L’art en pleine nature : 12 sites à visiter en France
Sculptures monumentales dans un écrin de verdure, installations contemporaines en pleine forêt, Land Art sur une île, chemins poétiques dans le parc d’un château, festivals de jardins, galerie à ciel ouvert… l’art se met au vert dans de nombreux sites qui fleurissent partout en France. Et jusqu’au cœur des vignes avec des « chais d’œuvres » au sein de domaines réputés, en particulier dans le Bordelais ou dans le Sud-Est.
À chaque fois, c’est une double invitation qui est proposée : contempler la nature, mais aussi les créations originales d’artistes, déployées en majesté ou discrètement intégrées au paysage. Des expositions le plus souvent permanentes à découvrir en général tout au long de l’année.
Voici la sélection de nos 12 coups de cœur…
Domaine de Chaumont-sur-Loire, Loir-et-Cher
Le château de Chaumont-sur-Loire, à environ 15 km de Blois, dans le Loir-et-Cher, est un bijou à plusieurs facettes.
Depuis 1992, du printemps à l’automne, il accueille le « festival international des jardins » pendant lequel des designers, architectes, paysagistes et scénographes transforment la nature en œuvre artistique. Au total, une vingtaine de parcelles permettent à leur imagination de s’exprimer en fonction de la thématique annuelle.
Mais l’art est partout présent sur les 32 hectares de ce magnifique site, avec une quarantaine de sculptures et d’installations pérennes, conçues in situ, disséminées dans le parc historique et les Prés du Goualoup : ici, un chemin fait de racines rampantes ou bien des huttes fantastiques formées de branches entremêlées ; là, des échelles ou des cabanes dans les arbres...
Une collection à laquelle s’ajoutent des créations éphémères de talents émergents ou confirmés, exposées pendant la « Saison d’art », événement également programmé du printemps à l’automne. Ainsi, chaque visite est un éternel renouvellement et l’émerveillement toujours au rendez-vous…
Jardin de la Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence, Alpes-Maritimes
Près du célèbre village de Saint-Paul-de-Vence, à 25 km de Nice, la Fondation Marguerite et Aimé Maeght marie avec bonheur art, nature et architecture.
Le couple de collectionneurs français, principaux éditeurs et marchands d’art en Europe de l’après-guerre aux années 1980, a inauguré ce lieu exceptionnel en 1964, pour mettre en valeur le travail de ses amis Joan Miró, Fernand Léger, Georges Braque ou Alberto Giacometti. Des artistes très impliqués dans la conception de la fondation…
Ainsi, Miró a mis en forme, sous la pinède, son célèbre labyrinthe. Une réinterprétation onirique du mythe du Minotaure, associant la terre, la pierre, la céramique, le bronze, le béton, le fer, la végétation ou encore l’eau des bassins. Comme le fil d’Ariane, une ligne blanche guide les visiteurs à la rencontre d’un lézard stylisé accroché à un mur, d’un œuf géant, d’un « Oiseau lunaire », de la « Grande déesse » ou du « Personnage totem ».
Mais cette installation monumentale n’est pas la seule du parc entourant le bâtiment principal, qui abrite lui-même des expositions temporaires et permanentes. Dès l’entrée, l’accueil est assuré par des sculptures posées dans un écrin de verdure : stabile d’Alexandre Calder, éolienne du Grec Takis ou Les Poissons, de Braque. Loin de l’effervescence de la Côte d’Azur, règnent ici beauté et sérénité.
Château La Coste, Puy-Sainte-Réparade, Bouches-du-Rhône
Au Puy-Sainte-Réparade, à 20 km au nord d’Aix-en-Provence, Château La Coste est un domaine viticole bio qui appartient à un homme d'affaires irlandais, depuis le début des années 2000. Grand amateur de vin et d’art contemporain, le mécène passe commande à des artistes qui ont carte blanche pour choisir leur emplacement et concevoir une œuvre.
Près d’une quarantaine ponctue les 120 hectares de vignes, garrigue, bois et oliveraie : une araignée de Louise Bourgeois, un mobile coloré de Calder, une sépulture à secrets de Sophie Calle, une sculpture pointue de Richard Serra, un chemin pavé d’Ai Weiwei, une croix rouge de Jean-Michel Othoniel...
L’agréable promenade d’environ 2 h permet aussi de contempler les prouesses architecturales du Japonais Tadao Ando, qui a dessiné, entre autres, le centre d’art et la chapelle, de l’Américain Frank Gehry (auteur du pavillon de musique), du Français Jean Nouvel (architecte de la cuverie) ou de l’Italien Renzo Piano (pour le pavillon d’exposition). Que de stars en un seul lieu !
Musée Promenade de Digne-les-Bains, Alpes-de-Haute-Provence
Sur les hauteurs et dans les environs de la préfecture des Alpes-de-Haute-Provence, le Musée-promenade fait partie du Géoparc Unesco de Haute-Provence : un vaste territoire qui constitue la plus grande réserve naturelle géologique d’Europe, et dont l’intérêt est également écologique, archéologique et artistique.
