Télétravail : nomade digital, du rêve à la réalité

Télétravail : nomade digital, du rêve à la réalité
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Avec l’essor du télétravail et des nouvelles technologies, l’idée de travailler en voyageant via Internet fait de plus en plus d’adeptes si bien qu'une nouvelle catégorie de travailleurs a vu le jour : les "digital nomads", qui utilisent les outils numériques pour bosser partout dans le monde et être mobiles. Mais, du rêve à la réalité, il y a parfois des embûches et des astuces à connaître.

Comment devenir un nomade numérique et réussir son projet de changer de vie ? On vous donne quelques clés pour réussir.

Le nomadisme numérique : c’est quoi au juste ?

Le nomadisme numérique : c’est quoi au juste ?
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Un "nomade digital" – ou nomade numérique si on préfère éviter l'anglicisme "digital" – est une personne qui travaille sur Internet tout en voyageant. Ce n’est pas un métier, mais une façon de travailler : il s’agit d’utiliser les nouvelles technologies pour gérer ses activités professionnelles en ligne.

Pas de bureau ni d’horaires à respecter, car l’emploi d’un nomade digital ne dépend pas d’un lieu particulier. Il est donc géographiquement libre de travailler où il le souhaite, selon ses envies et dans la limite des restrictions de visas.

Encore peu répandu il y a quinze ans, ce mode de vie a été théorisé par Timothy Ferriss en 2007 dans un ouvrage intitulé « La semaine de 4 heures ». Depuis, toute une industrie économique s’est développée autour de ce concept : on peut assister à des conférences et à des séminaires dans le monde entier, télécharger des applications et s’offrir des services dédiés.

Plusieurs villes en ont même fait un filon en multipliant les efforts pour accueillir les nomades numériques dans de bonnes conditions. À tel point que certaines d’entre elles se sont forgé une solide réputation dans le domaine.

Les métiers faits pour le nomadisme numérique

Les métiers faits pour le nomadisme numérique
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Le champ des possibles semble restreint, mais les métiers du numérique sont plus nombreux qu’il n’y paraît. Il est tout à fait possible de devenir travailleur nomade en exerçant une profession liée à linformatique, au multimédia, à l’écriture, au web ou à toute activité faisable grâce à un ordinateur et une connexion Internet. Toutefois, certaines sont plus prisées que d’autres.

Dans les replis des métiers du numérique, on trouve pêle-mêle : développeur web, développeur mobile ou de logiciels, chef de projet (digital, CRM, SAAS…), administrateur système, expert en intelligence artificielle, webdesigner, designer UX/UI, illustrateur, animateur 2D/3D, réalisateur vidéo/monteur, photographe, rédacteur web, écrivain, traducteur, community manager, responsable de contenu éditorial, expert en référencement (SEO), en publicité digitale (Adwords, Facebook…), en emailing.

On peut aussi exercer des professions plus récentes ou confidentielles, telles que coach (tous secteurs), blogueur professionnel, voix off, e-commerçant, ou moins évidentes à première vue, comme gestionnaire de service client, professeur de langues à distance, psychologue à distance, juriste ou avocat à distance.

Quel statut ?

Quel statut ?
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On trouve trois catégories principales de nomades digitaux : les free-lances, les auto-entrepreneurs et les salariés en télétravail à 100 %.

Les free-lances

C’est l’option privilégiée par la plupart des nomades. Être free-lance implique de réaliser des missions ponctuelles dans son domaine de compétence pour différents clients. Cela va de la rédaction d’un article au développement d’un site Internet, en passant par le montage d’une vidéo, le graphisme d’un logo, la traduction d’un document…

Il existe différents types de rémunérations : au projet, au nombre de feuillets, à l’heure, à la journée ou à la semaine. La constitution d’un « portefeuille » de clients assez conséquent pour se dégager un salaire correct chaque mois peut prendre plusieurs semaines, mois, voire années.

Être free-lance, c’est l’assurance d’avoir des revenus incertains. Mais ce statut a l’avantage d’être peu contraignant : il permet de se lancer rapidement, en démarrant avec un ou deux clients. Cela dépend de votre domaine d’activité, mais en général il ne nécessite pas de démarches administratives particulières, hormis la création d’un statut d’auto-entrepreneur si vous êtes payé sur facture.

