Vendredi 24 juin :
Delta pool, route 128 et Cisco
La randonnée que nous avons prévue pour aujourd’hui n’est pas des plus faciles et devrait plutôt se faire l’après-midi si on veut bénéficier des meilleures conditions d’éclairage. La météo nous annonce à nouveau des températures de l’ordre de 40 degrés à l’ombre à partir de la fin de matinée. Nous décidons donc de modifier notre organisation et de démarrer notre rando de bonne heure afin de faire la partie la plus pénible à la fraîche (si on peut parler de fraicheur !). Une fois arrivés à destination, nous attendrons un peu sur place pour bénéficier de conditions de luminosité pas trop mauvaises.
La randonnée qui doit nous conduire à Delta Pool n’est pas très longue (2 à 3 km aller) mais elle combine plusieurs difficultés. C’est une balade non « officielle » qui n’a donc pas de sentier aménagé. Comme il n’y a que très peu de personnes qui la fréquentent, il est totalement inutile d’espérer pouvoir suivre les traces de nos prédécesseurs une fois sur place. Il faut donc ne compter que sur soi-même et se débrouiller pour l’orientation ! Complication supplémentaire, on ne trouve que très peu d’indications sur internet. Quand je dis très peu, je devrais plutôt dire aucune ou presque. Et c’est tant mieux ! On ne devrait donc pas y rencontrer grand-monde …
La première partie de la randonnée est la plus délicate. Il faut franchir une falaise qui fait environ 150 mètres de dénivelé, en passant alternativement par des zones rocheuses et des éboulis pas toujours aisément négociables.
Un seul et unique passage permet de vaincre cette falaise et d’accéder au plateau situé juste à l’arrière. Ce passage est loin d’être facile à trouver. Heureusement, nous avons eu un petit coup de main d’un ami « Routard » pour le localiser. Sans cette aide, notre progression aurait sans doute été beaucoup plus compliquée. Le Graal de cette ascension, c’est le célèbre (auprès des aficionados de l’ouest américain) cairn de Philippe S. alias Sedonax. Quand on le voit, c’est gagné ! C’est LE point qu’il ne faut pas manquer et qui ouvre la voie à la poursuite de la randonnée.
Quand on peut enfin profiter de cette vue, le plus dur est fait !
Reste maintenant à traverser le plateau. Un gros kilomètre à vol d’oiseau, beaucoup plus en réalité car il est souvent impossible de progresser en ligne droite. La première partie de la traversée est assez éprouvante. Il faut se frayer un chemin dans un immense champ de monticules blancs entrecoupé de profondes crevasses parfois infranchissables. La progression n’est pas rapide, on alterne sans cesse les montées et les descentes. Nous avons bien fait de commencer de bonne heure, car en plein soleil, cela ne doit pas être une partie de plaisir.
La seconde partie est beaucoup plus simple. Le plateau devient quasiment sans reliefs et on peut enfin progresser à un bon rythme.
Soudain la roche blanche cède la place à du grès rouge. C’est le signe que nous sommes à l’extrémité du plateau, et que nous n’allons pas tarder de toucher au but.
Il ne reste plus qu’à localiser Delta Pool, une jolie piscine en forme de triangle d’une quinzaine de mètres de longueur, et surtout espérer qu’elle soit bien en eau, ce qui n’est pas toujours le cas. Pour nous c’est bon, il y a un niveau d’eau tout à fait correct. Et bonne surprise, Delta Pool est bien plus impressionnante que le laissaient supposer les photos vues sur internet. Par contre, question éclairage, c’est loin d’être le top, elle est entièrement dans l’ombre.
Mais nous avons le temps ! Petite sieste matinale sur le bord de cette étonnante piscine …
… et après une bonne heure de farniente, le soleil commence à gagner du terrain.
Il est maintenant temps d’aller explorer les environs de Delta Pool qui se révèlent très intéressants. On y trouve de nombreuses piscines asséchées …
… et quelques-unes en eau.
Mais rien qui puisse rivaliser avec Delta Pool, qui est maintenant (il est environ 10h30) sous un éclairage plus correct.
Un dernier coup d’œil à ces somptueux paysages …
… et nous prenons le chemin du retour. Même si elle se fait intégralement dans le sens de la descente, la randonnée est un peu plus pénible que lors de l’aller. Nous sommes en fin de matinée et la chaleur est maintenant bien présente. Plus que bien présente ! Heureusement, nous avons des réserves de boissons fraîches dans notre fidèle 4x4. Quel bonheur !
Voilà qui met fin, de très belle manière, à nos visites hors des sentiers battus. Nos deux dernières journées seront en effet consacrées à des sites beaucoup plus classiques dans l’état du Colorado.
Avant de rentrer sur Moab, nous faisons un arrêt au Mill canyon Dinosaur tracksite pour voir quelques empreintes de dinosaures. Mais rien de bien enthousiasmant.
