Le Venezuela, grandeur nature

Caracas, à l’américaine

Caracas, à l’américaine
Jean-Philippe Damiani

Le Venezuela est paradoxalement l’un des pays le plus « nord-américanisés » d’Amérique latine. Ici, c’est le base-ball, et non le football, qui fait vibrer les foules. Comme à Los Angeles ou à Houston, les rues quadrillées en damier de Caracas sont sillonnées par des flots de 4x4 et de grosses berlines. Métropole de cinq millions d’habitants, la capitale vénézuélienne a pratiquement effacé toute trace de son passé architectural, en privilégiant un urbanisme « moderne », qui paraît déjà ringard. Chaque quartier a son C.C., centre commercial à l’américaine (de type mall) ouvert 7 jours sur 7. Plus que des centres d’achats, les C.C. sont des lieux de vie et de sociabilité où l’on trouve restos, cinémas et boîtes. Rien de nouveau sous le soleil des Amériques, fût-il « socialiste ».

Après dix ans de chavisme, les inégalités sociales demeurent effarantes. Près de 60 % des Caraqueños vivent dans la pauvreté. Dans les quartiers chic d’Altamira (photo) et de Las Mercedes, les très riches membres de l’oligarchie pétrolière se barricadent derrière murs et fils barbelés, à l’abri des « masses dangereuses ».

Le cocktail est, bien entendu, explosif : la criminalité connaît un développement vertigineux, tout comme la peur. Selon le quotidien El Universal (4 avril 2009), rien que pour les trois premiers mois de 2009, on dénombrait 844 homicides à Caracas. Après 22 heures, les rues de la ville sont désertées, les automobiles ne s’arrêtent plus aux feux rouges : la capitale du Venezuela semble de facto sous le coup d’un couvre-feu.

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Texte : Jean-Philippe Damiani

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