La première étape de « démarchage » est cruciale. C’est à cet instant que certains nomades abandonnent, découragés par les retours négatifs, ou l’absence de réponse. Accrochez-vous. Pour trouver des missions, un free-lance fait jouer son réseau, bien sûr, et répand son CV sur les sites d’offres d’emploi (dédiées ou non aux free-lances).

« Il faut soigner sa présence en ligne, notamment sur LinkedIn, réaliser un book ou un portfolio mettant en avant son travail, ne pas hésiter à envoyer des candidatures spontanées, même si c’est chronophage, et se spécialiser pour devenir expert et se démarquer », conseille Anaïs, ancienne journaliste devenue rédactrice free-lance.

Le manque de missions peut faire peur, mais tentez dans la mesure du possible de ne pas accepter tout et n’importe quoi, de ne pas vous éparpiller. Réfléchissez à votre clientèle type, idéale, et concentrez-vous sur celle-ci. Cela vous permettra de mieux appréhender les problématiques d’un secteur et les besoins de votre interlocuteur, et par conséquent de gagner en crédibilité. Enfin, ayez votre grille tarifaire prête pour l’étape de négociation !

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Les auto-entrepreneurs

Cumuler les deux casquettes, celles de chef d’entreprise et d’aventurier, ne relève pas forcément du fantasme : les nomades-entrepreneurs ont le courage de superposer aventure entrepreneuriale et aventure tout court.

Il est tout à fait possible de créer une boutique en ligne ou des produits digitaux, de monétiser son blog ou sa chaîne YouTube depuis un hamac face à la mer (toujours à condition d’avoir le Wi-Fi, l’aventure a ses limites).

Mais c’est une difficulté qui s’ajoute à celles, déjà nombreuses, de l’entrepreneuriat. Il faut s’armer de patience avant de se dégager un revenu, et prévoir des économies ou un job alimentaire en parallèle. Toutefois, le statut de micro-entreprise a l’avantage de se créer en quelques minutes en ligne. Il permet aussi de gérer la partie comptable à distance.

Les employés en télétravail

C’est la solution idéale : profiter de la liberté géographique tout en jouissant d’une stabilité financière. Malheureusement, c’est la moins courante. En France, peu d’entreprises offrent à leurs employés la possibilité d’exercer entièrement leur travail à distance.

Avec l’essor du télétravail, vous pouvez toujours tenter de faire la demande à votre employeur, si votre poste s'y prête bien sûr. Sinon, des milliers d’offres fleurissent sur Internet. Attention, il s’agit souvent de postes pointus, au sein d’entreprises étrangères, surtout américaines. Être bilingue est donc primordial.

Êtes-vous fait pour être nomade numérique ?

Êtes-vous fait pour être nomade numérique ?
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Avant de se lancer, il faut se poser les bonnes questions : pourquoi devenir nomade digital ? Quelles sont vos priorités ? Quelles destinations allez-vous privilégier et pourquoi ? Quel métier souhaitez-vous exercer ? À quel rythme ? Quels sacrifices êtes-vous prêts à faire ? Plus votre projet sera préparé en amont, meilleures seront vos chances de réussite.

La vie de nomade présente autant d’avantages que d’inconvénients.

Les points positifs ? Travailler partout dans le monde, choisir ses horaires et gérer son emploi du temps en toute liberté, accroître sa qualité de vie en bourlinguant dans des pays peu onéreux, faire de nouvelles rencontres, élargir son réseau personnel et professionnel, bref, vivre une vie d’aventures sans entrave.

Mais pas seulement. Tous les nomades numériques font le même constat : cette immense liberté s’accompagne d’un grand sentiment de solitude. À force de travailler seul chez soi ou dans des cafés, sans patron ni collègues, le manque de lien social peut devenir très pesant.

Les espaces de « coworking » ou de « coliving » (un endroit où l’on peut à la fois vivre et travailler, comme un campus) forment une bonne alternative. Dans les villes qui attirent les nomades digitaux, des événements sont régulièrement organisés : conférences, ateliers, ou tout simplement soirées informelles autour d’un verre permettent de nouer des relations. On les trouve grâce au bouche-à-oreille et aux groupes Facebook locaux.

