est pas encore au point. Exemple, à la question du tarif horaire main d’œuvre, leur réponse donne ça : ‘Les itinéraires seront de sorte que les déterminations sont faites’. Ok, j’ai compris, pas de tarif horaire, mais un forfait selon le type de réparations, mais faut s’accrocher !
Bilan en fin d’aprèm, ceux sont les injecteurs qu’il faut changer… 1500€, mais surtout, ça nous rappelle de très mauvais souvenirs. Ces injecteurs, ils ont 4 ans et viennent des USA. Ils nous les avaient changés pour 2500$, après une perte de puissance aussi, mais pas totale, et 50 km après avoir quitté le garage, on avait à nouveau le problème, qui n’avait été résolu qu’au Mexique, où ils avaient shunté les capteurs pour la sonde de température. Bref, pas très envie d’attendre 4 jours pour les pièces, y laisser un bras, surtout si c’est pour rien. Au final, une autre solution se profile : les démonter, les nettoyer et changer éventuellement les petites pièces défectueuses. 500€ et fini demain, ça semble plutôt pas mal. En espérant que ça tienne ensuite…
17h30 : confirmation de la décision à l’assureur et à son antenne locale et retour à l’hôtel, où finalement on reprend une nuit.
En soirée, vu que je laisse ma sim française active pour le moment, j’ai encore 2 ou 3 appels d’inconnus. Evidemment, je décroche, ne sachant pas si c’est l’assureur ou pas (mais non, après je réalise qu’ils utilisent toujours le même numéro) et donc j’ai droit à ‘bonjour, vous êtes propriétaire de votre maison’ ou ‘avez-vous pensé à changer de forfait de téléphone’. Putain, arrêtez de venir me faire chier en Turquie, l’appel reçu, c’est 0,75€ la minute !
Les enfants attaquent le film Harry Potter 4 sur l’ordi (ils avaient vu le 3 il y a un an pendant notre séjour en Albanie !) et dodo. Avec quand même la boule au ventre en ce qui me concerne : est-ce que les réparations de demain seront efficaces ?
Mercredi 31 Juillet
On passe la matinée ensemble à l’hôtel, à jouer à Quirkle. Et je repars au garage dans l’aprèm, tandis que les autres négocient le squat du resto de l’hôtel, où la clim est efficace. Moi j’ai celle de la salle d’attente du garage où je prends mes quartiers. Quitte à m’installer, je récupère aussi leur wifi.
18h : All is good, on repart !
19h45 : On est à 40 km de Mügla. On a ménagé la monture, et elle s’est bien comportée dans cette route de montagne. Le coin est très joli. C’est un parc national, mais je n’ai pas noté le nom. Çà et là, des gars ont leur tuyau d’eau pour laver les voitures. Typique de la traversée de la cordillère en Colombie, ça rappelle des souvenirs. Je viens aussi de voir un camion remorqué sur le dos d’un autre camion. Notre propre remorquage pourra aussi être rangé dans les souvenirs, mais là, c’est encore trop tôt. J’ai du mal à me remettre dans le voyage, alors que finalement, on n’a été stoppé que 2 jours.
Nous passons une nuit tranquille près d’une station-essence et d’un resto où nous mangeons. A la base, la serveuse, nous proposait (oralement) divers plats de viandes. A 40 TL l’assiette… bon, finalement, elle a compris qu’on n’était pas les mêmes touristes qui sortent du bus pour déjeuner et repartir dans leur tour. On s’est rabattu sur les gözlemes à 10 TL et c’était très bien ! Puis c’est la plus jeune fille de la maison qui nous a servi, toute heureuse de pouvoir s’exprimer en anglais.
Jeudi 1er Aout
La souris turque est passée sous l’oreiller de Kyra pour la seconde fois. Kyra a pris un forfait dents spécial routarde. Sa précédente vague de perte de dents, c’était il y a 3-4 ans durant le tour des Amériques. Elle a eu des $ canadiens, des US $, des pesos du Mexique. A un point qu’on se demandait où elle allait chercher toutes ces dents. Bin voilà qu’elle recommence…
Tout le monde est réveillé de bonne heure, et vu qu’on n’a plus rien dans les placards ni dans le frigo, le déjeuner est vite réglé. On reprend la route pour 150 km. En avant la musique. Je n’en ai pas encore parlé mais la bande son a peu évolué depuis l’année dernière. On a juste ajouté Adèle et Imagine Dragon à Aldebert, Kid United, Stromae, Monmix, Renan Luce, Frero Delavega, Louanne, Zaz… Exit mon Raphael et mon Higelin. Avant-hier, à l’hôtel, sur TV5Monde (je découvre une super chaine), on a vu un sketch d’une comique belge, sur le thème de la musique en voiture. Avec le petit qui veut qu’on lui mette son ‘you-you’ (c’est dans un titre de Louanne, ‘ohoh ohoh ohoh’, dans ‘Avenir’, d’après Kyra), le plus grand qui écoute Black M et qui ‘devient Black M’ etc… Bref, le bordel dans le véhicule. Chez nous, c’est chacun son tour, sauf que moi, je n’ai pas le droit à mon tour. Soit disant que ce que j’aime passe mal à l’autoradio. Je ne vois pas en quoi The Clash, Madness, les Pogues, Pixies, Noir Dés’ ou encore les Doors passeraient moins bien mais bon. Je n’aurais même pas été contre du Dire Straits, Simpleminds, Pink Floyd, Satriani ou même Prince. Mais ça passe mal aussi, parait-il. Aaah, là c’est ‘Sur ma route’. Ok, celle-là, on la kiffe tous !
Nous voilà bientôt à Dalyan, sur la côte. Sur le bord de la route, des cactus. Ça faisait un bail qu’on n’en avait pas vus. Après voir fait les courses dans la ville, dans un supermarché uniquement fréquenté par des touristes anglophones, nous nous rendons à la plage d’Iztuzu. C’est une plage dont l’accès est interdit au public de 20h à 8h, car classée zone de préservation des tortues marines. Le lieu est très connu, car c’est une américaine (aujourd’hui âgée de 95 ans) qui s’était battue dans les années 80-90 pour empêcher la construction d’immeubles et d’hôtels. De sa campagne internationale et de son succès, est née une association gouvernementale encadrée par des chercheurs de l’Université Pamukkale, qui continue de préserver le site. La cahute de ‘Captain June’, comme on l’appelle, est toujours là, devenu un petit magasin de souvenirs a priori tenu par la famille.
Nous commençons donc par aller voir le refuge / hôpital des tortues. Quelques explications sur quelques panneaux, quelques dioramas, sur comment reconnaitre les espèces etc… mais surtout, une dizaine de bassins, avec dans chacun une tortue blessée, ou, pour l’un d’entre eux, des bébés nés il y a moins de 48h et qui n’avaient pas pu aller à la plage seuls. Quand nous arrivons, il y en a deux, mais avant de partir, une bénévole obtient l’accord du véto pour en remettre d’autres. Elle va les chercher dans une pièce à part et les dépose une à une dans le bassin, avec un gant, en s’assurant qu’elles ne coulent pas, trouvent le réflexe de nager et remontent donc à la surface. Il y en a une qui rate le test. Retour à l’infirmerie. Les autres tortues, adultes, sont là depuis plusieurs mois, qui suite à une amputation, qui pour des blessures d’hélice de moteur à la carapace… Je suis étonné d’en voir une là depuis neuf mois (le max), pour une infection aux yeux. Un bénévole m’explique qu’elle est en fait guérie depuis un moment, mais qu’ils attendent la bonne saison pour la relâcher, avec les accords scientifiques et gouvernementaux qui leur permettront de la pucer et de la suivre via satellites. Sur place, il y a aussi des bassins d’acclimatation, plus profond, où ils s’assurent que les tortues sont à nouveau capables de chasser des proies vivantes (crabes, petits poissons). On apprend aussi que sur leur littoral, il y a en ce moment plus de 500 nids, avec plusieurs éclosions par nuit. Mais seuls les professionnels peuvent y assister. Rien à voir avec le ‘refuge’ de la Ventanilla, au Mexique, où ils organisaient des sorties de nuit en quad, à fond la caisse et pleins phares, pour soi-disant voir les nids, et où les lâchés de tortues sont fait par dizaines par les touristes, sans gants… Ici, sur la plage, sa partie accessible aux baigneurs est organisée de manière à ce que tourisme et préservation animale cohabitent. Une bande de 15m de large, le long du rivage permet d’y poser ses serviettes, puis un espace aussi large est réservé aux tortues avant de laisser à nouveau la place aux vacanciers, avec un large espace pour les transats. Dans cette zone pour tortues, qu’on ne peut que traverser, se trouvent quelques nids, sur lesquels sont disposés une espèce de petit cône en fer, pour permettre de les repérer. Bien sûr, plus loin, il y a aussi des kilomètres de plage uniquement accessibles aux tortues. Un très chouette lieu, un refuge sérieux et intéressant et une bonne baignade. On n’y verra donc pas d’éclosion, mais cela semble mieux comme ça.
