Tel-Aviv, ville de culture(s)

Tel-Aviv, ville de culture(s)
© Alona - stock.adobe.com

Tel-Aviv festive, ensoleillée, hédoniste… Certes, mais la métropole israélienne est aussi une ville de culture qui dissimule bien des trésors, à commencer par ceux auxquels elle doit son surnom de « ville blanche » : les bâtiments Bauhaus (ou simili), qui lui ont valu son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco en 2003.

Tel-Aviv, ce sont aussi des musées passionnants, une skyline qui se massifie de buildings modernes et farfelus et des quartiers qui revisitent leur passé. Une ville de culture(s), à explorer entre deux séances de bronzette et de virées nocturnes.

Tel-Aviv , la ville blanche du Bauhaus

Tel-Aviv , la ville blanche du Bauhaus
Bauhaus © EnginKorkmaz - stock.adobe.com

Avec l’arrivée au pouvoir du parti nazi en Allemagne en 1933, quelques élèves – dont Arieh Sharon – de l’école du Bauhaus, fondée en 1919 par Walter Gropius, prennent leurs cliques, leurs claques et leurs concepts archis pour charmer Tel-Aviv. La ville, toute jeune (fondée en 1909) et adepte du style éclectique, se cherche alors une identité et n’est guère rétive aux audaces formelles.

Les puristes vous diront que, sur les 4 000 ouvrages estampillés Bauhaus, beaucoup empruntent au style international ou à l’architecture moderne du Corbusier. Avec leurs imposantes saillies arrondies qui foncent comme des paquebots, leurs toits-terrasses, leurs murs blancs, leurs balcons carrés et leurs fenêtres rectangulaires, les constructions Bauhaus cherchèrent le fonctionnel, libérèrent les rez-de-chaussée et permirent la ventilation des rues grâce à la circulation des courants marins.

The Institute of Certified Public Accountants © Florent Oumehdi

Pendant 50 à 60 ans, détrônés par le brutalisme, ces immeubles ont été laissés à l’abandon avant qu’un astucieux système de subventions n’accélère leur rénovation (jetez un coup d’œil à l’extension du building accueillant The Institute of Certified Public Accountants, au 1 rue Montefiore, ou à la façade du Felicja Blumental Music Center and Library, au 26 rue Bialik).

Dans la ville blanche de Tel-Aviv, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, l’une des voies les mieux dotées en constructions remarquables est la rue Bialik (immeuble Avezerman/n° 5, Goldin/n° 6, Immeuble du Dr. Krinsky, musée Rubin/n° 14, maison Palskovsky/n° 16, Yerhovsky/n° 17, maison Peltzman et Wetch/n° 18, maison Yafe /n° 21, maison Bialik/n° 22, Beit Ha’ir ou le musée de l’histoire de Tel-Aviv, qui était l’ancienne mairie/n° 27 et la place Bialik).

Maison de l’Ancre © Florent Oumehdi

On trouve dans sa continuité, au 23 rue Pinsker, l’intrigante maison de l’Ancre (1935). Mais les artères autour du boulevard Rothschild (rues Mazeh, Sheinkin) et de la place Dizengoff (et le cinema hotel en est un bel exemple sur cette place) ne demeurent pas sur le carreau, que ce soit la rue Frug qui accueille la maison Shami dite « maison du Thermomètre » au n° 5, ou les rues Ya’el, Shlomo HaMelekh ou Frishman.

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Avec cette profusion Bauhaus, les deux musées qui lui sont dédiés ne sont pas de trop. Le Bauhaus Center propose des expositions, une carte détaillée et des visites de la ville thématisées Bauhaus (le vendredi à partir de 10 h). Le Bauhaus Museum (maison Yafe) se concentre lui sur les objets, les luminaires et le mobilier Bauhaus.

Les musées de Tel-Aviv

Les musées de Tel-Aviv
Tel Aviv Museum of Art © Alexandra Lande - stock.adobe.com

C’est à l’enfant du pays, Ron Arad, que l’on doit l’un des musées les plus intrigants d’Israël. Le musée du design de Holon (Holon Design Museum) lorgne sur les œuvres monumentales de l’artiste Richard Serra, comme Transmitter. Sa carcasse qui ressemble à s’y méprendre à des rubans de tôle enroulée et rouillée paraît vivante malgré sa corpulence. Dans ses entrailles, du design, des meubles évidemment mais également des bijoux et de la mode.

Il a encore fière allure, le doyen des musées d’Art du pays. Le Tel Aviv Museum of Art, inauguré en 1932 au sud de la ville, hybride désormais trois bâtiments. Arts moderne et contemporain, artistes du cru, expositions temporaires, grands noms de l’histoire de l’art… La collection a de quoi faire pâlir d’envie n’importe quelle institution. Impressionnistes, surréalistes, expressionnistes… un vrai Who’s Who (Sisley, Modigliani, Pissarro, Matisse, Monet, Miró, Van Gogh, Bonnard, Gauguin, Picasso, Léger, Cézanne, Renoir, Soutine, Chagall, Vuillard, Degas...) de l’art des XIXe et XXe siècles.

