On connaît les Baléarespour leurs plages et leurs criques enchanteresses, mais moins pour leurs parcours de randonnées. Pourtant, cet archipel offre de nombreux itinéraires à travers de beaux paysages méditerranéens.
De Majorque, la plus grande et la plus peuplée, mais paradis du marcheur sur sa Serra de Tramuntana, à la petite Formentera et ses Rutas Verdes, si propices à la randonnée, en passant par Ibiza où la nature côtoie l'exubérance nocturne et citadine, et la préservée Minorque au chemin de douanier plus qu’intéressant, on vous livre notre sélection de coups de coeur pédestres, intenses et variés.
Majorque : le GR 221 à travers la Serra de Tramuntana
Majorque, la plus grande des îles Baléares, la plus peuplée aussi avec près d’un million d’habitants, est bien connue pour ses plages mais reste aussi un paradis pour les amateurs de vélo et de randonnée.
Son sentier phare, le GR 221, traverse la chaîne de la Serra de Tramuntana, la plus haute de l’île. Les sommets n'atteignent ici qu'un peu plus de 1 300 m d’altitude mais offrent un profil découpé. Le sentier, la Ruta de Pedra en sec, tient son nom des murets de pierres sèches traditionnels qui le bordent encore. Ils sont d’anciennes délimitations de propriétés, construits sans ciment ni enduit.
On démarre par une ascension au-dessus de la cité de Valdemossa. Ces pentes s’élèvent au-dessus des oliviers et conduisent vers des panoramas merveilleux, où la mer épouse les roches et la montagne les flots. Après une descente très rocailleuse nous voici à Deia, un autre village perché tout aussi charmant. Le GR 221 se faufile entre les arbres sculptés par le vent et les eaux. Soleil au zénith, murmure de la mer, sentier dominant les falaises, la sérénité accompagne chaque pas.
Après la ville deSoller, blottie au pied des plus hautes montagnes de Majorque, on admire les orangers. L'intensité du spectacle va crescendo : on monte un sentier à travers un profond canyon, puis après un lac, sur des pentes raides, voici le point culminant : le col des Blats, à 1 205 m d'altitude. Panoramas somptueux.
On se réfugie au monastère de Lluc. Le site est très pittoresque avec ses étranges rochers. La plage nous attend pour la fin de la balade !
Difficultés : un parcours montagneux, avec un dénivelé assez important et des sentiers parfois rocailleux. Il reste tout de même plutôt accessible pour des marcheurs en bonne condition physique.
Parmi les « morceaux choisis » proches de ce GR 221, l’ascension du Puig de la Massanella, le deuxième plus haut sommet de l’île avec ses 1 346 m d’altitude – et le plus haut accessible puisque le Puig Mayor est une zone militaire –, offre une belle journée de découverte sportive.
Plusieurs itinéraires sont possibles, nous présentons ici une boucle au départ et à l’arrivée du monastère de Lluc, qui permet de profiter du charme de ce monastère et de son hôtellerie, dans un écrin naturel exceptionnel.
La montée fait découvrir un décor très sauvage et de plus en plus minéral, par un sentier assez bien marqué au départ puis des passages rocheux où l’on suivra avec attention les cairns qui marquent le cheminement. Certains passages, après le col des Prats, nécessitent l’usage des mains, même si cela reste de la grimpe basique. Il faut tout de même faire attention et les moins sûrs pourront se contenter de l’antécime.
Au sommet, le panorama sur l’ensemble de l’île est grandiose. On descend en restant très attentif avant de rejoindre la garrigue où la senteur des romarins nous accompagne jusqu’au monastère.
Longueur : 16,5 km (980 m +)
Durée : 6 h 30
Difficultés : une randonnée exigeante, avec un dénivelé important et des passages très rocailleux. Une bonne condition physique et une expérience en montagne sont requises.
Nous voici au nord-ouest de Majorque, à l’extrémité occidentale de la Serra de Tramuntana. On part du village de Sant Elm, pour prendre un sentier qui grimpe à travers le maquis. Une pancarte « Reserva biológica de la Trapa » indique que l’on évolue dans un milieu naturel préservé et protégé, il ne faut donc vraiment pas s’écarter du sentier.
