Jamaïque, au pays de Bob Marley
Port Royal, QG pirate
La grande baie de Kingston, où 500 navires pourraient jeter l’ancre, est fermée au sud par une péninsule au long doigt de capitaine Crochet. L’aéroport international s’amarre à mi-chemin laissant, tout à l’extrémité, l’empilement poussiéreux des rues de Port Royal.
Si rien ne le laisse présager au premier coup d’œil, on trouvait ici au 17e s le plus riche et le plus peuplé des ports anglais d’Amérique (8 000 hab.) ! Dans ses veines : le sang de forbans, boucaniers, prostituées et chercheurs de bonne fortune accourus des trois océans pour écumer les Caraïbes.
Un bâtiment sur quatre, dit-on, était alors un bordel ou une taverne – où l’on servait le kill-devil, du rhum arrangé à la poudre à canon ! À la tête de « la ville la plus dépravée de la Chrétienté » : Henry Morgan, pirate, corsaire et bientôt gouverneur de la Jamaïque, carrément adoubé lord de Sa Majesté.
Punition divine ou simple désastre géologique, 4 ans après sa mort, en 1692, un puissant séisme liquéfie la langue de sable sur laquelle cette Gomorrhe des tropiques est bâtie, avalant hommes et édifices. L’essentiel de la population trépasse, et la ville s’enfonce aux deux tiers sous l’eau (où elle se trouve toujours), tombe de Morgan incluse.
Dans le cimetière de l’église St. Peter’s, des épitaphes à la tête de mort témoignent encore du cataclysme. Des six forts de l’époque, un seul a survécu. Quant à « l’étourdissante » Giddy House, toute penchée, elle a basculé sur le côté lors d’un autre séisme, en 1907…
Préparez votre voyage avec nos partenairesTexte : Claude Hervé-Bazin
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