Ainsi, les différents parcours du musée à ciel ouvert sont jalonnés d’œuvres contemporaines signées du Catalan Joan Fontcuberta, de la Québécoise Sylvie Bussières, de la Française Agathe Larpent et de l’un des représentants majeurs du Land Art, mouvement qui utilise la nature pour créer, parfois de manière éphémère : le Britannique Andy Goldsworthy, qui a aménagé le sentier des Cairns en 1998, structures de pierres sèches empilées où l’eau parfois circule.
Il a aussi construit un concept encore plus large, au sein du Géoparc : le « refuge d’art », qui s’étire sur 150 km, au fil d’une randonnée permettant d’explorer patrimoines naturel et culturel. Cet ensemble représente la plus grande collection au monde d’œuvres d'Andy Goldsworthy.
Hortillonnages d’Amiens, Somme
Le Festival international de jardins des hortillonnages se tient tous les ans à Amiens, dans la Somme, du printemps à l’automne. Lancé en 2010, il conserve de chacune des éditions quelques œuvres, ce qui permet d’en admirer en permanence une cinquantaine. Elles sont réparties sur les nombreux îlots de ces anciens marécages, autrefois utilisés pour la culture maraîchère et qui sont aujourd’hui devenus principalement des jardins d’agrément.
Les œuvres exposées relèvent des arts plastiques ou des créations paysagères et sont toujours produites par de jeunes talents : totem à salades, berges sonores, chambre des lisières, potager embarqué, sphère nourricière, miroir aux alouettes ou encore Hydrophone, une cabine téléphonique pour écouter les bruits sous l’eau…
L’originalité prédomine, avec, en guise de fil rouge, des réflexions sur le développement durable, le respect de la nature et la préservation de l’environnement. La visite se fait à pied, sur les chemins de halage de l’île aux Fagots, abritant une douzaine de créations, ou bien en barque, d’une parcelle à l’autre.
Commanderie de Peyrassol, Var
Fondée au 13e siècle par l’Ordre des Templiers, la Commanderie de Peyrassol, installée à Flassans-sur-Issole, à 60 km au nord-est de Toulon, est aujourd’hui un superbe site où fusionnent en harmonie créations viticoles et artistiques.
Parmi le vignoble Côtes-de-Provence et les bois, les oliviers et les vénérables bâtisses, des sculptures sont collectionnées par le couple de propriétaires, qui a racheté cet ensemble de près de 1 000 hectares en 2001 et qui se passionne pour l’art contemporain.
Le fonds évolue en permanence et compte une centaine d’œuvres, dont de nombreuses exposées en plein air : une statue d’Hermès par Arman, un hommage à Eiffel par César, « L’échiquier arc-en-ciel ondulant » de Daniel Buren, une sculpture bleue et rouge de Victor Vasarely, l’inscription « vivre libre » de Ben, une tombe de Lee Ufan, etc.
L’un des bâtiments au cœur du domaine accueille l’espace de l’Exposition permanente où d’autres créations de grands noms sont également présentées.
Centre international d’art et du paysage, Plateau de Millevaches, Haute-Vienne
Dans le parc naturel régional Limousin du Plateau de Millevaches, à Beaumont-du-Lac, à 55 km à l’est de Limoges, le Centre international d’art et du paysage regroupe des espaces d’exposition et de résidences artistiques, mais aussi un « bois de sculptures » sur l’île de Vassivière.
Reliée à la berge par une longue passerelle piétonne, elle abrite une soixantaine d’œuvres contemporaines, collection constituée depuis les années 1980 et qui interroge sur le rapport entre nature et culture. En effet, il s’agit d’un lac artificiel formé par un barrage hydroélectrique bâti dans les années 1950 : l’îlot est donc, en réalité, le sommet d’une colline en grande partie engloutie, tout comme plusieurs villages autour.
Andy Goldsworthy, figure emblématique du Land Art, a d’ailleurs érigé un mur en pierre qui s’enfonce sous l’eau, en hommage à ces localités disparues. Certaines créations artistiques s’immergent elles aussi dans l’environnement, adoptant une sorte de mimétisme avec les rochers, souches, bûches ou racines.
D’autres, au contraire, jouent le contraste, comme un casque militaire géant en fer patiné ou des disques en métal rouillé dans l'herbe.
Parcours artistique Le Partage des Eaux, Ardèche
Le Partage des Eaux, dans le parc naturel régional des Monts d'Ardèche, exerce une double fascination. D’abord géologique : de part et d’autre de cette ligne au cœur du Massif central, les sources se dirigent soit vers la Méditerranée, soit vers l’Atlantique. Ensuite esthétique : un parcours artistique en plein air suit, sur une centaine de kilomètres, cette démarcation, le long du sentier de randonnée GR7.
