Les Routes du café
Auteur : Philippe Goyvaertz
Editeur : Éditions Aubanel
152 Pages
Il n’y a rien de plus naturel que de boire un café, n’est-ce pas ? Et pourtant, cette boisson n’a conquis le monde que tardivement. Long a été le chemin qui l’a menée des plateaux d’Éthiopie aux terrasses des cafés !
C’est en Afrique de l’Est, nous raconte Philippe Goyvaertz, que ce breuvage est né voilà très longtemps. Aujourd’hui encore, il est lié à des cérémonies cultuelles. Il ne passe la mer Rouge qu’au XVe siècle, pour s’implanter au Yémen où il fait des adeptes chez les mystiques soufis, lesquels apprécient ses pouvoirs excitants. Grâce à lui, ces derniers peuvent louer Dieu des nuits entières sans ressentir l’effet de la fatigue.
Le café se répand vite à partir de cette époque. Les pays arabes l’adoptent, non sans réticence des chefs religieux qui l’associent à l’alcool. Mais les pouvoirs séculiers se refusent à l’interdire et l’on voit bientôt de petites échoppes ou des maisons de café en Égypte et en Syrie, puis dans l’Empire ottoman. La vogue déferle sans attendre dans de grandes villes européennes comme Venise, Marseille, Vienne, Paris ou Londres, quoique cette dernière finira par préférer le thé !
Avec le temps se développe autour du café toute une culture exigeante dans les classes privilégiées. Les variétés d’arabica se diversifient, le matériel destiné à le torréfier, le moudre, le passer, le consommer, se sophistiquent. Cependant, la route du café ne se termine pas ici. Au XVIIIe siècle, les Européens brisent le monopole de production des Yéménites et créent des plantations en Amérique du Sud, en Inde, en Indonésie, de même qu’en Afrique de l’Ouest où l’on cultivera un siècle plus tard le robusta.
Avec érudition et dans un style enlevé, Philippe Goyvaertz se fait le chroniqueur d’un périple riche en anecdotes corsées. De plus, son livre est très joliment mis en page et richement illustré. Comme de juste, il est à lire avec une tasse de café à proximité !
Texte : Michel Doussot
Mise en ligne :