Le Mont-Saint-Michel
Auteur : Henry Decaëns, Didier Goupy
Editeur : Éditions du Chêne
224 Pages
Indifférent à la mode, le Mont-Saint-Michel cultive sa valeur d’éternité. Écrivains, moines, photographes, architectes, pèlerins et voyageurs, tous ont succombé aux charmes de ce sanctuaire du tourisme, dont aucun siècle n’a démenti le magnétisme.
La plume de l’historien Henry Decaëns et le regard du photographe Didier Goupy se marient dans ce beau livre au parfum envoûtant, qui nous montre et raconte le Mont. Les deux auteurs nous conduisent jusqu’au cœur battant de ce joyau d’architecture, au pied de ses fortifications, sous ses gargouilles, dans son cloître, ses cryptes et ses cachots dont on ne soupçonnait pas l’existence.
Leur ouvrage nous embarque pour un voyage chronologique, depuis les lignes sauvages du Mont, surnommé « Tombe », jusqu’au déferlement des vacanciers. Dès le VIe siècle, il a résonné comme un écho du Sinaï. Au fil de son histoire, le Mont fut un lieu de pèlerinage avant de devenir une prison. Il survécut aux épidémies de peste, souffrit sous les foudres des orages et des guerres.
Au XIXe siècle, temps des geôliers, les écrivains de notre Panthéon littéraire ont nourri l’imaginaire collectif foisonnant autour du Mont. Henry Decaëns a rassemblé leurs récits en un florilège qui dit la fascination éveillée par le monument. Chacun, avec ses mots et la mélodie de son écriture, décrit sa rencontre avec le temple de pierre. Hugo, Maupassant, Stendhal et Flaubert ont marché dans le sillon des pèlerins, et puisé entre ces murs l’inspiration : ils ont rapporté leurs impressions, émotions et souvenirs de voyageurs, diversement conté les facéties du Mont.
De son côté, Didier Goupy immortalise en silence la flèche du Mont se détachant dans le ciel, les remparts se reflétant dans les eaux lisses de la baie, un rai de soleil jouant à cache-cache derrière les ogives, la brume s’engouffrant entre les murailles, l’éblouissement des pierres au lever du jour. Le photographe affiche son goût pour les clairs-obscurs qui expriment le mystère d’un monument taciturne. Le ciel, les flux et reflux des marées ne cessent de refaire le portrait d’une silhouette schizophrène, bien connue, mais toujours insondable.
Texte : Marie Borgers
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