Trains de nuit

Auteur : Éric Faye

Editeur : Éditions Stock

245 Pages

« J’aime les trains de nuit autant que m’attristent les glaciers sur le recul. Une propension certaine pour les causes perdues m’attire vers eux ». Enfant, Éric Faye (né en 1963) s’endormait en écoutant le chant des locomotives, pensant que certains trains pleuraient. Avec de telles émotions au fond de sa mémoire, Éric Faye devenu adulte s’est transmué en flâneur ferroviaire. Sa passion voyageuse le pousse à se déplacer en train lent, surtout pas en TGV car il « rapetisse l’immensité et décrète la lenteur hors-la-loi ». Éric Faye a une prédilection pour les trains de nuit. « Je dois leur rendre acte de m’avoir fait connaître des facettes méconnues de la liberté. » Il en a tiré ce livre – petit chef-d’œuvre dans le genre – écrit avec élégance et humour. Une sorte de chronique, mêlant récits vécus et souvenirs de voyages ferroviaires, de Berlin à Prague, de Moscou à Pékin, des Balkans à la Sibérie. Les lecteurs se réjouiront de la parution d’un tel ouvrage. Le domaine anglo-saxon avait déjà son « fou de train » : l’écrivain-voyageur Paul Theroux. Le monde francophone a maintenant Éric Faye ! N’oubliez pas son nom. Au train où il va, il ira loin.
Avec un humour décapant, il saisit en un coup de plume un lieu, une ville, un pays : « Cette partie du Gobi pourrait obtenir aisément son rattachement à la planète Mars ». À Rrëshen, ville d’Albanie, en pleine décrépitude, l’auteur frôle la dépression nerveuse : « Les recherches sur l’ennui avaient été poussées ici bien plus loin que partout ailleurs ». Quoi qu’il arrive, sa boussole intérieure le mène à l’essentiel, la méditation sur le sens du voyage : « Un voyage était l’occasion d’oublier mes origines et d’appartenir à la Terre, de fusionner avec ce qui défilait derrière les vitres ». Tout son livre est ainsi magnifié par des pensées dans lesquelles les grands et vrais voyageurs se retrouveront. La plus belle est peut-être celle-ci : « Être loin repose mieux qu’un grand sommeil ».