Cycle to Explore - Un tour du monde à vélo
Derrière « Cycle to Explore » se cache Mélanie. Une jeune fille avide d'aventure, elle a décidé d'entreprendre un tour du monde à vélo ! Elle nous parle de la première partie de son voyage sous le nom de « Mél vs Wild », de son prochain départ et de sa nouvelle vie !
Pouvez-vous présenter votre projet « Cycle to Explore » aux internautes ?
Le projet Cycle to Explore est parti d’une idée pour arriver à une concrétisation : celle de faire le tour du monde à vélo. J’ai décidé de partir seule à vélo, le 7 mai 2015, aux environs de Cahors, dans le sud de la France.
Pour le moment, j’ai effectué France-Laos en 8 mois, soit 8 000 km parcourus et 18 pays traversés (voir carte ci-dessous).
Je repars début juillet, mais cette fois-ci accompagnée. Nous partirons d’Allemagne à destination des Canaries d’où nous essayerons de traverser l’océan Atlantique en bateau pour rejoindre le Brésil (voir parcours ci-dessous).
Durant ce voyage, nous mettrons notre énergie à contribution pour des actions et projets écologiques, humains et de solidarité en tant que bénévoles.
Nous souhaitons également réduire au maximum notre empreinte écologique, d’où l’idée d’opter pour un trajet en bateau plutôt qu’en avion afin de traverser les océans.
J’ai à ce propos créé une page Facebook "Cycle to Explore", où je raconte mes aventures au fur et à mesure en y ajoutant photos et vidéos. C’est également une plateforme d’échange avec les internautes qui souhaitent me poser des questions.
Comment est venue cette envie de voyage ? Quel a été le déclencheur ?
J’ai commencé à développer cette soif du voyage lors de mes premiers trips pendant mes études (5 mois à Londres, auto-stop, trip en voiture et à pied sur le chemin de Compostelle). Le voyage était pour moi une formidable occasion de me sentir libre en découvrant de nouveaux lieux et en faisant de belles rencontres. Je m’étais donc fixé l’objectif de voyager autour du monde comme une récompense tant attendue pour la fin de mes études. J’ai commencé à lire des carnets de route et ce sont eux qui m’ont incitée à partir seule, à vélo et aussi loin que j’en déciderai.
Comment avez-vous budgété vos dépenses et par quel mode de financement ?
Je suis partie avec l’argent que j’avais économisé en étant étudiante en alternance.
Je me suis fixé un maximum de 4 000 € pour m’acheter tout le matériel. J’ai souhaité faire ce tour en autonomie donc il m’a été facile de calculer mes dépenses potentielles soustraites aux coûts de logements et de transport. Il ne me restait que la nourriture à additionner et quelques petits plaisirs en dehors. Par exemple, durant mon France-Laos, je dépensais en moyenne 3 € par jour (hors coûts avion et train), principalement, pour m’acheter de la nourriture.
Comment avez-vous sélectionné votre bagage idéal (sac à dos, vêtements, matériel spécial ultra-léger…) et votre vélo ?
Je me suis beaucoup renseignée sur des sites de voyages à vélo et plus particulièrement des blogs. Je me suis référée aux personnes qui avaient déjà voyagé ainsi. Il m’est arrivé de poser quelques questions sur des forums concernant le choix de mon vélo. Je suis aussi allée directement chez un vendeur de cyclotourisme afin d’avoir l’avis d’un professionnel.
Comment a réagi votre entourage personnel ?
Mon entourage a été surpris de cette nouvelle. Mes parents, je pense, furent un peu inquiets et déroutés que je ne cherche pas plutôt un travail mais ils m’encouragèrent durant mon voyage. Ils suivaient attentivement ma page "Mél vs Wild" (devenue maintenant "Cycle to Explore").
Quelqu’un de mon entourage m’a dit avant de partir « tu feras 200 km puis tu reviendras à la maison ». C’est dire à quel point il ne me pensait pas capable de mettre à bien un tel projet. Mais au cours du voyage, il a fini par trouver ça chouette et m’a finalement soutenue.
D’un point de vue général, j’ai reçu beaucoup de soutien de mon entourage.