Après un repas rapide, c’est parti pour la séance traditionnelle de bichonnage de notre voiture. Le but, comme toujours, est d’effacer les traces trop évidentes de nos nombreux passages sur les pistes (strictement interdit avec les voitures de location classique). Mais il y a une nouveauté cette année, le passage complet de la carrosserie au polish. En effet, notre passage dans une zone de quasi « jungle » pour nous rendre aux pétroglyphes du Butler Wash panel, a causé de très nombreuses rayures dont certaines, sur toute la longueur de la voiture, sont très marquées et très voyantes. Hier soir nous avons donc acheté un produit qui se révèle quasi miraculeux : Scratch Out (bouteille plastique jaune), payé 2,99 dollars. Le résultat est tout simplement ahurissant. Toutes les petites rayures ont disparues et les plus grosses ont été largement amoindries. Nous étions un peu inquiets, nous voilà grandement rassurés.
Ce soir nous dormons à Grand Junction au Colorado. Plutôt que de prendre la route directe pour nous y rendre, nous décidons de suivre la route 128 qui longe le Colorado. Nous avons déjà emprunté cette route à plusieurs reprises, mais nous ne nous en lassons pas.
Le Colorado fin juin, c’est un peu notre autoroute du Soleil en été !
Juste avant de rejoindre l’autoroute I70 qui doit nous conduire jusqu’à Grand Junction, apparaît sur notre droite un petit panneau indiquant « Cisco ». Ce nom me dit quelque chose, mais je ne sais plus quoi. Cette petite ville mérite peut-être bien le détour … Nous avons un peu de temps devant nous, alors pourquoi pas, nous verrons bien.
Très bonne surprise, Cisco est une ville fantôme, mais d’un aspect très particulier. Ambiance post-apocalyptique étonnante. On s’y croirait ! Au détour de chaque coin de rue, devant chaque maison, près de chaque carcasse de voiture on s’attend à voir surgir une horde de mort-vivants. Sensation hyper réaliste et presque flippante ! Amateurs de la série « Walking Dead », il faut venir ici de toute urgence. Par contre, si des zombies hantent déjà vos cauchemars, un conseil, passez votre chemin car Cisco n’est vraiment pas faite pour vous …
En seulement quelques secondes, nous nous retrouvons plongés dans un autre univers. Nous sommes ailleurs ! Dès notre arrivée nous sommes accueillis par des messages de mise en garde inquiétants, voire menaçants. Et il ne s’agit pas d’un ou deux message(s), il y en a partout ! Tous ces panneaux renforcent encore le sentiment de malaise que l’on ressent dans cette ville et ajoute une petite dose d’angoisse qui pimente la visite.
« attention personne dangereuse »
Ce panneau, c’est le sentiment post-apocalyptique qu’il renforce. On a vraiment l’impression que la ville vient d’être abandonnée il y a quelques heures, quelques jours tout au plus, ou plutôt que ses habitants viennent de disparaître. Mais est-ce seulement une impression ?
Partout on trouve une multitude de petits détails qui rendent Cisco étrangement vivante même si nous savons fort bien que ce n’est pas le cas. Pourtant on y ressent une présence, sans doute celle de ses anciens habitants. Mais est-ce la présence de ces anciens habitants que l’on ressent ou bien celle d’autres créatures …
Au cours de notre visite nous tombons sur cette étrange construction. Quelle peut bien être son utilité ? Un poste de défense avancée ? Mais pour se défendre contre quoi ?
Ce que nous verrons le plus à Cisco, ce sont des carcasses de toutes sortes de véhicules. Sans doute beaucoup plus de véhicules que d’habitants du temps de la splendeur de cette petite ville. Il y en a partout ! D’où proviennent-ils ? Comment sont-ils arrivés là ? Encore des questions qui resteront sans réponses.
Nous sommes entrés dans certaines des habitations dont les portes étaient grandes ouvertes. Nous avons jetés un coup d’œil à l’intérieur des camping-cars. Mais jamais nous ne nous en sommes approchés sans prévenir, à grand renfort de bruit et d’appels, de notre arrivée. On ne sait jamais sur qui ou sur quoi on pourrait tomber.
Un dernier conseil concernant Cisco : ne venez pas ici à la tombée du jour et encore moins la nuit. Je suis absolument certain que des créatures étranges et inquiétantes s’y promènent …
Une petite heure après avoir quitté Cisco nous arrivons à Grand Junction où nous dînons au WWPepper (sortie n°31 sur la I70). Spécialités de viandes et mexicaines. Une très bonne adresse.
Ce soir ce sera double ration de bière (généralement elles ne sont pas fortes aux Etats-Unis, nous pouvons donc nous le permettre) pour nous remettre de nos émotions lors de notre visite de la ville de Cisco. Mais attention, car légalement c’est interdit ! Pour les conducteurs, le taux limite d’alcoolémie le plus courant aux USA est de 0,1 g/l !
Nota pour Delta pool :
Nous tenons encore à remercier notre ami routard (qui va certainement se reconnaître) qui nous a bien aidés grâce à son indication pour le passage dans la falaise.
Plus de photos sur notre blog :
Delta pool, route 128 et Cisco
A suivre…