Des sites historiques ou naturels servent de support à plusieurs œuvres contemporaines. Sur les murs de l’abbaye de Mazan, « Un cercle et mille fragments », de Felice Varini, propose de trouver le point de vue parfait pour aligner les anneaux dorés. Sur la façade de la Chartreuse de Bonnefoy, Stéphane Thidet a incrusté des miroirs à la place de la porte et des fenêtres, faisant entrer le paysage à l’intérieur de l’édifice.
Outre ces installations permanentes, des expos temporaires sont programmées chaque été. L’ensemble se découvre à pied, à vélo, à cheval ou en voiture, guidé par un GPS très spécial : « GeoPoeticSociety » raconte des histoires en plus d’aider à s’orienter.
Balcons de l’Aigoual, Lozère
Au cœur du Parc national des Cévennes, les balcons de l’Aigoual est un parcours pérenne de Land Art proposé par la Filature du Mazel, fabrique artistique de la haute vallée de l’Hérault. En toute saison, la promenade en forêt permet de pister des créations originales qui s’intègrent à la nature environnante.
« Tout là-haut », de Guth Joly, est composé de fragiles échelles accrochées aux arbres. Le dossier du banc en bois de Marie-Hélène Richard semble vouloir toucher les nuages. Pour son « Équilibre précaïrn », Aurélien Dupuis détourne avec poésie et humour les cairns qui servent de repères aux randonneurs.
On croise aussi les « Nids » de Céline Pialot, les « Arbres feuilles » d’Alain Bernegger ou le « Gardien des bois » de Raphaël Daynié. De bien belles rencontres !
Estuaire Nantes, Saint-Nazaire, Loire-Atlantique
Sur 60 km le long de la Loire entre Nantes et Saint-Nazaire, Estuaireégrène, depuis 2007, une trentaine de créations contemporaines permanentes, à découvrir toute l’année à pied, à vélo, en voiture et même, d’avril à octobre, à bord d’un bateau pour une petite croisière.
Les œuvres s’adaptent à leur environnement urbain, industriel ou naturel. Les visiteurs peuvent alors observer un étrange bestiaire peuplé de singes et d’ours figés dans les arbres ou d’un « serpent d'océan » s’étirant sur 120 m dans les flots.
L’insolite prend aussi l’apparence de la « Villa Cheminée », de Tatzu Nishi, hissée à 15 m de haut, d’un voilier échoué, en équilibre précaire, qui rappelle les montres molles de Dalí, ou encore de la « Maison dans la Loire » immergée dans le fleuve…
Sans oublier les formes géométriques de Felice Varini, avec ses triangles rouges, de Daniel Buren et Patrick Bouchain, avec leurs anneaux lumineux et colorés, ou de François Morellet avec son portail minimaliste sur l'île de Nantes.
Vent des Forêts, Meuse
Centre d’art contemporain situé dans la Meuse, Vent des Forêts invite en résidence, depuis la fin des années 1990, des artistes de dimension internationale qui logent chez l’habitant.
Aidés par des artisans locaux, les sculpteurs, plasticiens et designers réalisent des créations en pleine campagne ou dans les sous-bois. Une centaine reste pérenne, le long d’une poignée de circuits de 3 à 14 km : un loup rouge, un rhinocéros fait de branches, un jeu de mikado XXL, un globe géant en matériaux recyclés ou un immense poing en fonte du célèbre artiste chinois Liu Bolin.
Il est même possible de séjourner dans certaines œuvres : la Noisette et le Nichoir sont des cabanes forestières de la designer Matali Crasset que l’on peut louer pour la nuit. Et ainsi s’imprégner totalement de cet univers culturel et naturel si singulier, qui évolue en permanence avec des nouveautés régulièrement installées. À l’Est, il y a toujours du nouveau !
À 30 km au nord de Vannes, dans le Morbihan, le parc de sculptures du domaine de Kerguéhennec a été inauguré en 1986, autour d’un château du 18e s, qui héberge lui-même des expositions d’art contemporain.
Au fil des parcours sud ou nord, se dévoilent une trentaine d'œuvres qui cherchent à se cacher ou, au contraire, à se distinguer dans de superbes paysages de jardins à la française, arboretum, allée cavalière, prairies et étangs.
L’un d’eux accueille « le Naufrage de Malevitch » de François Morellet, qui donne l’illusion que le « Carré blanc sur fond blanc » a été recouvert par les eaux… Vincent Barré a posé, sur la pelouse, sa « Couronne » en fonte de fer, et Richard Long son assemblage de pierres baptisé « Un cercle en Bretagne ». Giuseppe Penone, illustre représentant de l’Arte Povera, a imaginé un « Sentier de Charme » : une frêle silhouette de femme en bronze semble enlacer un arbuste et laisse dans son sillage les marques de sa marche légère.