Canada : l'Acadie, une Amérique française
Irréductibles Acadiens
Voici un drôle de pays, où règnent les dépanneurs (épiceries de quartier), les tabagies (bureaux de tabac) et les quillodromes (bowlings). Pas de concession inutile aux « Anglais », par icitte, les francophones dominent largement.
Caraquet (prononcez « Caraquette », comme l’huître locale au goût de noisette) s’affirme aux avant-postes de la résistance. On y publie l’unique quotidien de langue française du Nouveau-Brunswick, l’Acadie Nouvelle. Et, chaque été, le Festival Acadien célèbre avec vigueur la joie de vivre de tout un peuple, en pleine renaissance culturelle. Le dernier jour, entre défilés, drapeaux, parapluies bleu-blanc-rouge, tambours et trompettes, la fête du « grand Tintamarre » semble proclamer « oui, on est bien vivants ! ».
Pour la nostalgie, il y a l’extraordinaire Village Acadien (photo). Entre champs, bois et ruisseaux, soixante édifices datant de 1773 à 1949 recréent une authentique communauté acadienne. On y vit comme à l’époque, en froc et en sabots, à l’ombre de l’église et de son clocher. Les hommes vont au puits, joug sur l’épaule. Les femmes teignent la laine, tissent, saluent la maîtresse, puis s’en retournent à leur fricot.
Chaque acteur s’approprie son personnage et, au fil des années, reproduit sa vie, communiant avec le passé. Aucun anachronisme, aucun impair : chaque ustensile colle à son époque, comme au temps jadis. Une parenthèse temporelle pour mieux rêver à un passé sublimé.
Texte : Claude Hervé-Bazin
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