La renommée de cette île antillaise n’est plus à faire. Son littoral de charme associé à sa plaisante ambiance tropicale sont deux des principaux atouts de la destination. Une autre particularité tient à l’originalité administrative de ce petit territoire : une île mais deux pays, l’île est étonnamment partagée entre deux nations : la France au Nord et les Pays-Bas dans sa partie Sud. Mais ce ne sont pas ces singuliers aspects qui sont au menu de ce récit …
Cette île de Saint-Martin se savoure également au premier sens du terme.
Vous l’avez compris, cette balade sera donc gourmande. En effet, l’île réserve aux visiteurs quelques belles surprises gustatives. Les bonnes tables y sont nombreuses et les goûteuses spécialités ont de quoi mettre « l’eau à la bouche ».
A présent, place aux saveurs et à la dégustation.
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A Saint-Martin, si il est une localité où la gastronomie est à l’honneur, c’est bien à Grand Case.
Une grosse bourgade qui s’étire le long d’une anse en demi-cercle. Les restaurateurs et les chefs semblent s’y être donnés rendez-vous en s’installant en nombre dans la rue principale. D’ailleurs, Grand Case est maintenant considérée comme La Capitale gastronomique de l’île.
En y flânant, on fait du lèche-vitrines entre boutiques de fripes-artisanat-souvenirs … et une succession de restaurants.
Jeter un œil attentif aux cartes vous émoustille les papilles. Les plats et les menus proposés dans les différents établissements sont particulièrement alléchants et on le constate, on ne peut plus variés.
En effet à Grand Case, la palette de bonnes adresses passe des restaurants gastronomiques aux simples tables, en bord de plage. Là, on peut se restaurer en goûtant des préparations typiquement saint-martinoises.
Bref, d’un côté une cuisine créative élaborée par des chefs/cheffes expérimenté(e)s et de l’autre le savoir faire de doudous mitonnant avec talent les recettes traditionnelles de l’île.
Nous voilà donc à Grand Case, c’est la mi-journée, et comme d’habitude il fait plutôt chaud … l’atmosphère tropicale va finalement nous inciter à goûter à la cuisine locale dans un « Lolo » en bord de plage.
Au fait, savez-vous ce qu’est un « Lolo» ? Il s’agit d’un tout simple lieu de restauration : une terrasse, une cuisine extérieure, des grills et un appentis en bois pour chapeauter le tout. C’est local et sympa.
Par chance, une table vient de se libérer en première ligne, face à la mer, on ne pouvait espérer meilleure situation pour ce repas de midi.
Au menu, simplicité et authenticité avec les grands classiques antillais : boudins créoles et acras de morue (épicés à souhait), brochette de crevettes (délicieuses) et pour accompagner un Johnny cake … c’est une sorte de pain frit comme un beignet, une spécialité purement saint-martinoise. Parfois, ce pain-beignet est nommé également Journey cake, mais ne vous y trompez pas, c’est identique. Et si le goût varie, cela est dû surtout à la recette maison du cuisinier !
Bref, un menu plein de bonnes choses même si c’est tout de même assez gras. Par moments, des effluves de grillades vous enfument un peu mais les alizés marins ont vite fait de les disperser.
L’ambiance d’un lolo nommé « Au coin des amis » est vous l’imaginez très conviviale et favorise l’échange avec vos voisins de table. Et souvent, en introduction des conversations, c’est le sempiternel : « Qu’est-ce qu’on est bien ici ! ». Une banalité, certes, mais qui fait l’unanimité.
Un repas et des moments si appréciables vous incitent à y revenir … lors d’un autre repas, j’ai opté pour un poisson grillé, du local avec un vivaneau, avec des bananes plantains (succulentes) et comme « pain » pour accompagner, bien entendu, un traditionnel Johnny cake.
Au fait, pour répondre à une interrogation (que vous ne vous posez peut-être pas), quelle est l’origine du nom « lolo » ?
Rien à voir avec le lait et du bon lolo … Non, autrefois ces lieux, de toutes simples cases, désignaient des abris où étaient distribués les repas des ouvriers (des esclaves !) des plantations agricoles.
Et chacun d’y retirer son « lot ». Finalement, ne devrait-on pas plutôt écrire le nom de ces gargotes … « lotlot » ?
En flânant dans l’unique grande rue de Grand Case, la silhouette d’une imposante structure couleur rouille ne manque pas d’intriguer le visiteur …
De loin, on hésite à deviner de quoi il s’agit : une sculpture ou une machine ? Mais de plus près on comprend, c’est une sorte de moulin mais alors pour broyer quelle production … ?
