Cordillère Blanche : sur le toit du Pérou
Un musée de l'improbable
C'est fou ce qu'un musée municipal peut réserver de belles surprises. C'est le cas de celui de Caraz qui présente des pièces exceptionnelles issues de fouilles archéologiques dans la région.
À la rubrique math sup, des bouliers en pierre (Yupanas) : ces blocs de roche gravés en un complexe agencement de plateaux plus ou moins hauts recevaient des billes de différentes couleurs.
Les combinaisons résultantes permettaient aux comptables de régler leurs comptes en famille... une mathématique d'autant plus redoutable qu'ils comptaient sur les 8 doigts de la main (et pas en décimal)...
Un peu plus loin, une gamme d'instruments de musique démontre la maîtrise des luthiers indiens qui travaillaient os, coquillages et pièces de bois pour les dédier au dieu Pan... Et puis, des poteries sont ornées de motifs peints et autres bas-reliefs, dont une scène digne du Kâmasûtra sur une bouteille en terre cuite du 9e s.
Au rang des armes, une banale petite fronde en paille très finement tressée rappelle que la taille du canon ne fait pas la grandeur des nations : David l'emporta bien sur Goliath...
Mais, le clou du musée est indéniablement Ichik Nuna (photo), une incroyable momie ! Du haut de ses 18,5 cm (!), elle est la plus petite du Pérou et sans doute du monde. Découverte en 1969 sur le site de Ramrash, cette dépouille date du 6e ou 7e s. Il s'agirait d'un bébé prématuré de 6-7 mois ou d'un enfant frappé de nanisme.
Et, pour avoir été entouré de tant de prévenances, l'enfant était indéniablement issu de la noblesse Huaylas. Le sexe n'ayant pu être déterminé, on restera sur cette impression qu'il s'agit peut-être d'un ange...
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Texte : Fabrice Doumergue
Mise en ligne :