Quels ont été les préparatifs pour mener à bien votre périple ?
Je me suis donné 6 mois pour achever ma préparation concernant le matériel. Puis je suis partie une semaine avec ma sœur sur la côte aquitaine (650 km en une semaine) afin de tester mon vélo avec le matériel et également mon endurance. Il me fallait comprendre ce qui pourrait me manquer ou a contrario ce que je pourrais emporter en trop. Ce fut formateur, mais finalement la vraie expérience s’acquiert sur la route, à plus long terme.
Quels sont vos coups de cœur ?
J’étais accompagnée d’une autre cyclo-voyageuse en Chine dans le Yunnan. Un soir, nous arrivons dans un petit village où une famille nous invite à passer la nuit. Ici, on nous offrira absolument tout avec tant de gentillesse ! Nous logerons en tout et pour tout deux jours et deux nuits. Nous partagerons avec eux des moments uniques. La femme nous emmènera au champ sur son scooter à charrette mais il nous sera interdit de travailler. On devra insister pour la moindre aide que l’on souhaitera offrir ! Puis, nous les aiderons à faire de l’alcool de riz.
Le dernier jour, nous essayerons des vêtements traditionnels que la femme a cousu elle-même. Nous passerons notre temps à nous sourire à défaut de pouvoir communiquer par la parole.
Leurs yeux étaient remplis d’amour et de joie. Au moment des adieux, toute la famille s’est mise à pleurer. Tristes et émues, nous avons repris nos vélos. Jamais je n’oublierai cette famille, ce fut si intense !
Quels conseils pouvez-vous donner sur les préparatifs, le circuit ?
Pour l’Europe, j’ai préféré emprunter les Eurovélos, qui furent vraiment chouettes. Je conseillerais de les prendre car la majorité des axes sont sans voiture, calmes et natures. Pour ce qui est du reste, je n’ai pas vraiment été très précise sur mon itinéraire. J’ai préféré laisser mon chemin varier au gré des rencontres et d’autres occasions. C’est formidable de voyager ainsi, l’itinéraire qu’on s’était imaginé change si souvent pour de si belles choses. Je conseille de se laisser porter ainsi, c’est tellement plus excitant.
Mélanie, vous avez dû écourter votre aventure, pour quelle raison, pouvez-vous nous expliquer ? Pensez-vous pouvoir repartir ?
J’ai écourté mon aventure car j’ai fait une rencontre qui a tout chamboulé. Je suis tout simplement tombée amoureuse en route.
En effet, alors que j’étais en Allemagne durant mon voyage, j’ai fait la connaissance d’une fille nommée Kaja qui a fait Serbie-Inde à vélo, il y a 2 ans. Elle m’a accueillie 3 jours chez elle près de Berlin. Finalement, elle m’a rejoint en Autriche pour une semaine, puis en Grèce pour 3 mois où nous avons roulé ensemble à travers la Turquie jusqu’en Géorgie. Puis, elle est rentrée afin de terminer ses études. J’ai alors continué mon voyage jusqu’au Laos. J’avais prévu d’aller plus loin mais finalement mon cœur et mon esprit étaient ailleurs. Je n’arrivais plus à vivre mon aventure à 100 % sans Kaja. C’est pourquoi, j’ai décidé de la rejoindre dans le but de créer un nouveau projet ensemble. En juin, Kaja aura fini ses études et nous prévoyons donc de reprendre le projet Mél vs Wild à deux afin de finir ce tour du monde à vélo.
Finalement, je fais juste une pause dans mon aventure !
Qu’avez-vous retiré de cette expérience ?
Beaucoup de positif ! Cette expérience est une rencontre avec la liberté et le bonheur ainsi qu’avec moi-même, finalement. Ces sentiments sont si durs à acquérir dans une société où l’argent domine tout. Cette liberté est le souhait de posséder seulement ce dont j’ai besoin. Et le bonheur s’acquiert en partageant ce que l’on a. Même si j’ai peu à donner matériellement, l’amour que je peux rendre est bien plus important. On reçoit finalement tellement.
J’aspire désormais à une vie simple telle qu’on la vit en voyageant à vélo.
