Équateur : à la poursuite des rêves
Haciendas : les demeures inspirées des Andes
Dans le dictionnaire espagnol-français, le mot hacienda a deux sens : sens premier, une propriété agricole. Deuxième sens : fortune. Les haciendas d’Equateur ont toutes été et sont encore de vastes domaines agricoles, appartenant à des familles riches et fortunées. De plus en plus, sous l’effet des contraintes économiques, beaucoup se convertissent en hosterias de luxe, ou hôtels de charme, sans perdre leur âme ni leur caractère.
La plus émouvante de toutes est l’hacienda San Agustin de Callo (photo) près du volcan Cotopaxi. Dans un paysage qui évoque l’Ecosse, elle a été construite sur le lieu même d’un palais Inca. Après la conquête, les Espagnols en firent un de leurs relais. Elle abrite encore aujourd’hui un petit temple inca transformé en chapelle chrétienne devant laquelle broutent de gentils lamas. Les grosses pierres composant les murs de cet oratoire rappellent celles de Cuzco, coupées en oblique, de forme trapézoïdale, et assemblées quasiment sans joint.
Parmi les plus vieilles du pays, l’hacienda Guachala, se trouve près de Cayambe. En 1495, elle servait encore de garnison aux Incas. À la conquête en 1534, on y créa une encomienda pour les colons. En 1736, La Condamine et la mission géodésique française y séjournèrent, à la recherche de la ligne de l’équateur… La chapelle actuelle a été construite en 1580 sur l’emplacement d’un temple Inca, comme à l’hacienda San Agustin de Callo.
La Condamine séjourna aussi à l’hacienda La Cienega. Au pied du volcan Cotopaxi, ce grand domaine agricole transformé en hosteria vit dans le souvenir d’illustres explorateurs et scientifiques. Bâti au XVIe siècle au tout début de la conquête de l’Equateur par les Espagnols, ce manoir andin classé Monument historique a conservé intacte la chambre de La Condamine, l’explorateur français qui parvint à découvrir le tracé de la ligne de l’équateur. En 1802, l’hacienda hébergea le célèbre scientifique Alexander Von Humboldt, l’un des meilleurs connaisseurs de l’Amérique du Sud. Sa suite est toujours là.
À Peguche, près d’Otavalo, l’hacienda Pinsaqui a été construite en 1790, en pleine époque coloniale. Elle fut reconvertie en fabrique de textile avant de devenir un hôtel chic. Le libertador Simon Bolivar séjourna dans la suite n°1. Près de Baños, au pied du volcan Tungurahua, l’hacienda La Guadalupe, grosse ferme à vaches et à moutons, est la plus littéraire de toutes ces demeures. Le poète Henri Michaux y séjourna en 1928. Il en parle dans son récit de voyage intitulé Ecuador.
Plus au nord, près d’Ibarra, l’hacienda Chorlavi ressemble à une antique maison romaine autour d’un patio ouvert sur le ciel et les nuages. En langue quechua Chorlavi signifie « nid d’amour ». Selon la légende, l’empereur Inca Huyna Capac y vécut une idylle amoureuse avec une belle princesse Caranqui… Si les murs de cette hacienda pouvaient parler, il en sortirait encore des fantômes et des rêves ! Certaines demeures d’Equateur ont parfois gardé plus de mémoire que les cœurs humains.
- Intro
- Puyo : l’homme qui murmure à l’oreille des singes
- Hakuna Matata : le rêve de Rudy et Marcellina
- Omaere : parlez-vous Jivaro ?
- Parc de Yasuni : le goût amer de l'or noir
- Inti Raymi : nouvel an Inca à Otavalo
- Cristobal crée sa propre ligne… d’équateur
- Les chevaux de feu de Don Gabriel
- Haciendas : les demeures inspirées des Andes
- Fiche pratique
Texte : Olivier Page
Mise en ligne :