20h et quelques coups de sifflet plus tard, nous voilà hors de la zone protégée, sur un lieu de bivouac qu’on avait repéré en venant. Amusant, pas très loin, mais où nous n’irons pas car possiblement difficile d’accès avec un cc traction, un spot où une autre famille que je suis sur internet est passée il y a deux mois (coucou les ‘Macax’!). Ça, c’est pour les petits clins d’oeil rendus possibles par iOverlander. D’ailleurs, on tombe aussi souvent sur les bivouacs de Tony LEE. Impossible de me rappeler si on le croisait déjà virtuellement en Albanie l’année dernière ou si ce n’était pas il y a 3 ans en AmLat !
Vendredi 2 Aout
Fil rouge de la vie en camping-car, le frigo est dans le rouge… Mais cette fois, c’est uniquement parce les bouteilles de gaz sont vides. Aïe, je vais en prendre pour mon matricule. C’est une de mes tâches et, persuadé qu’on était large avec la seconde bouteille, je ne m’étais pas inquiété quand la première s’est avérée vide au bout de 5 jours de route. Va falloir trouver fissa où la re-remplir !
… Mission gaz accomplie, à Dalyan, soit à 10 km de notre bivouac, en moins d’une heure. En fait, quand on cherche, on s’aperçoit qu’il y a plein de magasins de gaz partout. Ils ne remplissent pas, mais vu qu’une bouteille neuve ne coute que 6€ (hors prix du gaz) et que l’embout est compatible, on va pas s’embêter… Enfin si, on va un peu s’embêter à se trimballer une bouteille française vide dans la soute jusqu’au retour, pour la consigne, mais ce n’est pas la mort non plus.
Tandis que le paysage défile, je checkais la liste des spécialités culinaires que j’avais faite, et je m’aperçois qu’on en a déjà goutées pas mal : le sandwich au poisson d’Istanbul (le Balik Ekmet), et les pizzas en forme de canoë (pide), et surtout au resto du camping de Pamukkale : le riz pilav, le kuru fasulye (plat de haricots blancs), le menemen (omelette à la sauce tomate). Mais aussi les ‘crêpes’ ou ‘pan cake’ qu’on préfère continuer d’appeler gözleme, vu que ça n’a pas grand-chose à voir ni avec l’un ni avec l’autre, les kebap, les börek, les kofte… Et aussi, à toutes heures, les maïs bouillis ou grillés et surtout le ayran, dont les filles sont devenues de grandes adeptes (les bouteilles bleues. Les vertes ou oranges sont moins bonnes) et plus récemment au petit déj’, la crème de noisettes, la fiskobirlik. Trop bonne.
A part ça, journée pas terrible aujourd’hui. Nous avons juste croisé des Oto Lastik sur la route. Il s’agit de vendeurs de pneus. Les mêmes qu’en AmLat et en Albanie, il n’y a que le nom qui change. Nous sommes passés par Fethiye et Olüdeniz, soit une ville et un village balnéaires pour touristes anglais. Déjà à Dalyan, c’était très prononcé, mais là, ils sont plus nombreux que les locaux. Ceci dit, ce n’est pas l’horreur non plus, en termes de tourisme, c’est plus dense mais pas blindé. On avait poursuivi jusqu’à Kayaköy, le soi-disant village fantôme. 145 habitants, indique le panneau à l’entrée… mais au moins autant de proprios de resto et de magasins de souvenirs. On n’ira pas visiter la partie abandonnée du village. Trop de dolmus et de taxi qui y déversent leurs touristes anglais. Trop de tout sur place. On mange dans un petit coin à un km du village et les enfants regardent un petit bout de Harry Potter pendant qu’on se boit une plus que petite tasse de café. Car cette fois, j’ai décidé de rentabiliser notre petite cafetière italienne, qu’on se traine depuis des années. Mais bon, à trois dessus, c’est un peu short. Et on repart.
On décide de zapper les ruines de Pinara et d’aller à celle de Patara, où se trouve aussi une très belle plage.
Difficile de trouver une bonne place pour le bivouac. Après avoir tourné une heure et demi dans le coin, on est finalement revenus sur nos pas, dans un super coin mais qui était occupé par des vieux venus tiser leur vin rouge. Là, ils sont partis. Ne reste que la chaleur et les moustiques. Il y a beaucoup de chauve-souris, mais encore plus de moustiques. Soit elles font des indigestions toutes les nuits, soit elles sont frugivores ? Sinon, c’est très beau, avec une partie des ruines de Xanthos juste à côté.
Mais la chaleur, c’est vraiment dur en cc. On craque chacun notre tour, ou tous en même temps. Ce soir, Oriana préfère se faire bouffer par les moustiques et va bouquiner dehors. Elle ne veut même pas se pschitter parce qu’elle baigne déjà dans sa sueur. Moi, les moustiques, c’est bon, j’ai donné. Une grosse dizaine de piqures rien qu’en sortant quelques minutes en arrivant ici. Mais sinon, le coin est super !
On va donc se coucher, mais peut-être que ce serait plus approprié de dire que l’on va se baigner dans notre lit…
Samedi 3 Aout
Nuit bruyante. Des chiens avaient décidé d’assurer notre protection, hier, et ont aboyés une bonne partie de la nuit…
Bon, aujourd’hui, c’est journée Patara : ruines (chouette, encore, disent les enfants, on adore les vieilles pierres moisies) et baignades (ah non, pas ça…) Ensuite, on va probablement accélérer notre parcours le long de la côte. Le 36° en journée quand on roule sans clim, ça va encore, mais le 26° au plus froid de la nuit, dans le camping-car sans un souffle de vent, c’est hard. Bref, en Cappadoce, il fait moins chaud. On ira bien sûr à Chimaera, peut-être à Aspendos puis on rentre dans les terres et les hauteurs.
Visite des ruines sous un soleil de plomb. Le théâtre est vraiment sympa.
On y voit encore les deux cavités par lesquelles les spectateurs entraient, des marches taillées dans la pierre, plutôt que des pierres empilées en escalier et même une rangée de vrai sièges, sculptés, sur le gradin du milieu. J’ai compté 28 gradins la première fois, puis 36 la seconde, en partant d’un autre point, le Routard en compte 33, il est dans la moyenne ! Moi j’enchaine par la grimpette du chemin des chèvres, qui contourne le théâtre, pour bénéficier d’un panorama complet sur les ruines et partiel sur les plages, tandis que les autres préfèrent picoler nos réserves d’eau fraîche à l’ombre d’un résineux. Kyra repartira d’ailleurs avec des boulettes de sève à la main. Trop marrant, ça colle partout, voyons ce que ça peut donner dans le camping-car…
Puis on va jusqu’à la plage et on se pose au bar très sympa, pour le repas. On poursuit par la baignade, de bonnes glaces et même un épi de maïs chacun, qu’on avale avant d’arriver au cc. Puis on repart au même bivouac que la nuit dernière, à deux pas des ruines de Xanthos, qu’on voit depuis notre cc.
Dimanche 4 Aout
Incroyable nuit pas trop chaude grâce au camping-car garé à la perfection, avec une petite brise de travers bien salutaire. Le paradis, c’est ça, mais avec deux moustiques en moins.
Réveil à 8h, au chant des cigales. Petit déj’ tranquille, toujours face à une partie des ruines. Une araignée spécialiste du camouflage sur épines de pin tente de venir nous chatouiller les pieds à deux reprises, mais on la refoule à chaque fois.
En route pour Chimaera maintenant !
La côte, quelques kilomètres avant Kas, est vraiment magnifique. On découvre l’eau turquoise en bas des falaises. Près de la moindre zone accessible à pied, des dizaines de voitures garées… non, jetées en vrac plutôt, sur le bord de route. Le gros bordel, ceux qui veulent juste rouler ne peuvent plus se croiser. Un peu comme sur la côte albanaise, mais en plus joli ici.
On traverse Demre puis Finike : deux villes de bord de mer avec plein de place pour y poser son cc, accès à la plage, aire de jeu. Bref, ça a l’air sympa mais il fait trop chaud.
Arrivé à Cirali, le village où se trouve Chimaera, on louvoie sur la petite route qui mène au bord de mer, en évitant les étals de souvenirs et les restaurants qui tiennent avec trois planches. On se faufile sur la dernière place du petit parking en terre battue et on file au resto à côté pour y boire un coup et éventuellement s’y restaurer. Super copieux, simple mais bon. Décidément, avec celui d’hier à la plage de Patara, les restos de plage assurent.
Baignade sympa dans l’eau toujours aussi chaude qui rafraîchit à peine. Moi je ne suis pas encore acclimaté au fait qui n’y a pas besoin de se mouiller la nuque et d’y aller sur la pointe des pieds, pour se jeter à l’eau. Mais, ce n’est pas si mal…
20h30 Rincés et prêts à aller à Chimaera (à 3km de la plage, vu la chaleur, on y va en cc). On fois sur place, il fait déjà nuit. On monte donc les interminables 700m sur 300m de dénivelé en transpirant abondamment, mais le jeu en vaut la chandelle. Des flammes (trop fort ma transition) plusieurs fois millénaires qui sortent des entrailles de la terre. Chut ! Ne réveillez pas le dragon qui sommeille en dessous.
