Culture Île de Pâques
Ces mystérieuses statues (moaï en langue locale) semblent avoir été taillées dès les environs de l’an 800 de l’ère chrétienne. On en recense actuellement près de 887 sur l’île. Rien que sur le site de Rano Raraku, il y aurait 397 statues inachevées, en partie ou entièrement enfouies sous terre. En comptant celles qui pourraient encore être enterrées, le nombre total de moaï approcherait alors le millier.
Élevées pour la plupart en bord de mer, les yeux tournés vers l’intérieur, ces statues personnifiaient les ancêtres fondateurs de chaque clan, protégeaient leurs descendants et transmettaient le mana (l’esprit du Dieu). Objets d’un culte fervent, chacune avait un nom tantôt poétique, tantôt trivial et familier comme « Cou tordu », « Le Tatoué », ou « Le Puant »…
Un prestige certain s’attachait à leur réalisation, et il semble que les différentes tribus de l’île soient entrées dans une compétition de plus en plus féroce pour produire les plus grands et les plus beaux moaï.
C’est dans la carrière du volcan Rano Raraku à l’est de l’île que furent sculptées 95 % des statues. Une équipe d’ouvriers, sous la direction d’un maître-sculpteur pouvait mettre 2 ans à faire le travail. À l’aide de marteau de basalte ils sculptaient le moaï dans le tuf volcanique, une pierre tendre, aussi facile à travailler que du bois.
Sur le site de Rano Raraku demeurent de nombreuses statues à l’état d’ébauches plus ou moins achevées. Ce sont les plus belles de l’île du point de vue artistique. Le style et la taille de ces colosses ont évolué avec le temps. D’abord assez frustes et plus courts sur pattes, ils ont pris de la hauteur au fur et à mesure qu’ils ont été stylisés.
Le plus petit jamais dressé mesure 1,13 m, le plus grand 9,80 m pour plus de 74 t…
Le plus imposant de tous les colosses, en cours de dégagement, aurait mesuré 21,60 m de long pour un poids de 160 à 180 t !
Cette démesure a provoqué évidemment les interrogations de tous les archéologues : comment les Pascuans réussirent-ils à parcourir tant de kilomètres (jusqu’à 20) avec, à l’époque, des moyens techniques aussi rudimentaires ? Pourtant, nul besoin d’extraterrestres pour effectuer de tels déplacements. Les Égyptiens, les Incas, les Aztèques l’ont prouvé.
Il suffit d’un peu d’imagination, de temps, beaucoup de temps, et d’être nombreux. Le plus sérieux des anthropologues, Alfred Métraux écrit : « … ce vertige du colossal dans un univers minuscule chez des hommes aux ressources limitées : voilà tout le miracle de l’île de Pâques ».
Construction et transport des statues
Plusieurs techniques ont été avancées.
L'une des plus probables : les ouvriers faisaient glisser les moaï, couchés sur un traîneau en forme de radeau, sur des rondins - ou tiraient directement le traîneau. Auparavant, il y avait des forêts sur l'île de Pâques et, probablement, des essences de bois dur, comme le toromiro, qui a aujourd'hui quasiment disparu.
Autre hypothèse retenue : le moaï était debout et on le faisait pivoter centimètre par centimètre à l'aide de cordes et, peut-être, d'armatures en bois. Il suffisait ensuite d'être animé d'un enthousiasme inébranlable, à une époque où la notion du temps n'était pas la même qu'aujourd'hui, et, surtout, d'arriver à une parfaite coordination des efforts.
Le transport de ces colosses n'était pas une mince affaire : n’était pas une mince affaire compte tenu de leur poids : les plus légers pèsent 5 à 6 t, les plus lourds de 50 à 88 t !
On voit à travers toute l’île un grand nombre de moaï cassés, abandonnés en chemin sans avoir jamais atteint leur destination. En fait, on estime que seulement le tiers des statues parvint à destination. C’est peu. Quand une statue était brisée en route, elle perdait son mana (son esprit), et il fallait l’abandonner pour en réaliser une autre.
Ainsi, une hypothèse a été avancée selon laquelle la taille des moaï était peut-être un travail destiné à tuer le temps, tout simplement, évitant ainsi aux habitants de se battre. Le transport et l’érection de la statue n’auraient alors constitué que des objectifs mineurs. Peu crédible, mais allez savoir !
Les moaï qui parvenaient à destination étaient selon toute probabilité redressés en accumulant peu à peu des pierres à l’arrière de la statue. Allongée, puis adossée à un monticule, elle était ensuite progressivement redressée, on ne sait comment.
À noter qu’on ignore également comment les cordes destinées à tirer ces monstres étaient confectionnées. Selon Alfred Métraux, elles étaient faites à partir de fibres des mûriers à papier (arbre qui poussait sur l’île).
Certains moaï portent sur la tête une sorte de chapeau rond de pierre rouge à l’aspect de scorie, le pukao, extrait de la carrière Puna Pau (près de Hanga Roa).
