Un pays sur le qui-vive

Pour traverser le pays d'Ouest en Est, en l'occurrence de Tel Aviv à Jérusalem, une heure suffit largement. Ce fut ma première surprise. Cette terre qui a vu naître toutes les religions et qui est régulièrement à la une de l'actualité est un tout petit territoire de 21 000 km2, soit environ 26 fois plus petit que la France ! Ici, on se bat pour quelques arpents de terre et, bien sûr, pour ses symboles et sa foi dans un monde meilleur… Ce qui me frappa tout de suite en arrivant à la gare routière de Jérusalem, ce fut le nombre d'appelés et de soldats du contingent de l'armée israélienne, mitraillette en bandoulière, entre deux permissions ou deux affectations. Le fait d'avoir eu autant d'informations sur la situation politique du pays depuis chez moi à travers la télévision et les journaux m'avait-il seulement traversé l'esprit ou avait-il eu sur moi l'effet inverse de me familiariser, voire même de m'attirer là-bas ? Je ne saurais le dire. En tout cas, même si l'on était en 1995 et que la situation était plutôt calme, je découvrais pour la première fois, et pour mon premier voyage, le climat d'un pays sur le qui-vive. Le trajet jusqu'au kibboutz me fit traverser ensuite quelques zones par lesquelles il n'était visiblement pas facile de passer quotidiennement. Enfin, la route devint plus ou moins désertique, longeant la fameuse mer Morte, jusqu'à un arrêt de bus au milieu de nulle part où je descendis et qui me rappela un moment celui devant lequel Cary Grant patiente avant de se faire canarder par un avion d'épandage dans le film de Hitchcock, La Mort aux trousses ! Il me fallut alors gravir une petite colline pour savoir ce qui m'attendait dans cet endroit que j'avais choisi, perdu au cœur d'un pays souvent en guerre, mais qui paraissait si calme…