Carnet de déroute
Une communication balbutiante…
La plupart des volontaires avaient autour de vingt ans. Le seul, qui comme moi, sortait de cette statistique était comme par hasard mon voisin direct de chambre, un gros Anglais barbu à l'air apparemment sympathique, âgé d'une trentaine d'années, et qui avait visiblement trouvé dans le camp un rempart aux duretés de la vie qui sévissent à l'extérieur... Je dis " apparemment sympathique " car " apparemment " il n'aimait pas beaucoup la conversation que je tentais de lui infliger, fort maladroitement sans doute. Au bout de deux jours, il ne m'adressait quasiment plus la parole et poussait des grognements dignes d'un ours canadien, tout comme ses compagnons d'ailleurs qui me prirent rapidement en grippe. Une grande leçon de voyage et un rappel historique pour les jeunes routards : si le français est une très belle langue, les Anglo-Saxons ont gagné la partie dès que l'on sort de nos frontières ! Je me souviens qu'à cette époque mon anglais n'était pas vraiment fluently et que mes compagnons " volontaires " provenaient presque tous de pays anglo-saxons ou de ces merveilleuses contrées où l'on enseigne l'anglais dès le plus jeune âge… Il y avait bien sûr des Anglais mais aussi des Néo-Zélandais, des Australiens, des Irlandais et puis pas mal de Scandinaves repérables à leurs superbes chevelures blondes, leurs jolis minois et leur accent impeccable. Bref, de jeunes routards en herbe pleins d'avenir, venus ici tout comme moi pour se forger une expérience et des contacts précieux, une espèce de karma… Du moins, c'est ce que je pensais.
Texte : Fabrice de Lestang
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