Canada : l'Acadie, une Amérique française
Shédiac, capitale mondiale du homard
Ce n’est pourtant pas au chiac que Shédiac doit sa renommée, mais au homard, célébré chaque été par un festival. Une statue géante du crustacé trône à l’entrée de la ville : 5 mètres de haut, 11 mètres de long pour un poids de 90 tonnes ! On pourrait presque voir dans le homard une métaphore de l’histoire acadienne : jadis méprisé, aujourd’hui courtisé. Dire qu’au XIXe siècle, il était si abondant que personne n’en voulait…
L’étiquette interdisait, alors, que l’on mangeât du homard au déjeuner et en limitait la consommation au petit déjeuner et au dîner à une fois par semaine. Les enfants le fuyaient et les prisonniers, pauvres d’eux, s’en voyaient servir à tous les repas, matin, midi et soir. Une double peine, que certains comparaient à une torture !
La pêche commerciale débuta dans les années 1840 et les exportations vers l’Europe en 1875. Paysans de tradition, les Acadiens ne sont devenus pêcheurs qu’à leur retour, après le Grand Dérangement : les bonnes terres accaparées par les colons anglais et écossais, il ne leur restait que la pêche.
Aujourd’hui, la morue qui attira au Canada les premiers terre-neuvas, le hareng, le saumon ont presque disparu. Que reste-t-il ? Le homard. Certes pas aussi nombreux que jadis, mais il s’en pêche près de 50 000 tonnes par an, essentiellement dans le golfe du Saint-Laurent et le détroit de Northumberland.
En haute saison (août), au Big Fish Marché d’Homard, le prix descend parfois jusqu’à 4 $Ca (2,8 €) la livre (2,75 $Ca payés au pêcheur) — une misère —, pour remonter à 10 $Ca (6,5 €) en basse saison. On pioche dans le vivier en essayant de ne pas tomber sur le homard bleu électrique (une rareté !) ni de trop titiller le homard géant (10 kilos pour 80 cm et sans doute autant d’années…).
Texte : Claude Hervé-Bazin
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