Pour broyer des cannes à sucre ? Pas du tout ! C’est du sel qu’écrasaient autrefois ces rouleaux. Du sel récolté dans les marais salants de Grand Case dont il ne reste qu’une étendue d’eaux saumâtres.
Le sel marin, une des anciennes productions et une autre saveur de l’île ; d’ailleurs, en langue caraïbe, l’île était appelée : Soualiga … qui signifie « l’île au sel ».
A Saint-Martin, sur une île d’à peine 15 kilomètres sur 15, quelque soit où l’on se trouve, la plage n’est jamais très éloignée. Autant en profiter après (ou avant) la pause restauration.
A Grand Case, la mer et les vagues ont aussi de l’appétit. Peu à peu les eaux grignotent le littoral et le sable de la belle plage. Satané dérèglement climatique ! Mais c’est un autre sujet.
Pour profiter pleinement d’un splendide rivage de sable fin mieux vaut faire quelques pas vers le secteur sud de la baie … et vous aurez ce panorama, pas mal, n’est-ce pas ?
Mais sans doute, la plus belle plage de cette grande anse est située à son extrémité nord. Ici, on bénéficie d’une petite plage tranquille et en prime d’une jolie vue sur l’îlot phare du lieu : le Rocher Créole.
A Saint-Martin, comme un peu partout désormais, on n’est pas en reste pour agrémenter les cités par des fresques murales Une bonne idée associée au talent des artistes, en voilà un exemple avec ce portrait très réussi.
Ici, honneur à la musique antillaise et hommage à Jacob Desvarieux, (mort en 2021) un maître musicien et chanteur du dansant style zouk *. On se souvient de son célèbre groupe : Kassav’.
Pour la seconde escale gourmande, direction vers l’autre capitale de l’île : la capitale administrative, Marigot.
Principale ville de Saint-Martin, Marigot fait aussi dans la gastronomie. Quelques bonnes tables reconnues et surtout chaque année en novembre la cité fait son festival … le Festival de la Gastronomie.
Ce soir, en centre ville, place à l’inauguration du Village de la Gastronomie.
Autour du Président de la Collectivité, Louis Mussington, les VIP de l’île sont rassemblés. Tous les chefs, locaux et internationaux, participants à cette édition 2023 du festival ont à présent rejoint l’estrade, l’ambiance est particulièrement décontractée, les larges sourires en témoignent. Ils seront bien, sur les photos !
C’est au Chef Patrick Jeffroy, doublement étoilé dans son restaurant breton de Carantec, à qui revient l’honneur de couper le ruban tricolore. Il est cette année le parrain du Festival.
Un Festival qui chaque année a son thème, histoire de mettre en valeur un produit typiquement local. Pour cette édition 2023, c’est la Groseille-pays qui est en vedette.
Aux chefs cuisiniers de concocter de savoureuses recettes en utilisant les groseilles-pays qui soit dit en passant n’ont vraiment rien à voir avec les groseilles connues sous nos latitudes.
La fameuse groseille-pays est en fait la fleur-légume d’une variété d’hibiscus. Elle est appréciée ici pour ses arômes, son goût acidulé et sa couleur rouge.
Dernière précision au sujet de la groseille-pays, dans d’autres contrées on l’appelle bissap ; j’ai personnellement quelques souvenirs de boissons, saveurs bissap. C’était lors d’un voyage au Sénégal.
Après l’incontournable moment de l’inauguration officielle, Chef Jeffroy montera sur la scène afin de faire partager son talent et son expérience. Au menu, la préparation d’un plat de poisson accompagné de légumes pays.
Et notre dynamique chef de donner ses conseils de cuisiner étoilé. Comment magnifier toutes les saveurs en intégrant dans un timing très précis les ingrédients, puis quelques mots sur le respecter des temps de cuisson et sur l’assaisonnement : sel, épices, citron et herbes aromatiques … sans oublier bien évidemment une touche de groseille-pays !
Le public déambulant dans le village culinaire m’a semblé assez distrait pendant la présentation de cette recette. Les uns palabrant entre eux quand d’autres zigzaguaient de stands en stands.
Une trentaine d’étals et de cuisines ouvertes proposaient une large palette des saveurs et des spécialités de l’île : fricassée de lambis ou boudins antillais, ribs de porc ou brochettes et j’en passe bien d’autres …
La cuisine de food-trucks est aussi de la fête lors de ce Festival qui s’avère être également un challenge entre chefs dans plusieurs catégories : des BBK aux restaurants gastronomiques ou des restos de plage aux établissements de ville ou encore avec d’autres estampillés spécialités antillaises.
Les plats proposés sont évalués par un jury de chefs réputés et attentifs aux créations réalisées … autour du thème 2023, les fameuses groseilles-pays.
