Le Pays basque, côté terre
À quelques km de la côte, le Pays basque vous invite à prendre la clé des champs. Partez sur les chemins du Labourd à la découverte du piment rouge et du chocolat d’Espelette, du gâteau basque, de la cerise noire d’Itxassou, du bâton makila et du linge rayé. Faites une balade à poney pottok sur les collines dominées par la Rhune. Elles attirèrent Pierre Loti à Ascain et Sarre, Edmond Rostand à Cambo-les-Bains. Et vous ?
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La Rhune (905 m), montagne sacrée des Basques, borne frontière avec l’Espagne, séduit toute l’année. On emprunte son petit train à crémaillère pour son panorama et ses ventas (boutiques frontalières à bas prix). Les plus courageux descendent à pied.
Ici, le grès rose de la Rhune rivalise avec son homologue vosgien : dalles des clôtures, des fenêtres et des seuils gravés se remarquent alentours. Côté habitat, les imposantes maisons basques, aux boiseries rouge sang de bœuf ou vertes, se multiplient autour de Sare et d’Ainhoa, représentations vivantes des tableaux de Ramiro Arrué.
Après la visite des jardins Art déco de la station thermale de Cambo-les-Bains, la découverte des églises basques s’impose, notamment pour les dernières tombes discoïdales ou encore leurs tribunes en bois qui s’étagent sur plusieurs niveaux, face à de magnifiques retables dorés.
Collines à fougères, pentues et glissantes : ne partez pas à la légère par les sentiers du GR 10 ou sur les multiples petites randonnées balisées en jaune. Des randos à thèmes à suivre autour du mont Ursuya à Macaye, par les estives d’Iparla, le Pas de Roland à Itxassou , les redoutes impériales de Saint-Pée-sur-Nivelle ou le calvaire, d’un réalisme surprenant, d’Ainhoa, souvent envahi par les pottoks. Un bémol, la multiplication des panneaux routiers aux carrefours complique parfois la lecture des itinéraires.
Il n’y a pas de frontière en Navarre. Le pays de Xareta regroupe quatre villages frontaliers. Une bonne idée pour se dépayser par les ventas à prix cassés de Dantxarinea, jusqu’à l’impressionnante grotte du sabbat des sorcières à Zugarramurdi.
Edmond Rostand, Pierre Loti et la vallée de la Nivelle
Impossible de venir à Cambo-les-Bains sans visiter les jardins et l’imposante villa Arnaga qu’Edmond Rostand (1868-1918) fit construire grâce aux droits d’auteur de Cyrano de Bergerac. Un « poème de pierre et de verdure », où il recevait ses amis Paul Fort, Jean Cocteau, Anna de Noailles, André Gide et Sarah Bernhardt, qui répétait son rôle de l’Aiglon.
L’installation électrique est celle d’un précurseur du confort moderne : sonneries pour les 40 domestiques, chauffage au calorifère et salle de bains avec hammam viennent d’être révélés.
Face à la montagne basque, Rostand collectionne femmes et amis : « On avale de l’air comme un plat de maïs nutritif et suave… On joue à la pelote… on travaille le fandango et on recommence », écrit Jean Cocteau en 1912.
Plus romantique, Ramuntcho, héros de l’académicien Pierre Loti (1850-1923), a marqué la région. Installé à Ascain, Loti se sert de Sare comme décor.
Continuez votre découverte de la vallée de la Nivelle. Saint-Pée-sur-Nivelle, Sare, Ainhoa, etc. Autant de merveilleux villages aux tons blanc, vert, rouge – ces couleurs du Pays basque vives et lumineuses –, nichés dans le pli si doux des collines.
Un savoir-faire basque
Un bâton pour conduire les troupeaux, du linge rayé ayant pour origine la mante recouvrant les bœufs d’Aquitaine, une pelote pour jouer au fronton : le savoir-faire reste très présent au Pays basque.
À Larressore, la famille Ainciart-Bergara maintient la fabrication de la canne makila, ou makhila. Ce bâton ferré en néflier, nécessaire autrefois au montagnard, est devenu honorifique. Il demande des mois de travail, entre la pousse du bois, les incisions sur l’écorce, le séchage et la coloration, sans compter l’aiguillon en acier forgé, la tresse en cuir, et le pommeau en corne, en cuivre ou en or, suivant le notable.
Des makilas en or ont ainsi été offerts à Charlie Chaplin, Charles de Gaulle et même au pape Jean-Paul II. Chaque makila porte le nom du propriétaire, sa devise personnelle en basque et l’année de sa fabrication.