Des locaux nous offrent des chamallows, comme l’avait prédit Le Routard, que l’on fait griller aux flammes de méthane, puis on finit par redescendre, toujours à la lumière de nos smartphones, nouveau couteau suisse de l’homme 2.0. On dérange sans le vouloir un scorpion et une mante religieuse puis on rejoint le cc. De retour sur le bord de mer, on s’installe autour d’un terrain de football en terre battue, repéré à l’aller. On n’est pas les seuls, une dizaine de campeurs se sont disséminés tout autour du terrain. Mais personne ne franchit la ligne de touche. Le foot a ça de sacré ! Au lit sans manger pour les deux plus jeunes, tandis qu’Oriana, Karine et moi, on marche un peu vers la plage, dans l’espoir de laisser filer la suée.
Finalement, nous sommes refoulés par des gars de la protection des plages. 21h-6h, c’est fermé au public, réservé aux tortues. Mais on apprend qu’on peut venir à 6h pour assister à une éclosion. Cool !
Lundi 5 Aout
5h13 Goooooooooog Moooooooorniiiiing Turkey ! Allez, tout le monde debout, c’est l’heure, les coqs chantent, le soleil se lève, les tortues émergent du sable ! 6 heures moins dix sur la plage : personne. On commence à longer le rivage, un peu dépité. On est à une extrémité, on a 4 km devant nous. Mais bientôt, un attroupement. Des cordons sanitaires. Une scène de crime ? Un gars creuse dans le sable et sort de petites tortues. Une dizaine, qu’il laisse partir vers la mer, en demandant aux gens de s’écarter, pour les laisser voir le soleil qui se lève, à défaut de lune. Ce n’est pas des conneries, elles filent direct en diagonale vers cet autre astre. Quelques mètres plus loin, un autre gars les récupère et les met dans un seau. WTF ? C’est quoi ce souk ? Heureusement, vu que du coup, je pose pas mal de questions aux officiels, une nana me propose de servir d’interprète en anglais, et tout s’explique. Ce matin, à l’aube, ils ouvrent ‘à la main’ deux nids. Des nids identifiés le jour de ponte, il y a deux mois. Il y a 4-5 jours, la plupart des tortues sont sorties, seules, de nuit. Elles ont été comptées. Aujourd’hui, celles qui restent n’ont plus aucune chance de s’en sortir seules. C’est donc une espèce d’éclosion par césarienne qu’ils effectuent, en sortant les œufs restants. Ils comptent les œufs clairs, les mort-nés, les œufs pourris (trop de pluie cette saison) et quelques mignonnes petites tortues qui attendaient juste qu’on leur dégage le passage pour sortir de leur trou. Mais pour aller nager, elles devront encore patienter un peu. Le jour, mauvaise marée, trop de prédateur. Ce soir, elles pourront partir, en même temps que d’autres qui sortiront naturellement.
Nous, comme on n’a pas de prédateur, on prend vite un petit déj’ au resto de la plage et on file se baigner une dernière fois, avant de prendre le chemin de la Cappadoce. Au départ, on embarque nos premiers stoppeurs, un couple de jeunes turcs backpackeurs. C’est juste pour une dizaine de kilomètres, puisqu’ils filent vers Féthiye, mais ça les met sur la nationale. Le temps de parler des meilleures choses à faire en Turquie : en 1er, (selon eux) du rafting je ne sais pas où, super parce que l’eau est froide. En second et en 3, je n’ai pas compris. En 4, la Cappadoce, ça tombe bien c’est là qu’on va. En 4.5, Konya, la capitale des derviches tourneurs, parce que je leur montre qu’on va d’abord là et en 5, Pamukkale (flemme de vérifier si ce n’est pas plutôt un m et 2 k…), ça c’est fait. On a encore le temps de parler de Décathlon. Bin oui, Décathlon, c’est la France et l’enseigne s’est super bien implantée en Turquie. Le burkini qui avait fait un scandale absurde chez nous à un succès de ouf ici. Mais nos auto-stoppeurs eux, sont plutôt tongues et serviettes microfibres. La Turquie, c’est un Islam ouvert et tolérant qu’on découvre, et du coup une très grande variété de tenues vestimentaires. Mais au final, pour tout le monde c’est Domyos et Quetchua. Des orteils au sac à dos. Et je réalise que c’est pareil pour moi : sandales, short-pantalon et même mon t-shirt customisé par Eliott venait de Décath.
On traverse maintenant Antalya. Karine nous jure avoir aperçu un panneau de limitation à 82 km/h. Oriana, qui a droit à son quart d’heure à la place du copilote confirme un peu plus tard, photo à l’appui.
Ah oui, puisque je suis déjà bien parti dans mes digressions, j’en profite pour préciser que le mot de passe du resto de Cirali, le Bilmigorum, c’est bilmigorum… A force de simplifier, on va finir par ne plus réussir à les trouver tout seul.
C’est reparti pour Louise Attaque sur l’auto-radio, après avoir eu le droit à un peu de BdA. On est dans un bon move.
18h 100km dans la montagne, le moteur se comporte bien. Nous sommes à 40 km de Seydisehir. Il fait froid. On s’arrête sur la route pour prendre un thé à un vendeur de miel. Ils ont toujours leur petit four devant leur étal. Un grand pour les maïs, un plus petit pour le thé. Forcément, à force de discuter (c’est un grand mot, parce qu’il ne parle que turc), on finit par goûter, négocier puis acheter un bocal de miel. On goûte aussi un truc super bon, que je regrette après coup de ne pas avoir acheté aussi. J’apprends plus tard dans la journée, en tombant par hasard sur une page du Routard, que c’est un breuvage typique des steppes d’Anatolie, une espèce de sirop à base de prunes et de raisins.
20h Une fois n’est pas coutume, nous sommes installés avant la nuit tombée. Ce soir, pas moyen d’échapper à la douche du coup. Super coin à nouveau déniché par les ‘Macax’ et signalé sur iOverlander. On est à quelques kilomètres de Konya, au cœur des steppes d’Anatolie. Et c’est beau ! Par contre, difficile à croire que ce matin encore, on fondait au soleil. Ici, ce soir, on se caille les miches. Eliott et Kyra sont sous notre couette dans la capucine et regardent un épisode de Tom Sawyer sur l’ordi, pendant que le repas se prépare.
Mardi 6 Aout
14h Matinée trainouille.
On contourne Konya, qui, pour ceux qui ne sont pas attentifs, est la capitale des derviches tourneurs. On ne s’y arrêtera pas parce que le spectacle (gratuit) n’a lieu que le samedi. Grosse ville de deux millions d’habitants, on préfère passer notre tour. On file donc en ligne droite, sur une très belle deux voies, encadrées par les plaines et dans le lointain, au nord à l’est et au sud, des montagnes jaunes. Nous sommes à 70 km du caravansérail de Sultanhani, avalant l’asphalte sur ce qui est probablement l’ancienne route de la soie. Sachant qu’il y avait un caravansérail tous les 35 km environ (distance journalière d’un chameau. On remercie encore le Routard pour ces petits détails), on devrait apercevoir des ruines dans le coin. Mais non, ce n’est pas si facile. Les grandes lignes droites, ça fait le bonheur de Kyra, qui a découvert hier que maintenant, elle pouvait lire en roulant, tant que ça ne tournait pas trop. Au risque de finir comme Eliott, qui lit parfois plus d’un livre par jour, mais n’aura pas vu grand-chose des paysages de Turquie.
16h Station essence, plein d’eau, et le thé offert. Comme on prend le temps de discuter un peu avec le jeune pompiste, on lui laisse une carte postale de la Tour Eiffel en souvenir.
Nous sommes maintenant passés à 2 repas par jour et à 16h30, c’est l’heure parfaite pour prendre le déjeuner-diner ! Nous sommes à Sultanhani. On ne s’arrête à aucun des 3 restos devant le caravansérail, trop proches des bus de touristes, mais on se contente de faire 150m, vers le village. Incroyable comme 150 tous petits mètres changent tout ! On entre dans un resto qui à première vue ressemble à un kebap basique, mais fréquenté par des locaux, et où les femmes sont voilées. A l’intérieur, un grand poster de la Mecque et des écritures arabes aux murs. On choisit nos plats et nos boissons. Ici on sert de l’ayran, mais pas de bière. Et on s’installe à l’étage. Le serveur, qui nous amène en plus des mezze, puis nos plats, puis des parts de pide offertes parce que c’est l’heure où le personnel mange et qu’ils veulent aussi nous faire goûter à leurs plats, puis des desserts genre flanc, puis le thé. Bref, le serveur, quand il vient nous déposer quelque chose à table, repart toujours en joignant les mains et en faisant un pas en marche arrière. Un service attentionné, un repas trop copieux et pour 120 TL à 5. Bref, le Suslu Lokantasi, un resto qu’on recommande ! Et pour le côté rigolo, à chaque fois qu’il quittait la table, on avait aussi droit à un ‘aufwiedersehen’. C’est comme ceux du resto de Cirali qui y allaient du ‘bon appettite’ quand ils passaient devant nous !
