Louisiana Purchase
En 2003, il y aura deux cents ans que la Louisiane n’est plus française, et pourtant, entre le plus français des États américains et les « sacrés Français », c’est une histoire qui dure encore. Petit rappel à l’occasion du Lousiana Purchase, qui se poursuit jusqu’en avril 2004.
Préparez votre voyage avec nos partenairesUn peu d’Histoire
Prenez trois nations (les États-Unis, la France et l’Angleterre), quelques
tribus indiennes, des colons, deux grands hommes (Napoléon et Thomas Jefferson)
et un territoire aux contours imprécis s’étendant du sud de l’Amérique à la
frontière canadienne ; bien secouer, et vous obtenez la Louisiane, 18e État
américain depuis 1812. 2003 marquera le bicentenaire de la cession définitive
de ce territoire par la France à la jeune république des États-Unis. Un peu
partout, là-bas et ici, les liens étroits tissés au fil des siècles entre la
France et son ancienne province seront célébrés au travers d’expositions, d’événements
culturels et de reconstitutions historiques. Certaines ont d’ores et déjà débuté :
la fête du Louisiana Purchase peut commencer !
De quoi donner le tournis : la Louisiane a eu dix drapeaux différents
entre 1541 et 1912 ! Autant dire que cette terre est passée de main en
main... Tout commence avec une expédition espagnole en 1539. Partie de
Floride et menée par le conquistador Hernando de Soto, elle se révèle très vite
un fiasco total... De Soto meurt des fièvres dans les bayous inhospitaliers
du Mississipi et l’Espagne renonce à y planter son drapeau.
L’explorateur français Cavelier de la Salle, plus tenace (ou plus chanceux ?),
réussit à prendre possession de cette contrée en 1682 et la baptise Louisiane,
en hommage au roi soleil, évidemment. Les Indiens Houmas, habitants primitifs
de la Louisiane, ne sont pas vraiment exterminés, mais plutôt forcés d’abandonner
les riches terres qu’ils exploitaient et contraints de se replier vers les régions
marécageuses du Sud.
Les colons français vont rapidement recevoir un « renfort » venu du
Nord : l’Acadie, territoire du Canada français depuis 1604, passe
aux mains des Anglais en 1713. Les Acadiens, francophones, refusent la
mainmise britannique et sont massivement expulsés vers le Sud. Ils essaiment
dans tout l’est des États-Unis, mais un grand nombre d’entre eux atterrissent
en Louisiane. Acadiens, Cadiens, Cajuns : autant de mots pour désigner
ce peuple grâce auquel les traditions francophones se sont perpétuées jusqu’à
aujourd’hui.
Scindée en deux provinces, plusieurs fois cédée par des traités secrets, la
Louisiane ne trouve un remède à sa condition « d’apatride » qu’en 1803.
L’empereur Napoléon décide de se débarrasser de ce territoire encombrant, source
de conflits avec l’Angleterre qui la convoite toujours. Elle est vendue en 1803
à la toute jeune république des États-Unis, représentée par son président Thomas
Jefferson, pour quinze millions de dollars.
En Louisiane
La reconstitution de cet événement se tiendra à la Nouvelle-Orléans le 20 décembre 2003
et constituera le point d’orgue des festivités du Louisiana Purchase. Avant
cela, les liens franco-louisianais seront au cœur d’événements tels que l’exposition
Paintings in France 1803-2003 (Peintures de France 1803-2003) :
le Louvre, le musée d’Orsay, le centre Pompidou entre autres prêteront des toiles
d’artistes aussi prestigieux que Courbet, Monet, Matisse, Max Ernst ou Pierre
Soulages à l’université de Lafayette. But de la manœuvre : mettre en évidence
les liens historiques entre la France et les États-Unis à travers l’art. À voir
du 20 décembre 2003 au 1er avril 2004.
En attendant, Napoléon, ou plutôt son épouse, Joséphine de Beauharnais, est
déjà à l’honneur au Louisiana Center of Arts and Sciences de Bâton-Rouge :
depuis la mi-octobre, objets, bijoux, œuvres d’art venus de la Malmaison sont
exposés jusqu’à mi-juin 2003. Au Old US Mint de la Nouvelle-Orléans,
une exposition autour du livre jazz, illustré par Henri Matisse, montre, depuis
le 15 octobre, des photographies de l’artiste en plein travail.
Des conférences et plusieurs autres expositions mettront l’accent sur le mélange
de cultures qui caractérise la Louisiane : les influences espagnole, britannique
et française se font sentir dans l’Art, la langue et la forme de documents historiques
(lettres, textes officiels) exhumés des archives pour l’occasion.
Enfin, la cession de la Louisiane aux États-Unis
par la France, peut-être parce qu’elle a été l’occasion d’une rencontre entre
deux personnages aussi éminents que Napoléon et Jefferson, a inspiré les mélomanes.
Pas moins de deux créations d’opéras sont prévues en 2003 ! L’un,
Corps of Discovery, retrace l’expédition de deux explorateurs au fil du Mississipi ;
l’autre, intitulé tout simplement Louisiana Purchase, relate le destin tragique
de la baronne de Pontalba, membre d’une aristocratique famille créole, avec
le rachat de la province pour toile de fond. Exclusivement réservé aux amateurs
d’art lyrique !