Le télétravail en voyage exige aussi une discipline stricte, une motivation en béton. Rendre la frontière poreuse entre travail et loisirs engendre forcément de la frustration. « Rien que la présence de vos collègues fait que vous vous sentez coupable si vous ne travaillez pas. Quand on est sur la route, cest exactement le contraire. On se sent toujours coupable de ne pas en profiter davantage. Même si vous restez plusieurs mois dans la même ville, il y a toujours plus à voir ou à faire. Cest difficile au début de travailler. Cest comme si nos cerveaux avaient été entraînés à penser que voyager = vacances, ce qui signifie : ne pas travailler. Cest un lien à vite casser », explique Caro Hardy, une digital nomade aguerrie, sur son blog.

Pourtant, l’incertitude des revenus d’un mois à l’autre exige de la rigueur et des efforts : il faut parfois travailler davantage qu’entre les quatre murs d’un bureau. On vous conseille de définir des horaires et des jours de travail, même si cela ne représente que trois ou quatre heures par jour, et de planifier une activité sympa à faire après, pour se motiver à finir les missions à temps.

Quelques nomades soulignent aussi les problèmes de dépendance au matériel et au Wi-Fi, les soucis de visas et la bureaucratie lourde dans certains pays, ou encore le sentiment de ne pas avoir un « vrai » chez-soi.

Où partir ? Tour d’horizon des pays où il fait bon télétravailler

Où partir ? Tour d’horizon des pays où il fait bon télétravailler
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Certains lieux sont régulièrement cités dans les blogs de nomades numériques. Ils sont prisés pour leurs nombreux espaces de travail, leur bonne connexion à Internet, leur qualité de vie, le faible coût de la vie…

En Europe, des villes peu chères comme Berlin (Allemagne), Barcelone (Espagne), Lisbonne (Portugal), Budapest (Hongrie), Prague (République tchèque) et Sofia (Bulgarie) sont très populaires. Des destinations comme la Croatie ou Madère tentent aussi de tirer leur épingle du jeu en attirant les télétravailleurs. Pour les Français, ces destinations ne présentent aucune contrainte administrative (demande de visa), puisqu’elles font toutes partie de l’Union européenne.

Hors Europe, l’Asie est le continent largement privilégié. Il est facile d’y voyager, la plupart des pays ne coûtent pas cher, et on s’y sent partout en sécurité. Les destinations connues des nomades digitaux sont Chiang Mai et Bangkok (Thaïlande), Bali (Indonésie), Hồ Chí Minh-Ville (Saigon) et Hội An, où pousse un véritable village pour digital nomades (Vietnam), Taipei (Taïwan), Kuala Lumpur (Malaisie) et Séoul (Corée du Sud). Mais sachez qu’il est légalement impossible d’y travailler sans visa, ni même d’y rester plus de 90 jours le plus souvent.

En Amérique du Nord, visez sans hésiter le Canada où vous pouvez rester 6 mois sans visa : malgré un niveau de vie assez élevé, le pays vient d’être élu meilleure destination pour travailler à distance en 2021, selon un classement de CircleLoop, une entreprise de télécom en ligne.

En Amérique centrale et latine, Medellín (Colombie), Buenos Aires (Argentine) et Mexico City (Mexique) séduisent les travailleurs nomades. En Argentine, le visa PVT (vacances travail) vous autorise, comme son nom l’indique, à travailler dans le pays tout en voyageant. Le visa PVT est d’ailleurs disponible dans une quinzaine de pays.

Dans tous les cas, en dehors de l’Union européenne, les séjours avec ou sans visa ont légalement une durée limitée. Rester sur place au-delà de la date indiquée sur votre passeport ou votre visa peut vous attirer des ennuis parfois sérieux. Il vous faut donc être réellement nomade, et ceci régulièrement.

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Quelques pays proposent tout de même un visa de travail dédié aux nomades digitaux. C’est le cas en Estonie, en Géorgie, en Allemagne, en République tchèque, au Portugal, en Croatie, en Norvège, au Mexique, dans les Bermudes, la Barbade, à Antigua-et-Barbuda, sur l’île Maurice, à la Dominique et à Dubaï.

Il peut être gratuit ou payant selon les pays, et permet de rester un an (souvent renouvelable) sous certaines conditions : il faut prouver des revenus réguliers et plutôt élevés les mois précédant la demande (de 1 300 € au Mexique ou à l’île Maurice à 4 000 € mensuel à Dubaï) ou une épargne suffisante pour la durée de votre séjour. Au Costa Rica, un projet de loi y est favorable, le processus législatif suit son cours.

