Boi-bumba, le carnaval du bœuf à Parintins
Du 30 juin au 2 juillet, 100 000 Brésiliens se retrouvent au cœur de l’Amazonie pour cette « fête du bœuf », une explosion de couleurs, de musiques et de joie qui n’a rien à envier au carnaval de Rio. Une plongée inoubliable au cœur du riche folklore métissé d’un Brésil méconnu : le Nordeste.
Préparez votre voyage avec nos partenairesLe bœuf, une légende brésilienne
Si vous débarquez à Parintins à la fin du mois de juin, vous devez impérativement
choisir votre camp : bœuf Garantido ou bœuf Caprichoso ? Située au
cœur de l’Amazonie à 400 km au sud-est de Manaus, cette bourgade de 80 000 habitants
vibre alors pour un événement qui attire 100 000 aficionados venus
de tout le Brésil : le festival folklorique de Parintins, plus connu sous
le nom de Boi-Bumba et surnommé la « Festa do Boi » (ou La fête du
bœuf). Cette manifestation est au Nord du Brésil et au Nordeste (nord-est du Brésil) ce que le Carnaval
est à Rio de Janeiro : plus qu’une hallucinante bacchanale, un événement
indissociable de la culture locale.
Du 30 juin au 2 juillet, le bœuf va donc être la star de Parintins.
Boi-bumba signifie littéralement « Frappe, bœuf ! ». Tout commence
par une légende du nord-est du Brésil, qui serait née au XVIIIe siècle
dans les plantations sucrières et les exploitations agricoles : celle d’un
riche fermier qui confie la garde de son bœuf préféré à son employé, un esclave
noir nommé Francisco. Catarina, l’épouse de Francisco, est enceinte et meurt
d’envie de manger une langue de bœuf. Pour satisfaire le désir de Catarina,
Francisco tue le bœuf et s’enfuit. Poursuivi par son maître, Francisco demande
de l’aide à un sorcier, le pajé, qui fait ressusciter le bœuf. Francisco
est pardonné, ce qui donne lieu à une fête.
Aujourd’hui, Boi-bumba fait partie du folklore de plusieurs États du Nord et du Nordeste,
notamment le Maranhao, le Para, le Ceara où il peut également prendre le nom
de Bumba-meu-boi. Cette fête plonge ses racines dans l’imaginaire brésilien,
marqué par l’esclavage, la faim, le rôle du bétail et la croyance surnaturelle.
Chaque année, en général autour de la Saint-Jean, on célèbre la mort et la résurrection
de ce bœuf de légende avec des processions festives. Un cortège parcourt les
rues au son de percussions endiablées, tandis que le public réagit en applaudissant
aux péripéties de l’animal. Souvent, le Boi-bumba sert de prétexte à des scènes
de satire sociale, selon la tradition carnavalesque du renversement de l'ordre
établi.
Le bœuf, roi de l’Amazonie
C’est au début du siècle que le Boi-bumba arrive en Amazonie, où de nombreux
immigrants du Nordeste viennent tenter de s’enrichir sur les concessions de
caoutchouc de la région de Manaus. En 1913, Parintins célèbre pour la première
fois le bœuf avec une simple procession. Puis, au fil des ans, Boi-bumba s’enrichit
de particularités liées à la culture amazonienne des caboclos, les métis
de la région. Ils y incorporent des personnages, des rituels et des légendes,
des questions écologiques et, surtout, une compétition qui rappelle celle des
écoles de samba de Rio.
Aujourd’hui, le Boi-bumba de Parintins est devenu l’une des fêtes les plus spectaculaires
du Brésil, qui tient à la fois du show musical, de la procession religieuse,
du rituel tribal, du théâtre de marionnettes gigantesques et du carnaval de
rue. Pendant trois jours, le stade du Bumbodromo sert de cadre à une compétition
entre deux équipes : celle du Boi Caprichoso (bœuf capricieux), décoré
de cœurs rouges, et celle du Boi Garantido (bœuf garanti), noir avec une étoile
bleue sur le front. La tête est faite en bois avec des poils ; le corps
est recouvert de velours brodé, sous lequel se cachent plusieurs personnes.
Caprichoso et Garantido représentent avec faste la légende de Boi-bumba. Orgie
de couleurs, de paillettes, de parures somptueuses, de costumes délirants, d’effets
spéciaux, de danses et de chants… Parintins se transforme en un féerique opéra
caboclo sous les yeux de dizaines de milliers de spectateurs en délire.
Les effigies gigantesques de Garantido et Caprichoso défilent dans le Bumbodromo,
accompagnées par des danseurs qui forment un tapis coloré en mouvement. Les
costumes représentent des animaux, des créatures fantastiques, des personnages
issus de légendes amazoniennes…
Le bœuf, idole des foules
Chaque tableau est minutieusement expliqué par un maître de cérémonie (le puxador)
et accompagné de chansons (la toada) créées spécialement pour le défilé.
Il faut voir le public danser au rythme des centaines de tambours, de l’accordéon
et de la batucada, un irrésistible concert de percussions. Car la foule
participe pleinement au spectacle. En fait, elle est un spectacle à elle seule.
Le Bumbodromo est divisé en deux : les supporters de Caprichoso et ceux
de Garantido, appelés la galera. Et, chose surprenante, quand une équipe
défile sous les vivats délirants de ses supporters, les fans de l’autre équipe
restent immobiles et muets comme des carpes. Un saisissant contraste. Puis,
après le défilé qui dure trois heures, tous se retrouvent pour continuer la
fête dans les bars et les rues de la ville. La cachaça coule à flots
toute la nuit, au son de l’accordéon et sur les rythmes du forro.
Au troisième jour, les équipes sont évaluées par une douzaine de juges qui décernent
une vingtaine de prix, dont ceux de la meilleure musique, du plus beau bœuf,
des meilleurs supporters et des plus beaux costumes. Ainsi s’achèvent trois
jours de délire et six mois de préparation intensive. Spectacle complet, le
Boi-bumba, qui se renouvelle chaque année, mobilise artistes, artisans, musiciens,
poètes et danseurs. Dans les ateliers de la ville, on confectionne dans le plus
grand secret les gigantesques allégories et les costumes, soignés jusqu’à la
moindre paillette. Un travail de fourmi et un acharnement de titan pour trois
éphémères jours de fête qui ont un goût d’éternité. Et qui démontrent l’incroyable
créativité du melting pot brésilien.
Infos pratiques
Office de tourisme du Brésil en France : www.bresil.org. Tél. :
01-45-61-63-76 ou 01-45-61-63-09.
Avant de partir en Amazonie, pensez à mettre à jour vos vaccinations !
Consultez la rubrique Santé
Brésil.
Y aller ?
On peut se rendre à Parintins en avion ou en bateau à partir de Manaus.
Les fréquences augmentent pendant le festival : 45 mn de vol avec la compagnie
Rico et de 20 à 25 h de voyage en bateau ! Réserver ses places
à l’avance.
Où dormir ?
Parintins ne possède pas une large gamme d’hôtels pour touristes. Il vaut
mieux effectuer ses réservations en entrant en contact avec l’office de tourisme
Amazonastur à Manaus. Tél. : (00-55) 092-622-07-67 ou www.amazonastur.am.gov.br.
Sur le Web
Site de la ville de Parintins : www.parintins.com.
Sur le Boi-bumba : www.boibumba.com.
Texte : Jean-Philippe Damiani
Mise en ligne :