Le Laos, au fil du Mékong
Les 4 000 îles de Siphandone
Un jour, la terre s’est fragmentée, lézardée. Depuis, une multitude d’ilots épars, de bouts de terre sporadiques, flottent sur le Mékong, chaotiquement dispersés au gré du fleuve. Il s’agit des 4 000 îles de Siphandone. Dans une errance désoeuvrée, arbres déracinés et buissons apatrides vagabondent sur les flots. Les buffles, vaches et autres animaux paissent paisiblement, sur ces fragments à la dérive, au milieu de nulle part.
Don Khône (photo), la plus grande des îles, a été la première à s’ouvrir au tourisme. Elle a été suivie par l’ensommeillée Don Det qui est devenue le rendez-vous des fêtards, avec ses innombrables restaurants et bars à la carte. De l’autre coté de l’immense pont ferroviaire bâti par les Français au XIXe siècle, Don Khong, plus calme, invite les voyageurs en quête de sérénité. À pied ou à vélo, on arpente ses rizières presque fluorescentes, d’où l’on voit surgir, quelquefois, des huttes en bois sur pilotis.
Après avoir essayé d’apercevoir les dauphins d’eau douce enfouis dans les profondeurs du fleuve et goûté au délicieux poisson grillé du fleuve, une apathie cotonneuse nous envahit. Ici, il n’y a rien à faire. Seulement se laisser voguer en contemplant le Mékong et ses eaux boueuses, qui s’écoulent avec la lenteur d’un hippopotame.
Des femmes se reposent sur leurs nattes avec leurs enfants, en sirotant des noix de coco plus grosses qu’eux. De temps en temps, une barque, un pêcheur. Ils passent. En face, l’autre rive, quelques huttes en bois sur pilotis. Et au loin, la nuée des montagnes qui embrasse la jungle luxuriante. Le monde pourrait disparaitre que l’on resterait là, sur le rivage déchiqueté, à se balancer sur son hamac, en écoutant la mélodie du fleuve...
Texte : Marina Skalova
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