Ces concours désignent ainsi chaque année les meilleurs chefs et tables de Saint-Martin. Un vrai coup de pub pour les heureux gagnants !
Passer de stand en stand donnent bien sûr des envies mais il faudrait être un ogre pour tout goûter.
Tiens, tiens … ce glacier de l’île « Willy » propose un dessert glacé inventif, saveur groseille-pays, comme de bien entendu.
De l’envie à la dégustation, il suffit de commander. Vraiment délicieuse cette pâtisserie glacée, parfumée et acidulé dont le dosage entre le fondant et le croustillant est parfait en bouche.
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Parmi les nombreux étals, on trouve celui dédiée à « La » boisson de Saint-Martin : le Guavaberry.
Un breuvage proposé aussi bien en apéritif qu’en liqueur lors des repas de fêtes. Comme Santa Claus, le guavaberry est une tradition à la période de Noël. On le consomme (avec modération, on le souhaite …) des deux côtés de l’île, à Saint-Martin, la française mais également à Sint Maarten, la hollandaise.
A Marigot, cette boisson signature de l’île a pignon sur rue, précisément rue de Hollande.
Dans une case bien décorée, en blanc et rouge, les visiteurs sont bien accueillis.
Là, on vous propose gentiment une (enfin des ) dégustations ; le panel de rhums vieux, arrangés et aromatisés est particulièrement riche … on hésite devant toutes ces alléchantes saveurs mais mon choix va se porter surtout sur le guavaberry local.
Au petit jeu des comparaisons on tente d’y retrouver une saveur connue … bon, c’est sûr, c’est à base de rhum. Pour le reste, les papilles découvrent le goût des baies de merisier-cerise et d’épices …
Difficile d’en dire plus avec des mots, le guavaberry ressemble donc à du … guavaberry ! Si vous passez à Saint-Martin, à vous de tester.
On déguste évidemment du bout des lèvres (on n’oublie pas que l’on doit reprendre la voiture ensuite …) et on en apprend un peu plus sur cette boisson typiquement saint-martinoise.
La préparation est réalisée avec des baies macérées pendant une année dans un mélange de rhum vieilli en fût de chêne, d’épices et de sucre de canne … de plus, notre interlocutrice nous évoque avec un sourire ironique que le Guavaberry Colombier est élaboré avec quelques autres ingrédients … mais là, c’est secret, on n’en saura donc pas plus !
Enfin si … que ces baies sont ramassées dans une ravine très verdoyante située à Colombier.
C’est là, que la famille Maccow élabore dans sa distillerie familiale cette Guavaberry Liqueur Tradition.
Comme à chacune de nos étapes gourmandes, on fera quelques pas de côté. Le temps de laisser un peu les saveurs pour apprécier aussi le bord de mer.
Ici, à Marigot, une vraie ville, il n’y a pas de plage de sable mais des quais et un port de plaisance. Un bon point de vue pour assister au coucher de soleil.
Par chance en cette fin d’après-midi, les quelques nuages encombrant l’horizon vont furtivement laisser filtrer les rayons du soleil. Et le tableau du couchant de se compléter en se mirant sur l’eau.
Autre rendez-vous régulier dans ce récit de mes escales culinaires, la (les) photo(s) d’une fresque locale : on est bien à Marigot, c’est écrit aux côtés de ces portraits bien dessinés. Deux exemples parmi toutes les fresques qui décorent les murs de la ville.
Marigot encore … et le souhait de faire un tour au marché matinal, histoire de voir des produits frais fleurant bon les tropiques.
Nous sommes samedi matin et c’est jour de marché sur la place donnant sur le front de mer.
On s’attend à un marché antillais haut en couleur avec des étalages débordant de fruits, de légumes et d’épices de l’île … finalement, parmi les cases créoles dédiées à ces marchandises, les vendeuses et les vendeurs sont ce matin plutôt peu nombreux comme d’ailleurs les acheteurs.
Il y a tout de même quelques étalages bien achalandés, fruits tropicaux et bancs de poissons … mais on espérait plus de monde, plus de produits et plus d’ambiance.
Renseignements pris auprès d’un commerçant sur cette faible affluence, nous aurons comme explications : « … depuis Irma et la pandémie, le marché de Marigot fait moins recette … » comme également les commerçants ! « … et puis, novembre n’est pas l e mois où les visiteurs se pressent … ».
Côté marché de souvenirs et de vêtements, les marchands sont bien là mais pas la foule de touristes.
Bref, n’insistons pas, ce n’était donc pas le bon jour …
Allons plutôt vers la marina royale, c’est son nom, pour une photo des quais et des bateaux et aussi pour une autre capture de fresque murale, comme à chaque fois dans ce récit.