Dans la tradition depuis 1910, le béarnais Philippe Lartigue a créé un nouvel atelier de linge basque à Ascain. Créateur tisserand, il assortit les rayures bleues et jaunes ou rouges et vertes de l’identité basque aux coloris actuels. Un régal inusable pour le linge de maison, les transats et les espadrilles, avec une visite animée, du bobinage au tissage, à l’usine.
Au Pays basque, chaque village a son fronton. La pelote se raconte à Saint-Pée-sur-Nivelle, à l’écomusée Pilotari. On pénètre le monde hermétique de la pelote et du xistera, gant en osier courbe, et les grands moments de ce jeu apparu au XVIe siècle avec le jeu de paume. Que ce soit au trinquet, jaï-alaï ou mur à gauche, les pilotaris, en blanc avec un foulard rouge, jouent aussi en Amérique latine.
Chocolat et piment, gourmandises basques
Quitte à mourir de plaisir, craquez chez Christophe et Valérie Puyodebat à Cambo-les-Bains. Ces chocolatiers hors pairs marient le piment d’Espelette et le chocolat, en renouvellant toutes les variétés. Comment choisir entre le piment enrobé de caramel au chocolat, la fève de cacao ou les rocailles pralinées ?
Christophe chine un tas d’objets autour du chocolat, et possède une collection incroyable de chocolatières, d’objets et de boîtes publicitaires qui environnent les grands crus de cacao en dégustation. Il enseigne les secrets et astuces des professionnels dans son Ikastola du chocolat. Le chocolat ne fut-il pas découvert à Bayonne en 1615, un siècle après l’arrivée du piment mexicain ?
Rapprochez-vous d’Espelette et de ses façades blanches décorées de cordages de piments rouges frais ou bruns. Mais n’est pas piment qui veut !
Le piment d’Espelette, doux et parfumé, est la seule épice française protégée en AOP. « Récolté en octobre, il lui faut 15 jours de séchage naturel puis quelques heures au four pour être travaillé », explique Ramuntxho Pochelu dans son champ de piments, aux portes d’Espelette. À déguster à toutes les sauces…
Et ce n’est pas ce régime qui vous fera maigrir si vous tombez dans le piège délicieux du gâteau basque. À la pâte d’amande ou fourré à la cerise noire d’Itxassou, qui en garde précieusement un verger conservatoire, vous n’aurez plus qu’à randonner, avec un makila, par toutes les collines du Pays basque…
Fiche pratique
Pour préparer votre séjour, consultez notre fiche Pays basque.
Office du tourisme Bearn Pays basque
Comment y aller ?
TGV Paris Montparnasse-Bayonne (4 h 45). De Bayonne, trains TER ou bus vers différents sites de la région ou location de voiture pour se déplacer en toute liberté.
Vols avec Air France vers Biarritz depuis Paris Orly, Lyon et Nice (en saison).
Où manger, où dormir ?
. Le Pavillon Bleu à Cambo, produits frais élaborés par Michel Guérard, à des prix raisonnables.
. Hôtel-restaurant Chilhar à Espelette. Bonne cave.
. Hôtel-restaurant Pikassaria à Sare (Lechenbizkai) en campagne.
Trouvez votre hôtel dans la région.
À voir
Ascain
- Lartigue
Cambo-les-Bains
- Villa Arnaga.
- Thermes pour cure et spa dans un cadre déco attrayant, prix en demi-pension.
- Chocolats Puyodebat
Espelette
- Écomusée Pilotari à Saint-Pée-de-Nivelle.
- Piment d'Espelette
La Bastide-Clairence
- Godignon, tissage artisanal de goût.
Larressorre
- Makila labellisé Ainciart Bergara.
Sare
- Maison Ortillopitz, pour découvrir l’etche, la maison, et l’esprit basque.
- Grottes préhistoriques.
- Musée du Gâteau basque (Lehenbiscay). Accès difficile.
Se balader
- Petit train de la Rhune(compter 1 h d’attente en été). Col de Saint-Ignace près de Sare.
- Parc animalier et balades en pottok à Sare.
- Randonnées au Pays basque, Anne-Marie Minvielle, éd. Glénat
- GR 10 Pyrénées-Atlantiques, éd. FFRP
- GR 8 Sare-Ainhoa.
Texte : Anne-Marie Minvielle
Mise en ligne :