La France insolite
Lieux insolites en France
Un château médiéval en cours de construction, des vampires au musée, un palais des songes... Des lieux vraiment pas ordinaires !
Chantier du château de Guédelon (Yonne)
« L’aventure médiévale du 21e siècle » ! Il ne s’agit pas d’une faute de frappe, mais bien du projet fou de Michel Guyot, figure régionale à qui l’on doit déjà le sauvetage du château voisin de Saint-Fargeau.
Cette fois-ci, il ne s’agit pas d’un vaste chantier de restauration, mais de la construction ex-nihilo d’un château fort. Un chantier où toute technique de construction et matériaux postérieurs au 13e s. ont été écartés ! L’avancée de ces titanesques travaux se fait donc au rythme de la traction des chevaux, les pierres sont prélevées localement, et les cordes, tuiles et outils sont fabriqués sur place.
La 1re pierre a été posée en 1997 et le château devrait être achevé à l’horizon 2025 ! Le chantier bat son plein de mars à novembre, et les quelques 70 salariés et 700 bénévoles voient défiler 300 000 visiteurs par an, permettant à cette « expédition humaine » de s’autofinancer.
Bref, un projet fou et à contre-courant, à l’heure où tout se vit en accéléré. Et puis c’est malin : on y va, on s’émerveille… et on revient quelques années plus tard pour découvrir l’avancée des travaux !
Plus d’infos sur www.guedelon.fr
Musée des Vampires (Paris, Les Lilas)
Jacques Sirgent, tout de noir vêtu, vous accueille dans son antre des Lilas, en fait un véritable cabinet de curiosités chinées, d’une grande densité. Au-delà des affiches, tableaux et nombreux livres parfois très anciens – il s’est spécialisé en littérature gothique anglo-saxonne – des masques, un chat momifié, un kit de protection contre les vampires, des crânes et autres objets insolites…
Érudit et singulier, l’homme s’intéresse au sujet vampirique depuis l’enfance et partage aujourd’hui ses théories sur tout ce qui tourne autour des légendes, de la mythologie, des rituels funéraires, de la sorcellerie, des religions et, évidemment, des vampires. Mais après tout, les légendes sont faites pour conjurer la peur, non ? On adhère… ou pas, mais en tous cas on se prend au jeu !
Le Musée des Vampires, 14 rue Jules David, 93260 Les Lilas. Tél. : 06 20 12 28 32. Jour et nuit, uniquement sur rdv ; compter 8 €.
Site Internet : http://museedvampiresetmonstresdelimaginaire.blogspot.fr/
Cimetière des animaux à Asnières (Hauts-de-Seine)
Depuis son ouverture en 1899, le cimetière a vu passer quelque 90 000 animaux à plumes, poils ou écailles. Premier cimetière de son espèce au monde, il a bien sûr toujours accueilli une grande majorité de chiens et de chats, mais aussi oiseaux, poissons, tortues, chevaux, lion, singe…
Et comme les nôtres, il a abrité son lot de célébrités, notamment canines : chiens de police, de militaires (compagnons de tranchées ou morts au champ d’honneur), voire comédiens. On déambule, promenant son regard de sculptures en épitaphes et de photos en étonnantes architectures, notant au passage avec sidération que Kiki, Ramsès ou Sophie sont parfois nommés amour, enfant…
Certaines épitaphes sont aussi poignantes que d’autres laissent perplexe. Enfin, au moins, on ne peut soupçonner ces bêtes-là d’avoir été maltraitées durant leur existence ni d’avoir eu des maîtres fauchés ! Car tout ça a un prix.
Plus d’infos : www.asnieres-sur-seine.fr/
Palais idéal du facteur Cheval à Hauterives (Drôme)
La maison de Ferdinand Cheval a été inscrite aux Monuments historiques par Malraux lui-même en 1969 ; une décision qui suscita l’indignation de ses détracteurs… À la fin du 19e s, le facteur Cheval effectuait régulièrement sa tournée dans les collines drômoises en… poussant une brouette, qui, au retour, contenait des pierres de grès, quartz ou silex soigneusement choisies tout au long de son chemin.
Une véritable folie bâtisseuse s’étant emparée de lui, Ferdinand Cheval s’attela, la nuit, à l’édification d’un véritable palais en amalgamant ses pierres avec du ciment.
Exotisme, extravagance, démesure (jusqu’à 12 m de hauteur quand même !). Son entreprise lui attira des moqueries, mais, absorbé dans son univers onirique, il poursuivit inlassablement son œuvre, 33 ans durant. Si ce n’est pas de la persévérance ça !
Ferdinand Cheval posa la 1re pierre en 1879 et achèvera son œuvre par la construction, en 1914, de son « tombeau du Silence et du Repos sans fin ». Incontournable.
Plus d’infos sur www.facteurcheval.com
Le mascaret en Aquitaine
Mascaret, mascaret, céquoidonc ? Un phénomène naturel, et, plus précisément, une vague parfois impressionnante qui remonte certains estuaires à marée basse, à l’occasion de grandes marées. Le mascaret étant très localisé, il faut que certains paramètres soient réunis pour pouvoir l’observer. Ça s’organise donc !
En France, on ne peut désormais plus l’observer qu’en Aquitaine, à Saint-Pardon sur la Dordogne par exemple, où la vague peut atteindre jusqu’à 2,5 m. À côté des curieux, on trouve souvent une poignée de surfeurs guettant le moment propice…
Autrefois, c’était sur la Seine que s’observait le mascaret le plus spectaculaire, et plus précisément au niveau de Caudebec. Des trains étaient même spécialement affrétés de la gare Saint-Lazare pour répondre à la demande des Parisiens. Mais les aménagements ici ou là sur certains fleuves ont eu raison de cet étonnant phénomène.
Musée insolite de Bertrand Chenu (Lot)
Dans sa caverne d’Ali Baba, petite maison adossée au bas de la falaise, Bertrand Chenu récupère vieux objets et matériaux au rebus, qu’il transforme et détourne avec imagination, poésie ou provocation, en créations loufoques.
Chaque centimètre carré de sol, mur ou plafond est occupé par un capharnaüm déjanté, jalonné de commentaires humoristiques ou grinçants. Un univers personnel – c’est peu de le dire – classé « monument hystérique » par son créateur !
Plus d’infos sur www.museedelinsolite.com
Rochers sculptés de Rothéneuf, près de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine)
À la fin du 19e s, le solitaire abbé Fouré, devenu sourd, entreprend de sculpter le granit d’un petit promontoire dominant l’océan. Un travail acharné d’autodidacte, qui ne prendra fin que 15 ans plus tard, peu avant sa mort.
De ce patient labeur naquirent quelque 300 sculptures, monstres, gargouilles, animaux, scènes historiques ou de la vie quotidienne, autrefois peints.
Une fresque, lentement érodée par la mer, la pluie et le piétinement des visiteurs, qui dévoile le riche imaginaire de cet ermite qui sculpta inlassablement. Poétique et très touchant.
Plus d’infos sur www.saint-malo-tourisme.com/
Texte : Mathilde de Boisgrollier