Dimanche 22 Juillet, Whistler et les chaînes côtières
L’hôtel Sandman est très confortable, mais le petit-dej est de type “industriel”, préférable tout de même à mes yeux aux inventions improbables de Mr Sun…
Nous sommes prêts vers 09:00 pour partir vers Whistler où nous arrivons au bout de 45’ de route sans problème.
La station de Whistler a une sale réputation auprès des routards. Il faut reconnaître que c’est un concentré de Megève, Courchevel, Gstaadt et St Moritz regroupé dans un seul paquet cadeau. C’est un nid de richards et de snobinards où se pratiquent des prix exorbitants, surtout depuis le coup de pub des JO d’hiver de 2010. Mais on s’en fout, et on ne vient pas pour zoner dans la station, mais pour monter en altitude par le télécabine de la Whistler Mountain.
On découvre que le télésiège Excalibur qui monte à la Blackcomb Mountain est arrêté, car il va être remplacé par une nouvelle télécabine qui entrera en service au mois de Novembre. Par contre, une toute nouvelle passerelle suspendue est ouverte depuis peu au public au sommet de la Whistler Mountain (altitude 2,180 m) et une passerelle est en cours de construction au “top of the world” pour donner une “west view” en direction des monts Tantalus. Les travaux ne sont pas encore terminés, mais on peut déjà emprunter la passerelle.
Pour ce qui est de la Blackcomb Mountain, il est encore possible d’y aller par le remarquable téléphérique “Peak-to-Peak” qui connecte les deux domaines skiables de Whistler depuis 2008.
On fait la queue pour acheter nos laissez-passer et on grimpe illico dans une cabine que l’on partage avec un jeune couple de Québécois installés à Whistler et passionnés de montagne. A 10:30 on est arrivé à la station supérieure (Roundhouse Lodge) à 1,830 mètres d’altitude, la station de Whistler étant à 680 mètres d’altitude seulement.
Comme on peut le voir sur la photo précédente, le VTT est la grande affaire de Whistler en saison d’été, mais on y pratique aussi la randonnée en montagne. Pour cela, il faut redescendre par un sentier de 0,5 km en pente moyenne de 10% pour rejoindre le pied du télésiège “Peak Express” qui permet de grimper au sommet de la Whistler Mountain.
Les névés persistent sur les pentes de la montagne, mais le sommet rocheux est totalement dégagé. Les visiteurs sont en tenue estivale, même si le fond de l’air est frais, 18°C à 11:00, mais déjà 27°C au village en bas et 32°C à Squamish au bord de la mer, car c’est une journée caniculaire.
On se presse pour se faire tirer le portrait sous le grand Inukshuk qui a été édifié au sommet. Cette construction de tradition Inuit est en vogue à Whistler depuis que cette silhouette a été choisie pour faire le logo des J.O. de 2010.
D’autres gens se lancent sur les pistes de ski reconverties en sentier qui redescendent en spirale jusqu’au Roundhouse Lodge.
D’autres grimpent sur les rochers pour prendre des photos du panorama.
Vers le sud, on voit le massif montagneux du parc Garibaldi, avec le sommet caractéristique du Mont Garibaldi (au-dessus du lac) et celle encore plus reconnaissable d’un autre volcan, éteint celui-là, dont l’érosion a dégagé les cendres du cône pour faire ressortir le culot de lave compact de la cheminée, surnommée “Black Tusk” (à droite sur la photo).
Donc, gros plan sur le Garibaldi,
gros-plan sur le Black Tusk (avec la Tantalus range en toile de fond sur la droite).
Pour regarder vers l’ouest, il est tentant d’aller sur la passerelle qui brinquebale au-dessus du vide entre deux arêtes rocheuses.
Même s’il n’est pas encore possible d’accéder à la plateforme d’observation, on voit très bien au nord-ouest la station de Whistler au fond dans la vallée eu en arrière plans, les montagnes des Coast Ranges.
je suis monté seul au Mt Whistler à cause de la forte pente du sentier entre le Roundhouse Lodge et le télésiège, donc je ne m’attarde pas plus que cela sur la passerelle branlante et je redescend par le télésiège.
On voit sur cette image que le Roundhouse Lodge est un complexe bâti déjà imposant.
Après être descendu de la montagne sans effort, il est temps de transpirer un grand coup en remontant vers le lodge. C’est l’occasion de faire mine de s’intéresser à la flore alpine, histoire de ralentir le pas et de ne pas paraître trop essoufflé au regard des autres visiteurs pour sauver les apparences…
Les bruyères sont en fleur…
Oh, les premiers lupins commencent à éclore !
Parvenu en haut, il est encore temps de faire quelques gros plans des sommets dentelés du Tantalus Range pour retrouver son souffle avant de retrouver Michèle au restaurant pour le lunch…
Après cette excursion en solo qui m’a pris environ une heure et après nous être restaurés, il est déjà 13:00h.
