Viêt Nam : rencontres sur la route Mandarine
Le soldat disparu
Les cicatrices humaines et psychiques de la terrible guerre du Viêt Nam ne sont pas encore complètement guéries en 2009, soit près de trente-quatre ans après la fin des événements en 1975. Grattez la terre de ce pays, vous y trouverez le terreau de la souffrance, la mémoire endeuillée, le souvenir des combats terribles et le peuple silencieux des soldats disparus non-identifiés.
Monsieur Vu Duy Huong, haut fonctionnaire du ministère du Développement rural, pose la main sur le drapeau national (rouge avec l’étoile jaune) qui recouvre une urne funéraire. Celle-ci contient les ossements de son frère, un jeune soldat de l’armée régulière, disparu en 1972, pendant la guerre du Viêt Nam. Ses restes humains ont été retrouvés plus de trente ans après sa disparition, au terme de laborieuses recherches, et avec l’aide de Phan Thi Bich Hang, une célèbre medium connue pour ses pouvoirs étranges. L’armée vietnamienne emploie occasionnellement cette jeune femme aux dons exceptionnels pour aider les familles des anciens combattants dans leur recherche. De nombreux Vietnamiens ont recours aujourd’hui à Madame Hang pour retrouver les restes des disparus de la guerre.
Dans son véhicule 4x4, Vu Duy Huong rapporte l’urne de son frère jusqu’au village natal de Thai Binh, au nord du pays, pour que les restes soient inhumés officiellement dans le tombeau familial. La famille Vu pourra enfin faire le deuil de leur cher disparu. Hasard heureux du voyage sur la route Mandarine, j’ai rencontré M. Huong sur le site du 17e parallèle, qui séparait naguère le pays en deux parties adverses. C’est dans ce secteur, au nord de Hué, que les combats et les bombardements les plus violents ont eu lieu pendant ces années de feu.
Texte : Olivier Page
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