Escale au Panama
Vers Cartagena
Après une deuxième journée près d'une charmante île, journée passée dans l'eau un masque sur le nez, à plonger du voilier, à discuter sur le pont du Valhalla, nous appareillons. Une fois l'archipel éloigné, la mer commence à forcir. J'avale mes sandwichs par précaution : si je dois vomir, autant vomir de la nourriture plutôt que mon estomac ! Les vagues sont grosses, le bateau roule dans tous les sens. Alors que j'essaye de dormir sur une banquette, à l'intérieur, un paquet d'eau salée me tombe sur la tronche. Je change d'endroit et m'installe à l'avant. J'entends et je sens les vagues cogner contre la coque. Je nous sens glisser contre elles. Et soudain, un autre paquet de mer me dégringole dessus alors que je suis allongé dans mon sac de couchage. Des litres d'eau salée dégoulinent dans la cabine. Le hublot n'était pas bien fermé.
Je dois changer une nouvelle fois de place. Il reste une banquette libre. J'essaye de m'endormir, mais c'est impossible. J'ai l'estomac si noué que j'en ai mal et cette douleur m'empêche de fermer l'œil. Je suis persuadé, à ce moment-là, que c'est ma dernière traversée et qu'une prochaine vague va nous engloutir et nous envoyer, tous, explorer les fonds marins et nourrir les poissons.
Au petit matin, la mer s'est calmée et j'observe le soleil se lever. Spectacle magnifique. Capitaine Dennis, dont les vêtements sont encore tout trempés, ouvre une bière et dit : « C'est vrai que c'était un peu plus gros que ce que j'avais prévu… ». Quand nous arrivons à Cartagena, nous apprenons que le port a été fermé pendant deux jours à cause de la tempête. Les autres voiliers sont étonnés de nous voir entrer dans le port.
Texte : Xavier Le Frapper
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