19h Changement de programme de dernière minute. A Aksaray, on réalise qu’on sera un peu juste pour être à Göreme avant la nuit. N’en déplaise à tous ceux qui nous appellent les Roule’nuit, ce soir, on n’a pas envie de s’échouer dans le noir, fusse même dans un camping. Du coup, quand on voit le panneau qui indique le site touristique de Güzelyurt, je dis banco. Ça me rappelle quelque chose, je crois que c’est là que nichent parfois des cigognes, en haut de cheminée de fée. Après consultation de mes notes et du Routard, il s’avère que ce n’est pas là, mais pas loin, dans la vallée d’Ihlara. On prend donc plutôt cette direction et je regarde sur iOverlander s’il n’y aurait pas quelques bivouacs qui nous y attendraient. Par acquis de conscience, je cherche aussi sur P4N. Bah tiens, en sortie de Selime, il y a un terrain vague qui a l’air pas mal. Et devinez quoi, c’est à 700m de Yaprakhisar, où se trouve les cigognes. On stoppe 5 minutes à Selime, béats devant nos premières maisons troglodytes puis on poursuit jusqu’au terrain. Là, il y a déjà un cc et on est accueilli par un ‘bonjour’. Un couple de retraités accompagnés d’un de leur fils. Le plus drôle, c’est que ceux sont eux qui ont ajouté le point sur P4N, il y a deux ans. Ceux sont des habitués de la Turquie, ça doit être quelque chose comme la 15ème fois qu’ils viennent. Le père adore les églises peintes de la - 2 secondes, je reviens… Sympa de prendre des notes dehors, mais je crois que je me suis installé sur une autoroute à fourmis géantes - églises peintes de la région donc. Ici, c’est le point de départ (ou d’arrivée) d’une rando de 12 km, de Selime à Ihlara, en passant par Belisirma à mi-chemin. D’ici, la 1ère partie est plus nature, puis de Belisirma à Ihlara, c’est plutôt pour y voir la quinzaine d’églises de la région. Bon, je doute que les enfants soient tentés par une rando d’une journée, mais ça a quand même l’air sympa.
Mercredi 7 Aout
Même pas 6h. Je me lève à cause du froid, qui déclenche chez moi un irrésistible appel à la nature (au boulot, on parle de pause technique, comme quoi le langage s’adapte au contexte). J’enchaine sur une promenade matinale (j’arrête de dire balade, car je ne m’en sors définitivement pas avec le nombre de ‘l’) et je vais jusqu’à la falaise pour revoir les maisons rupestres. Le soleil commence tout juste à les éclairer, c’est superbe. Sauf que trois chiens - des Bergers d’Anatolie, de gros balaises et qui jouent à domicile en plus - se mettent à aboyer et à me charger. J’attrape une pierre, je lève le bras. Ils comprennent, s’arrêtent et font même demi-tour. Sauf que je ne me sens pas de passer devant eux. Moi aussi, je fais demi-tour. Ils me suivent un moment, gardant plus ou moins leurs distances et rebroussant chemin à chaque fois que je me retourne et lève le bras. 1, 2, 3, soleil ! Je rentre et je me recouche au chaud dans la couette.
9h30 Petit déj à l’ombre de la rivière. Dommage qu’il y ait tant de déchets dans le coin. Ça mériterait une grande opération #clean4park mais j’avoue que devant l’ampleur de la tâche, je ne suis pas super chaud. Le pire, c’est qu’il y a trois énormes poubelles sur le terrain, mais elles sont renversées et c’est là que se trouve la plus grande concentration de déchets. C’est con, c’est juste le camion poubelle qui a décidé de ne plus passer les vider.
Oriana bouquine à côté de moi, mais la voilà face à un problème existentiel. Sa liseuse est tombée par terre et il y a de la terre collée à l’aimant, qu’elle n’arrive pas à enlever. Terre ferrugineuse. Je prends la peine de le signaler, parce que j’adore le mot ferrugineux. S’il y avait eu du sable saponaire, je l’aurais écrit aussi. Idem s’il venait à passer une déesse callipyge. Ou peut-être que je n’aurais rien dit. Mais j’aime le mot.
13h Appel à la prière. Appel d’une mosquée de Selime et quelques secondes plus tard, de celle de Yaprakhisar. On a la stéréo. Hier soir, dans le silence complet (soit juste avec les oiseaux en moins par rapport à maintenant), c’était vraiment surréaliste.
Nos voisins sont partis il y a une ou deux heures; il y a de fortes chances qu’on les retrouve au camping de Göreme. En attendant, j’ai discuté un peu ‘villes souterraines’ avec le gars. Moi, j’en avais identifié 4 ou 5. On compte en voir 2, dont une grande, touristique, probablement Derinkuyu et une autre plus petite, mais on ne savait pas laquelle. Lui nous en conseille une dont j’entends parler pour la première fois. Ça y est, on sort des blogs, des guides et des sentiers battus !
Après un petit tour à Yaprakhisar sur lequel je ne m’attarderai pas, on part en direction de Göreme. En fait si, je vais m’attarder sur Yaprakhisar. Soit on a raté un passage secret, soit c’est tout miteux. Pas vraiment de cheminées de fée et encore moins de cigognes (pourtant, elles devraient encore être là à s’occuper de leurs petits). C’est comme pour le panneau ‘Star Wars Site’ à l’entrée du village tout comme à Selime. C’est quoi ce délire, jamais entendu parler d’un tournage de Starwars en Turquie. Je checke direct sur le net (merci la sim locale pour cette instantanéité à lever les doutes) et c’est bien un mythe. Un jour, un gars a cru que le paysage correspondait au décor de Tatouine Episode I et ça s’est barré en sucette. Ceci dit, je dois dire que les maisons troglodytes dans les montagnes au loin, ça le fait bien quand même. Faudrait rappeler Georges pour lui dire qu’il peut peut-être s’y recoller ici.
Finalement, on ne va pas aller à Göreme direct (décidément), mais à Derinkuyu, puisque c’est sur la route.
16h30 On attaque la descente des 8 étages visitables (sur 10 connus) de la cité souterraine. Ça correspond à 30% de la surface déblayée, sachant qu’il en reste encore une bonne partie à découvrir. Il paraît même qu’il y aurait eu un tunnel reliant la cité de Kaymakli, à dix bornes de là. C’est juste dingue cette succession de pièces, de couloirs et conduits étriqués, et de trous. Les 3 enfants crapahutent dans tous les sens, trouvent des conduits non éclairés qu’on doit aller explorer avec eux à la lampe de poche, prennent des raccourcis, grimpent, sautent. C’est l’éclate. Parfois oppressant, surtout quand tu te retrouves coincé dans une pièce de 4 m2 avec 20 italiens qui braillent et se prennent en photos, mais, à partir de 17h30-18h, on se retrouve quasi tout seuls. Là, c’est le silence des entrailles de la terre. On n’en ressort qu’à 19h. Sacrée expérience qui pour une fois a vraiment conquis les enfants à 100%. Une fois dehors, on s’offre trois gözlemes faites devant nous. Il était temps, parce que ce midi, on avait juste mangé 3 chips en roulant.
Après avoir fait des mini-courses à la mini-superette du coin, on repart vers Göreme (encore !). Il commence à faire nuit. Plutôt que d’aller se planter au camping dans le noir (ce n’était pas déjà le risque hier ?), on opte pour un bivouac sauvage et on s’installe sur les hauteurs de Göreme. C’est une aire panoramique, mais pour la vue, faudra attendre demain, parce que les bords de la falaise sont occupés par 2 cc et une dizaine de voitures. On s’installe en retrait, on mange une salade et au lit.
Jeudi 8 Aout
5h20 Le soleil se lève. Je jette un coup d’oeil par la fenêtre de la capucine : ça a l’air joli. Alors je saute dans mes fringues et attrape l’appareil photo, pour gagner le bord de la falaise. Là, c’est waouh ! au premier plan, la Vallée des pigeons (ou des pigeonniers), avec effectivement quelques pigeons à 10m de moi en contrebas, et de belles cheminées de fée. Au second plan, les lumières de Göreme, dans la vallée. Et oui, voilà le premier feu de montgolfière qui s’allume. Je la vois prendre son envol, en même temps que le soleil se lève, avec les montagnes en fond. Le lever du soleil en lui-même n’est pas top, parce que l’astre tarde à émerger de derrière la barre de montagnes et du coup, il est déjà haut lorsqu’il éclaire la vallée. Mais voir toutes ces montgolfières monter progressivement, c’est top.
J’en ai compté plus de 50. Environ une heure plus tard, elles viennent se poser pas loin de nous. D’ailleurs notre espace se trouve bientôt envahi par une tonne de véhicules avec remorque et par des taxis et des dolmus qui viennent récupérer les passagers. On voit donc les montgolfières évoluer à quelques mètres de nous, et franchement, c’est flippant. Rien à voir avec les règles de sécurité draconnières (ça existe ?) qu’on a au Mondial de ballons de Chamblay. Ici, c’est Turquie No Problem. Elles se touchent (se percutent ?), évoluent au ras du sol et des cheminées…
7h20 La foule a quitté la place. Le ronflement incessant des montgolfières s’est tu. Eliott et Karine peuvent se rendormir (ils regardaient depuis leur ‘chambre’), Kyra et Oriana peuvent mieux dormir. Dehors, il ne reste plus qu’un van et un cc (français). Moi je vais faire un petit tour, pour admirer depuis les hauteurs les Vallée Blanche et Vallée des Pigeons.
9h30 Je réveille celle qui dort encore. Grave erreur, mais bon, c’est fait, c’est fait. Déjeuner et planning de la journée : grosses courses au Migros MM (ça monte jusqu’à 5M) de Nevséhir puis 2 options : rando de Uchisar à Göreme après avoir monté les 230 marches du Kale, ou visite d’Avanos et cérémonie de derviches tourneurs à 18h. C’est l’option 2 qui gagne, au nombre de marches je crois.
