Espérance et angoisse du grand voyage

Selon le fameux précédent historique selon lequel en cherchant la route des Indes on découvre l'Amérique, il arrive encore aujourd'hui (Dieu merci) qu'en se fixant un objectif de voyage, on ne fasse pas forcément ce qui était prévu au début. Ainsi, pour un premier grand voyage à l'étranger avais-je prévu de m'installer dans le confort douillet, du moins le pensai-je, d'un kibboutz en Israël. Comme destination de vacances, il y avait pourtant sûrement mieux, mais le kibboutz que j'avais choisi était magnifique paraît-il, l'un des plus grands disait-on, sur les rives de la mer Morte et à une heure de bus de Jérusalem seulement. Et puis, l'idée de se rendre utile tout en rencontrant d'autres voyageurs et en profitant de leur expérience me paraissait une excellente solution à cette angoisse du premier grand départ, qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle de la feuille blanche. En fait d'envol vers une destination mythique, tout commença par une interminable série de fouilles et de questions à l'aéroport de Roissy, pendant laquelle plusieurs personnes chargées de la sécurité recoupèrent mes réponses tout en inspectant mon réveil et mon tube de dentifrice et en jaugeant la longueur de mes cheveux de l'époque. Cette procédure fastidieuse, mais bien normale pour une destination abonnée à un destin difficile me parut malgré tout le signe avant-coureur d'une véritable petite aventure. Hélas (ou heureusement), on ne plonge pas comme cela dans la vie d'un pays lorsque l'on ne connaît pas à fond ses coutumes et son histoire, en tout cas pas du jour au lendemain… À l'arrivée à Tel Aviv, je ne trouvais pas les douaniers aussi sympathiques que prévu et je me disais que mon envie de me faire des copains attendrait sans doute le kibboutz.