Courrier de Tartarie
Auteur : Peter Fleming
Editeur : Éditions Phebus
420 Pages
“ Aucun de nous n’estimait nos chances d’aboutir à une sur vingt ”. Le périple entrepris par les deux voyageurs, Ella Maillart et Peter Fleming (frère de Ian), est en effet insensé : en 1935, alors qu’ils sont bloqués à Pékin par la guerre civile, ils décident de rentrer chez eux en traversant – sans visa et presque sans bagages – les déserts d’Asie centrale. Tous deux correspondants, elle d’un journal de Paris, lui du Times, ils se livrent à une traversée risquée de territoires non seulement peu connus, mais le plus souvent ravagés, ou du moins guettés par la guerre civile.
L’essentiel du récit se situe en Tartarie, soit au Turkestan chinois ou Sinkiang, où le quotidien des deux aventuriers se résume le plus souvent à la marche (avec les compagnons de route du moment, les chameaux, les chevaux sauvages) et à la recherche du prochain lieu de campement. Les bêtes fatiguent, le froid est vigoureux, les visas sont difficiles à obtenir, le rationnement est de rigueur, mais l’allégresse des deux voyageurs se fait sans cesse sentir alors que ceux-ci ne savent pas si leur périple va pouvoir aboutir… Leur philosophie : “ Arrivons d’abord et voyons ensuite ”. Ainsi, la caravane avance “ avalant la distance comme une chenille mange une feuille ” et les étapes s’enchaînent au gré des intempéries. La randonnée durera ainsi sept mois et six jours et couvrira environ six mille kilomètres.
Considéré comme un classique de la littérature de voyage, Courrier de Tartarie est plus qu’un simple carnet de voyage. Dans sa relation à l'expédition, l’auteur fait preuve d’une certaine distanciation, teintée d’humour et de légèreté, qui contraste avec les obstacles matériels et politiques qu’il a pu rencontrer. Pour lui, c’est une “ randonnée couronnée d’un succès immérité ”, pour nous lecteurs, c’est l’occasion de découvrir ou de redécouvrir une contrée reculée qui ne manque pas de charme. Il ne reste plus qu’à lire également Oasis interdites, d’Ella Maillart (Kini, dans le récit de Fleming), autre version du même voyage.
Texte : Laure Delmoly
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