Mais avant de partir, un petit coucou au camping-car français : il s’agit de la famille déjà croisé à Pamucak !
Après les courses, on se pose donc sur un immense parking à Avanos, juste avant le pont qui mène à la vieille ville. Problème, une fois le repas fini, il est 16h30 (on a définitivement abandonné tout concept d’horaires pour les repas). Ça ne nous laisse pas le temps de visiter la ville et d’aller au caravansérail pour la cérémonie, à 6km de là. Puisque qu’on est ici, on se balade dans la vieille ville, coup de cœur du Routard et on passera juste au caravansérail pour prendre des infos. Promenade agréable à travers les ruelles en pente et sinueuses, puis en longeant le fleuve rouge (qui ne l’est pas), le plus long fleuve de Turquie (1150 km).
On se laisse tenter par une glace turque, et on a à nouveau droit à quelques tours de passe-passe avec les cornets, mais rien à voir avec le show de Pamukkale. Là-bas, c’était le Tom Cruise de la préparation des glaces (pour les lecteurs qui ne seraient pas de ma génération, se référer à ‘Cocktail’). Ambiance détente. Par contre, le Routard parlait de maisons semi-troglodytes… Bon, on n’est pas rentré chez les gens, mais ça ressemble plutôt à des maisons quart-troglodytes, voire même huitième-troglodytes. Pas plus. Des maisons à flanc de colline quoi.
A 19h30, nous sommes au Saruhan Caravansérail. Bon, déjà, il est magnifique (visite 5TL, mais forcément inclus lorsqu’on vient au spectacle). Construit au XIIIème siècle par un souverain seldjoukide, il est tombé progressivement en ruines et a été entièrement restauré depuis (je ne sais pas quand). Aux murs, on peut voir quelques photos des ruines et mesurer le travail remarquable de restauration. Franchement super. La nuit tombée, l’éclairage est magnifique, et de jour, sa construction carrée avec ses murs hauts fait qu’il y a presque toujours de l’ombre à l’intérieur. C’était pareil avec le précédent que nous avions visité. Moi j’adore. En plus, dans celui-ci il y a une légère odeur d’encens ou d’épice, et des sofas dans les alvéoles autour de la cour. Top. Et la partie couverte est aménagée pour la cérémonie des derviches tourneurs.
La bonne nouvelle, c’est que la séance de 21h aura lieu (c’est selon l’affluence. On dit merci au groupe d’italiens qui avait réservé). Du coup, on attend tranquillement dans notre cc, pendant que Karine prépare le repas pour plus tard. Un jeune couple de français vient frapper à la porte. On convient de les redéposer à Avanos après la cérémonie.
Nous voilà dans la salle, avec une scène carrée d’environ 20m2. Il y a des gradins sur trois des côtés. 5 ou 6 rangées donc à la louche 150 places. On est 30. Les italiens et 9 français. La cérémonie peut commencer. Ce qui est cool, c’est qu’ils nous avaient distribué un dépliant en français avec les explications concernant le rituel. Les 4 danseurs et leur maitre prennent place, ainsi que les 3 musiciens-chanteurs (flûte, genre de harpe et tam-tam).
Nous avons ensuite :
- l’éloge au prophète et à tous les prophètes, suivi d’un coup de tambour
- le prélude au roseau, le souffle de Dieu
- 3 marches rythmiques circulaires (j’avoue, je suis en train de paraphraser le fascicule)
- les 4 saluts (et donc danses)
- la récitation d’un verset du Coran par le maître
- la prière au Prophète.
Ce n’est pas un spectacle, c’est une cérémonie. Et même si ça reste un peu long pour un profane, à en donner le tournis, ça reste quand même une expérience mystique. A voir une fois. Ensuite, le maitre et un de ses disciples partent et on nous annonce que l’on peut prendre des photos. Nouvelle séance de tournicotis en musique, juste pour le show cette fois.
Ensuite, nous sommes invités à déguster un verre de serbet (en genre de thé à la cannelle) et à assister à un magnifique spectacle de son et lumière de 10 min. Toute l’histoire de la Cappadoce, d’Avanos et du caravansérail défile sur un mur. Juste en image et en musique. Pas besoin de mot, on comprend tout, c’est très très bien fait. Le Routard annonçait le prix de 70TL et disait de la cérémonie ‘si votre budget vous le permet, cela vaut la peine, d’autant que c’est un des rares endroits en Turquie où l’on peut encore assister à ce genre de cérémonie’ (à ma connaissance, il y a aussi Istanbul, Konya et Bursa). Maintenant, le tarif est de 155 TL (25€) par adulte, 1/2 prix pour les moins de 12 ans. Mais cela vaut toujours la peine. Pour le côté intimiste de la cérémonie, et pour le cadre où cela a lieu.
Nous ramenons ensuite le couple de français à Avanos. En 10 min, ils en sauront beaucoup plus sur nous que nous sur eux. Mais je sais qu’elle est ingénieure agronome, lui travaille pour une appli qui analyse les fréquentations des bibliothèques, et que pour l’instant, ils ont visité le nord et beaucoup aimé la capitale hittite. Je suggère à demi-mots qu’on dorme sur le parking d’Avanos, mais je n’ai pas dû être assez clair. C’est comme pour les maisons semi-troglodytes. Là, j’ai dû parler à quart-de-mots ou huitième-de-mots… Bref, je propose un autre lieu sensé être au calme, à 8 km de là, sauf qu’une fois sur place, de nuit, ça n’a pas l’air si évident : chemin en pente, gravier… Du coup, on continue jusqu’à Urgup, village à l’apparence animée et festive. On se gare sur un petit parking, on mange nos pâtes et des ersatz de knacckis, qui gonflent énormément, explosent toutes dans l’eau et prennent une couleur rose délavée pas très glop. En fait, on n’est pas vraiment bien là. Allez hop, 13 km dans l’autre sens mais ouf, on est quand même mieux sur le grand parking d’Avanos !
Vendredi 9 Aout
9h Un peu bruyant cette nuit, on aurait dit que des camions passaient pour faire des travaux. Pourtant, on avait pris soin de ne pas se mettre en bordure de la route comme les trois autres voitures, mais plutôt tout au fond. Je sors la tête dehors et je réalise avec stupéfaction qu’on est maintenant en plein milieu d’une grande rangée de camionnettes. Et en plus, on leur est perpendiculaire. Il est temps qu’on aille au camping de Göreme, ça devient vraiment n’importe quoi nos bivouacs (mais j’ajoute quand même ce point sur iOverlander, parce qu’en vrai, il n’est pas si mal).
9h30 Ahah, je suis sorti prendre une photo de notre camping-car garé dans le mauvais sens et un gardien m’est tombé dessus. Finalement, c’est 5 TL pour la nuit et la matinée, et j’ai tant bien que mal réussi à lui expliquer en allemand (n’en déplaise à celle qui m’avait collé un 5 au Bac) qu’on allait se mettre dans le bon sens, mais que pour l’instant la famille dormait (et que je n’allais pas faire deux fois de suite l’erreur de les réveiller)
13h 1h30 qu’on est posé au camping Kaya, à 2,5 km de Göreme, après avoir traversé la ville et monté une pente de ouf, pavée et glissante, avec un virage en épingle à cheveux. Des 3 campings, c’est le plus accessibles aux camping-car, mais surtout, c’est le top. A l’unanimité après consultation des avis du Routard, de iOverlander et de P4N. Et lorsque les voyageurs sur 4 roues ou plus sont unanimes, y’a pas photo. Vrai emplacement délimité, sanitaires propres et même pas à la turque, douches chaudes, petite piscine et mini-magasin avec un frigo rempli de bières fraiches. Ça va le faire. Prix affichés à la réception, puis négociés. 150 TL la nuit. Ça reste plus cher et techniquement moins bien qu’à Pamukkale, encore que les douches et sanitaires soient bien mieux, mais ici, c’est Göreme, Cappadoce, cheminées de fée et tutti quanti. Et puis l’ambiance détente et le calme, sur les hauteurs, c’est vraiment agréable.
On y retrouve les français rencontrés à Selime. On doit être 5 ou 6 familles, français, italiens et turques, pour une cinquantaine d’emplacements environ. Ça va, on ne va pas se marcher dessus.
Le frigo a redécouvert avec stupeur qu’il pouvait aussi marcher à l’électricité. Pour ça, faut quand même que je fasse mon Mc Giver et que je vire les languettes plastiques de merde d’un des adaptateurs que j’avais pensé à prendre, pour l’ajouter à notre rallonge électrique de camping-car. Pour ce qui est des adaptateurs électriques et de ceux des tuyaux d’eau, je suis équipé. Par contre, je n’arrive toujours pas à savoir si le truc qui se trouve près du pot d’échappement, c’est un filtre à particule ou pas. Père Noël, ajoute moi un stage de mécanique dans mes chaussettes, please.
Bon, j’écris, j’écris, mais pendant ce temps, Oriana est en train de défoncer notre sachet de graines de tournesol. Ici, c’est une institution aussi. Elles ne sont d’ailleurs pas comme chez nous, mais plus fines et plus allongées. Mais c’est bon quand même.
