Le sud-est de l’Anatolie, l’autre Turquie
Hasankeyf, dernière visite avant engloutissement
Sur le trajet qui nous mène au village d’Hasankeyf, on a l’impression de circuler sur les Champs-Élysées un 14 juillet. Au sol, on ne compte plus les camions militaires et les blindés légers, tandis que dans les airs un hélicoptère Cobra semble nous escorter. Une fois arrivés, on découvre un site majestueux, blotti au fond d’une gorge où coule le légendaire Tigre. Hasankeyf n’est pas sans rappeler la Cappadoce. Ici aussi, des maisons troglodytes ont été creusées à même la roche, mais aujourd’hui une seule famille y habite encore.
Le jeune homme qui nous guide jusqu’au sommet de la citadelle nous informe que, si tout va mal, le village sera sous les eaux du barrage Atatürk en 2010. Après Zeugma, Hasankeyf risque fort d’être la nouvelle victime du projet GAP. « Comme tous mes amis, je suis né et j’ai grandi ici, nous ne voulons pas voir notre village lentement submergé », nous confie-t-il. Il n’a aucune envie d’aller vivre en haut de la colline où le New Hasankeyf doit être reconstruit.
À côté du grand palais, c’est avec une certaine fierté qu’il nous fait visiter un petit bâtiment d’à peine 20 m2. À l’intérieur cohabite une minuscule chapelle et une à peine plus grande mosquée. Malgré les incidents survenus au siècle dernier dans la région, cet édifice montre que chrétiens et musulmans ont vécu ici sans problème pendant des centaines d’années.
- Introduction
- Nemrut Dagi, le tombeau d’un roi mégalo
- Urfa, sur les traces d’Abraham
- Harran, au pays des termitières
- Zeugma, une cité antique sous les eaux
- Mardin, un musée à ciel ouvert
- Hasankeyf, dernière visite avant engloutissement
- Dyarbakir, plongée dans le bastion kurde
- Akdamar, une église au milieu d’un lac
- Infos pratiques
Texte : Jean-Baptiste Herrera
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