Harlem
Auteur : Eddy L. Harris
Editeur : Éditions Liana Levi
288 Pages
Mais qu’est-ce qui m’a pris de venir habiter ici ? C’est ce que se demande à plusieurs reprises l’auteur au cours de cet ouvrage. Eddy L. Harris a passé un temps de son enfance dans le fameux quartier noir de New York. Il y revient pour faire le point sur le sort des Afro-américains. Et sur Harlem, qui fut et reste la terre promise des émigrés du sud des États-Unis et des Caraïbes.
Pendant deux ans, il demeure dans un ghetto où les habitants mènent une « vie insulaire ». « Rien n’est délicat, rien n’est convenable dans ces rues où j’habite », se désole-t-il. Dans ces déambulations, il croise la route de mères célibataires, d’enfants livrés à eux-mêmes, de jeunes dealers promis à un funeste destin. Il n’y a pas de fatalité pourtant, se dit-il. N’a-il pas lui-même réussi à devenir universitaire et écrivain ?
Il fut un temps où des littérateurs, des hommes politiques, des musiciens fécondaient ce bout d’île situé au nord de Manhattan depuis plus d’un siècle. Il se souvient de l’élégance de son père, un tantinet mariole pourtant, qui jamais n’a renoncé à lui tracer un chemin vers la fierté de soi-même. Chemin faisant, Harris raconte l’histoire de Harlem, de l’époque où l’on construisait de beaux immeubles dans un environnement bucolique, jusqu’à la fin du XXe siècle, quand a débuté la gentrification actuellement à l’œuvre dans le quartier.
Le tableau sans concession que dresse l’auteur n’est cependant pas fondamentalement négatif. Il en est lui-même surpris. Car persistent dans ces rues une vitalité fantastique, une magie qui peuvent faire des prodiges. Reste juste aux Afro-américains de Harlem et d’ailleurs à s’évader de la prison mentale construite par le racisme.
Texte : Michel Doussot
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