Voyage en Libye
Une vie sur deux niveaux
Ghadamès brille d’une blancheur éclatante. Lovée au cœur d’une palmeraie, elle nous apparait comme un labyrinthe inextricable. Notre guide nous attend. Il nous conte l’histoire de la ville, qui fut l’un des premiers foyers de l’islam maghrébin (entendez « de l’ouest », maghreb signifiant « le couchant » en arabe). Des cavaliers arabes sont arrivés ici presque au lendemain de l’Hégire.
La médina, désormais transformée en musée et classée au patrimoine mondial par l’Unesco, fonctionnait jadis sur deux niveaux. De plain-pied c’était le domaine des hommes, qui coulaient leur vie au rythme de l’irrigation de leurs jardins et vivaient entre eux. La datte de Ghadamès est réputée depuis des lustres. À l’étage, c’était le royaume des femmes, qui passaient d’une terrasse à une autre sans jamais sortir de chez elles. Hommes et femmes ne se fréquentaient qu’en de rares occasions (on devine lesquelles).
Ghadamès, à l’instar de certaines oasis du Sud tunisien et de Ghardaïa, la pentapole du Mzab en Algérie, était un fief de l’islam ibadite. L’ibadisme est la branche modérée de l’islam khâridjite qui est lui-même un courant dissident de l’islam sunnite. Prônant une transmission « démocratique » du pouvoir religieux, il fut adopté très tôt par les tribus berbères qui contrôlaient le trafic caravanier. L’ibadisme se caractérise par une pratique austère de la religion du Prophète, dans laquelle la femme est exclue de la vie sociale. En outre, les ibadites sont de fieffés commerçants.
- Intro
- Frontière tuniso-libyenne
- Tripoli, rendez-vous sur la place verte
- Tripoli-médina ou la dolce vità
- Leptis-Magna, la « Rome africaine »
- Cap sur Ghadamès
- Une vie sur deux niveaux
- La montagne des génies
- Quand les Libyens chassaient l’éléphant
- L’émeraude des Garamantes
- Pêcher la crevette dans le Sahara !
- Awbari, des dunes à l’infini
- Sebha, ultima frontera
Texte : Eric Milet
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