Grèce : les îles Ioniennes, sous le soleil exactement
Corfou, le verrou de l’Occident
Plus proche de l’Albanie que de la Grèce, Corfou pointe son nez à 100 km de la botte italienne : il était logique qu’elle devienne marchepied sur la route de la Grèce et de l’Orient. Pour sortir de l’Adriatique, les marchands vénitiens d’alors n’ont d’autre choix que de franchir le détroit d’Otrante et de faire escale à Corfou. Leur influence, à l’époque de leur grandeur maritime, s’est diffusée sur l’île. Lorsque certains Corfiotes les appellent à l’aide, en 1386, les marchands s’installent naturellement sur l’île.
La vieille forteresse byzantine, veillant tel un fanal sur son rocher à l’entrée du port de Corfou (photo), s’est très vite agrandie et renforcée sous les Vénitiens. Il s’agit d’abord, au XVe siècle, de mieux résister au développement de l’artillerie ; puis, au siècle suivant, de se garder des appétits Ottomans. Barberousse attaque une première fois en 1537, avec 50 000 hommes ! Un échec. En 1571, peu avant la bataille de Lépante, qui va stopper leur progression en Méditerranée, les Turcs attaquent à nouveau. Les campagnes sont à chaque fois ravagées, mais le bastion tient.
Les meilleurs architectes vénitiens érigent de nouvelles tours, renforcent les murailles côté mer et réalisent la contrafossa, une douve très profonde qui fait du promontoire une île inexpugnable. L’ensemble, classé à l’Unesco, est aujourd’hui considéré comme un chef-d’œuvre de l’architecture militaire.
C’est à cette même époque qu’est créé le port de Mandraki, au Nord, dominé par une seconde citadelle frappée du lion de Saint-Marc. La population n’a alors pas le droit de sortir des limites qu’elle trace !
Texte : Claude Hervé-Bazin
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