Samedi 10 Aout
Hier c’était journée vacances complètes. Transat, une petite partie de Quirkle et on a même eu du mal à se bouger pour aller jusqu’à la piscine. Le camping idéal pour la farniente, avec une belle vue sur la vallée de Meskendir et sur Göreme (à supposer qu’on accepte de se lever des transats pour regarder).
Ce matin, réveil à 6h15 au bruit léger du gaz dans une montgolfière. Il y a deux jours, on les avait au nord de Göreme, aujourd’hui, on est au sud, mais le vent a tourné et les voilà à nouveau au-dessus de nos têtes. Je pars en promenade voir où elles vont, et je m’arrête en chemin, à un ranch de dromadaire. C’est celui de çemal. Ça se prononce ‘chémal’. Je trouve ça trop drôle que le propriétaire de camel s’appelle chémal. Bref, je me fais offrir le thé par un de ses guides, Alp, chamelier l’été, prof de sport le reste de l’année. Il a été tout surpris quand je lui ai demandé ‘Ne kadar çai ?’ (c’est combien le thé). ‘It’s free my friend’. De discussion en discussion, on commence à négocier le prix d’un tour en chameau. Ça me semble une bonne option pour parcourir une partie de la Red Valley, et on convient que je repasserai plus tard pour convenir d’une date et d’une heure.
Au retour au camping, Eliott émerge, puis Kyra. L’avantage d’être posés pour quelques jours, c’est qu’on peut squatter dehors sans réveiller tout le monde. Quand Oriana émerge à son tour, on apprend avec stupéfaction qu’elle s’est déjà levé une première fois pour voir les montgolfières, pendant que j’étais en ballade. La marmotte est sortie à l’aube, elle n’a pas eu peur de son ombre. C’est quoi la suite ? L’été sera agréable ? Sinon, on est bien parti pour faire une journée de vacances vacances comme hier. Avec juste deux lessives, une partie de palets (le truc genre pétanque) et peut-être trois courses à Ortahisar, si on veut survivre demain. Car demain, c’est Kurban Bayrami, c’est à dire l’Aïd el kebir, la fête du sacrifice du mouton, et tous les magasins risquent d’être fermés.
… Au final, je suis parti seul à pied faire les courses, soit 2 km dans un sens et fort logiquement, 2 km dans l’autre au retour. J’ai trouvé Ortahisar tout pourri, et son rocher tout pourri aussi. Sur ce coup-là, je ne suis pas du tout d’accord avec le Routard : ’ ce charmant village est dominé par un impressionnant piton rocheux percé de cavités et d’habitations rupestres, qui lui vaut son nom de forteresse du Milieu’. Tolkien peut se retourner dans sa tombe. Un peu plus tard, je discutais avec Jacques, de la famille française rencontrée à Selime et quand je lui ai dit que je revenais du village, il m’a répondu : ‘Ah, moi j’aime pas trop Ortahisar’. Ok, ce n’est donc pas moi qui déconne.
Dimanche 11 Aout
Levé pas trop tard pour le tour à dos de dromadaire. Alp passe nous chercher au camping, ce qui nous évite de faire 700m à pied et on déguste un thé sur place en attendant les dromadaires et une couple d’espagnols qui doivent partir avec nous. Promenade sympa plus pour l’expérience sur un camélidé que pour la vue, vu que l’on reste sur les crêtes et qu’on connait déjà le paysage. Arrive le moment de la pause photo, au bout de 30m. L’espagnole a bien dû passer 20 minutes à se faire prendre en photos sous tous les angles, avec sa robe-short mini et ses demi-santiags noires et blanches. A critiquer le guide (en espagnol mais Oriana était là pour tout nous répéter) parce qu’il ne prenait pas les photos comme elle voulait (‘en vertical il devrait les prendre. Oh là là, il n’est même pas en mode portrait’…) Le point culminant de l’attraction, ce n’est même pas quand elle a demandé s’il pouvait la prendre en train de ‘kiss. kiss camel. Ok ?’, mais quand elle s’est mise debout dessus. Genre le spectacle équestre artistique. Un vrai cirque.
L’après-midi, nous sommes allés au Musée plein air de Göreme, à pied, vu que c’est à genre 1,5 km et qu’il y a la big route en pente pas faite pour le camping-car. Celle-là, quand j’ai raconté à un français habitué du camping qu’on l’avait prise en venant, il s’est marré et a dit ‘ah, ça doit bien faire 15 ans que je l’ai pas prise. Ça remonte à la 1ère fois que je suis venu en fait’. Musée de Göreme donc, payant (54 TL), un peu de monde malgré que ce soit en fin d’aprèm et plein d’églises rupestres, d’époques et donc de types différents. C’est assez petit comme espace, elles sont toutes concentrées au même endroit. On se demande bien ce qu’ils pouvaient bien leur passer par la tête, pour construire toutes ces églises au même endroit. Mais quand même, beau boulot. A part ça, ça ne vaut le coup que si tu es fan d’églises creusées dans la roche. Comme les collectionneurs. Voir celle avec St Georges et le dragon, celle avec des croix rouges, celle avec St Bidule à poils qu’on le croirait hermaphrodite (ou intersexe ?), mais en fait non, c’est juste la manière de dessiner les mecs musclés de l’époque, etc… Sinon, autant en voir quelques-unes à gauche à droite, il y en a un peu partout, en accès libre.
Retour au camping. A la sortie du musée, c’est l’émotion collective : un grand bus est resté coincé dans le virage de la route de la mort. Son cul est posé au sol, les roues arrières dans le vide. Ca n’empêche pas la circulation de continuer, pour les dolmus et voitures, ça n’ajoute qu’un peu plus de bordel. Turkey no problem !
Le camping quant à lui se remplit un petit peu, principalement par des turcs venus profiter de leurs quatre jours fériés.
Lundi 12 Aout
Deux soirs de tempête avec beaucoup de vent. Deux matins sans montgolfière. Moi je suis quand même ready à 7h pour une marche en solo. Vallée de Meskendir (Güllüdere II pour être précis), du sud au nord, avec un petit aperçu de Rose Valley puis retour sur Göreme en coupant par les crêtes et finir, parce qu’il faut bien rentrer, par 2 km le long de la route qui passe par le musée et le passage de la mort.
C’était juste magnifique.
Faudra qu’on le refasse en famille, parce que ça pourrait bien être la plus belle promenade que j’ai faite de ma vie. Encadré de parts et d’autres par les falaises, un panorama superbe, un petit chemin très tranquille dans la gorge, verdoyante, quelques tunnels d’une vingtaine de mètres, des maisons troglodytes en veux-tu en-voilà (si un jour je découvre que troglodyte s’écrit avec un ‘i’, je suis mal), des églises rupestres (mais je n’ai fait la grimpette que pour une seule) et surtout l’impression d’être seul au monde.
Retour à l’heure du réveil des plus trainard(e)s puis courses à Nevsehir au Migros (le seul rencontré pour l’instant sans alcool. Même pas une bière…), descendage vite fait d’une Carte d’Or 3 parfums avant que ça fonde et nous voilà à Pasabagli, au nord de Göreme. Là, on n’a pas encore coupé le moteur que deux russes, Helen et Helen, nous supplient de les laisser monter visiter le camping-car. Puis on peut attaquer la visite. Quelques boutiques à l’entrée, puis le site, gratuit, plus ou moins aménagé, des chemins de graviers permettent de voir à peu près toutes les cheminées de fée. Et il y en a beaucoup, et elles sont très belles. Court, pas de petit trail ou circuit à faire, mais c’est encore un lieu à ne pas rater. A noter, tout de suite à droite de l’entrée, une maison avec un premier étage à quoi ? 10 mètres ? L’accès se fait par un escalier, presque vertical au début, puis complètement vertical ensuite, un conduit avec juste des creux pour y glisser mains et pieds et monter, en s’appuyant le dos comme doit le faire le Père Noël dans les cheminées. On y est monté avec Oriana, mais on a laissé l’ascension du 2ème étage, du même style à de plus Audacieux que nous. Déjà, on avait fait l’attraction tous les visiteurs restés en bas.
La nuit est tombée, on retourne au camping et le cc nous fait un nouveau petit caprice : j’allume l’éclaire extérieur et tout disjoncte. Non, pas tout, ça serait trop simple. Juste tout l’éclairage, sensé pourtant être réparti sur 4 fusibles différents. La pompe pour l’eau marche. Le frigo aussi. Bref, après 15 minutes à essayer 100 000 combinaisons de fils, je sors notre lampe autonome (heureusement, elle était chargée, car elle ne fonctionne qu’une fois sa batterie chargée, le truc vraiment ballot, branchée elle se contente de charger. Note perso pour le prochain voyage : penser aussi à prendre la grosse baladeuse).
Mardi 13 Aout
Les magasins de souvenirs de Pasabagi ouvrent vers 8h. C’est le truc à savoir si comme moi vous avez une fille ainée qui oublie son téléphone dans une cabine d’essayage la veille au soir. Du coup, taxi tôt du camping au site. Les 8 kms les plus cher du monde : 8€. Mais je n’étais même pas dans l’état d’esprit de négocier. Une fois sur place, le vendeur m’aperçoit et me dit ‘ah, vous venez pour le téléphone vous !’ Ouf, pas perdu !