On parvient au col de Ses Ànimes, à 365 m d’altitude, avant de redescendre vers les ruines de l’ancien monastère trappiste qui donne son nom au lieu et à ce circuit. Entre 1810 et 1820, une quarantaine de moines étaient venus se réfugier ici, chassés de Normandie par la Révolution française puis de l’Aragon par Napoléon.
L’endroit, isolé et sauvage, leur convenait parfaitement. On l’apprécie encore aujourd’hui pour une pause sereine avant de repartir pour atteindre le mirador de Sa Dragonera, pile en face de l’île du même nom.
Le panorama, où l’on admire aussi la Cala en Basset, est la récompense ultime : on descend ensuite par un petit sentier pour rejoindre tranquillement le point de départ.
Longueur : 9 km (500 m +)
Durée : 3 h
Difficultés : une randonnée accessible, malgré un sol rocailleux et un dénivelé à prendre en considération.
Tout au nord-est de l’île, la péninsule du Llevant est classée parc naturel sur 1 670 ha et offre un écrin naturel exceptionnel, entre maquis, criques, falaises et petites montagnes. De nombreux parcours pédestres y sont possibles.
Parmi eux, cette boucle au départ de S'Alquería Vella par le Camí de Presos, permet d’atteindre le Puig de Sa Tudossa, à 441 m d’altitude, l’un des sommets majeurs des montagnes d'Artà. Le panorama permet d’admirer toute la côte.
On descend ensuite sur la Cala d'es Verger, avant d’atteindre la plage de Font Salada, puis le mirador de Sa Senyora, qui offre une autre vue spectaculaire, et enfin la Torre d'Albarca, l’une des tours défensives du XVIIIe siècle typiques des lieux, avant de revenir au point de départ par le col des Vergers.
Tout au long de l’itinéraire, les amoureux d’observation naturaliste seront aux aguets : on peut y surprendre le vol d’un aigle botté ou de la fauvette des Baléares, ou encore y rencontrer le crapaud vert, parmi une faune particulièrement riche.
Longueur : 20 km (730 m +)
Durée : 6 h 30
Difficultés : un parcours assez rocailleux et pentu, mais qui reste accessible à tout marcheur en bonne forme.
Même si le nord de l’île – et la Serra de Tramuntana – concentre le plus grand nombre de circuits de randonnée sur Majorque, le sud n’en est pas dépourvu. Nous sommes ici à la pointe sud de l’île, dans un secteur préservé des constructions côtières.
On part du phare du cap de Ses Salines, assez fréquenté en saison, pour suivre le sentier côtier. Le panorama sur l’île de Cabrera et sur le littoral découpé est particulièrement appréciable.
Une descente un peu raide, seule difficulté du parcours, mène à la Cala Marmol, une crique rocheuse pourvue d’une petite plage de sable blanc particulièrement pittoresque. C’est un peu bondé en haute saison, mais la balade est vraiment agréable le reste du temps !
Longueur : 5,1 km (84 m +) (le double si on fait l’aller-retour)
Durée : 1 h 30 (3 h AR)
Difficultés : un parcours facile, assez plat et sur un sentier bien tracé.
Au nord-est de Majorque, Minorque, cinq fois plus petite, est toutefois la deuxième île de l’archipel par sa superficie. Surtout, avec 66 % de son territoire protégé et seulement 5 % d’urbanisation, elle reste une île sauvage et préservée, où il fait bon marcher ! Minorque est davantage préservée du tourisme de masse que ne le sont ses voisines Majorque ou Ibiza et conserve un charme rural.
La vedette de ses sentiers reste le très beau sentier côtier, appelé Camí de Cavalls, qui propose de faire le tour de l’île. Ce sentier historique, long de 185 km, fait découvrir tout le charme du littoral et aussi les petits sentiers de campagne qui rentrent un peu à l’intérieur de l’île. On marche alors souvent entre deux murets de pierres sèches.
Le sentier est vraiment plein de surprises : d’abord, par ses nombreux passages plus ou moins plats mais sur un sol extrêmement rocailleux et difficile à négocier, puis ses passages plus escarpés, qui débouchent sur des criques pittoresques à souhait, ou de jolis villages bâtis en front de mer.
Un régal, que l’on goûte jour après jour, en se reposant le soir venu dans les villages, entre chambres d’hôtes et petits hôtels de bord de mer. Ce GR 223 reste la meilleure façon de découvrir au fil des étapes les 75 plages, les 7 phares et l’ambiance insulaire de Minorque.