Je prends encore quelques images de la station et je découvre qu’il y a un autre Inukshuk sous la terrasse du restaurant. En face, les pentes striées de pistes de Blackcomb Mountain nous font de l’œil.
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Nous nous rendons au Peak-to-Peak Gondola et entreprenons la vertigineuse traversée de la vallée qui sépare les deux montagnes.
La station supérieure de l’ancien télésiège Excalibur (et future télécabine) est occupé par un autre restaurant, le Rendez Vous Lodge.
La Blackcomb Mountain culmine à 2,435 mètres d’altitude au-dessus de nous.
Blackcomb mountain est un site recommandée pour les randonneurs, mais nous sommes trop fatigués pour cela, on se contente donc du lodge et des panoramas vers le nord entre le Mt Currie à droite (alt. 2,540 m) et le Mt Ipsoot à gauche (alt. 2,580 m).
Whistler occupe une ligne de partage des eaux entre le bassin versant du fleuve Squamish au sud et celui de la Lillooet River au nord. Les glaciers y ont creusé des lacs, dont le lac vert, bien visible au nord de la station, et le lac Alta de couleur bleue à l’ouest (hors champ sur cette image).
La station a été construite de manière compacte et de façon à séparer les circulations piétonnes et automobiles. Le parking est onéreux, et si j’ai choisi d’arriver le plus tôt possible, c’est aussi pour stationner dans le lot 1, le plus près du village (il y a 5 lots étagés de haut en bas, le lot 5 est très loin de la station du télécabine).
Blackcomb Mountain est le site de départ de tours en hélicoptère pour les clients les plus fortunés.
Pour ma part, je me contente de les regarder décoller.
Télécabines et télésièges charrient vététistes, randonneurs et simples promeneurs comme nous en été, mais ils ont été principalement construits pour les besoins du ski, comme en témoigne le dense réseau de pistes qui cisaillent les versants boisés de la montagne comme des cicatrices.
Il faut venir en été pour mesurer à quel point le ski défigure la montagne. Les étangs bâchés pour alimenter les canons à neige en eau témoignent de la fragilité de cette industrie très lucrative, mais vulnérable au changement climatique.
En été, les pistes de VTT sont d’autres cicatrices disgracieuses infligées aux versants des montagnes. Mais sans ces activités destructrices, les promeneurs comme nous ne pourraient plus monter à 1850 mètres d’altitude et admirer le panorama en sirotant un café chaud depuis le confort d’une terrasse.
Alors, je me console en pensant que la planète se débarrassera prochainement de la peste qu’est l’espèce humaine. Elle a déjà la fièvre, mais l’extinction devra sans doute attendre encore un à deux siècles, après quoi les écosystèmes se régénèreront et de nouvelles espèces apparaîtront comme c’est déjà arrivé dans la longue histoire de la planète après les grandes extinctions du Permien et de la jonction K/T par exemple. J’espère qu’en tout cas, des crétins dangereux comme “The Donald” ne vont pas hâter les événements et que je serai retourné à la poussière universelle depuis longtemps lorsque le dernier être humain disparaîtra de la face d’un monde désertique et surchauffé.
Trèfle de plaisanterie, comme dirait un lapin dans un carré de luzerne. Après ces divagations pseudo-philosophiques, nous reprenons les télécabines l’un après l’autre pour revenir à la station où nous sommes aux alentours de 14:00h.
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Nous retournons à la voiture, et j’ai le plaisir de constater que les parkings supérieurs sont complets et les nouveaux arrivants refoulés vers les lots 4 et 5. Nous ne quittons pas Whistler tout de suite, mais passons au centre culturel Squamish-Lil’wat
https://slcc.ca/.
https://lh3.googleusercontent.com/VL2cu … 00-h600-no
Nous ne prenons pas le temps de visiter le musée, qui a l’air fort beau, nous venons pour la boutique souvenir qui est magnifique pour acheter des souvenirs à offrir à la famille et les amis au pays.
En effet, j’ai en tête de poursuivre nos exploration au nord de Whistler et de pousser vers les parcs provinciaux Nairn Falls, proche de Pemberton, 30 km (30’) au nord de Whistler, et Joffre Lakes situé 33 km (45’) plus à l’est.
Nous quittons donc Whistler vers 14:30, et ne faisons qu’un bref arrêt photo au bord du lac vert aux eaux couleur de jade.
Manifestement, Whistler n’est pas dédiée qu’aux plaisirs de la montagne en été, c’est aussi un hot spot de loisirs nautiques, ici du ski nautique sur le lac vert. Il faut reconnaître que le thermomètre flirte avec les +30°C, ce qui est une chaleur exceptionnelle pour Whistler (mais ne le sera sans doute plus à l’avenir).
