En descendant l'Amazone
La forêt amazonienne
L'Amazonie est comme une paire de chaussures neuves : on est bien dedans tout de suite, ou on ne le sera jamais. Si le premier contact n'est pas bon, on vous invitera à changer de paysage. Immense et fragile, enchanteresse et effrayante, attirante et énigmatique, la forêt amazonienne n'est-elle pas curieusement la répétition à une échelle démesurée d'une même image très élémentaire : un groupe d'arbres tropicaux au feuillage luxuriant ?
En survolant cette jungle équatoriale, je pensais à ceci : en appuyant par mégarde sur une touche d'ordinateur imaginaire nommée « arborescence », en gardant le doigt sur la touche enfoncée, on obtient une image troublante et merveilleuse : des millions et des millions d'arbres. C'est ce qui a dû se passer ici à mon avis du temps où les dieux dirigeaient la terre et les hommes. Des arbres, des arbres et encore des arbres, comme dans un dérèglement de tous les sens de la Nature. Et pourtant ce dérèglement tout en vert n'en est pas vraiment un puisqu'il évoque une multiplication mathématique du réel, ce qui finalement constitue la règle dominante de la vie, la prolifération étant la loi du végétal !
L'homme y est admis, mais sans plus. Le naturel, l'Indien donc, ne se voit pas du hublot de l'avion, ni du bateau. Il se cache, se méfie encore de l'homme occidental et de la civilisation. Mais il vit là dans son élément, les Européens n'étant que des visiteurs de l'histoire. Je n'ai pas vu un seul Indien pendant mon voyage. Pour les rencontrer, il faut s'enfoncer dans la forêt, loin des centres urbains et surtout avoir une autorisation spéciale de la FUNAI (Fundaçao Nacional do Indio), organisme officiel chargé de la question indienne.
Le bateau glisse entre des frondaisons d'arbres touffus, élancés dans le ciel vers la lumière dont ils semblent vouloir se protéger. Il est plus facile de décrire un arbre que la forêt amazonienne, dit-on souvent.
- Introduction
- À la recherche du royaume d'Eldorado et du pays de la Cannelle
- Le génie des voyages fluviaux
- La rencontre des eaux
- Manaus, ville des rêves fiévreux
- Vive le bateau-hamac !
- Le goût du pirarucu
- Le plus grand laboratoire à ciel ouvert
- La forêt amazonienne
- Un rabelaisien sur le rio Negro
- La descente de l'Amazone
- Santarém, une ville pour oublier le vacarme du monde
- L'histoire de Leonidas Saunier Martins
- P'tites adresses
- Infos pratiques
Texte : Olivier Page
Mise en ligne :