Ensuite, je prends l’option je rentre à pied. En théorie, 6,7 km à travers les vallées. Avec Maps.me, je me prépare un bel itinéraire qui me fait passer par la Vallée des Moines, puis la Red Valley et la Rose Valley, avant de terminer par un bout de Güllüdere. Ça c’est la théorie. Dans la pratique, malgré maps.me, je rate le 1er embranchement, j’ai la flemme de faire demi-tour, je pousse jusqu’à Cavusin, charmant village avec 4 magasins de souvenirs plus sympas qu’ailleurs et 3 pensions. Ensuite, j’ai longtemps hésité à faire le détour pour les Red et Rose Valley, pour voir les églises, mais je ne voulais pas arriver 1h après le petit déj, surtout que c’est moi qui suis sensé le préparer. Alors je prends au plus court, soit pour l’essentiel le chemin que j’avais pris la veille, mais dans l’autre sens. Et là, ça monte là où ça descendait. Et autant je n’avais pas trouvé les descentes trop raides, autant les montées, c’est pas la même histoire. D’ailleurs, maps.me annonçait 2h pour le retour là où il annonçait 1h dans l’autre sens. J’arrive à 10h, les autres se lève tout juste. Ok, je prépare le petit déj’.
Re-journée repos au camp de base. Parties de Coloretto, Saboteur, puis piscine et pour ma part petite bière du soir. 33° aujourd’hui, soit 5 de plus qu’hier et 5 de moins que demain. La chaleur nous rattrape même si ce n’est pas sensé durer. Aucun vent, les montgolfières étaient de sortie ce matin mais ont fait du surplace au-dessus de Göreme.
On avait envisagé de reprendre la route demain, mais je crois qu’on a tous envie de finir le séjour ici, et ne pas faire d’étape ‘visite’ sur le retour entre ici et Istanbul (où on voudrait encore passer une journée)…
Mercredi 14 Aout
Pour ne pas avoir à subir les 38° annoncés aujourd’hui, on décide d’aller explorer une cité souterraine. Finalement, ça ne sera pas une petite comme envisagée au départ, mais la plus grande, Kaymakli. Seulement 4 niveaux visitables, alors que Derinkuyu en avait 8, mais quelle découverte ! On avait adoré Derinkuyu, on a préféré Kaymakli. Un vrai gruyère. Ça part dans tous sens et très rapidement, on ne sait plus à quel niveau on est. On y est entré un peu après 16h et c’est le gardien qui a dû nous en chasser, un peu après 19h ! Il a même été nécessaire de fixer des limites, du genre ‘interdit d’avancer dans des conduits non éclairés où il faut ramper’. Les enfants (y compris la grande de 16 ans) étaient dingues.
Retour au camping pour une probable dernière nuit… Ah, on est envahi par les russes. Une bonne dizaine de familles en 4X4, probablement un club. Certains ont des tentes de toit, d’autres sont en tente. C’est bruyant les russes !
Jeudi 15 Aout
Deux ou trois trucs sur la journée d’hier, carrément pas importants et complètement futiles, mais vu que c’est mon carnet de route, je fais ce que je veux. Donc :
- l’éclairage a refait des siennes. On a passé une partie de la soirée sur la lampe portable de secours
- les russes s’habillent aussi en Décathlon, de la tête aux pieds, tentes, tables et chaises comprises
- le gouvernement turc a bloqué l’accès à Wikipédia depuis 2017. Au début, je pensais à un souci de gestion d’url sur mon smartphone mais pas du tout. Après une petite recherche sur Google, v’là l’info. Soit-disant à cause d’une campagne de dénigrement du pays par le site. Ah ah…
15h On part, après avoir subi la 1ère courte averse des vacances. Comme Karine bave devant un bon café depuis des jours (c’est vrai que même si la cafetière italienne marche presque tous les jours, le café finit une fois sur deux bouillu, vu que c’est moi qui gère), je propose qu’on fasse le détour par Avanos, où on avait vu un Starbuck (oui, par bon café, c’est selon le référentiel du moment). Les enfants sont à fond, vu qu’on n’a pas encore mangé et qu’on avait aussi vu un Mc Do (on a pas dû en croiser plus de deux ou trois en Turquie). On part, à nouveau sous la pluie. Mais très rapidement, c’est le déluge. Arrivés sur le grand parking d’Avanos, tout est inondé. Inenvisageable de sortir par ce temps. Crise et larmes dans le cc, mais pas le choix. On reprend la route, vers Nevsehir. Le temps qu’on y arrive, le soleil est revenu. On stoppe près d’un resto au look un peu fast-food où Karine, qui a l’oeil pour ça, a repéré plusieurs familles entrer. On prend un mix de viandes pour 5. Pendant qu’on attend le plat, on voit les familles se faire servir des plateaux de 2 mètres de pizzas ! Flûte, on n’a pas pris le bon plat ! Finalement, on nous sert un immense plateau de différentes viandes et c’est délicieux. Certainement bien meilleur que les pide, mais l’addition sera aussi beaucoup plus salée. Et bien finalement non. Très bonne adresse, ambiance Annet’s Dinner, et pas très cher (6€ par personne pourboire compris, là où en France on aurait payé quelque chose comme 25-30€ pp pour autant de viande). Pour info, c’est le ‘Konyali Dervis Usta’, à l’entrée de Nevsehir quand on vient de l’est (et donc inutile de préciser mais j’aime bien le faire, à la sortie de la ville, quand on vient de l’ouest).
Quelques courses vite fait et on reprend la route pour de vrai. Même si on n’ira pas loin ce soir, ce sera toujours ça de fait. On peut déjà commencer par reprendre les paris sur le nombre de kilomètres avant de croiser une voiture de police en carton planquée sur le bord de la route. C’est la méthode préventive et dissuasive turque ça. C’est assez marrant, sauf si tu prends l’habitude de foncer et que tu tombes finalement sur une vraie !
Et puisque j’évoquais à l’instant les courses, ça fait un moment que j’essaie de la caser, alors, voici notre liste de courses. Depuis un mois, nous n’achetons rien d’autre que ça :
- tomates, petits concombres (souvent acheté sur la route)
- viande hachée ou boulettes kofte
- œufs (les blancs, même s’ils sont moins bons)
- fruits (en général achetés sur la route)
- yaourts
- AYRAN (en quantité déraisonnable)
- LABNE, le Philadelphia local, qui part très vite au petit déj.
- Piliç füme (genre de jambon fumé, comme son nom l’indique). Ça part très vite au petit déj aussi ça.
- fromage (diverses tentatives pas très concluantes)
- biscottes salées et pain (nombreuses tentatives pas concluantes non plus, mais quelques réussites aussi, comme le pain aux oignons ou celui aux graines de courge)
- Pringles et Doritos (pour les ‘repas’ du midi en roulant !)
- gros bidons d’eau et parfois coca zéro
Voilà ce que s’appelle un régime équilibré. Sans oublier quelques extras : miel d’Anatolie, loukoums d’Istanbul… et bières pour moi.
Et on avait aussi en stock au départ : quelques conserves épuisées dès la 1ère semaine, plein de pâtes (mais on a dû refaire le stock), des pom’potes, un sachet de café (plus qu’une ou deux fois avant de voir le fond. Argh) et tout le classique sel sucre thé huile vinaigre et compagnie.
Vendredi 16 Aout
On longe le lac Tüz, immense lac d’eau salée. Ses abords, asséchés, sont plus blanc que blanc. A en remettre le sketch de Coluche à la mode. Puis vient le rose et enfin dans le lointain, le bleu de l’eau. Très proche de la Laguna Colorada dans le Sud-Lipez en Bolivie, ou, plus proche de nous, du lac d’Aigues-Mortes, en France. Ah, il y a un endroit où on peut s’arrêter, pour marcher sur le lac asséché. Il y a foule de touristes. Bizarre qu’on en ait jamais entendu parler. Pour le coup, là, ça ressemble à Bad Water, à Death Valley, mais en plus grand. Ou au Salar d’Uyuni, en Bolivie, mais en beaucoup plus petit. Sympa. On y goute le sel, prend quelques photos et on repart.
(je craque aussi pour cette photo, c’est mon côté ‘Into the wild’)
Ah oui, hier, j’ai oublié d’évoquer notre échange avec l’organisateur russes des tours en 4x4. Il organise des convois toute l’année, une sorte de voyage organisé ou chacun a son propre 4x4 perso. L’hiver, ils traversent les grands lacs gelés de Russie. Il est aussi déjà parti un peu partout en Asie, dont au Népal, et a fait quelques coins en Afrique. Là, en Cappadoce, il était au point le plus à l’ouest de son périple de 20j, alors que nous, on se trouvait le plus à l’est du notre. J’ai gardé son contact, vu qu’ils envisagent bientôt d’organiser des convois pour la Russie avec des camping-car. Ça pourrait être un bon moyen de traverser le pays…
On traverse Sereflikoçhisar. J’adore le nom.
14h On contourne Ankara par son périphérique sud-ouest les doigts dans le nez. Vraie grosse belle autoroute à 4 voies. Impressionnantes cités dortoirs de banlieue aussi. Des barres d’immeubles et des villages de schtroumpfs avec de très beaux pavillons à 2 étages, tous identiques. Et le quasi désert autour.