La route BC-99 continue au nord de Whistler en descendant en direction de Pemberton, au fond d’une vallée agricole sise à 200 mètres d’altitude seulement. Le torrent aux eaux turquoise qui descend de Whistler dévale donc à vive allure et son cours est barré de quelques chutes creusées dans des couches de laves anciennes et très dures.
Le parc provincial Nairn Falls se trouve sur la droite de la route quand on circule du sud vers le nord.
Un sentier en encorbellement au-dessus du torrent remonte sur 1,5 km pour rejoindre le site des chutes. Avant de vous engager sur le sentier, deux panneaux vous avertissent de porter des chaussures solides et d’être très vigilants par temps de pluie, les rochers sont glissants et les risques de chute réels avec un résultat potentiellement mortel comme on le découvre au bout du chemin…
Michèle m’attend au parking. Il me faut près d’une demi-heure pour arriver au site des chutes, où l’on se retrouve sur un gros rocher dénudé. Des barrières protègent des abîmes qui s’ouvrent sous nos pieds, et il est bien indiqué de rester à l’intérieur des grillage, une recommandation qu’aura sans doute outrepassé la pauvre Aisha Lo-Anna dont la plaque funéraire a été fixée au grillage…
En dehors des précautions qu’il convient donc de prendre, les chutes Nairn sont très belles, je les ai préféré aux Little Qualicum Falls qui sont nettement moins spectaculaires.
Dommage qu’il fasse aussi chaud !
Après cette visite qui demande donc environ 1 heure, nous avons encore le temps de pousser jusqu’au Lower Joffre Lake.
La route descend jusqu’à la petite ville “cow-boy” de Pemberton, qui constitue certainement une autre alternative à Whistler pour se loger décemment et à un prix raisonnable dans la région. De-là, elle traverse une réserve indienne. Il faut rouler doucement, la route est étroite et sinueuse, il y a même une zone 30… On arrive au bord du Lac Lillooet avant d’entreprendre la montée du col le plus escarpé que j’ai jamais rencontré au Canada. la route grimpe 350 mètres de dénivelé vertical en seulement 3 km avec 3 épingles à cheveux, donc avec une pente moyenne de 12 %. cette pente explique que la route n’est pas ouverte en toutes saisons. Ensuite on continue à grimper fortement jusqu’au Lower Joffre Lake à 1,240 mètres d’altitude, 10 km plus loin (pente moyenne de 7 %). La route se poursuit encore en amont en direction de l’est, le sommet du col n’est plus très loin, et au-delà, la route dessert le Duffey Lake, puis arrive à rejoindre les rives du fleuve Fraser à Lillooet, 68 km au nord-est des lacs Joffre, plus d’une heure de route encore.
le parc provincial des Joffre Lakes est le plus photogénique du Lower Mainland, et le favori des vancouverois. Il y a foule quand nous arrivons vers 16:45h. Le ranger nous autorise à stationner dans la mesure où nous ne venons pas randonner (il est trop tard) mais simplement admirer le lac inférieur.
Une courte marche en sous-bois nous conduit vers un point de vue aussi beau que celui du Lac Emerald dans le parc national Yoho.
On est fasciné par les eaux aux couleurs de jade sombre ou d’émeraude, la couleur des joncs dorés, le glacier suspendu sous le Mt Matier au sud (alt. 2,785 m). Nous ne sommes pas seuls toutefois, où touristes chinois et italiens communient dans l’essai de photo “de charme” face à ce décor grandiose.
C’est un long détour pour venir ici depuis Squamish, mais je ne le regrette pas, c’est superbe. Nous nous arrachons à la fascination des eaux vertes, et nous reprenons la route vers le sud aux alentours de 17:00. Arrêt à la station service de Pemberton pour refaire le plein de carburant vers 17:30, ensuite, il nous faut 1h15 pour revenir sur Squamish dîner au Zephyr Cafe.
Bilan de la journée, c’est une seconde apothéose de ce voyage après le Pacific Rim, une journée aussi marquante si j’en juge par le nombre de clichés que j’ai pris. Après la mer, la montagne ! Il faut venir à Whistler, et tant pis pour la station de ski et son caractère très commercial, la montagne vous subjugue et nous oubliez la futilité des vanités humaines face à ces paysages démesurés. Et tout cela, on ne peut PAS le faire avec une excursion d’une seule journée au départ de Vancouver. Rien que ce dimanche, nous avons parcouru 244 km aller-retour entre Squamish et les Lacs Joffre, 4 heures de temps de conduite sans compter les petits détours. la journée a donc été particulièrement bien remplie avec une excursion de 10 heures en tout.
Au terme de cette journée, nous sommes comblés, notre avion est programmé pour décoller de Vancouver Mardi à 10:45, il ne nous reste donc plus qu’une seule journée de visite et j’ai prévu un hôtel proche de l’aéroport à Richmond pour la nuit de lundi à mardi. Le voyage touche à sa fin, mais j’ai encore prévu quelques visites surprise pour cette dernière journée…
A suivre…