Dans les faits, les travailleurs nomades se contentent souvent d’un visa tourisme classique (valable trois mois maximum en général), mais il est illégal de dépasser la durée de séjour. Il faut alors ressortir du pays pour pouvoir y être admis de nouveau en tant que touriste… un statut qui ne permet pas de travailler légalement dans le pays !  

On le répète. Renseignez-vous bien sur les formalités d’entrée et de séjour de chacune de vos destinations : la validité de votre passeport, les vaccins et les visas.

Détails pratiques : assurance, budget, matériel

Détails pratiques : assurance, budget, matériel
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La part d’imprévu fait la beauté du voyage, mais mieux vaut s’assurer pour éviter que le moindre incident ne devienne une source de stress inutile. Il existe deux assurances spéciales pour nomade digital : Safety Wing et Word Nomads. Mais il se peut aussi que votre assurance habituelle couvre vos frais médicaux à l’étranger : n’oubliez pas de vous renseigner sur les modalités de cette couverture indispensable.

L’aspect financier peut aussi freiner toute ambition de devenir nomade digital. C’est pourquoi il est essentiel de bâtir un budget prévisionnel en amont. Réfléchissez au niveau de vie que vous aimeriez avoir, renseignez-vous sur le coût du logement, des transports et de la nourriture dans les pays ciblés, et faites un rapide calcul de la somme que vous pourriez dépenser chaque mois.

Rajoutez 30 % à cette somme (le poids des charges, des impôts et des imprévus), et cela vous donnera un ordre d’idée du chiffre d’affaires mensuel que vous devriez obtenir. Si vous n’avez pas l’habitude de travailler à votre compte, il faudra apprendre à gérer l’argent différemment, sans la régularité d’un salaire qui tombe à date fixe.

Quant au matériel, il se résume à peu de choses : une connexion Internet bien sûr, un ordinateur, une souris, un casque audio, un lecteur de cartes SD, un adaptateur universel, un cube multiprises (moins encombrant). On vous conseille d’investir dans une pochette pour câbles, un clavier autonome et un support d’ordinateur réglable, vous y gagnerez en confort. Une clé USB et un disque dur sont également indispensables pour enregistrer votre travail. Un sac à dos antivol pour ordinateur peut se révéler primordial dans certains pays. Enfin, un cybercafé à proximité de votre lieu de travail peut toujours dépanner, au cas où vous auriez besoin d’imprimer ou de photocopier des documents.

Ressources : blogs et sites à consulter

Ressources : blogs et sites à consulter
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Une multitude de nomades racontent leur expérience sur leur blog. Voici une sélection de sites où puiser conseils et informations :

- Traverser la frontière, de Michael Pinatton. Un guide très complet, enrichi par un podcast et des portraits de digital nomades. Ce rédacteur a aussi écrit un livre (en format papier, ebook et PDF) sur son (ancien) mode de vie, intitulé « Voyage à durée indéterminée ».

- Valiz Storiz, de Nastasya Kotnarovsky. Elle y raconte notamment son expérience mitigée en Thaïlande. Elle est également l’autrice du e-book « Comment devenir freelance », et distille ses conseils sur d’autres blogs de voyageurs, comme celui d’Alex Vizeo.

- Le blog Famille Nomade Digitale fournit un tas de détails pratiques sur l’équipement, le visa, le budget, etc.

- Le blog de Caro Hardy liste les qualités requises pour adopter ce style de vie.

- Charlie Tuktuk livre des astuces concrètes pour travailler efficacement. Elle brosse aussi des portraits de nomades.

Notons aussi les blogs de Kalagan, nomade depuis 2011, et celui de Corinne, très prolifique au sujet de la Vie Nomade, le nom de son blog.

Extrêmement utile et bien fichu, le site Nomadlist (en anglais) recense les meilleurs endroits où faire du télétravail. Il indique aussi la météo, le coût de la vie mensuel, le niveau du Wi-Fi, des loisirs et de la sécurité, le tout visible en un coup d’œil. Quelques notations nous paraissent illogiques, donc prudence, mais dans l’ensemble elles servent de bonne boussole.

A signaler : un site pour aider les nomades numériques à trouver un hébergement adéquat pour le télétravail dans le monde entier Remoters 

Texte : Sarah Négrèche

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