La Caravane du sel
Auteur : Michel Dortes
Editeur : Vilo
189 Pages
Quelques hommes et une cinquantaine de dromadaires s’engagent dans un océan de sable. Ils viennent du petit village de Timia, dans le massif rocheux de l’Aïr au Niger. Ils se rendent à Bilma, une oasis réputée pour ses salines, située à l’autre bout du Ténéré. Leur voyage à travers ce désert aride va durer plusieurs semaines. Une éternité. Ils emportent avec eux de l’orge, du maïs, des légumes, de la viande séchée, mais surtout du mil, en grande quantité, qu’ils troqueront à Bilma contre des pains de sel. L’échange du mil contre le sel : c’est là le plus vieux commerce d’Afrique avec celui de l’or.
Véritable passionné du peuple targui, Michel Dortes, photographe et grand voyageur, s’est rendu au Niger pour participer à cette légendaire aventure humaine qu’est la caravane du sel. Il a partagé le quotidien de six Touareg dans leur longue et pénible marche à travers la fournaise du Ténéré ; la nuit à la belle étoile, le rituel du thé, le pain que l’on cuit dans le sable et la braise, la marchandise chargée chaque matin sur des dromadaires exténués et peu coopérants, les rares escales aux puits, les dunes à perte de vue… Et puis les mirages, nombreux. Un périple de près de 1 200 kilomètres au cœur d’une nature saisissante, mais qui, petit à petit, se révèle impitoyable, autant pour les caravaniers que pour leurs montures. Un voyage éprouvant (la température frôle les 50° C à l’ombre, mais il n’y a pas d’ombre !), certes, mais nécessaire, voire quasi-indispensable pour ces Touareg Kel Ewey dont la survie dépend en grande partie du commerce du sel.
Plus qu’un récit de voyage sur la traversée du désert du Ténéré, La Caravane du sel est l’histoire d’un peuple, de ses traditions et de son mode de vie ancestral que le temps n’a pas (encore) altéré. Le texte, sous forme de journal de bord, accompagné d’une abondante iconographie (certaines photos ont été réalisées par Caroline Elbaz, épouse de l’auteur), de quelques repères historiques ainsi que d’un lexique, nous fait découvrir ces gens du désert dont l’hospitalité est, dit-on, légendaire. L’ouvrage se termine sur un cri d’alarme : la route du sel subit aujourd’hui la concurrence des camions venus d’Agadez. Les poids lourds peuvent transporter plus et plus vite que les chameaux. À Bilma, le sel va désormais en priorité aux commerçants qui paient en billets de banque. Le troc se meurt, l’avenir des caravanes et d’un peuple est sérieusement menacé.
Texte : Chahine Benabadji
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