Longueur : 185 km (1 700 m +)
Durée : 8 jours
Difficultés : le sentier est vallonné avec de nombreuses pentes courtes et raides. Surtout, le sol est parfois très rocheux et demande souvent une certaine vigilance.
Minorque ne se limite pas à ce sentier côtier et il est aussi très intéressant de s’aventurer plus à l’intérieur des terres. Outre le point culminant de l’île, Monte Toro, qui s’élève à 358 m d’altitude au-dessus du village d’Es Mercadal(on l’atteint en une heure de marche, mais il est accessible en voiture), qui offre un panorama sur l’ensemble de l’île, bien d’autres circuits valent le détour pour découvrir l’ambiance souvent très rurale de Minorque.
Parmi eux, ce parcours au départ d’Alaior, quasiment au centre de l’île, fait découvrir plusieurs aspects intéressants et typiques : d’abord les ruelles de la ville elle-même, autour de son église Santa Eulàlia, puis les rives du torrent de Cala en Porter.
Les murets de pierres sèches, typiques eux aussi, nous mènent vers la carrière de Santa Ponça. Cet ancien site d’extraction du grès, qui fut en service durant un siècle, présente un profil spectaculaire avec ses façades sculptées dans la roche, fruit du travail humain. Il est ouvert au public et constitue le point fort de cette balade.
On découvre un peu plus loin une étonnante poudrière abandonnée, autrefois site militaire, avant de revenir vers Alaior par de tranquilles sentiers ruraux et petites routes.
Longueur : 10,3 km (110 m +)
Durée : 2 h 30
Difficultés : un parcours très accessible, même s’il demeure légèrement vallonné.
Si Ibiza est surtout célèbre pour ses discothèques, sa vie nocturne et ses plages, elle n’en conserve pas moins un cadre parfois très préservé qui ravira les randonneurs.
Ainsi, au sud-ouest de l’île et de la ville d’Ibiza, le village d’Es Cubells, dans la commune de San Josep de la Talaia, est construit sur une falaise qui offre une vue imprenable sur Formentera. Ce panorama, l’église pittoresque et les ruelles plutôt préservées offrent un beau cadre pour s’élancer sur cette randonnée (pas mal d’autres circuits possibles depuis le village) qui s’en va explorer parmi les plus beaux paysages côtiers d’Ibiza.
On file vers le sud en direction d’Es Niu de s'Águila, plage idyllique, sur un sentier rocheux bordé de fleurs sauvages aux senteurs méditerranéennes. On rejoint ainsi l’extrémité sud de l’île, avec encore un panorama grandiose. On remonte ensuite pour atteindre un mirador offrant un point de vue magique sur l’île d’Es Vedrá et son profil découpé, avant de rejoindre Es Cubells au terme d’une balade panoramique intense.
Situé au nord-ouest de l’île, le port de Sant Miquel peut sembler un peu bétonné mais on s’en écarte vite pour découvrir, sur un sentier ancestral, une belle vallée bordée d’oliviers plantés en terrasses et de forêts de pins.
En chemin, on peut visiter la grotte de Can Marça, idéale pour se rafraîchir lorsqu’il fait chaud avant de poursuivre la balade. Les concrétions sont belles et la vue sur la falaise magnifique.
Après cet arrêt d’une heure environ, on repart à travers la nature, en suivant les différents panneaux, à travers des chemins ruraux vraiment agréables et une nature côtière préservée.
La fin du parcours reprend une petite route tranquille sur 800 m pour atterrir en douceur à Sant Miquel où la baignade sera sans doute la bienvenue pour récupérer !
Longueur : 8 km (200 m +)
Durée : 3 h
Difficultés : un sentier un peu rocailleux mais qui reste très accessible.
La plus petite des îles principales de l’archipel, tout au sud, reste sans doute la mieux préservée avec Minorque et axe son tourisme vers les activités de nature, randonnée et vélo, en proposant notamment 31 Rutas Verdes (voies vertes) qui permettent de sillonner l’île en toute quiétude.
