Irlande, péninsule de Dingle
Les îles Blasket
Face à l’extrême pointe de la péninsule, ou Slea Head, l’archipel des îles Blasket a fait couler beaucoup d’encre… Cette côte particulièrement sauvage fut le décor du magnifique film de David Lean, La fille de Ryan (1969). À l’horizon, par beau temps, on devine la pyramide rocheuse des îles Skellig. Droit devant, à 5 km de la côte, la grande île Blasket était autrefois habitée. Le Blasket Center, sur la péninsule, raconte l’histoire de cette centaine d’Irlandais courageux qui, tentés par les prairies vertes et poussés par la famine, s’implantèrent durant trois siècles sur cette île.
Vivant en autarcie, ils ne parlaient que le gaélique, vivaient pieds nus, avec très peu de moyens, se faisant les garants d’une culture à part. Une coquille supportant un roseau creux, avec une mèche de laine trempée d’huile de poisson, servait de lampe , un collet attrapait les lapins, les algues sèches bouillies dans du lait guérissaient des fièvres, les lourdes barques à fond plat recouvertes de goudron permettaient une pêche fructueuse lorsque la mer n’était pas trop démontée. Une école, un chef, sage du village, et un esprit d’entraide encadraient la communauté.
Au début du XXe siècle, des écoliers se rendirent sur l’île pour en étudier les coutumes, encourageant les habitants à témoigner par écrit de leur mode de vie. Trois ouvrages firent alors connaître la vie si particulière des îliens. On raconte ainsi que les pêcheurs, qui ne savaient pas nager, ne parlaient pas entre eux, mais chantaient en gaélique, de peur d’effrayer les défunts jetés en mer. Les derniers habitants quittèrent l’île en 1953. Des excursions en bateau sont possibles depuis Dingle et Dunquin.
Texte : Anne-Marie Minvielle
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