Parcs nationaux de l’Utah, le rêve américain
À la conquête de l’Ouest
« S’il est un lieu que personne ne veut, c’est ce lieu que je cherche ». Ainsi s’exprima Brigham Young, nouveau prophète des Mormons, peu de temps après la mort du fondateur de la secte en 1844. Fidèle à ses mots, il mena ses brebis vers l’Ouest, dans une quête improbable en chariot, jusqu’à élire de ses vœux, au début de l’été 1847, le vide sidéral du Grand Lac Salé. Pas un autre colon. Et fort peu d’Indiens dans ce secteur inhospitalier en diable.
Il fallait bien toute la foi naïve des convertis de fraîche date pour penser faire éclore ici la nouvelle Sion. Sur les bords du lac, chauffé à blanc par le soleil, rien ne pousse, à part quelques maigres broussailles. Le sel s’y dépose en nappes grisâtres et les mouches y vrombissent en nuages. De l’eau, oui, mais de l’eau saumâtre, imbuvable. Un paradis, ici ?
Moins d’une génération plus tard, le gigantesque Tabernacle était pourtant sorti de terre et le temple mormon grimpait vers le ciel. Brigham Young résidait à quelques pas, dans deux maisons voisines, bâties dans un style très Nouvelle-Angleterre : la Beehive House et la Lion House.
Pourquoi deux maisons ? Parce que Young, s’inspirant des prophètes bibliques, avait décrété légale la polygamie. Lui-même épousa une bonne vingtaine de femmes et enfanta une cinquantaine de têtes blondes... Une pratique contestée dans tout le pays, qui empêcha longtemps l’Utah, rebaptisé « harem occidental », d’intégrer l’Union américaine.
Préparez votre voyage avec nos partenairesTexte : Claude Hervé-Bazin
Mise en ligne :