20h Arrêt sur une aire d’autoroute à 120km d’Istanbul. C’est les bouchons, alors autant y faire la pause repas. Surtout qu’il y a un Burger King et un Starbuck !
Samedi 17 Aout
On était parti pour dormir sur l’aire d’autoroute blindée, vu qu’à minuit, ça ne roulait toujours pas, mais finalement, à 1h20, on reprend la route, vu que ça s’est dégagé. Ça nous évitera les bouchons le lendemain !
3h10 précisément, nous revoilà sur notre petit parking chéri d’Istanbul, après s’être tapé une bonne tranche de rire en entrant dans la ville : 5min après avoir dû changer de voie à cause d’une énorme poubelle au milieu de la route, nous voilà derrière une autre poubelle, mais qui avance ! En fait, il s’agissait d’un gars à pied, qui récupère dans son tuktuk-poubelle tous les déchets plastiques qu’il peut trouver.
6h30, je passe à la station essence, pour acheter des extras au petit déj. Longue discussion en anglais avec les deux pompistes. Sur la Turquie, la France, la politique, nos dirigeants… L’un des deux explique beaucoup aimer la France, mais celle de Voltaïr. Il m’a fallu un moment. Voltaïr ? Voltaïr ?.. Mais si, un philosophe… oh pinaise ! Voltaire ! Donc, il aime la France de Voltaire. Mais pas celle de Macronne. Macronne c’est… furtif coup d’oeil à gauche et à droite… c’est comme Erdogan me dit-il. Il ne les aime pas. C’est comme Saddam Hussein. Bon, perso, j’y mettrai quand même quelques nuances, quelques variations dans l’échelle de mesure, histoire de pouvoir aussi y ajouter Trump, Poutine et Kim Jong-un (à ne pas confondre avec Qui-Gon Jin, lui, c’est un gentil Jedi). Mais sur l’idée de base du concept, je souscris. Monarque, despote, dictateur… Question de degré.
Entre 11h et 15h, on est coincé dans le cc, à cause d’un gros orage. C’est le moment de sortir un jeu de société, et c’est ‘6 qui prend’ l’heureux élu du jour. Puis, les enfants s’occupent des chattes et chatons qui s’étaient réfugiés sous le camping-car, pendant l’averse. Apparemment, la roue de secours fait une bonne chatière, quand le parking est sous l’eau. On finit par sortir sous une petite pluie, en quête de la crème des loukoums d’Istanbul, ceux du magasin Ali Muhiddin Haci Bekir près du pont de Galata. C’est en cherchant sur internet une bonne adresse que j’ai découvert que c’était la boutique des descendants de l’inventeur du loukoum, celui dont la famille est devenue pâtissier des sultans de génération en génération. Bref, ça devrait être bon.
On prend donc le tram, depuis la mosquée bleue, pour 3 arrêts qu’on connait maintenant par cœur et on passe d’abord par une boutique de baklavas et autres sucreries, dans la même rue que les loukoums. Là encore, ça semble être une référence, avec des plaques de 1er prix du pays aux murs. On achète juste de quoi se régaler en marchant les 100m qui nous séparent des loukoums. Là, on se pose dans le petit salon de thé pour goûter au thé au tamarin. Ça fait partie de leur incontournable, d’après les avis sur Google. Effectivement très bon, mais on sait qu’il ne faut pas abuser du tamarin, aux propriétés… anti-constipation. Méfiance et prudence donc. Côté loukoum, c’est le ‘double rôti’ qu’il faut goûter (traduction de Google !). On repasse ensuite par la boutique de baklavas et on en reprend un peu, toujours juste pour la route… Puis, pour le plaisir, on s’offre une nouvelle traversée du pont de Galata. A quelques pas de là, les pompiers sont en pleine intervention sous un tunnel complètement inondé. L’eau est montée jusqu’à hauteur d’un panneau routier ! On retrouve le petit coin avec les abris pour chats, et des gens occupés à tout nettoyer, poser des couvertures sèches dans leurs abris… Les chatons qu’on n’avait pas vu depuis un mois ont bien grandi. Puis on retourne au kebap qu’on avait adoré, qui faisait de l’ayran maison et là, on trouve finalement leurs wraps plutôt banals. On profite de leur télé pour se mettre à jour sur les actualités. Rien sur l’Amazonie en feu, mais ils ont déjà suffisamment à s’occuper avec les dégâts de l’orage à Istanbul. Wouah, on n’avait pas réalisé l’ampleur du désastre, alors qu’on est sur place !
Dimanche 18 Aout
Je fais connaissance avec notre voisin de bivouac. Ara Khatchadourian, un coureur marseillais d’origine arménienne connu pour avoir fait l’Everest et de très longues distances en Europe, ‘pour la paix’. Là, il ramène son cc en France.
On quitte Istanbul en début d’après-midi.
A 18h30, on quitte la Turquie. Le compteur annonce 138550 km. La sortie se fait en 2 minutes. Je change les lires qu’ils nous restent, puis on passe la zone de ‘désinfection’ à 3€ (ah ah !) et nous voilà dans la file d’attente pour entrer en Bulgarie. Une vingtaine de voiture sur notre file, soit 1h30 d’attente, dont 28 minutes, à 2 voitures de notre tour, à attendre on ne sait pas quoi. Plus personne n’avance sur aucune des huit files. La relève ? Panne d’internet ? Pause thé ?
] … suivent 4 jours de récit qui ne concernent pas directement la Turquie, mais notre trajet de retour, en traversant successivement la Bulgarie, la Serbie, la Croatie, la Slovénie, l’Autriche et l’Allemagne. Ce récit est également disponible sur mon site… [
Jeudi 22 Aout
21h 140 530 km au compteur et nous voilà en France.
Et on boucle la boucle environ deux heures plus tard par un arrêt à Hannonville-sous-les-côtes où on dort dans le dur, dans la maison de famille. Trop tard pour manger les délicieuses pizzas du jeudi soir au camion, mais en ce qui me concerne, tout va bien, j’ai une bière de Munich achetée à une station essence de Munich justement. Rien besoin de plus.
Vendredi 23 Aout
Petit tour au cc au réveil : tiens, le frigo est dans le rouge ! Là, on finit vraiment comme on a commencé. Trop chaud, trop froid, il n’est jamais content ce frigo.
Samedi 24 Aout
Après 2 nuits en Lorraine, une bonne récolte de mirabelles et de bières de la Meuse, on reprend une dernière fois la route pour rentrer en région parisienne.
Bilan de l’été :
- 8844 km parcourus (dont 87,5 % de conduite pieds nus - depuis Prasdorf en Autriche, d’après la géolocalisation de la photo à charge)
- 14 passages de frontières, dans un sens ou dans l’autre
- 362 villes, villages et hameaux traversés (alors là, c’est un chiffre complètement au feeling, je n’ai pas trouvé d’appli qui me calcule ça)
- 73 moustiques rayés de la surface de la Terre
- 0 tourista, 0 gastro (et ça c’est un record)
- 824 feuilles de PQ utilisées malgré tout (à 5)
- 182 tomates consommées (à 5 aussi)
- 29 bières (à moi tout seul, dont 75% d’Efes, 26% de Bomonti et le reste de divers - oui, ça fait trop de %. C’est le principe des boissons alcoolisées)
- 42 - la réponse à la grande question sur la vie, l’univers et le reste - Pokémons attrapés. Attrapez-les tous, qu’ils disaient. Pfff, trop dur.
- 10 nouveaux badges d’arènes, toujours sur Pokémon Go. Mais aussi quelques vraies arènes, théâtres et autres ruines.
- 5000 € dépensés (à la louche, dont 1/3 pour le trajet aller et retour. Les comptes exacts feront l’objet d’un article détaillé)
- 4 lessives pendant le séjour (et autant de douches… J’exagère. Presque autant de douches)
- 17 engueulades (peut-être un peu plus, à un moment, j’ai cessé de compter)
- 4 ‘pannes’ mécaniques (moteur, frigo, éclairage cellule…)
- 25 litre d’Ayran (au bas mot)
- 199 ‘il fait beaucoup trop chaud’
- seulement 12 rechargement de console DS
- 3 nuits par semaine - c’est ta peau contre… - de réveil intempestifs (camions qui laissent tourner leur moteur, coqs, chiens, montgolfières, chaleur, chiens encore, muezzins, picnic de turcs jusqu’à 5h du mat’, russes éméchés, italiens éméchés, turcs encore (éméchés), envies pressantes…)
- 50 chats tout pile croisés à Istanbul
- 59 pages griffonnées à la main sur mon carnet de route
- 29 demande d’Eliott pour visionner Divergente 3 sur l’ordi
- 0 visionnage de Divergente 3 sur ordi
- 22 çai de bienvenue
- 6 bosses à la tête dues à la hauteur de la capucine + 1 dans la cité souterraine de Kaymakli
- 35 heures des chansons d’Adèle dans la tête…
Bien sûr, je ne garantis en aucune façon l’exactitude de l’ensemble de ces chiffres (sauf pour le nombre de pages griffonnées sur mon cahier) … Mais franchement, est-ce que le but du voyage est de tenir ce genre de liste au retour ?
On va plutôt commencer dès maintenant à rêver du prochain départ !