Parmi elles, celle qui part du port de La Savina, d’où l’on arrive forcément en bateau pour visiter Formentera, est une excellente introduction. On marche ainsi en direction d’Es Pujols, station balnéaire animée en saison, en empruntant le Camí de S’Estany qui longe l’Estany Pudent, l’un des deux lacs de Formentera, et le plus vaste. Il est alimenté par des sources souterraines d’eau douce et constitue un lieu idéal pour la nidification de nombreuses espèces. Vous vous arrêterez souvent pour admirer les grèbes à cou noir, les flamants et bien d’autres.
Parvenu à Es Pujols, une pause sur la plage de sable blanc est la bienvenue. On peut aussi découvrir, après un court détour, le dolmen de Ca Na Costa, le site mégalithique majeur de l’île. La balade peut même se prolonger vers les salines de Las Salinas, aux teintes rosées, et la plage du Llevant, à la vue imprenable sur Ibiza.
Longueur : 5,6 km (23 m +) (le double pour l’aller-retour)
Durée : 1 h 30 (3 h AR)
Difficulté : un parcours très facile, sur des terrains sans difficulté ou presque et plat.
À l’extrémité est de Formentera, la presqu’île d’El Pilar de la Mola, perchée sur la plus haute éminence de l’île, est un petit monde en soi. C’est la partie la plus préservée de l’île : le village est authentique, avec ses petites maisons, sa rue principale où se concentrent les quelques commerces, son église blanche qui date du XVIIIe siècle (comme de nombreux monuments de l’île, ce siècle marquant le repeuplement définitif de l’île après des périodes troublées par la piraterie) et son vieux moulin à vent.
Les nombreux sentiers qui quadrillent les alentours permettent de nombreuses randonnées, en mixant les différentes rutas verdes qui s’y croisent et d’autres sentes.
Ainsi, ce parcours passe par de jolies pistes tranquilles pour parvenir au phare érigé au bord d’une falaise qui domine la Méditerranée de 120 m de haut. Autant dire que le site est fantastique et la vue sur la Grande Bleue est imprenable.
On repart en longeant de près cette côte sauvage et découpée, à travers la garrigue, puis on rejoint le village, en passant près de propriétés isolées entre les champs. On découvre aussi le vignoble Terra Moll. Les vignes, bien protégées par des murets de pierres sèches, sont de taille assez modeste. Il faut composer avec un sol particulièrement sec : l’eau reste un problème majeur sur Formentera, où il ne pleut que très peu.
Les citernes qui recueillent l’eau de pluie font partie du décor des maisons traditionnelles. Outre le manque d’eau, la force du vent et la pauvreté du sol renforcent encore la difficulté de cultiver quoi que ce soit ici, mais la vigne, avec un savoir-faire particulier, s’en sort bien.
La dégustation le confirme : les vins de Formentera, dont la production reste modeste et destinée essentiellement au marché local, se défendent bien. Une bonne façon de conclure cette rando !
Longueur : 13,5 km (184 m +)
Durée : 4 h
Difficultés : quelques portions rocailleuses et des sentiers irréguliers par endroits, mais un dénivelé raisonnable.
À l’extrémité sud-ouest de l’île, le phare de Barbaria est sans aucun doute l’un des endroits les plus spectaculaires de Formentera. Il s’atteint notamment en empruntant, depuis le village de Sant Francesc Xavier, la voie verte n° 8. Elle file doucement à travers un paysage rural qui devient au fur et à mesure de l’avancée de plus en plus désertique : les murets de pierres sèches délimitent les champs, où s’épanouissent tout de même quelques amandiers, figuiers et vignes, malgré le peu de ressources du sol. La dernière ligne droite, pile devant le phare, est cinématographique (un film espagnol l’a d’ailleurs choisi pour décor). Arrivé au phare, on peut explorer un peu la côte rocheuse pour prolonger le plaisir. Au loin, les montagnes catalanes se dessinent clairement.
Même si le stop fonctionne assez bien, il faut envisager de rentrer à pied, soit par le même chemin, soit en variant un peu l’itinéraire, tant le réseau de petites pistes parcourant la campagne est dense. Le soir, on peut profiter encore du bord de mer, avant de s'endormir en songeant aux beautés découvertes après cette belle journée de découverte pédestre parfaitement tranquille.
Longueur : 9,6 km (aller simple) (73 m +)
Durée : 3 h 30
Difficulté : un parcours facile, sur des pistes carrossables et de petites routes tranquilles. L’aller-retour est assez long.