La francophonie
Depuis 1968, la Louisiane est le seul État bilingue français-anglais des États-Unis...
Preuve d’une tradition très ancrée. Le français de la Louisiane, très académique
à l’origine, doit beaucoup aux Acadiens venus du Canada. On y retrouve ainsi
les « asteur » (de nos jours), « char » (voiture) et « bec »
(baiser) coutumiers du lexique québécois. Mais aussi de pures créations qui
en font tout le sel : si le « cocodril » (crocodile) est l’un
des plus connus, le Français en balade aura du mal à suivre son interlocuteur
s’il lui demande si les « maringouins » (moustiques) ne l’ont pas
trop dévoré ou s’il souhaite goûter aux « ouaouarins » (grenouilles),
dont les cuisses sont un classique de la cuisine cajun...
Une enquête de 1990 estimait à 40 % la proportion de francophones
en Louisiane. Pas la majorité de la population, donc, mais 25 % d’entre
eux, étaient âgés de moins de 19 ans, preuve d’un réel regain d’intérêt
pour la langue française. La musique traditionnelle et le zydeco, sorte de blues
en français inventé par les Noirs de la Nouvelle-Orléans, ont conquis les ondes
et sont sortis de la confidentialité.
Et en France ?
L’association France-Louisiane / Franco-Américanie, qui œuvre depuis 1977 pour la promotion de l’usage du français en Louisiane, sera partie prenante de la plupart des célébrations prévues en France. Des conférences historiques et l’apposition d’une plaque sur l’hôtel Tubeuf, dans le 2e arrondissement de Paris, où fut signé le traité de cession de 1803, sont d’ores et déjà prévus. Un voyage en Louisiane, toujours sur le thème du Purchase, est en projet, ainsi qu’une collaboration avec le ministère de la Culture dans l’organisation d’une commémoration plus « officielle ». Le calendrier n’est pas encore complètement arrêté : n’hésitez pas à vous rendre sur leur site internet ou même à leur rendre une petite visite : accueil charmant et infos à la clé !
Une fois sur place...
Où dormir ?
À la Nouvelle-Orléans
- Mazant Guesthouse, 906 Mazant (à l’angle de Burgundy). Tél. : (001)
504-944-2662.
Chambre doubles à 39 US$, ou 44 US$ avec salle de bains. Ambiance
créole dans cette vieille maison de planteur, au calme. Parquet, meubles 1930
et ventilos au plafond. Attention, pas de petit-déjeuner !
À Lafayette
- Chez Lejeune, Acadian B&B, 127, Vincent Road. Tél. et fax :
(001) 337-856-5260.
Immersion dans la culture cajun ! Lea et Ray qui tiennent ce Bed and Breakfast
parlent bien le français de là-bas. Nuit pour deux : 60 US$, petit-déjeuner
compris. On peut aussi y dîner, à condition de prévenir à l’avance (environ
15 US$).
Où manger ?
À la Nouvelle-Orléans
- The Napoleon House, 500 Chartres street, dans le « vieux carré »,
le quartier français. Tél. : (001) 504-524-9752.
Ouvert tous les jours jusqu’à 22 h (un peu plus tard le week-end). Cette
vieille maison était la demeure d’un bonapartiste convaincu qui projetait de
faire évader l’empereur de Sainte-Hélène pour l’installer ici ! D’où la
profusion de souvenirs qui décorent les murs... Sandwichs et salades pour moins
de 10 US$. L’endroit fait aussi bar et salon de thé.
À Lafayette
- Creole Lunch House, 713 12th street, à l’angle de St-Charles. Tél.: (001)
337-232-9929.
Ouvert du lundi au vendredi de 11 h à 14 h. Sans doute le seul resto
authentiquement créole de la région... Plats bon marché et particulièrement
épicés, servis par des mamas noires au parlé savoureux.
Où boire un verre et écouter de la musique ?
À la Nouvelle-Orléans
- Tipitina’s, 501 Napoleon avenue. Tél. : (001) 504-897-3943
Un peu excentré, à l’ouest du « vieux carré ». Salle de concert mythique
dans la région. Tous les soirs, programmation variée : zydeco, jazz, musique
cajun ou blues. Entrée payante, mais raisonnable. Guettez l’happy hour de 15 h
à 21 h : jambalaya gratuite et trois cocktails pour le prix d’un !
Crédit photo : © Benoît Lucchini
Infos pratiques
Célébrations du Lousiana Purchase
Depuis septembre 2002 et jusqu’en avril 2004 dans tout l’État
de Louisiane.
Programme des manifestations (en français) disponible au bureau d’information
de la Louisiane et de la Nouvelle-Orléans : 5 bis, rue du Louvre, 75001 Paris.
Tél. : 01-44-77-88-05. Internet : www.ecltd.com
Pas d’accueil du public, mais possibilité de se faire envoyer de nombreuses
brochures touristiques.
Ou à l’association France-Louisiane / Franco-Américanie, 17, av. Reille,
75014 Paris. Tél. : 01-45-88-02-10. Internet : flfa.free.fr
À noter : vous pouvez aussi vous procurer sur place La Gazette de
la Francophonie américaine, trimestriel de l’association qui consacrera
une large part dans sa prochaine édition aux festivités.
Texte : Isabelle Damiron
Mise en ligne :