Les yeux des statues
Autre signe particulier : les moaï avaient, semble-t-il, des yeux de corail pour représenter le « visage vivant » d’un ancêtre particulier, qui pouvait ainsi projeter son mana sur ses descendants et leur territoire. Ces coraux blancs formaient l’iris de l’œil. La pupille devait être constituée d’un disque plus petit d’obsidienne (ou éventuellement de scories rouges). Une fois achevés, ces « yeux » étaient encastrés dans leurs grandes orbites, des cavités taillées une fois seulement que le moaï avait atteint sa plate-forme (ahu).
Les ahu sont les plates-formes cérémonielles qui supportaient les moaï. Construits pour la plupart dans l’axe de la mer, ils variaient bien sûr en formes et matériaux suivant les époques, les clans, le nombre de leurs membres, etc. Les plus grands, qui pouvaient être fort complexes, datent logiquement de la période de l’apogée, entre le XIIe et le XVIIe siècles.
La plupart des ahu furent démolis par les guerres entre clans, les raz-de-marée (tsunami), etc. Certains furent remontés de façon rudimentaire, d’autres construits déjà à la période de la décadence.
Centres religieux et sociaux du clan (on en retrouve dans tout l’ensemble polynésien, où elles portaient d’autres noms), ces plates-formes abritaient des chambres funéraires où étaient entreposés les ossements.
Comme à Madagascar, il y avait souvent des cérémonies de retournement et de blanchiment des os. Auparavant, les cadavres étaient exposés longtemps sur la côte. Devant le ahu était aménagée une pente douce composée de galets ronds. Quelques-uns possédaient même une sorte de rampe descendant vers la mer pour la remontée des canots.
Théories sur l’origine de l’île de Pâques
Par exemple, le pasteur américain William Elis déclara en 1820 que les Pascuans venaient d’Amérique du Sud car ils ne savaient pas construire de bateaux assez solides pour venir de Polynésie en affrontant les courants et les vents contraires. Ceux qui peuplèrent l’île avaient donc dû profiter des vents favorables d’est en ouest.
Doutant lui aussi des capacités nautiques des insulaires, Dumont d’Urville imagina le peuplement de la région à pied sec, celle-ci appartenant à un grand continent englouti ensuite par les eaux (ah ! l’Atlantide !).
De même, Pierre Loti, ayant fantasmé sur des voies romaines se perdant dans l’océan (en fait, des coulées de lave fissurées par le brusque contact avec l’eau), ne fut pas loin de conclure à « un lambeau de continent submergé jadis comme celui des Atlantes ».
Des missionnaires du XIXe siècle, ne connaissant pas bien sûr l’histoire comparée des religions, en déduisirent que les Pascuans étaient d’origine hébraïque, car certains de leurs récits présentaient des analogies avec la Bible et la Genèse... D’autres évoquèrent des origines africaines, égyptiennes, aryennes, voire vikings.
Des théories plus folles encore virent le jour dans les années 1950-1960, liées à l’astrologie et aux sciences occultes, à coup d’ondes de toutes sortes et de forces électromagnétiques, jusqu’aux extraterrestres débarquant pour aider les Pascuans à soulever leurs moaï...
L’hypothèse de Thor Heyerdahl
En fait, la seule hypothèse qui aurait pu être crédible, car elle s’appuyait sur un vrai travail de recherche, fut celle du Norvégien Thor Heyerdahl. En 1947, il organisa la fameuse expédition à bord du Kon Tiki. Avec quelques compagnons embarqués sur un simple radeau en bois, Heyerdhal fit la traversée du Pacifique d’est en ouest, depuis la côte péruvienne jusqu’aux lointaines îles Marquises (8 000 km en 101 jours). Puis, en 1955, il séjourna 7 mois sur l’île de Pâques.
Objectif : tenter de prouver – à tort – que le peuplement de l’île se fit à partir de l’Amérique du Sud, et plus précisément, du Pérou. Il se fonda pour cela sur plusieurs points de comparaison, particulièrement sur un ahu présentant un appareillage de pierre parfaitement ajusté de type inca, ainsi que sur la présence de jonc totora dans un cratère de volcan (plante qui ne pousserait, d’après lui, qu’en Amérique du Sud) et sur la découverte de petites statues pré-moaï présentant des analogies avec les sculptures de la culture tiahuanaco (en Bolivie).
La présence de nombreuses plantes sud-américaines sur l’île (dont la patate douce) était un indice supplémentaire.
Sa théorie n’a en rien été démontrée par ce voyage. Les remarques qu’il souleva ont amené plusieurs spécialistes à admettre des liens historiques entre les habitants de l’île de Pâques et ceux de l’Amérique du Sud. D’ailleurs, pourquoi les Polynésiens, parvenus si loin dans leur conquête du Pacifique, se seraient-ils arrêtés à la porte de l’Amérique ?
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