Canada : l'Acadie, une Amérique française
Bleu-blanc-rouge à l’étoile d’or
Le ciel est bas et le paysage plat. Sur les berges, de loin en loin, des fermes rouges alternent avec des maisons de bois entourées de gentils jardins. Des criques caillouteuses se découpent, des bois sombres moutonnent, alternant avec des champs et des prés bien verts. À bâbord, le gris du ciel semble déteindre sur celui des eaux miroitantes de la baie des Chaleurs, si impassible qu’elle laisse croire à un lac plus qu’à une mer. Une vraie aquarelle anglaise.
Ce n’est pourtant pas l’Union Jack qui flotte sur ces terres, mais un drôle de tricolore, bleu-blanc-rouge frappé d’une étoile d’or : le drapeau de l’Acadie, choisi à la fin du XIXe siècle pour représenter une nation sans patrie et symboliser l’attachement conjoint à la langue française, à la Vierge Marie et à la Papauté.
Passé Bathurst, mi-anglophone mi-francophone, il est partout, se hissant sur les mats, recouvrant entièrement certains murs, le liseré des trottoirs, le phare de Grande-Anse, joliment perché sur une courte falaise ocre, et jusqu’aux casiers à homard. « Acadiens et fiers de l’être », telle pourrait être la devise des habitants de Caraquet et de sa région — bien logiquement désignée sous le nom de péninsule acadienne.
Texte : Claude Hervé-Bazin
Mise en ligne :