Ce voyage m’aura montré comment je souhaite poursuivre ma vie : être moins matérialiste et plus portée vers les autres.
Qu’est-ce qui vous a le plus déçue en voyageant ?
Partout où j’allais, je pouvais voir la dégradation de la nature par l’homme. J’ai été tant de fois déçue de me balader en pleine nature pour parfois découvrir des montagnes de déchets. Quelle tristesse ! L’éducation et la sensibilisation des locaux aux sujets de l’environnement sont au niveau zéro dans certain pays. Personne ne leur inculque l’amour et la préservation de notre Terre.
J’ai été déçue d’être spectatrice de cela ou encore de ne pas disposer d’assez de moyens pour sensibiliser autour de moi.
Partout le même constat : le tourisme tue les écosystèmes. En Turquie par exemple, « la vallée des papillons » est désormais vidée de ces derniers. Autrefois, le lieu était florissant et varié. Désormais le tourisme a fait place nette. Que reste-t-il ? Des canettes de soda jetées ici et là et, au bout, une plage payante. Misère !
À votre retour en Allemagne, avez-vous eu des difficultés à vous remettre dans le train-train quotidien ?
Je pensais que cela serait plus difficile, surtout concernant le fait de rester au même endroit. On s’habitue vite à sa vie de nomade ! Mais finalement, je prends cela comme une nouvelle aventure. Je suis en Allemagne où je tente de m’intégrer à une nouvelle culture, à une nouvelle langue. C’est encore un challenge ! Les débuts n’ont pas été très faciles, surtout concernant l’intégration. Maintenant, je suis occupée à la recherche de sponsors en attendant le grand départ en juin.
Avez-vous une anecdote de voyage ou une rencontre exceptionnelle à partager ?
Je roulais au sud de la Chine dans le Yunnan, toujours accompagnée d’une autre cyclo-voyageuse. Les routes étaient très accidentées. La pluie ne cessait de tomber et les routes étaient boueuses. C’est alors qu’en pleine descente, ma tête heurte violemment le béton. Sonnée, je suis restée à terre un moment, avec le nez qui saignait. Ceux qui ont vu l’accident n’ont pas pris la peine de s’arrêter. Personne ne nous a aidées. N’ayant pas d’autre choix, j’ai enfourché mon vélo pour le premier hôpital. Nous avons roulé péniblement dans la boue jusqu’au moment où ma roue arrière a crevé à cause... d’un clou. À bout de nerf, nous décidons de prendre l’autoroute afin de rouler dans de bonnes conditions.
La police vient alors nous arrêter et nous emmène gentiment à la prochaine sortie. Dès que les agents tournent le dos, nous reprenons l’autoroute. S’amorcera alors un petit jeu du chat et de la souris avec les policiers. Ces derniers se lancèrent de nouveau à notre poursuite, mais nous avions eu tout juste le temps de nous cacher dans la première station essence venue. C’est là que nous avons eu la chance de trouver un camion pour nous emmener à la prochaine ville. Je ne trouverai un hôpital que trois jours après l’accident. Heureusement que je n’avais rien de grave !
A regarder une vidéo d'une semaine de son trip de France vers l'Est. De Bishkek au Kirghizistan jusqu'au Kazakhstan !
On termine par une question portrait chinois : Si vous étiez un pays… lequel, et pourquoi ?
Je pense que je serais l’Allemagne juste pour tout ce qui m’est arrivé de bien là-bas au cours de mon voyage, et parce que maintenant j’y vis. C’est également en Allemagne que je reprends la route accompagnée de mon amie qui est allemande. Pour le coup, j’apprends beaucoup de l’Allemagne, de son histoire, de sa culture, de sa langue ou encore de sa mentalité. C’est également le but d’un voyage : s’imprégner et découvrir. L’Allemagne est le pays qui m’aura le plus imprégnée et donné.
Visionnez deux autres vidéos de Cycle to Explore
Retrouvez Cycle to Explore sur Internet !
Cycle to Explore : cycle-to-explore.com
Facebook : Cycle to Explore
Texte : Cédric Duchamp de Routard.com