Ilana Goor Museum © Florent Oumehdi

Une bulle d’excentricité en plein cœur de Jaffa. C’est ce que propose lIlana Goor Museum qui n’expose pas ses œuvres n’importe où. On a là une bâtisse en pierre construite en 1742, la toute première maison qui ait été maçonnée en dehors des limites de Jaffa. Ilana Goor fit fortune aux États-Unis grâce à une ceinture pour hommes qu’elle créa.

À l’abri du besoin, elle se mit à l’art –à la sculpture en particulier – et à collectionner ses contemporains, ainsi que du design et de l’art tribal. Le mélange est détonnant, pas forcément au goût de tous. Les deux terrasses, dont celle dite des « sculptures », avec la figurative fontaine de Vered Aharonovitch, ne sont à rater sous aucun prétexte.

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Marre des cimaises ? Dans le quartier Florentine, l’art s’observe en plein air. Bobo en diable et bobo-sparadrap de l’artiste Dede Bandaid sur les panneaux de signalisation et les murs. Le mieux, c’est de vous perdre dans les rues Abarbanel, Elifelet, Markolet, Ha-Masor et Ganani. Rue Haim Ben Atar, vous trouverez la fresque « 27 club » de John Kiss qui portraitise ces artistes morts à 27 ans (Brian Jones, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Jim Morrison, Jean-Michel Basquiat, Kurt Cobain et Amy Winehouse). Dépêchez-vous, car au train urbanistique où vont les choses, des hauts buildings risquent, bientôt, de remplacer ces jolies cloisons décorées. Des visites guidées sont organisées par plusieurs organismes et collectifs.

Des bâtiments remarquables

Des bâtiments remarquables
The Crazy House © EnginKorkmaz - stock.adobe.com

Ville tube à essai, Tel-Aviv n’a jamais fermé sa porte aux projets architecturaux gigantesques ou franchement barrés. À 5 minutes de la plage, rue HaYarkon, The Crazy House (1985) de Léon Gaignebet ne laisse personne indifférent. On comprend pourquoi. Côté mer, des balcons blancs d’inspiration Art nouveau qui plagient les ressacs de la Méditerranée. Côté ville, une fresque longitudinale trouée d’oliviers qui semblent pousser de la façade.

Le Dan Tel Aviv Hotel (1953), bariolé en 1986 par Yaacov Agam, joue sur un autre tableau. Tel un paon faisant la roue, son devant étrenne ses couleurs irisées sur la promenade de bord de mer. L’hôtel se targue, sur son site Internet, d’attirer une clientèle aussi sélecte que la famille Clinton, Madonna, Paul McCartney, les Rolling Stones, U2 et Lady Gaga. Faut dire que la roofpool avec vue sur la mer a tout de l’attrape-stars.

Tzvi Harel ne s’est pas fait que des amis en imaginant sa Shared Villa. La preuve, son bébé, combiné sur le littoral par un entrepreneur local, au milieu des années 1990, s’est vu affubler du surnom d’« Ugly House ». C’est vache. Car cet agglomérat d’éléments (balcons, piliers, fenêtres, hublots) sans unité formelle a la beauté d’une gueule cassée et des rêves les plus fous.

Pagoda House © Photos by L - stock.adobe.com

Une pagode en plein Tel-Aviv. On croit rêver. Et pourtant, ça existe depuis 1924. Dans son style éclectique mêlant influences orientale et occidentale, la Pagoda House d’Alexander Levy s’est refait une santé dans les années 1990 et un intérieur designé par Andrée Putman. Rien que ça. On reste à l’Est avec l’Asia House qui copie les ondulations du Guggenheim à New York.

Pas là pour rigoler la Matcal Tower. Il n’y a qu’à poser le regard dessus pour comprendre que ça va filer droit. Droites comme ses lignes. Droites comme les choses qui se jouent à l’intérieur de ses murs, elle qui héberge le ministère de la Défense d’Israël. Comme un clou planté en son cœur, un cylindre s’ouvre en corolle sur un héliport.

Littoral - Royal Beach Tel Aviv © borisbelenky - stock.adobe.com

Deux grosses citernes posées sur leur piédouche en plein cœur de l’université de Tel-Aviv. Voilà à quoi ressemble la synagogue Cymbalista, sortie, en 1998, de terre et de l’esprit du Suisse Mario Botta qui nous avait déjà fait le coup de la tour évasée pour la cathédrale d’Évry.

