Viêt Nam : rencontres sur la route Mandarine
De l’encens sur la route Mandarine
L’île de Monsieur le Tigre, près de Long Xuyen, au cœur du delta du Mékong (extrême sud du Viêt Nam), apparaît à peine sur les cartes géographiques. C’est pourtant un endroit exceptionnel, un de mes coups de cœur : paysages verdoyants et fertiles, multitude de canaux et de bras d’eau ombragés formant un vaste réseau aquatique à l’image d’un labyrinthe amphibie, barques à rames, bateaux à moteur, petites maisons en palmes et bambous nichées sous les bananiers, les palmiers et les manguiers, chemins accessibles aux bicyclettes, aux vélomoteurs, peu de voitures, cela coûte trop cher. Un petit temple est dédié à un tigre blanc qui selon la légende n’avait fait que du bien…d’où son nom.
Non loin de là, à Long Xuyen, se tient un des plus grands villages flottants du sud du pays : une ribambelle de maisons et de commerçants y vivent au rythme du Mékong, dernier monstre sacré venu du Tibet, via le Laos et le Cambodge, et qui éclate en neuf grands bras avant de se jeter dans la mer de Chine.
Faute d’espace autour de leurs maisons, les habitants de l’île de Monsieur le Tigre font sécher sur le bord des routes des quantités de bâtonnets d’encens, fabriqués dans leurs ateliers artisanaux. La chaussée des routes du delta du Mékong sert souvent au séchage des denrées agricoles, c’est toléré par la loi et ça dépanne les gens du pays. Le voyageur chemine alors sur des routes « encensées », c’est le cas de le dire. La longue et vieille route Mandarine (la N°1), se termine plus au sud, au-delà de Ca Mau, dans un certain dénuement mais embaumée par le parfum de la paix et de la sérénité retrouvée.
Texte : Olivier Page
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