Grèce : les îles Ioniennes, sous le soleil exactement
Céphalonie, entre deux eaux
Un facteur naturel complique le travail des archéologues : la sismicité. Les îles Ioniennes, Corfou exceptée, forment en effet la zone la plus touchée par les tremblements de terre dans toute l’Eurasie occidentale. Seize séismes importants, supérieurs à 6 sur l’échelle de Richter, ont été enregistrés durant le dernier siècle. Le plus violent (7,2), en 1953, a en grande partie détruit Ithaque, Céphalonie et Zante, provoquant la mort de près de 500 personnes.
À Céphalonie, les séismes ont favorisé la pénétration des eaux de ruissellement qui ont creusé, au fil du temps, un vaste réseau de grottes, de galeries et de rivières souterraines – en partie étendu sous le niveau de la mer. Étrangement, les eaux marines, pénétrant dans le système à l’ouest de l’île par les katavothrès (gouffres), ressortent à l’Est, en grande partie débarrassées de leur salinité !
Le séisme de 1953 a mis au jour l’une des deux principales résurgences, le lac de Mélissani, dont la voûte s’est effondrée, laissant les rayons du soleil pénétrer l’antre aux heures chaudes et illuminer sa surface d’un bleu d’une rare intensité.
Ébranlée elle aussi par les secousses, la forteresse vénitienne d’Assos (XVIe, photo) s’agrippe au sommet d’un puissant promontoire relié à l’île principale par un isthme étroit. Un site majestueux, entre pins parasols, bouquets de santolines et buissons jaunes, d’où se détache un panorama sans pareil sur la baie, profonde.
Plus loin, les chèvres broutent au flanc des falaises, au-dessus de la plage de Myrtos, à la blancheur aussi éblouissante que trompeuse : pas de sable sous le pied, mais des petits galets presque ronds, polis comme des billes, baignés par une eau toujours turquoise.
Texte : Claude Hervé-Bazin
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