Enfin, le long de son littoral, plusieurs hôtels rivalisent de massivité et de clinquant pour tirer leur épingle du jeu. Pensons au Royal Beach Tel Aviv et à son ascenseur extérieur, entre transparence et lignes banches. Au brutaliste Carlton Hotel. Au compact Sheraton. À l’Isrotel Tower, ses 29 m de diamètre et 108 m de hauteur, ses balcons en forme de demi-nacelles et sa piscine sous les nuages. Enfin, le petit dernier, le David Kempinski Tel-Aviv, tout en translucidité, inauguré en mars 2022, n’est pas en reste à côté du cubiste Hôtel Opera Tel-Aviv By Herbert Samuel.

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Il existe une alternative à ces tours de la Tayelet. Plongeant sur la rue commerçante Nahalat Binyamin, la House of Palm est un surprenant immeuble de 1922 fusionnant des éléments de l’architecture juive traditionnelle et des influences Art déco. Plusieurs appartements sont disponibles en location saisonnière.

Friches, vieilles gares et quartiers réhabilités de Tel-Aviv

Friches, vieilles gares et quartiers réhabilités de Tel-Aviv
Park HaMesila © Florent Oumehdi

Avec son climat méditerranéen, Tel-Aviv n’a pas froid, et surtout pas aux yeux. En résultent des expérimentations, des tiers-lieux métissés, des friches pimpées, surtout près du quartier de Neve Tzedek, le plus ancien (1887) de la ville nouvelle.

Teder.fm, au nord de Florentin, c’est une station de radio mais aussi une pizzeria et un organisateur de soirées et de DJ sets dans la cour de son immeuble qui se transforme alors en gigantesque dancefloor. Guettez les événements ici.

Juste derrière, s’étirent la 3817 street et le Park HaMesila, une parenthèse verte, réservée aux piétons et aux cyclistes, au cœur de ce quartier en pleine mutation. C’est par là que passait la première ligne reliant Jaffa à Jérusalem, inaugurée en 1892 et qui servit jusqu’en 1948. Rails et piliers sont encore visibles.

Cette « coulée verte », mélancolique et bucolique, alors que voisinent des tours d’une éclatante modernité ou des maisons à taille plus humaine, nous mène jusqu’à Hatachana, l’ancienne gare de Jaffa (Old Jaffa Railways Station), rouverte en 2010 après 10 ans de travaux. Aujourd’hui, les anciens bâtiments de la station accueillent des boutiques, des restaurants, des galeries mais également pas mal d’événements festifs.

Sarona - maison d'époque © vesta48 - stock.adobe.com

Deux autres quartiers sont passés chez le toiletteur. Ils ont gagné en netteté ce qu’ils ont perdu en authenticité. Sarona, une ancienne colonie allemande, joue la carte de la dualité. D’un côté des gratte-ciels de bureaux et d’habitations (Azrieli Sarona, 238 m, est le plus haut building d’Israël), de l’autre 33 bicoques d’époque (plus de 140 ans), restaurées et investies, depuis 2014, par… des boutiques, des restaurants, des galeries. La recette est éculée mais efficace vu le monde qui s’y presse. La partie nord de cette zone devrait, elle aussi, subir un gros lifting dans les années à venir.

Le + de routard.com :

À l’entrée de Jaffa, l’ancien port de Tel-Aviv (1936) s’est fait une cure de jouvence. Et c’est reparti pour les boutiques, les salles de sport, les marchés bio et, sur le front de mer, les sculptures, le plus vieux carrousel du pays et la grue qui s’illumine au crépuscule !

Fiche pratique

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Pour préparer votre séjour, consultez notre fiche Israël, Palestine 

Office national de tourisme d'Israël (en français)

Office du tourisme de Tel Aviv

Y aller :

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Où dormir ?

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Où manger ?

Bicicletta : Nahalat Binyamin St 29, Tel-Aviv-Yafo. Attention, endroit à la mode, surbooké (venir tôt) mais pas surcoté. Normal avec ce cadre (qu’il est agréable ce « jardinet »), cette qualité de cocktails (mais c’est cher, on est à Tel-Aviv) et ces basiques sûrs de leur force (calamars, frites d’aubergines, linguines aux crevettes, etc.).

Jopea Kitchen Bar : Rabi Pinkhas St 9, Tel-Aviv-Yafo. Au Jopea (Jaffa en grec ancien) Kitchen Bar, honneur à une cuisine mondialisée, comme un clin d’œil à l’ancien port de Jaffa qui en a vu passer des mets de tous horizons. On trouve des souvlakis grecs, de l’halloumi de Chypre, du Som Tam thaï (salade de papaye verte). Mais pas que. Des plats bien du pays sont aussi là pour assurer les arrières.

Texte : Florent Oumehdi

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